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Validité de l’étude qualitative

1. MÉTHODE

1.3 Validité de l’étude qualitative

1.3.1 Critères

L’étude actuelle a été conduite en tenant compte des critères de validité pour les études qualitatives de Morrow (2005) qui s’appliquent à l’approche constructiviste. Afin d’assurer la fiabilité, l’étude actuelle s’intéresse à la vision de la réalité de plusieurs individus et le point de vue de chacun sera pris en compte dans les analyses.

Pendant l’entrevue, l’intervieweuse est intervenue de manière à faire progresser la réflexion du participant. Son rôle était d’aider le participant à établir des liens entre ses expériences et à créer un sens, tout en orientant ses réflexions vers l’objectif de recherche (Holstein & Gubrium, 1995). Pour ce faire, elle leur posait des questions, faisait des reformulations et leur suggérait de nouveaux liens. Cette maturation de la construction de la réalité du participant permet d’assurer une authenticité ontologique (Morrow, 2005). Également, l’intervieweuse a demandé l’avis du participant sur les modèles de Uhde et Cortes (2008) (Holstein & Gubrium, 1995). Ce partage a permis d’atteindre une authenticité éducative puisque les participants ont eu l’occasion d’approfondir leurs réflexions sur la construction de la réalité d’autrui (Morrow, 2005). La connaissance a donc été conjointement créée entre l’expérimentateur et les participants suivant les recommandations de Jackson (2015).

Pour les participants, prendre part à cette étude peut être une occasion de consolider leurs expériences de vie. Le fait d’être soutenus pour se souvenir d’éléments de leur vécu aide à clarifier la compréhension des événements du passé, à unifier certaines perceptions et parfois à donner une impression de continuité dans les différentes expériences de vie (Gonçalves, Korman, & Angus, 2000). La possibilité de verbaliser des événements est une occasion de comprendre cognitivement les expériences de vie et d’en faire une histoire plutôt que de se souvenir d’images et d’émotions (Gonçalves et al., 2000).

1.3.2 Caractéristiques de la chercheuse

Dans le but de favoriser la validité de l’analyse, il a été nécessaire de prendre en compte l’influence des caractéristiques de l’auteure et de ses réflexions en lien avec le développement de l’anxiété et de l’insomnie comorbides (Patton, 2002). Dans le paradigme constructiviste, les valeurs et les expériences du chercheur font entièrement partie du processus de recherche (Ponterotto, 2005).

Patton (2002) suggère de tenir compte des informations suivantes à propos de l’auteure afin de connaître son influence dans l’analyse des données et d’évaluer sa crédibilité. Le parcours scolaire, professionnel de même que les expériences personnelles de l’auteure influencent sa qualité de chercheuse. Premièrement, dans son travail d’auxiliaire de recherche et dans ses stages en tant qu’étudiante au doctorat en psychologie, elle a eu l’occasion de faire des évaluations psychologiques qui lui ont permis de consolider des habiletés telles que la neutralité, l’empathie et l’écoute active. Ces habiletés peuvent favoriser le dévoilement des participants. Deuxièmement, l’expertise psychothérapeutique de l’auteure se retrouve dans l’approche cognitive-comportementale ainsi que psychodynamique. Ses expériences en psychothérapie peuvent avoir influencé la façon d’analyser les résultats. Par exemple, elle peut avoir regroupé l’information selon ses connaissances des concepts en psychologie comme les mécanismes de gestion du stress et l’identité. Troisièmement, l’auteure évolue auprès de collègues qui offrent des traitements pour l’insomnie. Ils ont pu transmettre leurs valeurs professionnelles et certaines connaissances à l’auteure, l’amenant à considérer autant l’insomnie que l’anxiété. Les participants peuvent cependant avoir jugé que l’information sur l’insomnie était plus pertinente à dévoiler que celle concernant l’anxiété, puisqu’ils savaient que l’auteure était associée à l’équipe de la clinique de psychothérapie pour le sommeil où ils consultaient. Finalement, elle possède des caractéristiques personnelles qui peuvent avoir influencé favorablement le déroulement de l’étude. L’auteure n’a jamais fait l’expérience de la comorbidité insomnie et anxiété dans sa vie personnelle, sa réalité construite sur le sujet est moins teintée de sa propre expérience avec cette problématique.

Avant de débuter le recrutement des participants, la première auteure a noté ses présupposés sur l’anxiété et l’insomnie en respectant les sept thèmes du guide d’entretien semi-structuré de l’étude : (1) définition des problèmes. La première auteure perçoit l’anxiété et l’insomnie comme deux troubles distincts. Sa connaissance de ces troubles est principalement issue de sa maitrise du DSM-5 (APA, 2013), qui les classe comme des troubles séparés. Elle se demande tout de même si, en raison de l’approche biomédicale, les troubles ont été classés de manière séparée à tort et que la recherche a validé cette perspective en respectant cette classification; (2) causes des difficultés. L’auteure a des connaissances selon l’approche psychodynamique et cognitive-comportementale qui orientent sa perception de l’origine de l’anxiété et de l’insomnie. Selon son expérience et sa formation en thérapie psychodynamique, elle est d’avis que les expériences à l’enfance, la vision de soi et de l’autre en relation, la gestion de l’agressivité, les conflits non résolus et l’intégration de l’identité pourraient avoir un rôle à jouer dans le développement de la comorbidité. L’anxiété et l’insomnie pourraient être l’expression de ces difficultés sous-jacentes et les symptômes pourraient ensuite se maintenir en raison de croyances et de comportements inadaptés. Selon son expérience en thérapie cognitive-comportementale [TCC] de l’insomnie, l’auteure confirme cette importance de s’intéresser aussi aux aspects plus larges que le sommeil tels que la personnalité. La discussion avec ses collègues psychologues spécialisés en insomnie lui a permis de constater une bonne efficacité du traitement lorsque des interventions à propos de la personnalité et des traumatismes sont combinées à la thérapie cognitive — comportementale de l’insomnie. L’auteure, avec toutes ses expériences cliniques, a développé l’opinion que des expériences telles que l’insécurité et les traumatismes avaient une influence néfaste sur le sommeil. Également, elle est d’avis que les conflits non résolus et les frustrations provoquent souvent des symptômes d’anxiété. L’auteure est donc d’avis que de s’intéresser aux aspects de la personnalité, aux aspects interpersonnels et aux événements marquants de la vie est nécessaire pour favoriser le bien-être des clients. L’auteure pense que les gens souffrant d’anxiété et d’insomnie partagent des difficultés communes concernant certains de ces aspects (p. ex. : difficulté de gestion du stress); (3) l’évolution des difficultés. l’auteure est d’avis que sans un soutien en psychothérapie, les difficultés de l’insomnie et de l’anxiété se maintiendront dans le temps. Sa participation à des évaluations du sommeil lui a fait constater que les gens peuvent vivre avec ces problèmes

pendant des dizaines d’années lorsqu’ils n’ont pas d’aide. Elle pense que les événements plus stressants (positifs et négatifs) peuvent aggraver les symptômes alors qu’en d’autres occasions ils se résorbent partiellement; (4) conséquences des difficultés. Selon la première auteure, l’anxiété comme l’insomnie ont des conséquences distinctes dans la vie des individus dans les différentes sphères de leur vie (p. ex. : somnolence pour l’insomnie, stress aigu pour l’anxiété); (5) l’auteure est d’avis qu’il est nécessaire de traiter autant l’insomnie que l’anxiété afin de maintenir les gains de la thérapie dans le temps. Elle pense que les deux troubles ont une relation bidirectionnelle. Elle se l’explique en raison de ses observations en clinique qui lui ont fait constater que l’insomnie comorbide à d’autres troubles ne répond pas au traitement traditionnel de la thérapie cognitive-comportementale de l’insomnie en 12 séances; (6) l’auteure perçoit que l’anxiété provoque ou accentue les symptômes d’insomnie tout comme l’insomnie provoque ou exacerbe les symptômes d’anxiété; (7) elle trouve que le 2e modèle de Udhe et Cortes est plausible (2008), puisqu’elle imagine que la personne va

d’abord vivre des symptômes d’un trouble qui va l’amener, de façon très rapprochée dans le temps, à vivre des symptômes de l’autre trouble. Selon cette perspective, régler un des troubles devrait permettre de diminuer les symptômes de l’autre trouble. Elle pense que plus les symptômes sont sévères, plus les deux troubles sont indissociables en raison d’une grande interinfluence.

Afin de prendre conscience de l’évolution de son opinion, l’auteure a conservé ses notes de réflexions personnelles sur la question de recherche à chaque entrevue, telle que suggérée par Morrow (2005). Également, l’auteure a discuté avec ses superviseurs de ses réflexions afin qu’elles n’influencent pas les entrevues subséquentes ou l’analyse des données (Morrow, 2005).