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2. RÉSULTATS

2.2 Étiologie des difficultés d’anxiété et d’insomnie

2.2.1 Relations avec les parents

Le thème des difficultés dans la relation avec le parent a été évoqué par les participants. Les participants ont associé des particularités de ces relations à leurs symptômes d’anxiété ou d’insomnie. Ils font état d’une tendance à être préoccupé pour un parent, d’une distance psychologique et physique, d’une relation inversée, d’un parent surprotecteur et de violence. Premièrement, lorsque les participants vivent des préoccupations pour un proche, ils rapportent vivre plus de symptômes d’insomnie et d’anxiété. Plus précisément, leurs préoccupations portent sur la peur de perdre un proche, une crainte pour le bien-être de leurs enfants ou parents de même qu’une crainte pour la santé physique de leur conjoint. En effet, les symptômes qu’ils décrivent sont de s’imaginer le pire scénario, de se sentir stressés et de vivre un sentiment de mal-être. Ils associent ces symptômes d’anxiété à des difficultés d’endormissement ou de maintien du sommeil, l’impression de ne pas dormir en raison d’une activation cognitive la nuit et à la chronicité des symptômes d’insomnie. Également, les participants qui font état de ces symptômes d’anxiété définissent davantage l’insomnie comme un trait de personnalité.

Deuxièmement, les participants rapportent avoir vécu de la distance psychologique avec leurs parents. Ils décrivent que cette distance prend la forme d’une relation peu chaleureuse qui s’apparente parfois à de l’amitié. Les conséquences pour ces participants sont un sentiment de rejet et de ne pas être aimés. Ils associent également ces sentiments au fait d’avoir été adoptés ou d’avoir vécu temporairement chez un de leurs grands-parents.

[…] j’avais 15 ans à peu près là. Je ne me sentais pas aimée par ma mère. […] J’avais de la difficulté, parce que j’avais des sœurs pis il en a une qui était son chouchou, on va dire, parce qu’elle était un peu plus vieille que moi. Si je venais dire mon idée, « Mêle-toi dont ton grand nez, de tes affaires ». Ma mère me répondait ça. (Nicole1, 50 ans et plus)

Les participants décrivent avoir vécu de la distance physique avec un parent. À l’enfance ou à l’adolescence, plusieurs témoignent avoir eu, sur une base quotidienne, au moins un parent peu présent ou absent au quotidien. Ils décrivent que cette distance physique a eu pour effet

de les priver d’un modèle. Le fait d’avoir vécu éloignés des parents à l’âge adulte est associé à un sentiment de solitude, à une augmentation des symptômes d’anxiété et à de l’insécurité.

Mon père m’envoyait un membre de la famille parce que, bien, mon père travaillait à temps plein puis il était étudiant [...]. Puis il travaillait à temps plein durant la journée. Il avait ma sœur puis moi à lui tout seul, ma mère n’était pas dans le décor. Il nous envoyait une fin de semaine sur deux chez ma mère. (Jeanne, 20-35 ans)

Troisièmement, les participants décrivent avoir vécu une relation inversée avec un parent ou avoir eu un parent trop en difficultés pour prendre soin d’eux. De fait, plusieurs décrivent avoir vécu avec un parent aux prises avec des problèmes de santé mentale. Ils disent avoir soutenu leurs parents psychologiquement ou dans les tâches du quotidien. Enfin, plusieurs participants témoignent qu’une fois adultes, ils ont agi comme aidants auprès de leurs parents atteints d’une maladie physique.

[La séparation des parents] a été vraiment une surprise, ça a été difficile là. Tu sais, ma mère qui vient pleurer chez nous. Puis là, mon père qui se justifie de l’autre bord. Je me sentais tiraillée. Je suis la seule fille chez nous, ça fait que mes frères aboutissaient chez nous […]. (Françoise, 35-50 ans)

Quatrièmement, d’autres participants décrivent avoir fait l’expérience de parents surprotecteurs. Ces participants affirment que leurs parents pouvaient se faire un souci excessif pour leur santé ou les prémunir de vivre des expériences désagréables. Ils affirment que le fait d’avoir un parent stressé leur a appris à être anxieux. Ensuite, les participants associent aussi à l’anxiété le fait d’avoir un parent protecteur. En effet, selon eux, c’est en raison de cette expérience avec un parent qu’ils éprouvent des préoccupations excessives pour un proche, qu’ils ont un sentiment subjectif d’être stressés ou qu’ils ont vécu un sentiment d’insécurité lors du départ de la maison.

Cinquièmement, plusieurs participants confient avoir subi de la violence physique et psychologique de la part d’un parent.

C’est mon père qui nous a rentré dans la tête qu’on n’était pas bons à rien, puis que… Mais, tu sais, on a tous été à l’université et l’on a tous des carrières… (Jacques, 50 ans et plus)

Selon les participants, les interactions parentales violentes sont aussi associées à des symptômes d’anxiété. D’abord, ils relient les difficultés psychologiques chez un parent à des comportements violents de sa part. Selon eux, le fait d’avoir eu un parent violent les a amenés à avoir des soucis constants de « vouloir bien faire les choses », à vivre des symptômes physiques (p. ex. : impression de faire une crise cardiaque) ou des symptômes cognitifs d’anxiété (p. ex. : imaginer le pire). Également, ils décrivent avoir développé la peur d’être jugés, qui leur fait vivre des symptômes d’anxiété. Une participante décrit avoir eu des relations avec un employeur et un conjoint où elle subissait de la violence psychologique et qui étaient source d’anxiété.