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3. DISCUSSION

3.6 Modèle

Voici un modèle synthèse proposé selon le point de vue généralement partagé par les participants. Le modèle a été développé en organisant les thèmes de la section discussion de manière chronologique, de l’enfance à l’âge adulte, et selon les associations des participants. Ce modèle met en lien la relation avec un parent, l’insécurité dans l’attachement, les difficultés de gestion des émotions, les événements de vie en lien avec la séparation, l’image négative de soi, les mécanismes de surcompensation, l’anxiété et l’insomnie. D’abord, les six sections du modèle sont expliquées séparément, ensuite le modèle complet est décrit. 3.6.1 Présentation des sections du modèle

Première section du modèle (Annexe J). Elle met en relation l’insécurité dans la

relation avec un parent (1), l’attachement insécure et les difficultés de gestion des émotions (2) ainsi que l’image négative de soi (4). D’abord, le modèle propose que les participants aient vécu une expérience insécurisante avec un parent peu chaleureux, absent, violent, couvant ou auprès de qui ils se sentaient préoccupés en raison de difficultés psychologiques (1). Ensuite, en raison de cette relation, les participants ont développé un attachement insécurisant (b) autant dans la relation avec leurs parents qu’avec les autres personnes plus tard dans leur vie et une difficulté à gérer leurs émotions (2) (re : section 4.1.1 Attachement). Cet attachement se manifeste par des préoccupations pour le bien-être d’autrui et la difficulté d’être seul. Finalement, l’attachement insécure et la difficulté à gérer les émotions (2) ont amené les participants à développer (c) une image négative de soi (4) comme étant inadéquats, le sentiment qu’on va les abandonner, l’impression d’être un échec et des manques affectifs (re : sections 4.1.1 Attachement et 4.1.2 Personnalité).

Seconde section du modèle (Annexe K). Elle met en lien l’image négative de soi (4)

et les surcompensations (5). Afin d’éviter d’être en contact avec une image négative de soi (4), les participants ont développé (d) des surcompensations (5), comme avoir un rendement et des exigences élevées et éviter d’être jugés (re : section 4.3.3 Solutions communes). Ainsi, ils tentent d’agir à l’inverse de cette image négative (4).

Troisième section du modèle (Annexe L). Elle illustre ce qui précipite les

symptômes d’anxiété et d’insomnie. Cette section met en relation les événements de vie (3), l’image de soi (4) et les surcompensations moins efficaces (5). Premièrement, des événements de vie comme des séparations, des déménagements, des ruptures amoureuses et de la solitude prolongée (3) activent (a) l’insécurité dans l’attachement (2) (re : section Relations interpersonnelles). Deuxièmement, cette insécurité (2) active à son tour (c) l’image négative de soi (4) (re : section 4.1.2 Personnalité). Les surcompensations (5) sont alors davantage sollicitées (d). Cependant, la demande de l’environnement devient plus importante et elles ne sont plus suffisamment efficaces. Finalement, pour cette raison, les surcompensations ne protègent plus les participants d’être en contact avec une image négative de soi (4) qui est alors renforcée.

La quatrième section du modèle (Annexe M). Elle met en relation l’image négative

de soi, l’insomnie et l’anxiété. Comme le participant est en contact avec une image négative de soi (4), il développe (f) des symptômes anxieux (7) ou de l’insomnie (8). Il est possible qu’il développe (f) des symptômes des deux troubles en raison de changements comportementaux afin de corriger une image négative de soi comme de l’évitement, un changement d’habitudes de sommeil, une baisse des activités physiques et sociales ou une activation physiologique et cognitive plus importante. L’anxiété et l’insomnie peuvent alors être interprétées comme des signaux d’alarme indiquant qu’il y a une atteinte à l’image de soi (re : section 4.1.2 Personnalité).

La cinquième section du modèle (Annexe N). Elle met en relation le processus par

lequel l’insomnie (7) provoque ou exacerbe l’anxiété (8). En premier lieu, les participants décrivent que l’insomnie a pour conséquences une gestion des émotions inefficace, une baisse de rendement et un désengagement personnel ainsi que professionnel (9) (re : 4.5.2 section Insomnie amène anxiété). En deuxième lieu, ces conséquences (9) augmentent la demande (g) envers les surcompensations (5) qui deviennent alors insuffisantes. Pour finir, l’image de soi négative (4) est à nouveau activée (e), ce qui amène des symptômes d’anxiété et maintient l’insomnie (f) (re : section 4.5.5 Cercle vicieux). Également, le fait d’aller consulter un psychologue pour le sommeil est perçu comme une attaque à l’image de soi (4).

Pour cette raison, la recherche d’aide psychologique est retardée, ce qui favorise un maintien des difficultés (re : section 4.3.1 Traitement de l’insomnie).

La sixième et dernière section (Annexe O). Elle met en relation le processus par

lequel l’anxiété (8) provoque ou exacerbe l’insomnie (7). En premier lieu, les participants décrivent que l’anxiété (8) a pour conséquences une activation physique et cognitive, des préoccupations au moment de dormir et un désengagement personnel, professionnel et social (re : section 4.5.1 Anxiété amène insomnie). En deuxième lieu, ces conséquences (9) augmentent la demande (g) envers les surcompensations (5) qui deviennent alors insuffisantes. L’image négative de soi (4) est à nouveau activée, ce qui amène (f) des symptômes d’insomnie (7) et maintient l’anxiété (8) (re : section 4.5.5 Cercle vicieux). Pour finir, le fait de vivre des symptômes d’anxiété et d’insomnie qu’il ne parvient pas à contrôler lui-même amène l’individu (h) à avoir une image négative de soi (re : solutions communes). Il est possible que l’état d’activation accru dans l’anxiété comme l’insomnie (Shin & Liberzon, 2010; Harvey, 2002; Riemann et al., 2015; Riemann et al., 2010) soit présent chez l’individu en raison de son attachement insécure et de sa difficulté à gérer ses émotions. 3.6.2 Modèle complet

L’annexe P présente le modèle complet en mettant chacune des sections en relation. Premièrement, le modèle illustre que la relation insécurisante avec un parent (1) amène à développer une difficulté de gestion des émotions et un attachement insécure (2). Ces deux éléments génèrent une image négative de soi (4) (section 1). Deuxièmement, cette image négative de soi (4) incite l’individu à surcompenser pour agir à l’inverse de ces images et ne pas être en contact avec elles (5) (section 2). Troisièmement, les événements de vie en lien avec la séparation (3) activent l’attachement insécure (2) ce qui fait en sorte que les demandes envers les surcompensations (5) augmentent. L’événement de vie amène donc un déséquilibre entre les surcompensations (5) et l’image négative de soi (4). Ainsi, les surcompensations ne suffisent plus (5) à protéger l’image négative de soi (4) qui devient alors accessible aux participants (section 3). Quatrièmement, les participants développent des symptômes d’anxiété (8) ou d’insomnie (7) en raison de l’image négative de soi (4) (section 4). Cinquièmement, les symptômes d’anxiété (8) et d’insomnie (7), en raison de

leurs conséquences (6 et 9), augmentent la demande envers les mécanismes de surcompensation qui ne sont plus suffisants (5). Ainsi, les participants ont à nouveau accès à une image négative de soi (4). Cette image (4) maintient ou provoque chez eux soit de l’anxiété (8) soit de l’insomnie (7) (sections 5 et 6). Ce modèle se veut dynamique dans le temps puisque les événements de vie en lien avec la séparation (3) qui se produisent ou cessent affectent à nouveau son équilibre. Le modèle suggère également que si un élément du modèle est perturbé indépendamment, le système se déséquilibre et ceci provoque ou maintient l’insomnie et l’anxiété.

Comme le rôle d’une activation physiologique accrue est bien documenté dans le développement et le maintien de l’insomnie et de l’anxiété (Shin & Liberzon, 2010 ; Harvey, 2002 ; Riemann et al., 2015 ; Riemann et al., 2010), voici une spéculation de l’auteure sur son rôle dans le modèle complet présenté ci-joint (Annexe P). Les événements de vie en lien avec la séparation (3) pourraient amener une activation (a) qui sollicite l’attachement et les mécanismes de gestion des émotions (2). Comme l’attachement est insécure et les stratégies de gestion des émotions ne suffisent pas (2), l’activation pourrait ne plus se désengager (4). L’image négative de soi (4) contribuerait à augmenter ou maintenir l’activation. Pour cette raison, la personne adopterait (d) des stratégies (5) d’activation comme avoir un meilleur rendement dans ses tâches, d’être vigilant au jugement d’autrui. Cette activation persistante de part et d’autre (4 et 5) amènerait à vivre des symptômes d’anxiété (7) ou d’insomnie (8). Les conséquences de l’insomnie et de l’anxiété, comme la difficulté de gestion des émotions ou les préoccupations excessives, contribueraient à leur tour à l’augmentation ou au maintien de l’activation. Cette activation contribuerait donc à provoquer et à maintenir l’insomnie (7), l’anxiété (8) et l’image négative de soi (4). Ce modèle est également dynamique dans le temps selon la présence et l’absence d’événements de vie (3) qui affectent son équilibre.