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FEMINISMES ET STRATEGIES D'ECRITURE

2. Scénographie du discours

2.1. Stratégies discursives

2.1.1. Une scénographie multiple

Le déploiement de la panoplie des marqueurs d’objectivité vient avant tout manifester que, bien que travaillant dans l’urgence, ils [les journalistes] ont tout fait pour aller aux sources les plus fiables, solliciter plusieurs points de vue. L’écriture vient en quelque sorte suggérer que ce sont les faits qui parlent et non la subjectivité du rédacteur. ( cit par E. Neveu, 2004 : 65)

2.1. Stratégies discursives

L’information passe par le crible de structures et de sources hétérogènes, qui permettent de légitimer un discours. Différentes d’un journal à l’autre, d’une collaboratrice à l’autre, ce sont autant de ‘ruses’ pour exposer les faits, les analyser et leur donner une dimension nouvelle, par exemple politique. Des expériences de la vie courante, privée, d’une certaine façon commune à tous, mais selon des modalités diverses, sont dotées d’un nouveau capital interprétatif, ce qui nous amène à une extension des concepts « espace commun » et « espace social ». Il s’agit donc d’élaborer des stratégies de discours, pour légitimer des prises de positions nouvelles et atteindre le lecteur ; parmi celles-ci, la structure et les sources des articles.

2.1.1. Une scénographie multiple

Les articles se construisent autour d’éléments divers – un fait-divers, une petite annonce, des textes de loi – qui sont le détonateur, le point de départ ou le cadre d’une analyse, d’un commentaire sur la relation inégale entre les sexes. Sources d’inspiration, ces éléments sont autant d’accroches à l’endroit du récepteur.

Au lieu d’une analyse directe et théorique du viol par exemple, ou de la violence conjugale, le sujet est proposé à partir d’un fait divers dont le lecteur aura déjà connaissance, par la presse, la radio ou la télévision. Le fait divers sert de levier à une analyse plus complète et critique. Dans ce commentaire, intitulé « L’Homicide de Doña Felicitas / Epouses battues (I) » (n°19, M. Lamas, « El Homicidio de Doña Felicitas / Esposas golpeadas (I) », El

Universal, 4/04/1978). Le sur-titre, mis en valeur par le souligné, annonce un crime, dont est

victime une femme, dont on ne connaît que le prénom, ce qui est déjà une forme de proximité avec la victime dont la respectabilité est suggérée par la particule Doña. Le titre, dans son

ensemble, donne les circonstances du crime : la violence conjugale, cette fois généralisée par le collectif « épouses », qui entre au sein d’une relation institutionnalisée : le mariage. Le contrat est ici rompu, le délit est évident, le châtiment attendu. L’homicide de doña Felicitas n’est pas une affaire privée et personnelle, mais une question sociale et politique, amorcée par le pluriel « Epouses battues ». La perspective est bien ouverte, selon un slogan féministe : « le privé est politique ».

L’article se déroule selon trois séquences : les faits, leur analyse et un appel à l’action. Marta Lamas reconstitue les faits, avec du recul : la mort d’une femme sous les coups de son mari, le 15 mars. La réflexion et l’analyse viennent donc tardivement, presque trois semaines après le crime : on n’est plus dans l’actualité brûlante. La reprise des faits et leur analyse vont au-delà de l’émotion face à la mort de cette mère de cinq enfants, sous les coups de manche de pioche de son mari. Marta Lamas amorce une analyse en émettant une hypothèse qui épargne le mari criminel mais accuse les autorités, responsables. Elle sous-entend que le crime aurait pu être évité si la police avait accompli son devoir : « Un fois déjà, une des filles les plus âgées de doña Felicitas, l’avait conduite, battue et couverte de bleus, au poste de la Délégation d’Iztacalco, pour demander assistance464. » Les autorités se sont moquées d’elles, ce qui a mis en colère la jeune femme que l’on a alors menacée d’arrestation pour « manque de respect » aux forces de l’ordre, qui ne la considéraient non plus comme une victime mais comme coupable d’un délit. La scène rapportée pointe une autre réalité, du « monde commun » : les préjugés, ceux du lecteur éventuellement, face à la violence faite aux femmes, exprimés par la forme impersonnelle et l’adverbe dans cette proposition déclarative :

On pense généralement que les femmes sont responsables de ces agressions. Une femme violée est soupçonnée d’avoir provoqué le viol ; une femme battue a sans doute manqué de respect envers son mari pour que celui-ci lui réponde de cette façon465.

Marta Lamas n’accuse pas directement le lecteur mais la collectivité quand elle affirme que : « Battre son épouse est une activité qu’ont en commun des milliers de Mexicains466. » Il s’agit de ménager le lecteur, certes, mais aussi d’éveiller les consciences, bonnes et

464 « Ya en una ocasión una de las hijas grandes de doña Felicitas la había llevado, toda golpeada y moreteada, a la Delegación de Iztacalco a pedir protección. »

465 « Se piensa generalmente que las mujeres son las causantes y las responsables de estas agresiones. Una mujer violada es sospechosa de haber provocado la violación; una mujer golpeada debe haber cometido algún desacato contra el marido para que éste respondiera así. »

mauvaises, car elle souligne : si la violence envers les femmes touche toutes les classes sociales, sa résolution reste le privilège de quelques unes. Les femmes aisées ayant plus facilement accès au divorce. L’accès inégal aux institutions génère une citoyenneté inégale. L’article se termine par un énoncé performatif, un appel à l’action. Pour faire avancer les choses, elle invite les femmes à dénoncer systématiquement les agresseurs : « C’est seulement en dénonçant systématiquement toutes les agressions dont souffrent les femmes, le viol inclus, que l’on réussira à prouver l’ampleur du problème et qu’on prendra les mesures qui s’imposent467. »

Marta Lamas conclut, de façon catégorique et circulaire : « La mort de doña Felicitas est un douloureux exemple de quelque chose que l’on ne peut plus étiqueter comme un ‘problème domestique’ et que l’on doit commencer à affronter comme un problème social468. » Elle passe ainsi du « monde commun » à « l’espace social » : la violence conjugale n’est pas un « problème privé », mais bien politique, qui exige des réponses collectives et des mesures de justice efficaces. Les institutions sont malades : dans les dysfonctionnements de la police, elle dénonce l’incurie des autorités de proximité. D’autre part, la culture, avec son lot de préjugés sexistes, est une sorte d’amortisseur qui endort les consciences pour lesquelles elle suggère une autocritique.

Une « mise en rapport de faits analogues » dans une série analogique, selon la formule empruntée à J-P. Esquenazi (Esquenazi, 2002 : 100) amène à repenser un événement et ses conséquences, par exemple le viol et la dépénalisation de l’avortement, abordés de cette façon dans l’article « La victime est coupable » (n°17, E. Urrutia, “La víctima que es culpable”, El

Sol, 5/05/1977). Ce titre, dans sa construction oxymorique, est illogique et sous-entend que

c’est une antithèse. Il peut concerner tout un chacun. L’assertion suppose une injustice, puisque normalement la victime ne peut pas être également coupable, de cette ambigüité naît la curiosité du lecteur, doublée éventuellement d’une indignation.

L’ouverture de l’article ou l’attaque469, rebondit sur cette anomalie inquiétante, par une assertion qui explicite le titre: « Le seul délit où la victime est aussi coupable, c’est le

467 « Sólo la denuncia sistemática de todas las agresiones que sufren las mujeres logrará, al igual que en el caso de las violaciones, que se reconozca la magnitud del problema y se tomen medidas al respecto. »

468 « La muerte de doña Felicitas es un doloroso ejemplo de algo ya no puede ser etiquetado como ‘problema doméstico’ y que tiene que empezar a ser enfrentado como un problema social. »

469 Attaque : premier paragraphe d’un article (Albert, 1989 : 13) ; dans le jargon journalistique : quelque chose d’inouï, d’inquiétant (Charaudeau, 2005 : 128).

viol 470. » Suit une formulation impersonnelle où le présent de vérité générale exacerbe l’affirmation : « On cherche toute sorte de caractéristiques dans la personnalité de la victime pour atténuer les charges contre l’inculpé471. » Le rappel des faits, qui se sont déroulés en 1976 – « el año pasado » – décrit les circonstances de l’agression : Claudia Caputi, « une jeune italienne », âgée de 18 ans, d’origine modeste –son père est maçon – , se rend à Rome à la recherche d’un travail. Elle est violée par « 16 jeunes ». Elle raconte tout à ses parents, le père la gifle et la mère lui demande de tout oublier, à cause du « déshonneur » qui tomberait sur la famille.

La précision de l’agression par le nombre d’agresseurs apporte quelque chose de monstrueux à la situation qui ne peut qu’éveiller la stupeur chez le lecteur et son soutien à la victime face à la lâcheté des agresseurs. L’affaire est portée en justice devant un juge partial qui soupçonne la jeune femme. C’est alors qu’intervient un groupe de « militantes féministes italiennes « pour soutenir la victime et la protéger. Elles s’emparent du cas Claudia Caputi pour en faire « une cause publique», et la défendre. Elena Urrutia illustre encore ici le slogan féministe selon lequel « le privé est politique »472. Pour asseoir cette perspective, elle rapproche des faits précis, qu’elle connaît bien et qui ont eu lieu cette fois en France, rapportés dans une très longue parenthèse. Dans ce segment rétrospectif, entre parenthèses, elle rappelle le Procès de Bobigny, de 1972, où l’avocate Gisèle Halimi, à la tête du groupe

Choisir avait défendu la jeune Marie-Claire, jugée pour avoir avorté, à la suite d'un viol, avec

la complicité de quatre autres femmes. Elle retient ici le dénouement heureux de l’affaire : ce fut « le premier, l’unique procès politique sur l’avortement où les accusées devinrent accusatrices, et qui fut un détonateur pour la suppression de la loi de 1920 en France et pour l’implantation d’une nouvelle loi473. » Cette observation fait écho au livre de Gisèle Halimi,

La cause des femmes, publié en 1973. Dans le premier chapitre : « La femme enfermée », on

peut lire « Le procès de Bobigny. Les accusées devinrent accusatrices » (Halimi, 1973 : 7). Dans cette longue parenthèse, comme en aparté, Elena Urrutia donne au lecteur son opinion et ses conclusions : elle affirme que « l’avortement n’est pas un délit ». Le mot ‘avortement’ ainsi que le verbe ‘avorter’ dans la phrase « Claire, mineure, avait avorté » («

470 « El único delito en el que la víctima resulta también culpable es el de la violación. »

471 « Toda clase de circunstancias se buscan en la personalidad de la víctima para atenuar los cargos al inculpado.”

472 « lo personal es político. »

473 « el primero, el único proceso político sobre el aborto en el que las acusadas se convirtieron en acusadoras, y que sirvió como detonador para la supresión de la ley de 1920 en Francia y la implantación de una nueva ley. »

Claire, menor de edad, había abortado »), n’apparaissent qu’à cet endroit de l’article, entre parenthèses.

Elena Urrutia revient au cas de la jeune Italienne, Claudia : la situation n’est pas la même : ici, il s’agit juste d’appuyer « la victime » abandonnée de tous, de sa famille et des institutions. L’analogie avec l’affaire de Bobigny s’arrête où commencerait la démarche que pourraient entreprendre les lecteurs mexicains, sur le droit à l’avortement, même si les cas exposés restent éloignés (la France, l’Italie). Cependant les prénoms Claudia, Marie-Claire, et surtout le profil des victimes, sont transposables dans le contexte mexicain. Elena Urrutia reprend la narration avec de nouveaux faits, invraisemblables, qui font rebondir l’affaire Caputi : le nouveau viol de la victime, pendant son procès, et ceci malgré « la vigilance des groupes féministes » mobilisés. L’incompétence et la mauvaise foi de la police sont soulignées. Quant aux jugements rapportés, on atteint des sommets dans l’invraisemblance : « la police soupçonnait que cette nouvelle attaque avait été organisée par la victime et ses alliés […]474. » Le verdict clôt le récit : la victime est hospitalisée et les violeurs condamnés. Le juge Mario Lupi inflige une peine de quatre ans de prison au chef du groupe, accompagnée d’admonestations paternalistes et moralisatrices pour les complices:

Je voudrais rappeler à ces jeunes garçons que le monde féminin, si dangereusement séduisant, est le même monde où vivent vos épouses, vos mères et vos sœurs. Nous devons donc le respecter et tachez de ne pas revenir dans cette salle475.

Le juge italien les conforte ainsi dans leur rôle de protecteur qu’ils doivent jouer auprès des femmes, tout en adoptant un ton bonhomme, paternaliste, plus adapté à une bêtise d’enfant- allez, ce n’est pas si grave, il ne faut pas recommencer – qu’à la sentence d’un crime, qu’est le viol. Dans l’article, la nouvelle épouse une mise en scène composée de plusieurs plans autour d’une distribution de rôles positifs et négatifs qui provoquent l’adhésion ou le rejet du lecteur. Le groupe masculin est connoté négativement tandis que le groupe féminin est plutôt mis en valeur : d’une part, les jeunes violeurs, récidivistes, le père brutal, des policiers et un juge inefficaces ou complaisants et d’autre part, les jeunes victimes, Claudia et Marie-Claire, les féministes italiennes et l’avocate française G. Halimi.

474 « la policía sospechaba que este nuevo ataque había sido fraguado por la víctima y sus seguidores […]. » 475 « Quisiera recordarles a estos muchachos que el mundo femenino, tan peligrosamente atractivo, es el mismo mundo en que viven vuestras esposas, madres y hermanas. Por lo tanto debemos respetarlo y traten de no volver a esta sala nuevamente. »

La normalisation d’un « modèle d’événement » qui se fonde sur la répétition des faits, leur cohérence et leur aboutissement, ici ou ailleurs, soulignant l’idée selon laquelle «ça peut se passer près de chez vous », sont des moyens utilisés pour permettre une nouvelle approche des faits : on est passé de la condamnation pure et simple – ici de l’avortement – à une compréhension – qui n’est pas obligatoirement une adhésion – de cette réalité dans des circonstances particulières : le viol et sa dépénalisation.

Les matériaux qui permettent de construire le discours proviennent d’une expérience commune, inscrite dans une réalité connue ou vécue directement par le lecteur. Sur la question du travail des femmes, dans la petite annonce (ci-dessous), les éléments de discrimination sexuelle et d’inégalité salariale sont immédiatement perceptibles. Le titre « Egalité de Salaire », sonne comme une revendication, ou un rappel de la loi sur le travail comme le stipule la Constitution mexicaine (n°49, E. Brito, Novedades, « Igualdad de Salario », 24/07/1968). Esperanza Brito aborde ici le travail des femmes et les discriminations salariales, qui existent malgré la loi. Elle s’appuie sur le texte d’une petite annonce d’embauche, publiée dans le même journal :

Il y a quelques jours, dans ce journal a paru une annonce pour recruter des employés, formulée ainsi : ON RECRUTE 10 VENDEURS

5 FEMMES,3.600 PESOS 5 HOMMES,4.500 PESOS476

Elle dénonce non seulement les discriminations salariales, mais aussi les abus des patrons et les préjugés des hommes tout en retraçant une histoire du travail des femmes, en y incluant l’influence du féminisme. Elle commence par une mise au point selon laquelle les femmes n’ont pas attendu les féministes pour travailler : « Beaucoup de gens veulent croire que le travail féminin et les changements sociaux qu’il entraîne dans les structures sociales, commencent avec les mouvements féministes du siècle dernier477. » Quand elle était obligée de travailler, la femme était couturière, ou, dans les classes aisées, elle donnait des cours de piano ou de chant. Esperanza Brito rappelle les conditions de travail déplorables des femmes au XIXe siècle en désignant les patrons comme des exploiteurs - les seuls coupables : ceux-ci

476 « Hace pocos días apareció en este diario un anuncio solicitando empleados que decía así: / SE SOLICITAN DIEZ VENDEDORES / 5 DAMAS S3,600.00/ 5 CABALLEROS S4,500.00 »

477 « Muchas personas quieren pensar que el trabajo femenino y los cambios que éste pueda acarrear a la estructura social, se inician con los movimientos feministas del siglo pasado. »

« qui ne se sont jamais distingués par leur âme généreuse, embauchaient ces malheureuses en leur donnant des salaires très bas […]478. » De plus, harcelées sexuellement, les femmes devaient « supporter les avances amoureuses du propriétaire du commerce », au risque de perdre leur emploi. Elles ne bénéficiaient, de surcroît, d’aucune pension de retraite. Esperanza Brito devance une réaction possible, qui traduirait une mauvaise foi ou un certain cynisme du lecteur : « On pensera qu’elle pouvait économiser en prévision, mais son salaire était très inférieur à celui de l’ouvrier479. » Elle réhabilite enfin les luttes féministes et syndicales, qui ont permis de changer cette situation : « Le féminisme a lutté contre cette situation » et ensuite « les mouvements syndicaux » ont permis d’améliorer le travail des ouvriers en obtenant « une durée maximale du travail sur une journée, des indemnités pour licenciement, assurance médicale, pension de vieillesse et salaires convenables480. » Elle termine son analyse en la refermant sur le contenu de la petite annonce, de façon circulaire. Malgré la loi qui stipule que « à travail égal, salaire ègal, sans dictinction de sexe 481 », la réalité est bien différente : « Les patrons voient encore dans le travail féminin la possibilité de disposer d’une main-d’œuvre bon marché482. »

Le ton d’Esperanza Brito est énergique pour dénoncer ce qui en fait est une violation de la loi : les institutions fonctionnent mal. Le travail des femmes n’est pas encore une réalité acceptée par tous, en particulier par les hommes, mus par toutes sortes de préjugés sur la différence des sexes, qu’Elena Urrutia dévoile en analysant le texte de cette annonce pour un poste de secrétaire dont elle précise l’origine, dans l’attaque de l’article. Ce type d’annonce n’est pas exceptionnel, « nous en lisons tous les jours dans la presse », partageant ainsi cette expérience avec le lecteur :

Ça ressemble à une plaisanterie mais ça ne l’est pas. J’ai découpé, il n’y pas longtemps cette annonce dans un quotidien de la capitale :

‘ Nous sommes désespérés. Notre Directeur est sans secrétaire depuis deux mois.

Il est urgent pour nous de trouver une jeune fille belle, qui maîtrise la sténodactylographie, l’anglais, avec une expérience dans le travail de bureau.

478 « […] que nunca se han distinguido por su alma bondadosa, contrataban a estas infelices pagándoles sueldos bajísimos [...].»

479 « Se dirá que podía haber ahorrado en previsión a esto, pero su sueldo era muy inferior al del obrero varón. » 480 « […] jornadas máximas de trabajo, indemnización por despido injustificado, seguro médico, pensión de vejez y salarios adecuados. »

481 « […] a igual trabajo debe pagarse igual remuneración, sin hacer distingos de sexo. »

Ou très belle, jeune, qui maîtrise la sténodactylographie, l’anglais et sans expérience. Ou très belle, jeune, qui maîtrise la sténodactylographie et l’anglais.

Ou très belle et jeune. Ou très belle.

Ou… plus ou moins jolie.

Si vous remplissez ces conditions, envoyez votre demande avec une photo à cette adresse…’483 » (n°15, E. Urrutia, El Sol de México, 21/04/1977)

La série d’énoncés anaphoriques, qui répète l’adjectif « belle », n’a plus d’ancrage avec la situation d’énonciation initiale : elle invalide la recherche de compétences professionnelles, et dépersonnalise la future candidate à l’emploi, cantonnée à son aspect physique, réifié , « plus ou moins jolie ». La structure de l’entonnoir, du plus vers le moins, aboutit à des exigences purement physiques et confère à la situation un cadre ludique, dont l’expression finale serait l’activité dévalorisée de la secrétaire. L’élimination des compétences professionnelles, finalement secondaires, concourt à la réification de la personne, ici la secrétaire, objet jetable facilement remplacé, dont on use et abuse, comme l’annonce le titre