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Chapitre 4 : Résultats de la recherche

4.1 Les différentes représentations de la Forêt Montmorency pour les acteurs du

4.1.4 Un aménagement exemplaire et avant-gardiste à différents niveaux

Que signifient les notions de « forêt exemplaire » ou « forêt modèle » pour les acteurs du CSAFM? En quoi la Forêt Montmorency représente-t-elle un modèle d’exemplarité pour eux? Est-ce que le caractère exemplaire de l’aménagement veut dire que la foresterie développée à la forêt peut-être un exemple applicable à l’extérieur de son territoire? Si oui dans quelle mesure selon les membres du Comité? Ce sont-là les principales questions que nous approfondirons dans cette section. Nous verrons que cette notion d’exemplarité est complémentaire et découle des représentations de la Forêt Montmorency comme laboratoire et pôle d’innovation. Ce sont précisément ces représentations qui érigent la Forêt Montmorency comme un modèle exemplaire à suivre en foresterie québécoise.

81 D’abord, selon plusieurs acteurs, la mission d’enseignement et de recherche de la Forêt Montmorency en fait d’office un exemple et un modèle pour d’autres espaces forestiers au Québec.

C'est une forêt modèle. Dans le sens que c'est un modèle d'aménagement, d'ailleurs c'est ça la mission. Ça se veut un modèle d'une mise en valeur de l'ensemble de ses ressources, ou la pleine valeur de l'ensemble de ses ressources, ou quelque chose dans ce style-là. Ent33217

Puis aussi, un gros élément de notre mission, c'est de développer un peu, un modèle d'aménagement, une façon d'aménager la Forêt qui est exemplaire. Puis qui peut servir à titre de référence un peu partout au Québec. Ent23215

Plusieurs voient la Forêt comme étant un modèle potentiel pour le monde forestier québécois. Ce modèle est amené à circuler à l’extérieur de la Forêt Montmorency par les différents membres du CSAFM qui le diffusent au sein des réseaux qu’ils entretiennent avec leurs propres institutions d’attache ou avec les autres acteurs du monde forestier.

Je pense que c'est une Forêt qui est un modèle. Et puis, évidement les acteurs qui sont là comme [X] influencent beaucoup la foresterie au Québec. Pour toutes sortes de raison. Il fait avancer les mentalités, il fait avancer la mentalité au ministère. Ent12111

Puis on veut aussi que notre forêt soit un modèle, […] qu'elle serve encore à inspirer les gestionnaires et autres. Ent26710

Pour moi la FM est un modèle d'aménagement. Et souvent je me sers des exemples du modèle de la FM, […] comme proposition d'aménagement que l'on pourrait faire ailleurs. Ent7104317

Cette conception de pôle d’innovation en terme de générateur de modèles d’aménagement forestier et en terme de forêt laboratoire l’amène à être définie comme un exemple pour la forêt québécoise à deux niveaux. D’abord au niveau des recherches qui sortent de la Forêt. Les recherches produites à la Forêt Montmorency sont utilisées par les acteurs du Comité dans leurs propres sphères organisationnelles. D’autre part, au niveau du modèle d’aménagement, la Forêt Montmorency est perçue comme faisant un aménagement exemplaire sur le territoire qu’elle couvre au moment de cette recherche c’est-à-dire le 66 km2 initial. Dans le discours des acteurs, l’aménagement polyvalent ressort comme une des

principales caractéristiques de l’exemplarité de la Forêt Montmorency. En effet, ce type d’aménagement est perçu comme étant exemplaire puisqu’il favorise une optimisation de l’utilisation du territoire montmorencien.

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Puis c'est pour ça que je disais que c'était un modèle de gestion, c'est parce que ça permet ça, ça permet qu'on puisse superposer toutes sortes d'activités. Moi j'espère que ce ne sera pas que de la récolte. Ent23411

Ça se veut un modèle d’aménagement, le modèle d’une mise en valeur de l'ensemble de ses ressources, ou la pleine valeur de l'ensemble de ses ressources, ou quelque chose dans ce style-là. Ent72321

Je ne vois pas bien ce que l'on pourrait y faire de plus. Je pense que c'est exploité de façon optimale, tout est optimisé. Je ne vois pas quelle autre fonction on pourrait lui donner. Ent92415

Quoique la forêt soit exemplaire, elle n’est pas considérée comme un exemple de gestion applicable sur tout le territoire forestier québécois. Pour que le « modèle d’aménagement » soit exporté à l’extérieur du territoire montmorencien, il faut que les deux territoires partagent des caractéristiques similaires. Certains acteurs croient qu’il doit partager des caractéristiques au niveau du couvert forestier ou de sa taille, tandis que d’autres croient que le territoire doit, tout comme la Forêt Montmorency, être à proximité d’une population et être multiusage. Néanmoins, la plupart des acteurs rencontrés s’entendent pour dire que le modèle d’aménagement développé à la Forêt Montmorency ne pourrait être appliqué dans son intégralité sur l’ensemble du territoire forestier québécois.

Je pense dans une même région, si on parle de la sapinière à bouleau blanc, je pense que oui, c'est quelque chose qui se fait, qui peut se faire ailleurs aussi. C'est sûr que… bon, applicable partout? Si on regarde ce que l'on fait au niveau du ski de fond, sur un grand territoire tu auras jamais du ski de fond partout, ça va être une zone que tu vas avoir et que tu vas pouvoir aménager d'une certaine manière pour préserver la valeur « ski de fond ». Donc c'est dans ce sens-là que je pense que ça peut s'appliquer. On ne se mettrait pas à faire des coupes partielles partout sur un grand territoire, de toute façon ça ne serait pas ça la réalité. Ent29415

Donc, en terme de modèle, c'est sûr que c'est beau, mais je pense que ça s'applique à des territoires particuliers et à des zones qui seraient peut-être plus denses en terme de population ou d'exploitation, avec des histoires de restriction d'espace. Mais quelque chose à l'échelle du nord du Québec ça, je pense pas que ça soit réaliste, après je sais qu'il y a aussi beaucoup de chose, de la sylviculture etc. Il y a certainement des choses qui vont sortir de ça, mais je pense pas que le modèle à 100% peut sortir de là. Il y a une histoire d'échelle qui ne fonctionnera pas. Ent236

Je ne pense pas partout par exemple. Pour moi des forêts de proximité, oui, des forêts multiusagers, oui, mais euh…il y a probablement des territoires qui sont plus dédiés à être des sources ligneuses plus standard, puis il y a des zones plus sensibles que d'autres. Ent103519

83 Ces difficultés quant à la transposition de l’aménagement fait à la Forêt Montmorency sur d’autres espaces forestiers québécois justifient en partie, pour plusieurs acteurs, le projet d’agrandissement de la FM. Pour eux, le territoire montmorencien, forgé par des années de recherche, ne peut plus être considéré comme semblable aux territoires qui y sont adjacents. Dans cette perspective, l’agrandissement de la Forêt Montmorency devrait lui permettre d’être plus représentative du territoire qui l’entoure, mais aussi de développer des modèles d’aménagement applicables sur de plus grand territoire.

Quand la forêt était plutôt homogène d'une certain manière, une forêt mosaïque, avec des petites coupes, tout était petit, à petite échelle et là oups… si on regarde sur une image aérienne, on le voit d'ailleurs, on voit que la forêt n'est pas représentative de ce qu'il y a autour. Elle ne l'était pas avant, avant qu'elle soit agrandie. Ent22310

Avec le projet d'agrandissement, peut-être qu'ils vont essayer des modèles un peu différents. Donc, selon moi ça pourrait être appliqué dans certains contextes particuliers, il y a certains aménagements qui pourraient être repris effectivement. Ils parlent beaucoup de faire des essais au niveau de la coupe partielle, l'approche pourrait être reprise dans des contextes spécifiques à l'extérieur de la Forêt. Ent14716

Cette volonté de représenté la Forêt Montmorency comme un modèle en matière d’aménagement et de gestion s’exprime également au sein de divers projets qui contribuent à cette image. L’agrandissement de la composition du comité, l’inclusion des Premières nations et les démarche pour l’obtention de la certification FSC sont des projets qui font résonnance au contexte forestier québécois et qui contribue à la crédibilité de la Forêt envers ses différents partenaires dont le gouvernement. En les réalisant, la forêt se mets ainsi diapason de ce développe déjà sur d’autre territoire et qui relève, notamment, des orientations des politiques forestières québécoises au sein desquelles elle s’inscrit et auxquelles elle ne peut se soustraire. Ces orientations, qui relèvent, en partie, d’intrant extérieur à la Forêt révèlent sa volonté de conserver son statut de Forêt universitaire exemplaire et innovante.

FSC, en fait on veut être une forêt modèle d'une certaine façon, puis on demande aux autres territoires [de se certifier] et on ne l'est pas. Disons que, je pense que c'est une question de crédibilité […] Si la FM n'est pas certifiée, comment peut-elle se permettre de dire que vous devriez peut-être faire ça. Voici nous sommes un modèle, mais un modèle non certifié, donc il fallait passer à la certification. Ent9916

Je dirais que dans ce contexte-là, c'est un cas particulier ou le FSC il disait il est où votre écologiste, votre représentant de mouvement environnemental? On ne

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va pas demander à Nature-Québec, il va nous envoyer [X]. C'est un peu pour ça, alors ça prend un autre organisme […] tu vois les systèmes de certification nous ont donné des balises pour voir si on était légitimes dans nos demandes. Ent48718

[…] les Hurons n’étaient pas là, ils ne sont pas arrivés avec des projets spécifiques et ils n'occupaient pas le territoire [de la FM]. Donc dans ce sens-là il n'y avait pas de dossier. Le seul dossier qui est venu c'était les efforts de [Y] pour qu'il y ait un représentant Huron qui vienne siéger parce qu'il ne venait plus. Puis c’était pour les fins de la certification qu’il fallait l’intégrer. Ent23416

Plus de la majorité des membres interrogés nous ont mentionné que la Forêt la certification FSC de la forêt était essentielle pour qu’elle conserve sa légitimité et sa réputation en tant que modèle d’aménagement forestier. Il est fait mention que ces raisons ont aussi contribué à l’inclusion d’une diversité d’acteur sur le territoire, incluant les Premières nations.

La présente section nous a permis d’observer le rôle prépondérant que joue la représentation d’une forêt universitaire dédié à d’enseignement et la recherche en science forestières. Elle participe à la fois à la définir comme un laboratoire, pour les professeurs, les chercheurs, les étudiants et pour le secteur forestier, et contribuent conséquemment à la représenté comme avant-gardiste et exemplaire. Elle est notamment reconnue, par ses projets de recherche et par le développement de l’aménagement polyvalent, comme un modèle et un pôle d’innovation du secteur forestier québécois. C’est justement pour conserver ce statut qu’elle développa différents projets répondant, eux, à des exigences extérieures, tel que la certification FSC, l’agrandissement de la composition de son Comité et l’inclusion des Premières nations. Ces différents projets qui s’ancrent dans la mission même de la Forêt, ne doivent toutefois pas compromettre les projets de recherche qui se déroulent sur le territoire. À ce titre, est-elle représentée comme un laboratoire ou les activités de chasse et de trappage pourraient grandement compromettre la sécurité des acteurs déjà sur le territoire mais aussi la mission première de la Forêt soit la réalisation de projet de recherche qui nécessite un contrôle de toutes les variables sur le territoire. L’aménagement polyvalent et intégré est perçu comme nécessitant un contrôle centralisé de tous les usages sur le territoire. ¸

La prochaine section sera l’occasion d’observer, par l’intermédiaire des données recueilli par observation direct, comment ces représentations se reflètent au sein des dynamiques participatives du CSAFM. Les conceptions qu’ont les acteurs de la mission et des rôles de la Forêt sont particulièrement susceptibles d’influencer les acteurs qui seront invités au Comité, mais aussi leur sollicitation pour différents projets et leur participation plus

85 globalement. Le concept de positions institutionnelles nous permettra d’observer l’importance de l’expertise sur la participation des acteurs.