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Chapitre 2 - Etat de l’art sur les facteurs qui influencent les trajectoires de l’intention

2.2 Les facteurs scolaires et extrascolaires : des facteurs dont l’étude est bien amorcée et qui

2.2.1 Les controverses sur l’éducation à l’entrepreneuriat

2.2.1.2 Les différents types de formations à l’entrepreneuriat et leurs caractéristiques,

L’enseignement de l’entrepreneuriat a connu une explosion considérable au cours de ces dernières années (Solomon et Fernald, 1991 ; Vesper et Gartner, 2001 ; Solomon et al., 2002). Bien que les Etats-Unis aient été précurseurs en la matière, cet enseignement s’est

développé bien au-delà de leurs frontières (Katz, 2003). L’enseignement de l’entrepreneuriat constitue une pédagogie éducative qui est non seulement répandue dans les écoles de management, mais de plus, la majorité des écoles cherchent à développer leurs propres formations à l’entrepreneuriat. Le nombre d’écoles offrant des formations à la création de nouvelles entreprises ou des formations similaires a beaucoup augmenté (Solomon et al., 2002 ; Katz, 2003). Depuis le début des années 2000, nous sommes entrés dans 1’ère de la structuration, avec la création de différents dispositifs et structures entrepreneuriales autour des universités et c’est même devenu un sujet d’actualité dans la plupart des pays européens (Fayolle, 2003).

Différents types de formations à l’entrepreneuriat peuvent être distingués selon 3 critères :

- Par la finalité : 1) sensibilisation à l'entrepreneuriat, c’est-à-dire stimulation des facultés de créativité et d'initiative, et développement de l'autonomie et de l'esprit d'initiative. 2) formation spécialisée dans les domaines d’activités de l’entrepreneuriat et incitation des élèves à la création d'entreprise. 3) accompagnement et suivi d’étudiants qui ont un projet de création d'entreprise. Dans la pratique, ces trois finalités sont complémentaires et peuvent se recouvrer ;

- Par les types de public : les besoins d’apprentissage, les niveaux de responsabilité et les attentes des individus se distinguent selon qu’il s'agit d’un public vaste, d’étudiants, de jeunes créateurs ou de chefs d’entreprise. Dans notre contexte, les étudiants manquent d'expérience, ont des ambitions spécifiques de carrière et des compétences entrepreneuriales vraisemblablement peu développées mais à combiner avec leurs connaissances et compétences technologiques cruciales pour le développement d’innovations. Ils ont donc des besoins de sensibilisation, de formation et d’accompagnement spécifiques.

- Par la conception des apprentissages : les méthodes pédagogiques pratiquées se distinguent selon les finalités et les publics en présence. Elles mobilisent des contenus, des ressources logistiques, didactiques et humaines variées. Les stratégies d’enseignement impliquent de définir au préalable les places et rôles de l’intervenant (universitaire, entrepreneur ou conseiller) et de l’étudiant. En ce qui concerne les étudiants en ingénierie, plusieurs études mentionnent leur préférence pour un style d’apprentissage expérientiel en phase avec une stratégie d’enseignement actif (Felder et Silverman, 1988).

Les 3 niveaux de formations (Fayolle, 2000) se caractérisent par des contenus et des pratiques pédagogiques différents :

- La sensibilisation à l’entrepreneuriat : Il s’agit de stimuler la curiosité et l'intérêt d’un large public à l'égard de la création d'entreprise et de l’activité entrepreneuriale, afin de valoriser l'entrepreneur et l’entreprise. Ceci est une préparation des perceptions à intégrer l’entrepreneuriat. Les enseignements de sensibilisation sont généralement ponctuels, et utilisent plusieurs méthodes pédagogiques. L'étude de Fayolle (2000a) nous renseigne sur la nature de ce type d’enseignement : des cours théoriques destinés à aborder sous un angle conceptuel différents thèmes de l'entrepreneuriat et de la création d'entreprise, des mini-projets, des vidéos d'entrepreneurs liées à des constructions pédagogiques, des témoignages et des tables rondes de jeunes créateurs, d'entrepreneurs et de professionnels de la création ou de la reprise d’entreprise. Ces dispositifs pédagogiques nécessitent peu de mobilisation en termes de compétences, de projets pédagogiques et de logiques d'action respectant des objectifs précis. 80% des enseignements en entrepreneuriat dispensés dans les écoles d’ingénieurs sont de type sensibilisant, contre respectivement près de 70% et un peu plus de 60% dans les écoles de management et gestion et les universités.

- La formation spécialisée en entrepreneuriat : Le but est de permettre à des étudiants qui souhaitent créer leur entreprise ou travailler dans les domaines de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise, d'approfondir la formalisation de leurs projets, leurs connaissances et leurs apprentissages, de connaître la diversité de l'entrepreneuriat et de leur donner un esprit entrepreneurial. Ces formations peuvent être diplômantes ou non diplômantes. Les programmes et formations de spécialisation sont beaucoup moins fréquents que les enseignements de sensibilisation. L’enquête de Fayolle (2000a) révèle que 25% des programmes ou formations en entrepreneuriat dispensés par les écoles de management et gestion sont de ce type spécialisant. Ce pourcentage se réduit à 20% dans les universités et les écoles d’ingénieurs.

- L’accompagnement et l’appui des porteurs de projets : Le but est d’accompagner par le soutien et le conseil des étudiants qui ont des projets de création ou de reprise d'entreprise. Selon Carrier (2000), il ne s'agit pas seulement d’obtenir des connaissances intellectuelles et cognitives, mais surtout des compétences et des activités d'apprentissage qui guideront l'individu dans sa propre démarche entrepreneuriale. Afin d’accompagner les porteurs de projets, des cours centrés sur les besoins réels de projets sont nécessaires.

L’accompagnement et le suivi de projets nécessitent de grandes qualités d'écoute, des soutiens et conseils individualisés dans la réalisation des plans d'affaires, de la disponibilité avec un engagement de l'accompagnateur dans l'encadrement et le passage à l'acte.

Les élèves ingénieurs possèdent des connaissances technologiques qui sont nécessaires pour identifier les opportunités d'affaires innovantes, et favoriser ainsi une croissance significative de l’économie et de l'emploi (Roberts, 1991; Shane, 2000), mais ils n’ont souvent pas conscience de la création d'entreprise comme un choix de carrière potentiel (Birch et Clements, 2004; Hynes, 1996). Pour modifier cette situation, Beranger et al. (1998) a proposé, dans son rapport sur la formation entrepreneuriale des ingénieurs de :

- « créer une rupture qui mette les futurs ingénieurs dans une atmosphère totalement différente de celle des classes préparatoires » par la sensibilisation à la création d’entreprise et à la diffusion de l’innovation qui démarre dès l’entrée à l’école ;

- Pour les élèves qui se sentent le plus motivés, une formation spécialisée pourrait être proposée. Les élèves sont donc mis en situation de réaliser en équipe un projet de création entrepreneuriale. Cette approche est très efficace pour changer la mentalité des élèves et pour les préparer à se lancer dans une création ;

- Une formation-incubation peut aussi être proposée. Il s’agit de mastère spécialisé en entrepreneuriat ouvert aux élèves ingénieurs de dernière année (en tant que filière de spécialisation optionnelle) consistant à accompagner l’étude de faisabilité puis le montage d’un projet réel de création jusqu’au dépôt des statuts de la société en cas de création, avec en parallèle des cours orientés sur les compétences spécifiques de l’entrepreneur (négociation, rédaction du plan d’affaires, réalisation du tour de table financier…) ;

- La coopération entre écoles d’ingénieurs et école de management. Par exemple, une formation Ingénieur Manager Entrepreneur de l’ITEEM (Institut Technologique Européen d’Entrepreneuriat et de Management) en 5 ans après le baccalauréat, assurée conjointement par l’Ecole Centrale de Lille et SKEMA Business School a été créée et elle est destinée à générer en grand nombre des créateurs d’entreprises technologiques. Les élèves ingénieurs qui choisissent de diversifier leurs études, en combinant des matières scientifiques et des matières en gestion par exemple, sont beaucoup plus enclins à démarrer une nouvelle entreprise que les autres étudiants qui ne l'ont pas fait (Fayolle, 1996).