• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 - Etat de l’art sur les facteurs qui influencent les trajectoires de l’intention

3.2 Le choix de la méthodologie et le déroulement chronologique de la thèse

3.2.2 La collecte des données quantitatives

3.2.2.1 La construction du questionnaire

a. Trois types de questions ont été choisis afin de saisir d’une part les opinions et d’autre part les comportements :

- Les questions fermées avec réponse sur une échelle de Likert : dans les questions d’opinion, il est demandé aux répondants de cocher la mention qui correspond le plus à leur opinion. L’échelle de Likert présente une gradation d’opinions possibles à propos d’une affirmation proposée. L’échelle comporte quatre pas : « tout à fait d’accord, assez d’accord, plutôt pas d’accord, pas du tout d’accord ». L’élimination d’un point moyen a été décidée, ainsi que celle du « sans opinion », afin d’éviter des choix de réponses neutres qui pourraient correspondre à des réponses de facilité. Cette option peut prêter à débat, mais le choix a été fait de consignes proposant, à défaut d’être capable de répondre, de cocher la réponse « la moins fausse ».

- Les questions fermées avec réponse sous forme de biodata : Lautenschlager (1994) définit les biodata comme « des questions factuelles portant sur la vie et le travail, ainsi que des items mettant en jeu les opinions, valeurs, croyances et attitudes dans une perspective historique ». Stricker et Rock (1998) ajoutent que 3ces mesures portent sur des faits relatifs à

la vie de la personne et non pas sur de l'introspection et des jugements subjectifs ». Maël (1991) donne une série de critères qui permettent de classer les items et de définir ce qu'est une biodata idéale : elle est historique, externe, vérifiable, objective, de première main, discrète, contrôlable, d'accès équitable, relative au travail et non-invasive. Les biodata de notre questionnaire sont conçues pour correspondre aux activités personnelles ou universitaires des élèves ingénieurs. Contrairement aux « Likert » qui demandent souvent l’expression d’une opinion, elles sont plus fiables, car elles vérifient des pratiques effectives. Par contre, elles ne présentent pas la même possibilité de gradation et posent des problèmes en cas d’adaptation du questionnaire à d’autres pays.

- Les QCM (Questionnaire à Choix Multiple) : ils sont utilisés essentiellement dans le cadre des questions biographiques et familiales ; les chercheurs ayant réalisé le questionnaire ont cherché un compromis entre un éventail de choix trop large ralentissant les réponses et un choix trop restreint apportant trop peu d’informations.

Ces trois types de questions ont été appliqués pour cerner les quatre dimensions du modèle exploratoire.

b. Les questions associées à chaque dimension du modèle exploratoire.

Chacune des dimensions du modèle exploratoire, a été associé à une série de questions. Dans ce qui suit nous reprendrons, une à une, les quatre dimensions abordées dans le questionnaire (Bachelet et al., 2004). Le détail des questions posées dans le questionnaire figure en Annexe 1.

1) L’identité biographique et relationnelle : un double sens est donné à la notion d’identité dans le questionnaire. Il y a d’une part, une série de questions sur l’identité civile de l’élève : âge, nationalité, le travail des parents, etc. D’autre part, certaines questions cherchent à faire réagir le répondant sur des représentations personnelles concernant le vécu de la carrière des parents. Par ailleurs, certaines questions cherchent à tester la représentation qu’a l’élève de l’identité de l’ingénieur (statut social privilégié, compétences techniques et/ou managériales, management hiérarchique ou plutôt orienté sur la gestion de projet) et sur l’identité qu’il perçoit pour lui-même : se sent-il ingénieur, manager ou entrepreneur ?

2) Les facteurs de l’intention entrepreneuriale (attitudes, sentiment de compétence et de contrôle, croyances normatives) ont été inspirés du modèle d’Ajzen (1991) et de Krueger

(1993) sans pour autant reprendre les questions opérationnalisées en entrepreneuriat par Kolvereid (1996b). Ce choix a été fait afin d’ajouter la dimension comportementale non prévue dans les modèles de référence, par des questions de type biodata adaptées au contexte des élèves ingénieurs. En outre afin d’éviter de surcharger le nombre de questions, il a été choisi d’associer chaque indicateur du modèle à quatre questions.

- les attitudes : une série d’indicateurs définis à partir d’une étude de littérature en entrepreneuriat ont été associés à cette dimension ; on y trouve l’autonomie (Craid, 1990 ; Cromie, 1987), le besoin d’accomplissement (McClelland, 1961 ; Koh, 1996), le dynamisme (Craid, 1990), la prise de risque (Koh, 1996), la prise d’initiative (Cromie, 2000), la responsabilité (McClelland, 1961), l’innovation (Koh, 1996 ; Craid, 1991) et la volonté au sens de la détermination à faire quelque chose (Cromie, 2000). Chaque indicateur a été mesuré par deux questions Likert et deux questions Biodata.

- le sentiment de compétence, est basé sur le concept de self-efficacy (Bandura, 1982) : les compétences retenues sont de saisir et construire les opportunités (Fayolle, 2004a ; Herron, 1990 ; Vesper, 1989 ; Baum, 1995), travailler en équipe (Chandler et Jensen, 1992 ; Lorrain et Belley, 1998), créer et entretenir un réseau (Aldrich et al., 1987 ; Herron, 1990), posséder des compétences techniques (Baum, 1995 ; Herron, 1990 ; Chandler et Jensen, 1992), travailler intensément (Chandler et Jensen, 1992), disposer de compétences organisationnelles (Lorrain et Belley, 1998 ; Deeks, 1976), se projeter dans l'avenir (Hambrik et Crozier, 1985 ; Milton, 1989) ou encore la capacité à prendre des décisions (Deeks, 1976 ; Hoffer et Sandberg, 1987). Chaque indicateur a été mesuré par deux questions Likert et deux questions Biodata.

- le sentiment de contrôle : est basé sur le concept psychologique de locus de contrôle et correspond au sentiment de contrôler les causes et le déroulement d'un événement, ou au contraire de les subir (Brockhaus, 1982). Cinq indicateurs révèlent la manière dont l’individu interprête les causes d’un événement qui le concerne : s’il l’attribue à son effort, ou à ses propres capacités, on parle d’un locus de contrôle interne. S’il l’attribue à la chance, au hasard ou au destin, il a un locus de contrôle externe. Pour chacun de ces indicateurs, quatre questions Likert ont été posées, deux dans le domaine de la réussite scolaire et deux autres relatives à la projection professionnelle.

- les croyances normatives : La mesure adoptée est celle du modèle d’Ajzen (1991) qui commence par déterminer quels sont les personnes qui comptent pour l’individu en vue du

comportement dont il est question (ici le choix de carrière entrepreneurial) et questionne ensuite si ces personnes sont favorables à la création et encourageraient l’individu s’il se lançait. Quatre séries de questions type Likert sont utilisées pour mesurer cette dimension.

3) Les expériences au cours de la vie étudiante : l’objectif est d’identifier, les centres d’intérêt, les activités pédagogiques préférées, l’implication dans la vie associative, etc. des élèves au cours de leur vie étudiante, mais aussi de mesurer leur impact sur les projets et la vie des élèves. Des questions type Likert et Biodata ont été mobilisées pour mesurer cette dimension.

4) Les projections professionnelles : Cette dimension cherche à repérer chaque année le projet professionnel de l’élève et la perception par l’élève de son degré de conformité à celui des autres élèves de sa promotion. Les questions portent sur les modes de carrières envisagées (mobile, ascension dans la même entreprise, entrepreneuriale), les rôles professionnels envisagés (chef de projet, responsable d’une équipe, expert technique), les secteurs professionnels envisagés (marketing, financier, technique…) afin de les croiser avec les projections spécifiquement entrepreneuriales (intention de créer, intention de créer si un ami le lui propose, intention de créer après quelques années d’expérience professionnelle, intention de créer au bout de plusieurs mois de recherche d’emploi salarié infructueuse). Les questions type Likert et Biodata ont aussi été mobilisées afin de mesurer cette dimension.

Le questionnaire générique comprenait 232 questions. Après test, il a été ramené à environ 180 questions selon les années du cursus. Les précautions utilisées pour adapter ce questionnaire au contexte et qui ont conduit à cette réduction sont présentées dans la section suivante.