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Les différents types d’évaluation dans un dispositif de formation en langue

Chapitre 3 L’évaluation dans le champ de la formation en langue étrangère

3.4. Les différents types d’évaluation dans un dispositif de formation en langue

en langue

Le tableau ci-dessous (CECR, 2000 : 139) regroupe par paires les différents

types d’évaluation les plus couramment utilisés dans les dispositifs de formation en

langue. A chaque évaluation présentée dans la première colonne correspond son

contraire dans la deuxième colonne.

3 Maîtrise Continuum ou suivi

4 Evaluation continue Evaluation ponctuelle

5 Evaluation formative Evaluation sommative

6 Evaluation directe Evaluation indirecte

7 Evaluation de la performance Evaluation des connaissances

8 Evaluation subjective Evaluation objective

9 Evaluation sur une échelle Evaluation sur une liste de contrôle

10 Jugement fondé sur l’impression Jugement guidé

11 Evaluation holistique ou globale Evaluation analytique

12 Evaluation par série Evaluation par catégorie

13 Evaluation mutuelle Auto-évaluation

Tableau 6 : Les types d’évaluation les plus courants (CECR, 2000 : 139)

Nous allons plus particulièrement détailler les évaluations qui nous intéressent

dans le cadre de notre recherche.

3.4.1. Evaluation du savoir vs évaluation de la capacité

L’évaluation du savoir est définie par le CECR (2000 : 139) comme

« l’évaluation de l’atteinte d’objectifs spécifiques - elle porte sur ce qui a été enseigné »,

alors que l’évaluation de la capacité, qui porte plus sur la « mise en œuvre de la

compétence ou performance, est l’évaluation de ce que l’on peut faire ou de ce que l’on

sait en rapport avec son application au monde réel » (ibid.).

3.4.2. Evaluation normative vs évaluation critériée

L’évaluation normative a pour but de juger et de situer les apprenants les uns par

rapport aux autres en fonction de résultats établis selon une norme déterminée.

Utilisée notamment lors de tests de positionnement pour constituer des

groupes-classes, cette « évaluation est basée sur une approche psychométrique qui insiste sur la

maximisation des différences individuelles » (Cuq, 2003 : 90). Le jugement qui est

porté sur l’apprenant est objectif et fondé sur un résultat quantifié sous la forme d’une

note ou d’un pourcentage.

Contrairement à l’évaluation normative, l’évaluation critériée « se veut une

réaction contre la référence à la norme : on y évalue l’apprenant uniquement en fonction

de sa capacité propre dans le domaine et quelle que soit celle de ses pairs » (CECR,

2000 : 140). C’est une démarche qui vise à déterminer le niveau de performance

langagière d’un apprenant face à des objectifs d’apprentissage. Ces objectifs sont

définis en termes de compétences, de situation de communication, de fonctions

langagières. Selon le CECR (ibid.), l’évaluation critériée entraîne : « a. la définition des

domaines pertinents couverts par le test en question et b. l’identification de points de

césure ou seuils : la (ou les) note(s) au test jugée(s) nécessaire(s) pour correspondre au

niveau de compétence ».

3.4.3. Evaluation formative vs évaluation sommative

L’évaluation formative intervient en cours de formation, elle a pour fonction

d’aider l’apprenant à comprendre ses difficultés afin de les surmonter et de

s’autoréguler durant son apprentissage. Selon le dictionnaire de didactique du français

langue étrangère et seconde (Cuq, 2003 : 91), la fonction de l’évaluation « est orientée

vers une aide pédagogique immédiate auprès de l’apprenant et est liée au jugement

continu pour apporter une rétroaction et un enseignement correctif efficace ».

L’évaluation formative aide aussi l’apprenant à faire évoluer ses représentations et à

parfaire l’utilisation de ses stratégies d’apprentissage. L’évaluation formative est aussi

appelée « évaluation formatrice » (ibid.) quand elle est focalisée sur l’apprenant,

« évaluation-réajustement » (ibid.) quand elle a pour objectif de diminuer l’écart entre

une norme et un comportement, « évaluation-régulation » (ibid.) quand elle a pour but

de prendre conscience du travail restant à effectuer en vue d’atteindre l’objectif visé. En

résumé, l’évaluation formative peut être « proactive, interactive et rétroactive » (ibid.).

Quant à l’évaluation sommative, elle a lieu en fin de formation « dans un but de

classification, d’évaluation du progrès ou dans l’intention de vérifier l’efficacité d’un

programme ou d’un cours » (Cuq, 2003 : 91). Sa démarche vise à vérifier si l’apprenant

a acquis ou non les savoirs et les savoir-faire méthodologiques ou langagiers prévus par

la formation. Elle peut donner lieu à des certifications ou orienter l’apprenant vers un

groupe de niveau supérieur. Elle constitue aussi une forme de bilan général qui permet

de porter un jugement sur les résultats obtenus et de prendre les décisions qui

s’imposent.

Par évaluation mutuelle, le CECR (2000 : 144) entend « un jugement porté par

l’enseignant ou l’examinateur ». Néanmoins, le vocable mutuel laisse à penser qu’il y a

évaluation des apprenants par les enseignants et évaluation des enseignants par les

apprenants. Ce dernier cas de figure est envisageable dans l’optique d’apporter des

changements aux pratiques des formateurs. Dans le cadre d’une auto-évaluation,

l’apprenant est seul juge de ses compétences propres. Dans le cadre de cette dernière

évaluation, « l’apprenant détermine lui-même le champ, fondé sur les objectifs

d’apprentissage qu’il s’était réellement fixés, les modalités et la finalité » (Cuq, 2003 :

30). Une telle évaluation suppose que l’apprenant ait été formé et soit capable non

seulement d’apprécier les efforts réalisés, les résultats obtenus mais aussi de porter un

regard critique sur ses choix d’apprentissage (objectifs, moyens, modalités). Ces

appréciations peuvent se présenter sous la forme d’un dossier d’apprentissage

personnalisé ou d’un portfolio, elles peuvent notamment servir de feedback à des

entretiens de conseil et sont complémentaires à d’autres types d’évaluations effectuées

par les formateurs ou sous la forme de tests. D’après le CECR (2000 : 144), « le plus

grand intérêt de l’auto-évaluation réside dans ce qu’elle est un facteur de motivation et

de prise de conscience : elle aide les apprenants à connaître leurs points forts et

reconnaître leurs points faibles et à mieux gérer ainsi leur apprentissage ».

3.4.5. Evaluation directe vs évaluation indirecte

Selon le CECR (2000 : 141), « l’évaluation directe évalue ce que le candidat est

en train de faire. ». A titre d’exemple, lors d’un examen de production orale du DELF

ou du DALF, l’examinateur observe le discours du candidat au moment même de sa

production, confronte ses observations aux critères d’une grille et effectue son

évaluation sur-le-champ.

A contrario, l’évaluation indirecte recourt à un test le plus souvent réalisé sous

forme écrite. Elle est notamment utilisée pour évaluer la compréhension écrite ou orale

car les activités de réception sont plus difficilement observables en direct que leurs

effets a posteriori. L’apprenant doit alors faire la preuve de sa compétence par la

complétion d’un texte lacunaire ou d’un tableau par exemple et répondre à des questions

ouvertes, fermées ou à choix multiples.

3.4.6. Evaluation subjective vs évaluation objective

La marge de manœuvre laissée à l’évaluateur est à première vue ce qui distingue

l’évaluation subjective de l’évaluation objective. D’un côté, l’évaluateur émet un

jugement sur la qualité de la performance de l’évalué, de l’autre l’évaluateur prend acte

ou non de la justesse de réponses fournies par l’évalué à des questions qui ne tolèrent

qu’une seule bonne réponse. Un examen plus approfondi de ces deux évaluations

montre toutefois que cette distinction est moins nette qu’il n’y paraît.

Pour des tests dits objectifs, le CECR (2000 : 142) opte plutôt pour le terme

d’« objectivé » puisque leur élaboration, leur mise en œuvre et leur correction sont

orientées par toute une série de décisions (concernant par exemple le choix des

supports, la formulation des questions, les réponses attendues ou considérées comme

acceptables) et comportent ainsi des éléments de subjectivité.

Pour des tests dits subjectifs, le jugement de l’évaluateur repose certes sur son

expérience mais se doit d’être le plus impartial et donc le plus objectif possible, basé sur

des instructions et des critères pertinents puisque, comme le mentionne le CECR (ibid.),

« lorsqu’il s’agit d’une évaluation sommative […] les résultats de ces tests sont souvent

utilisés par une tierce personne pour prendre des décisions qui engagent l’avenir des

candidats évalués » voire d’un programme de formation.

3.4.7. Evaluation holistique ou globale vs évaluation analytique

Le CECR (ibid. : 144) décrit l’évaluation holistique comme « un jugement

synthétique global » émis par l’évaluateur et fondé sur son intuition pour apprécier une

performance (en expression orale par exemple) en attribuant une note ou un niveau à

l’ensemble sans examiner dans le détail ses différents aspects. Inversement, l’évaluation

analytique découpe la performance en unités distinctes pouvant être notées séparément

et dont la somme permet d’aboutir à une note finale susceptible d’être traduite ensuite

en niveau ou mention. Selon le CECR (ibid.), une telle approche favorise « une

observation minutieuse » mais de l’autre peut également contribuer à rendre les

évaluateurs « intellectuellement surchargés lorsqu’ils doivent manipuler plus de 4 ou 5

3.4.8. Evaluation des connaissances vs Evaluation de la

performance (ou compétence)

L’évaluation des connaissances consiste pour l’apprenant à répondre à des

questions variées pour attester de l’étendue et de la maîtrise de ses connaissances en

langue alors que l’évaluation de la performance doit être pratiquée sur un extrait de

production écrite ou orale de l’apprenant. Comme le souligne le CECR (2000 : 142),

cette dernière évaluation découle du constat suivant :

« Il est malheureusement toujours impossible de tester directement les

compétences. On ne peut alors que se fonder sur l’évaluation d’un ensemble de

performances à partir desquelles on s’efforce de généraliser à propos de la

compétence. On peut considérer la capacité comme la mise en œuvre de la

compétence. En ce sens, un test n’évalue jamais que la performance, bien que

l’on tente de déduire des performances les compétences sous-jacentes. »

Le CECR identifie et distingue ainsi plusieurs tests selon leur niveau d’exigence

en terme de performance :

« un entretien exige plus de « performance » qu’un texte lacunaire et un texte

lacunaire, à son tour, exige plus de « performance » qu’un QCM – ou même que

l’identification d’items plus authentiques. C’est ainsi qu’on utilise le terme de

« performance » au sens de production langagière. Mais il a un sens plus étroit

dans l’expression « test de performance » où il signifie performance adéquate en

situation (relativement) authentique et généralement de type professionnel ou

académique. »

Pour Scallon (2004 : 27), évaluer l’apprentissage dans le cadre d’une approche

par compétence doit tenir compte de neuf points essentiels :

« 1. Des situations de performance

2. Des situations authentiques ou réalistes

3. L’interactivité entre l’examinateur et l’examiné

4. Le caractère multidimensionnel de l’apprentissage

5. Les exigences, les attentes, les standards

6. L’importance accordée au jugement

7. Les processus et les produits comme objets d’évaluation

8. L’intégration de l’évaluation à l’apprentissage

9. La participation de l’apprenant et l’auto-évaluation »

L’évaluation des compétences de l’apprenant en fonction de ses performances

implique l’évaluation de sa capacité « à mettre en œuvre les stratégies cognitives et

métacognitives nécessaires pour réaliser des tâches intellectuellement significatives,

simples et complexes, et sur son habileté à intégrer ce qu’il sait faire […] dans des

situations authentiques contextualisées de la vie courante. » (Wiggins, 1993 cité par

Cuq, 2003 : 92).

Selon le dictionnaire de français langue étrangère et seconde (Cuq, 2003 : 92), la

performance de l’apprenant se définit comme suit :

« On désigne par « performance » l’accomplissement efficace d’une tâche

langagière en utilisant un ensemble intégré de connaissances. La mesure de

performances complexes est possible en regroupant les habiletés langagières en

habiletés-synthèse pour graduer le niveau de complexité des situations

d’évaluation et des tâches demandées aux apprenants. Ces tâches peuvent être

du domaine cognitif et proposer divers niveaux de complexité (repérer,

réorganiser, comparer, analyser, apprécier, estimer). »

Ainsi, l’évaluation des compétences en langues est une organisation assez

complexe dont le processus comporte plusieurs étapes décrites dans la partie suivante.