Chapitre 9 Dispositions des apprenants
9.2. Représentations
9.2.1. Comparaison entre les représentations de début de et de fin de formation
fin de formation
Le tableau ci-dessous montre une répartition de notre échantillon selon l'accord
ou le désaccord exprimé sur le premier groupe d’items (items 1 et 2) en début et en fin
de formation. Il permet de mettre en évidence les représentations que projettent les
apprenants sur la langue française.
ITEMS
Début de formation Fin de formationD'accord Pas
d'accord D'accord
Pas d'accord 1. Le français est utile.
Si vous êtes d’accord, justifiez en cochant ou en complétant les réponses ci-dessous :
(déb.) (fin)
Langue de travail 30 / 27
Langue de culture 24 / 29
Langue internationale 29 / 29
52 98% 1 2% 53 100% 0 0%
2. Le français est difficile.
Si vous êtes d’accord, justifiez en cochant ou en complétant les cases ci-dessous :
(déb.) (fin) Grammaire 30 / 31 Prononciation 31 / 28 Orthographe 20 / 26 Vocabulaire 15 / 13 48 91% 4 8% 50 94% 2 4%
Tableau 20 : Répartition de l’échantillon selon l’accord ou le désaccord exprimé sur le premier groupe d’items de représentations
Au vu des premiers chiffres, ils approuvent massivement (98%) le fait que le
français est une langue utile (item 1), que ce soit dans le domaine du travail, de la
culture ou à l’international. En comparant ces données à celles collectées en fin de
formation, nous notons une légère augmentation du nombre de représentations positives
et relatives à l’utilité de la langue, qui culminent à 100%. Si ce premier item bénéficie
d’une représentation favorable, il n’en est pas de même pour le second. Ils sont en effet
91% à estimer que le français est une langue difficile à apprendre (item 2) en début de
formation, principalement en raison de la prononciation, de la grammaire et dans une
moindre mesure de l’orthographe et du vocabulaire. Cette représentation se renforce en
fin de formation puisque 94% des apprenants de notre échantillon estiment en fin de
formation que le français est difficile. Nous postulons qu’une telle représentation peut
avoir un impact négatif sur la persévérance de l’apprenant et créer un sentiment de
découragement qui freine son apprentissage.
Le second groupe d’items (items 3 à 7) relève de l’image de soi et du rapport des
apprenants sondés à l’apprentissage des langues en général.
ITEMS
Début de formation Fin de formationD'accord Pas
d'accord D'accord
Pas d'accord 3. Certaines personnes sont plus douées pour les
langues que d’autres. 50 94% 3 6% 47 89% 5 9%
4. Plus on est jeune et plus il est facile
d’apprendre une langue. 42 79% 11 21% 41 77% 12 23%
5. Plus on a fait d’études et plus il est facile
d’apprendre une langue. 45 85% 8 15% 41 77% 11 21%
6. Plus on connaît de langues et plus il est facile
d’apprendre une nouvelle langue. 46 87% 7 13% 44 83% 9 17% 7. Il existe différentes façons d’apprendre une
langue. 52 98% 1 2% 50 94% 3 6%
Tableau 21 : Répartition de l’échantillon selon l’accord ou le désaccord exprimé sur le second groupe d’items de représentations
Parmi ces items, deux font l’objet d’un positionnement défavorable à
l’apprentissage. 94% des sondés considèrent en effet que « certaines personnes sont plus
douées pour les langues que d’autres » (item 3). En d’autres termes, l’habileté que
montreraient certaines personnes dans l’apprentissage des langues aurait un caractère
inné. Par ailleurs, 74% s’accordent également sur le fait que « plus on est jeune et plus il
est facile d’apprendre une langue » (item 4). Autrement dit, la jeunesse serait à leurs
yeux un atout majeur dans l’apprentissage des langues. De telles croyances, basées sur
capacités pouvant nuire à leur formation. Elles peuvent être source d’inhibition et placer
les apprenants en situation d’inégalité face à la réussite de leur apprentissage. En fin de
formation, nous remarquons un léger recul de 2% et 5% pour ces deux représentations
considérées comme préjudiciables à l’image de soi en situation d’apprentissage.
Le positionnement des apprenants sur les trois items suivants reste conforme aux
attentes en début de formation. Un niveau d’études important (item 5) ainsi que la
connaissance de plusieurs autres langues (item 6) facilitent l’apprentissage d’une
nouvelle langue selon respectivement 85% et 87% des apprenants interrogés. L’idée que
des compétences d’apprentissage développées antérieurement soient transposables dans
l’apprentissage d’une nouvelle langue semble aisément admise par une très grande
majorité d’apprenants. Il en est de même pour l’item 7 : 98 % se placent en faveur de
l’existence de différentes façon d’apprendre une langue. Cette idée, fondée sur la
centration sur l’apprenant, revient à considérer que chaque apprenant est différent et
doit par conséquent identifier la façon d’apprendre qui sera la plus appropriée ou la plus
efficace selon son profil, ses envies, ses projets, ses besoins et ses objectifs. A l'issue de
la formation, nous enregistrons une diminution sensible de 4% à 8% sur ces items. Cela
constitue une régression car les items 5, 6 et 7 sont envisagés comme des
représentations plutôt favorables à l’apprentissage.
Le troisième groupe d’items (items 8 à 15) vise des représentations relatives à
des savoirs et des savoir-faire méthodologiques.
ITEMS
Début de formation Fin de formationD'accord Pas
d'accord D'accord
Pas d'accord 8. On apprend le français pour comprendre et
s’exprimer comme un Français. 37 70% 15 28% 33 62% 20 38% 9. Le français écrit est exactement le même que
le français oral. 4 8% 49 92% 5 9% 48 91%
10. Quand on apprend le français, il faut
apprendre le plus de mots possibles. 45 85% 7 13% 41 77% 12 23% 11. Pour bien connaître le français, il faut
connaître toutes les règles de grammaire. 32 60% 20 38% 26 49% 26 49% 12. Pour bien connaître la langue française, j’ai
besoin de connaître la culture française. 38 72% 14 26% 39 74% 14 26% 13. Pour comprendre et s’exprimer en français, il
14. Apprendre une langue, c’est apprendre par
cœur. 35 66% 17 32% 32 60% 18 34%
15. Pour bien apprendre, il ne faut pas faire
d’erreur. 12 23% 41 77% 5 9% 47 89%
Tableau 22 : Répartition de l’échantillon selon l’accord ou le désaccord exprimé sur le troisième groupe d’items
Sur les huit items concernés, une première constatation s’impose en début de
formation : quatre suscitent des réactions favorables pouvant entrer en jeu dans la
réussite d’un apprentissage. A titre d’exemple, 92% de l’échantillon réfute l’idée selon
laquelle il n’y aurait aucune distinction entre le français oral et le français écrit (item 9).
Pour 72% des apprenants sondés, le savoir linguistique est également indissociable du
savoir culturel (item 12). De plus, 77% contestent la pertinence d’une traduction mot à
mot en situation de compréhension et d’expression (item 13). 77% sont également
opposés à l’affirmation selon laquelle il faudrait éviter de faire des erreurs (item 15).
Aussi considèrent-ils par ce biais que l’erreur est un passage obligé dans tout
apprentissage ; plus qu’une fatalité, elle représente l’occasion de rebondir et d’y
remédier. L’adhésion des apprenants à ce type de représentations est importante dans la
mesure où elle détermine la mise en œuvre de stratégies d’apprentissage appropriées. A
contrario, si les représentations des apprenants s’inscrivent dans une conception faussée
de l’apprentissage des langues, elles génèrent des stratégies inadéquates et constituent
potentiellement un obstacle à la progression des apprenants, comme l’illustre le
positionnement de notre échantillon sur les items suivants : 70% des apprenants de notre
échantillon apprennent le français pour comprendre et s’exprimer comme un
Français (item 8) ; 85% jugent bon d’apprendre le plus de mots possibles (item 10) ; 60%
approuvent la nécessité de connaître toutes les règles grammaticales pour bien
apprendre le français (item 11) et 66% estiment qu’ « apprendre une langue, c’est
apprendre par cœur » (item 14).
Ce groupe d’items est celui qui montre le plus d’amélioration dans les
représentations des apprenants de notre échantillon. Nous avons d’une part les
représentations favorables constatées en début de formation qui se renforcent en fin de
formation. A titre d’exemple, nous citerons les items 12, 13 et 15 qui connaissent une
augmentation respective de 2%, 8% et 12%. Nous avons d’autre part les représentations
identifiées comme dommageables en début de session qui s’atténuent en fin de session.
En guise d’illustration, nous évoquerons les items 8, 10, 11 et 14 qui enregistrent une
baisse d’approbation de 8% à 11%. Pour ne relever que les points les plus significatifs,
les apprenants sondés sont notamment beaucoup moins nombreux à penser qu’il faut
apprendre le plus de mots possibles (item 10) ou sont beaucoup plus partagés qu’en
début de formation sur l’importance de connaître toutes les règles grammaticales pour
maîtriser le français (item 14).
Le quatrième et dernier groupe d’items (16 à 25) est fondé sur la responsabilité
et la mise en œuvre de choix d’apprentissage. Il met en exergue des représentations
susceptibles d’avoir une influence sur le processus d’autonomisation visé par le
dispositif.
ITEMS
Début de formation Fin de formationD'accord Pas
d'accord D'accord
Pas d'accord 16. Pour bien apprendre, j’ai besoin d’un manuel. 31 58% 19 36% 28 53% 24 45% 17. Pour apprendre le français, il faut suivre des
cours. 43 81% 9 17% 42 79% 10 19%
18. Pour apprendre le français, les cours sont
suffisants. 14 26% 39 74% 6 11% 47 89%
19. Pour apprendre le français, j’ai besoin d’un
professeur pour me diriger. 42 79% 10 19% 42 79% 10 19% 20. Pour apprendre le français, je suis les
objectifs fixés par le professeur. 22 42% 28 53% 24 45% 27 51% 21. A l’extérieur de la salle de classe, je suis mes
propres objectifs. 42 79% 9 17% 43 81% 8 15%
22. A l’extérieur de la salle de classe, j’utilise le matériel et les documents choisis par le professeur.
41 77% 8 15% 33 62% 17 32% 23. A l’extérieur de la salle de classe, j’utilise le
matériel et les documents que j’ai choisis. 43 81% 6 11% 47 89% 3 6% 24. Seul le professeur peut évaluer ce que j’ai
appris. 12 23% 40 75% 9 17% 42 79%
25. Je peux moi-même évaluer ce que j’ai appris. 37 70% 16 30% 35 66% 17 32%
Tableau 23 : Répartition de l’échantillon selon l’accord ou le désaccord exprimé sur le quatrième groupe d’items