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a.3. Les différents types d’édition

Dans le document Autoédition en ligne : stratégies (Page 23-27)

Citons pour commencer, les propos d’Ivan Slatkine, co-directeur des Éditions Slatkine, qui décrit le cahier des charges d’un éditeur traditionnel de la façon suivante : « [un éditeur] reçoit des manuscrits ou il commande des manuscrits, il va d’abord lire les manuscrits pour savoir si ces derniers rentrent dans le cadre de ce qu’il publie en terme de public cible, en terme de marché, en terme de style d’écriture, en terme de sujet.

Et puis, une fois qu’il a fait cette sélection, il va travailler avec l’auteur sur le titre en lui donnant quelques recommandations pour améliorer la qualité de son manuscrit. S’il estime qu’il faut améliorer la qualité, alors c’est : suppression de répétition, amélioration de la qualité des dialogues, parfois raccourcir le volume parce qu’on le trouve trop long, supprimer les longueurs. Enfin bref, c’est un travail éditorial. Et puis après, il y a tout le travail d’édition qui est la mise en page, la relecture professionnelle, l’impression du livre et puis ensuite sa commercialisation dans le réseau de la librairie. » (propos rapportés d’Ivan Slatkine lors de l’interview). Ici, on se rend compte que l’éditeur a plusieurs casquettes et que le processus d’un ouvrage est loin de s’arrêter à sa conception. Il est maintenant un peu plus facile de comprendre que si l’autoédition se passe de cet intermédiaire, c’est alors tout le concept d’édition qui diffère.

Comme mentionné dans l’introduction, l’autoédition n’est pas un concept nouveau.

Cependant, afin de clarifier celui-ci, il est important de revenir sur les différentes manières de s’éditer.

L’édition à compte d’éditeur

Cette forme d’édition est la plus connue et la plus traditionnelle aujourd’hui. L’auteur écrit un manuscrit, puis, il l’envoie à une maison d’édition qui peut l’accepter ou le refuser. Après lecture et décision du comité, si le texte s’insère bien dans sa ligne éditoriale, qu’il est bien écrit et qu’il détient un potentiel commercial, la maison d’édition va sûrement aller de l’avant avec ce manuscrit. Elle contacte alors l’auteur pour l’informer qu’elle veut l’éditer. Si celui-là entre temps ne s’est pas déjà engagé avec une autre maison, un contrat est écrit puis signé par les deux parties. Ce contrat concerne spécialement les droits financiers que l’auteur va toucher (10% en général) mais aussi le fait qu’il abandonne à la maison d’édition tous ses droits sur l’œuvre. En contrepartie, celle-là s’engage à prendre à sa charge tous les coûts de la production de l’ouvrage (relecture, mise en page, imprimerie, …), sa diffusion et sa promotion.

Bien-sûr, l’auteur participera aussi en donnant son avis (en corrigeant et relisant les épreuves de son ouvrage qui lui seront envoyées) et un peu de son temps (il devra être présent aux séances de dédicaces), mais il n’aura pas à débourser quelque somme que ce soit.

L’édition à compte d’auteur

L’édition à compte d’auteur est sans doute la moins connue du grand public car elle comporte des similarités à la fois avec l’autoédition et avec celle à compte d’éditeur (Caron, 2010). Le début du processus est le même que pour l’édition à compte d’éditeur ; un auteur écrit puis envoie son manuscrit à une maison d’édition.

Néanmoins, après lecture du texte ou du projet, l’éditeur juge que le texte est bon mais qu’il n’a pas assez de potentiel commercial ou alors qu’il est trop ambitieux (projet photo, très gros manuscrit, …) et qu’il n’a pas les moyens de le mener à bien. Dans ces cas-là, l’éditeur propose souvent à l’auteur une édition à compte d’auteur. C’est-à-dire que c’est l’auteur qui finance la production de ses ouvrages, il paye la maison d’édition pour être édité sous le nom de l’éditeur. Cela permet alors à l’auteur de bénéficier de tout le processus d’une édition traditionnelle (l’éditeur est chargé de la

production, impression, diffusion et promotion de l’œuvre) mais à ses frais, c’est donc un processus beaucoup plus cher que celui de l’autoédition (propos rapportés d’Ivan Slatkine lors de l’interview). Les droits d’auteur sont donc négociés différemment (ils varient d’un ouvrage à l’autre) bien qu’ils soient souvent assez proches de ceux négociés lors d’une édition à compte d’éditeur. La qualité des livres à compte d’auteur est donc égale à celle des ouvrages à compte d’éditeur, c’est pour cette raison qu’ils portent le nom de la maison d’édition avec qui l’écrivain s’est associé. Et si un lecteur n’a que le livre entre les mains, il n’est pas possible pour lui de savoir si ce texte a été publié à compte d’auteur ou d’éditeur. L’écrivain paye donc pour une certaine qualité ainsi qu’une légitimité et l’éditeur approuve ce manuscrit et accepte de le porter sans prendre de risque financier.

L’autoédition

L’autoédition c’est une option qui permet de démocratiser ce processus d’édition (Caron, 2010). Quand un auteur finit d’écrire son manuscrit, il peut souhaiter directement l’autoéditer ce qui, selon Ivan Slatkine « permet à des auteurs de rester sur le marché sans avoir ce filtre et ce frein qui peut être celui de l’éditeur » (propos rapportés d’Ivan Slatkine lors de l’interview) ou alors il n’aura pas eu de chance en envoyant son ouvrage à des maisons d’édition et il se tournera de ce fait vers ce type d’édition. Plusieurs options s’offrent alors à l’auteur désireux de tester cette forme d’édition.

Il y a d’abord les plateformes d’autoédition. Celles-ci, que ce soit Edilivre, Librinova, ISCA ou encore Kindle Direct Publishing (Amazon), proposent – quoiqu’à des tarifs divers – quasiment la même chose ; N’importe qui ayant écrit un texte (que que soit le genre) peut aller sur ce type de site où il est proposé plusieurs formules auxquelles correspondent des prix. L’auteur peut éditer son texte tel quel (donc l’auteur doit faire sa mise en page lui-même et se relire) pour ensuite envoyer son fichier afin que son ouvrage soit imprimé. Et c’est ensuite, de nouveau lui qui devra aller démarcher les librairies s’il souhaite que son œuvre soit diffusée, ainsi qu’assurer sa promotion. Cela correspond à la formule la moins chère mais les auteurs peuvent décider de mettre un certain prix et de cette façon obtenir une relecture professionnelle et/ou une mise en page et/ou une certaine diffusion et/ou une certaine promotion en plus de l’impression de leur ouvrage. Lorsque le livre est imprimé, il est possible pour le lecteur de savoir

que c’est un manuscrit autoédité simplement en regardant le nom de l’« éditeur ». Soit il n’y a pas d’information, soit le nom de la plateforme d’autoédition est apposé là où se trouve traditionnellement le nom de la maison d’édition. Cependant, à part cette indication, si par exemple, le lecteur n’est pas au courant que ISCA est une plateforme d’autoédition et qu’il ne fait aucune recherche à ce propos, il ne saura pas que le livre n’est pas passé par une maison d’édition. Le fait que l’ouvrage ait été autoédité n’est (dans la plupart des cas) mentionné nulle part.

Les livres autoédités ne se valent pas tous, il y en a de très bons comme de très mauvais ne serait-ce que sur la forme. Le fond est presque complètement libre. Ces ouvrages ne bénéficient pas forcément de la même légitimité qu’aurait un livre publié par une maison d’édition. Celui-ci est obligatoirement passé par différentes étapes censées garantir un certain standard de qualité. Toutefois, s’il passe par l’autoédition, l’auteur est complètement libre et garde tous les droits sur son œuvre, ce qui peut être très attractif.

Ensuite, il y a l’autoédition sur les réseaux sociaux et plateformes sociales. Ici, il serait peut-être plus judicieux de parler d’autopublication (bien que les deux termes sont utilisés) car la forme est différente. Les textes restent sur la toile, ils ne sont pas physiques et bien que les lecteurs puissent les posséder en les imprimant eux-mêmes, cela reste inhabituel. C’est une forme assez distincte ; les auteurs publient leurs textes sur un ou des réseaux et leurs lecteurs sont leurs abonnées/followers/amis. De nouveau, leur créativité ne se heurte qu’aux limites du réseau ou de la plateforme sociale et ils sont très libres en ce qui concerne le fond. Cette manière de faire ne coûte rien d’ordinaire en terme d’argent (bien que l’on puisse booster la visibilité de ses publications moyennant argent) mais elle peut prendre du temps. Effectivement, se construire et garder une communauté5 demande des efforts et une présence quasi constante sur les réseaux ainsi qu’un lien avec les autres internautes assez forts (répondre aux commentaires, publier du contenu attractif, publier très régulièrement des textes…). Cette autopublication permet aux écrivains amateurs (ou professionnels) de publier leur travail, d’avoir un retour et de réseauter avec d’autres écrivains et lecteurs (Ramadarshan Bold, 2018). De plus, l’autopublication peut aussi

5 Une communauté sur les réseaux ou plateformes sociales correspond à un public fidèle et réactif suivant le créateur du compte.

parfois mener à l’édition traditionnelle car ces plateformes et réseaux sont un foyer de talents littéraires, où agents et éditeurs peuvent partir à la recherche de nouveaux talents. Effectivement, un auteur ayant une grande communauté a un potentiel commercial presque acquis et certains best-sellers ont une genèse d’autopublication.

IV.a.4. L’évolution du rôle de l’éditeur, de l’auteur et du

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