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a.2. Attentes des autoédités

Dans le document Autoédition en ligne : stratégies (Page 53-57)

La question numéro huit est sûrement une des plus révélatrices pour ce qui est de la première hypothèse de ce travail.

Figure 9: Résultat question 8 questionnaire aux auteurs autoédités

Cette hypothèse était la suivante : « Les auteurs sont moins intéressés par l’argent que par le retour du public et donc publier en ligne rend les éditeurs centralisés moins importants pour assouvir cette recherche. ». Malgré ce que formule cet énoncé, nous avons vu plus tôt que certains écrivains s’étaient tournés vers l’autopublication justement pour une raison pécuniaire. En effet, un auteur publié dans une maison d’édition touche un pourcentage faible sur chaque roman acheté (cf. Annexe 4 question 2.a. et 3), environ 10% (Syndicat national de l’édition, 2019), alors qu’en s’autopubliant sur Amazon par exemple, les écrivains peuvent obtenir un pourcentage plus élevé et donc, un plus grand revenu. L’auteur Neo Monfort confirme cette information lors de son interview : « [en passant par l’autoédition] je garde tous les droits. C’est-à-dire qu’eux [les gestionnaires de la plateforme d’autoédition] ils ne gagneraient que sur les ventes donc, à chaque vente, ils prennent un petit pourcentage et moins que les maisons d’édition. » (Annexe 6). Cette observation infirme donc quelque peu notre hypothèse.

Cependant, supposer que le contact avec les lecteurs est plus stimulant que l’argent, et que c’est pour cette raison que les écrivains optent pour l’autopublication s’avère ici plutôt vrai. On voit sur ce schéma que les quatre principales raisons poussant à ce système sont qu’il permet ; un moyen de s’exprimer (et cela plus largement que dans

une maison d’édition), un contact direct avec les lecteurs, un moyen d’être lu, et enfin, une certaine visibilité.

L’écriture est quoiqu’il en soit un moyen de s’exprimer ; en effet, si des personnes ont utilisé l’autopublication exprès pour cela, c’est parce que l’expression et la façon de s’exprimer est beaucoup plus libre que dans la publication traditionnelle car il n’y a presque aucun filtre (les seuls filtres sont ceux imposés par le réseau ou la plateforme et ils sont très basiques). Alors que si l’on se fait publier de façon traditionnelle, les éditeurs ont un immense droit de regard sur le texte et celui-ci est toujours sujet à modifications. Le moyen d’expression est donc contrôlé. La liberté d’expression qu’offre l’autopublication en ligne est très prisée par les auteurs, comme on peut le voir sur le graphique. 12 écrivains sur 16 se sont tournés vers les réseaux et plateformes sociales pour s’autopublier car ils souhaitaient s’exprimer sans censure. Ici encore, ce résultat corrobore les propos de Neo Montfort qui, même s’il a opté pour l’autoédition d’abord un peu par défaut, fait la déclaration suivante : « Pour moi c’est une question d’énergie. C’est là où je suis maître et ça c’est un paramètre qui, bon je vais dire un truc un peu bateau, mais c’est un paramètre qui n’a pas de prix et je peux le faire que si j’en ai envie. (…) je suis venu à l’autoédition un petit peu par hasard mais si une maison d’édition m’avait dit « on va te publier » je l’aurais fait aussi même si ça aurait été un processus complètement différent. Parce que si j’avais été édité, j’aurais été aliéné à quelque chose, formaté. Là, personne me lit mais je suis complètement libre.

Pour moi c’était un plaisir avec une infime possibilité que quelqu’un s’y intéresse. » (Annexe 6).

En deuxième position, ex æquo, viennent le contact direct avec les lecteurs et la possibilité d’être lu. Cette dernière est on ne peut plus compréhensible : sachant que les grandes maisons d’édition francophones reçoivent des milliers de manuscrits tous les ans (Peras, 2012), elles doivent faire des choix et refusent alors de publier un nombre énorme de textes (95% d’après Ivan Slatkine). Les auteurs qui ont simplement le but d’être lus font bien d’opter pour l’autopublication. Les réseaux sociaux permettent à tous leurs membres de publier des textes et ceux-là peuvent choisir de les rendre publics. Les auteurs peuvent être lus très facilement, dès qu’ils partagent en ligne une de leurs créations. Elle sera évidemment plus ou moins lue selon la visibilité de l’écrivain mais elle sera lue davantage que si le manuscrit était resté dans un tiroir après un refus de l’éditeur.

Le contact direct avec les lecteurs apparaît être aussi un facteur déterminant pour ceux qui choisissent l’autopublication. Effectivement, comme on l’a vu plus haut (à la question 3), les retours et conseils des internautes sont bien accueillis et même souvent, ils sont attendus par l’auteur. Que ce soit pour s’améliorer ou simplement pour savoir comment a été reçu un texte, un écrivain édité de façon traditionnelle va souvent aller à la rencontre de ses lecteurs (lors de séances de dédicaces, de salons ou lors de conférences). Néanmoins, le contact, à ces événements, est différé par rapport à la lecture et, de plus, un nombre de lecteurs réduit feront l’effort de se déplacer. Cela rend les critiques moins nombreuses, moins précises et aussi moins franches. Sur internet, donner son avis est devenu une seconde nature pour les utilisateurs de réseaux sociaux et souvent en instantané. Une relation particulière peut donc se construire entre un auteur et la communauté en ligne que ce dernier est potentiellement capable de former au fil de ses publications.

Enfin, l’autopublication, si on se fait un peu de publicité en passant par les réseaux, permet d’atteindre une certaine visibilité. A force de publier en ligne, l’auteur peut attirer de plus en plus de personnes qui le suivent et, à partir de là, obtenir la capacité de jouer de cette visibilité. Certains l’utilisent pour vendre leur propre livre sur une plateforme, d’autres pour attirer l’œil d’une maison d’édition afin d’être publié traditionnellement. On voit, à la question 12, que 7 écrivains sur 16 considèrent que la publication de leurs textes sur des réseaux et plateformes sociales est seulement une étape intermédiaire.

Figure 10: Résultat question 12 questionnaire aux auteurs autoédités

VI.a.3. Présence et activité des auteurs sur les réseaux et

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