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Troubles cognitifs selon le phénotype de SEP

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PARTIE I SEP ET COGNITION : CONTEXTES ET CONSIDERATIONS THEORIQUES

CHAPITRE 2 TROUBLES COGNITIFS DANS LA SEP

I.2.5 Troubles cognitifs selon le phénotype de SEP

Si pendant longtemps, les troubles cognitifs étaient considérés comme l’apanage des formes évoluées de la SEP, plusieurs études ont montré qu’ils pouvaient être fréquents aux stades initiaux de la maladie (Grant et al., 1984, Lyon-Caen et al., 1986, Feinstein et al., 1992, Achiron et Barak, 2003). Les déficits cognitifs peuvent apparaître à tous les stades de la maladie, y compris au cours du SCI, et dans tous les phénotypes SEP-RR, SEP-SP, SEP-PP, ou même lors de SEP dites bénignes ainsi que dans les syndromes radiologiquement isolés (Lebrun ,2010). Les patterns cognitifs diffèrent toutefois selon les stades de la maladie, probablement en relation avec les différents processus pathologiques qui les sous-tendent.

Bien que, lorsque l'on compare les phénotypes de SEP, les patients ayant une SEP-PP (Ruet et al. 2013a, Rodrigues et al., 2011) ou une SEP-SP ont généralement montré une plus grande sévérité du déficit cognitif que les patients atteints de SEP-RR, plusieurs études ont récemment montré que les fonctions cognitives peuvent être atteintes dès le début de la maladie. L’une des premières études de cohorte ayant révélé une atteinte cognitive dès les stades précoces est la cohorte bordelaise Aquisep. Dans cette étude, 44.8% des PvSEP-RR présentaient des performances inférieures au cinquième percentile des sujets témoins, à au moins deux tests de la batterie, et plus de 80% à au moins un test (Deloire et al., 2005). Chez les personnes au stade de SCI évocateur d’une SEP, les troubles cognitifs ont aussi été détectés (Amato et al 2006; Rovaris et al 2009; Portaccio et al., 2009) mais semblent moins fréquents (25 à 30% des personnes) et plus focaux (Lyon-Caen et al., 1986;. Feinstein et al., 1992; Callanan et al., 1989; Pelosi et al.,1997;. Achiron et Barak, 2003; Feuillet et al., 2007; Zipoli et al, 2010) que chez les personnes dont le diagnostic de SEP-RR est posé. Les sujets atteints de syndromes radiologiques isolés (RIS) évocateurs de la SEP peuvent aussi présenter des troubles cognitifs à ce stade préclinique de la maladie (Lebrun et al., 2010; Amato et al., 2012). A ce stade préclinique, les troubles cognitifs similaires à ceux présents dans des SEP diagnostiquées ont été détectés chez 27,6% (Amato et al., 2012) à 30,8%

(Lebrun et al., 2010) des sujets. Par ailleurs, ces mises en évidence à des stades très précoces renforcent le fait que les troubles cognitifs soient un reflet direct de l’atteinte cérébrale et confortent l’intérêt de la recherche de marqueurs mais aussi l’idée même de l’existence de marqueurs IRM fiables des atteintes cognitives et de leurs évolutions.

Chez les PvSEP, de nombreuses études font état de la fréquence de l’atteinte cognitive, le nombre de publications concernant la cognition chez les PvSEP évoluant sur un mode progressif est bien moindre (Comi et al., 1995; Foong et al., 2000; Huijbregts et al., 2004; Wachowius et al., 2005) et très peu d’études ont comparé le fonctionnement cognitif dans les différents phénotypes de la maladie. Denney et al. (2004) ont rapporté une différence entre les PvSEP-RR et les PvSEP- PP comparativement aux sujets contrôles uniquement pour les scores de VTI après ajustement de l'âge, du sexe, du niveau d'éducation, de la fatigue, et de la dépression. Gaudino et al. (2001) ont étudié les atteintes cognitives dans les 3 phénotypes de SEP et ont montré une atteinte plus fréquente et plus sévère chez les PvSEP évoluant sur un mode progressif comparées aux PvSEP- RR. Toutefois cette étude ne comportait pas de groupe de sujets témoins, ne comprenait pas d’évaluation cognitive complète et ne portait que sur 18 PvSEP-PP, 21 PvSEP-RR et 25 patients ayant SEP-SP. Une étude plus importante (Huijbregts et al., 2004) portant sur 71 PvSEP-SP et 55 PvSEP-RR comparativement à 67 sujets contrôles a mis en évidence de meilleures performances des PvSEP-RR à deux tests de VTI (SDMT et PASAT-3 secondes) en ajustant les données sur l’âge et le sexe ; mais cette différence de résultats n’était plus significative entre les 2 groupes après ajustement sur le score de handicap (score EDSS).

Nous avons récemment étudié les troubles cognitifs chez des PvMS-RR et PvMS au regard de sujets appariés et mis en évidence une différence dans les patterns cognitifs des deux phénotypes (Ruet et al., 2013a). Dans les deux groupes de PvSEP, l’atteinte de la VTI était le trouble le plus fréquent. Dans notre population, près de la moitié des patients avec une SEP-PP et moins d'un cinquième des patients atteints de SEP-RR présentaient une atteinte à au moins deux domaines cognitifs et les PvSEP-PP présentaient des déficits cognitifs plus marqués. Les troubles cognitifs des PvSEP-PP et PvSEP-RR différaient entre eux en termes de fréquence d’individus pour les domaines de mémoire verbale épisodique et les fonctions exécutives, et en termes de sévérité pour la mémoire épisodique verbale et la mémoire de travail.

L’ensemble des données de la littérature et de nos données (Ruet et al., 2013a) indiquent que les troubles cognitifs sont non seulement présents mais aussi fréquents chez les PvSEP quel que soit le mode d’évolution, avec une atteinte plus sévère dans les formes progressives primaires et secondaires (Planche et al., 2015). Huijbregts et al., (2004) ont plus spécifiquement rapporté une

atteinte plus importante de la VTI chez des PvSEP-SP et PvSEP-PP comparativement à des PvSEP-RR. Une étude rétrospective (Planche et al., 2015) a comparé 41 PvSEP-RR ayant débuté leur maladie au moins 10 ans auparavant, 37 PeSEP-SP et 23 PvSEP-P. Après ajustement sur l'âge, le sexe, l’EDSS, la durée de la maladie et le niveau d'éducation, les résultats montrent que la VTI, les fonctions exécutives, les mémoires de travail et épisodique, et la visuo-construction étaient au moins 2 fois plus souvent altérées et le nombre de personnes ayant un déficit à au moins deux tests était plus élevé chez les PvSEP-SP que chez les PvSEP-RR. Les PvSEP-PP étaient plus atteints que les PvSEP-RR à l’épreuve de fluence verbale, et présentaient plus souvent au moins un domaine cognitif altéré ; toutefois elles ne différaient des PvSEP-SP que pour la construction visuo-spatiale.

Le mode d’évolution serait un facteur majeur quant au type de dysfonctionnement cognitif détecté, probablement du fait des différences d’atteinte tissulaire cérébrale mises en évidence dans les différents phénotypes et de l’étendue de ces atteintes.

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