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Qualité de vie, cognition, et dépression : commentaires du poster et intégration des données dans les

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PARTIE II APPROCHE COGNITIVE GLOBALE ET OPTIMISATION DE L’EVALUATION DES

CHAPITRE 1 RETENTISSEMENT DES TROUBLES COGNITIFS SUR LA VIE DES PVSEP

II.1.5 Qualité de vie, cognition, et dépression : commentaires du poster et intégration des données dans les

les perspectives d’une prise en charge cognitive

Nous avons étudié la QdV chez 56 PvSEP et 11 PvSEP-PP (cohorte Aquisep) au moment du diagnostic (diagnostic < 6 mois) où plus de la moitié des PvSEP présentaient déjà une atteinte cognitive (Deloire et al., 2005). Lors de l’inclusion et 7 ans après, la batterie d’évaluation (Deloire et al., 2005) comprenait un examen neurologique et cognitif. Les mesures étaient des z-scores pour des domaines cognitifs (VTI, attention, mémoire de travail, mémoire épisodique, fonctions exécutives, langage), un score de fatigue issu de l’échelle Neurological Disability Scale (UKNDS) un score de dépression établi à partir de l’échelle Montgomery and Asberg Depression Rating Scale (MADRS) et un score de handicap établi à partir de l’EDSS. Les z-scores des domaines étaient établis à partir des tests de mémoire épisodique (rappel immédiat et différé) verbale, le Sélective Reminding Test (SRT), et spatiale, le Spatial Recall Test (SPART), à partir des tests de VTI et d’attention, le Paced Auditory Serial Addition Test (PASAT 3 and 2s) et le Symbol Digit Modalities Test (SDMT), de fluence verbale sémantique, le World List Génération (WLG), et de conceptualisation, le substest « similarité » de la WAIS-III. Les PvSEP réalisaient aussi l’autoquestionnaire SEP-59 (Leplège et al 2001) pour évaluer la QdV. Le SEP-59 correspond à la version française du MSQoL-54, les axes du SF-36 (36-items Medical Outcomes Study Short-Form Health Survey) selon deux dimensions donnant lieu à deux scores composites, le score mental et le score physique. La dimension physique comprend les axes activité physique, limitations dues à l’état physique, douleurs physiques, santé perçue, vitalité (vitalité-fatigue), vie et relation avec les autres. La dimension mentale comprend les axes limitations dues à l’état psychique ou encore santé psychique. Les axes complémentaires du SEP-59 sont aussi en majorité inclus dans les scores composites physique (fonctions sexuelles…) et mental (bien-être général, détresse, fonctions cognitives), cette dichotomie ne s’appliquant pas à des axes tels que la satisfaction sexuelle, le support social ou encore le sommeil.

Nos résultats ont mis en évidence une nette détérioration de la QdV des PvSEP. Ils confirment les données de la littérature rapportant une altération de la santé liée à la QdV chez des PvSEP (Mitchell et al., 2005). Les deux dimensions de la QdV évaluées par le score mental et le score physique sont affectées. Les PvSEP-RR avaient des scores significativement plus faibles à tous les axes de la SF-36 (p<0.001) et les PvSEP-PP à tous les axes excepté à l’axe bien-être émotionnel. L’EDSS était, comme attendu, corrélé aux axes de la dimension physique de la QdV, fonctions physiques, limitation due à l’état physique, douleur, santé générale, et les deux scores composites,

physique et mental. L’état dépressif et la fatigue étaient corrélés à tous les axes de la QdV excepté ceux mesurant la douleur, le sommeil et le support social. De plus, les modèles de régression ont révélé que les scores de handicap et de fatigue étaient associés à l’altération de la dimension physique de la QdV et que la dépression et l’atteinte de la VTI, évaluée par le SDMT et le PASAT, étaient associées à l’altération de la dimension mentale de la QdV. Le z-score de la VTI n’était pas corrélé au score de dépression, et les z-scores mémoire et VTI n’étaient pas corrélés à l’axe fonctions cognitives du QOL-59.

L’implication de la dépression dans les dimensions physique et mentale a déjà été rapportée. La dimension physique de la QdV a été associée non seulement au handicap physique, mais aussi à la fatigue et à la dépression, et la dimension mentale de la Qdv a été associée à la dépression et à la fatigue (Amato et al, 2001b; Benedict et al., 2005), avec une forte corrélation négative entre la dépression, la fatigue et le score composite mental du MSQoL-54 dans l’étude d’Amato et al. (2001b) portant sur 103 PvSEP. Plusieurs études ont souligné des résultats similaires concernant l’impact de la dépression et de la fatigue sur la QdV (Janardhan et Bakshi, 2002 ; Bueno et al., 2015). Benedict et al. (2003) et Deloire et al. (2006) avaient rapporté que la plainte cognitive n’était pas significativement corrélée aux scores cognitifs des tests mais plus liée à la dépression. Ces études suggéraient que le ressenti de la gêne cognitive rapporté dans les questionnaires de plainte cognitive ou dans les items cognitifs des questionnaires de QdV serait influencé par la dépression. Cependant, nous pouvons aussi nous demander si les tests et critères cognitifs habituellement utilisés en pratique clinique décèlent les atteintes subtiles, focales ou celles des différentes facettes des processus cognitifs et donc s’ils sont en mesure de correspondre aux gênes dans leur vécu rapportées par les PvSEP. Il n’est donc pas exclu que des dysfonctionnements cognitifs mis en jeu dans la vie quotidienne, différents de ceux évalués en situation de test, puissent notamment à ce stade de la maladie intervenir dans la QdV. Nos résultats confirment l’association de l’atteinte cognitive et de la détérioration de la QdV comme d’autres auteurs en ont déjà fait état (Benito-Leon at al., 2002), en partie en ce qui concerne la VTI (Benedict et al., 2005 ; Glanz et al., 2010). Il n’est pas surprenant que dans cette cohorte de PvSEP diagnostiquées depuis moins de 6 mois, parmi les atteintes cognitives, celle de la VTI prédise significativement le score « mental » de QdV. L’atteinte de la VTI est en effet l’une des atteintes centrales et des plus précoces dans la SEP. Le ressenti de la PvSEP recueilli non pas directement par les items cognitifs spécifiques (axe fonctions cognitives) mais plus largement par des items portant sur la QdV au travers de situations de vie impliquant une dimension mentale, pourrait refléter non seulement un état dépressif mais aussi, et indépendamment, des difficultés cognitives et en particulier un ralentissement. Le fait que notre étude ait souligné,

qu’indépendamment des autres facteurs, l’altération de la VTI puisse prédire la QdV dans sa dimension « mentale » renforce l’intérêt de dépister les altérations de la VTI ou d’autres fonctions cognitives dont le dysfonctionnement peut engendrer un ralentissement, telles que les composantes attentionnelles. Parallèlement, ces résultats ont confirmé l’importance de dépister et prendre en charge le plus tôt possible les états dépressifs, en proposant notamment un outil plus spécifique à la SEP, évaluant les dimensions émotionnelles de la dépression pouvant être perturbées dans les pathologies neurologiques. L’optimisation des évaluations des troubles de l’humeur dépressive et des troubles cognitifs est donc un enjeu essentiel afin d’évaluer, pour chacun, la ou les composantes les plus impliquées dans l’altération de la QdV et la part de cette implication, ainsi qu’afin de proposer des stratégies thérapeutiques ciblées le plus tôt possible pour maintenir la QdV des PvSEP dès les stades précoces de la maladie.

II.1.6 Prédiction des troubles cognitifs sur le statut

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