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Impact de la cognition sur le statut professionnel et la qualité de vie : commentaires de l’article

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PARTIE II APPROCHE COGNITIVE GLOBALE ET OPTIMISATION DE L’EVALUATION DES

CHAPITRE 1 RETENTISSEMENT DES TROUBLES COGNITIFS SUR LA VIE DES PVSEP

II.1.7 Impact de la cognition sur le statut professionnel et la qualité de vie : commentaires de l’article

Parallèlement, nous avons poursuivi les analyses concernant cette cohorte et étudié l’évolution de la QdV et l’impact des difficultés cognitives sur la QdV sur 7 ans en incluant les données concernant la cognition, la fatigue, la dépression, le handicap, la QdV et la vie professionnelle à 7ans, chez 48 des 65 PvSEP initialement inclus.

A l’inclusion, comme indiqué dans l’étude préliminaire, la QdV des PvSEP-RR et des PvSEP-PP comparée à celle des témoins appariés en âge, sexe et niveau d’éducation (ici le nombre d’années d’étude) était altérée. Les deux dimensions de la QdV évaluées par le score mental et le score physique étaient affectées. Les PvSEP-RR avaient des scores significativement plus faibles à tous les axes de la SF-36 (p<0.001) et les PvSEP-PP à tous les axes excepté à l’axe bien-être émotionnel. L’EDSS était comme attendu corrélé aux axes de la dimension physique de la QdV. De plus, 81,5% des PvSEP travaillaient. Le groupe « en activité » comprenait les PvSEP qui étaient salariés, travailleurs à temps plein ou à temps partiel, ou étudiants. Le groupe « sans activité professionnelle » comprenait les femmes au foyer, les bénévoles, les bénéficiaires de prestations d'invalidité, les personnes en congé de longue maladie, et les travailleurs retraités. Lors du suivi 7 ans après l’inclusion, les PvSEP réalisaient les mêmes évaluations qu’à l’inclusion et étaient considérées comme cognitivement détériorées si leurs performances cognitives aux tests avaient décliné d’au moins une déviation standard entre l’inclusion et la 7ième année

comparativement au groupe des témoins appariés. Le statut professionnel était aussi déterminé à 7 ans, date à laquelle seulement 54.4 % des PvSEP travaillaient. Parmi les PvSEP qui ne travaillaient pas entre 7 ans et 7,5 ans après le diagnostic, 72.7 % étaient cognitivement atteintes. Les changements de statut professionnel ont été considérés entre l’époque de l’inclusion et la 7ième

année en termes de perte d’emploi, réduction de l’activité professionnelle ou au contraire le fait de retrouver une activité professionnelle. Le statut professionnel à 7 ans était significativement associé avec les performances de VTI, le score EDSS et l’âge à l’inclusion ; mais seule la performance initiale aux tests de VTI pouvait prédire le changement du statut professionnel sur 7 ans. De plus, le déclin cognitif sur les 7 années après le diagnostic de SEP était associé à la fois au statut professionnel à 7 ans et à son évolution sur 7 ans. Parallèlement, les performances cognitives de VTI ou de mémoire aux stades précoces de la maladie étaient corrélées avec une diminution du niveau de perception de la santé, indépendamment de la fatigue, de la dépression et du handicap physique. La détérioration cognitive était le seul facteur prédictif du statut

professionnel à 7 ans et de son évolution au cours de cette période indépendamment de la progression de l'invalidité physique dans notre cohorte.

Le statut cognitif initial (« atteint » ou « non cognitivement atteint ») associé au handicap physique contribuait à la prédiction de la situation professionnelle 7 ans après le diagnostic de SEP dans la cohorte Aquisep. Rao et al. (1991b) avaient rapporté que les PvSEP présentant des troubles cognitifs étaient plus souvent sans emploi et avaient moins d’activités socio-professionnelles. Les pourcentages de PvSEP avec ou sans activité professionnelle varient d’un extrême à l’autre selon les études (LaRocca et al., 1985; Kornblith et al., 1986; Julian et al., 2008), en partie du fait des différences méthodologiques et des différences de populations étudiées. Il est exclu de trouver un chiffre fiable. Dans certaines études, plus de 90% des PvSEP étaient en activité avant la survenue des premiers symptômes de la maladie (LaRocca et al., 1982). Kornblith et al. (1986) rapportent plus de 70% de PvSEP sans emploi dans les 5 ans suivant le diagnostic de SEP. La durée de la maladie et une forme progressive de la maladie ont aussi été identifiées comme des facteurs de risque de la perte d’emploi chez les PvSEP (Strober et al., 2012). LaRocca et al. (1985), à partir d’un groupe de 312 PvSEP, ont rapporté que le sexe féminin, le faible niveau d'éducation, l’importance du handicap physique et l’âge n’expliquent qu’une faible partie (14%) des differenceS de statut d’emploi. Nos résultats convergent avec les résultats de Benedict et al. (2005) qui ont mis en évidence à l’aide d’un modèle de régression multilinéaire que, parmi un ensemble de facteurs (tels que l’âge, la durée de maladie, le handicap, les troubles cognitifs ou encore les troubles thymiques), la durée d’évolution de la maladie et les performances cognitives étaient les 2 facteurs prédictifs du statut professionnel. Il est important de préciser qu’en dehors des études portant sur les aspects cognitifs et thymiques, d’autres symptômes spécifiques de la SEP contribuent au fait de ne pas travailler, par exemple les troubles de la marche (O'Connor et al., 2002.), les troubles vésico-sphinctériens, la sensibilité à la chaleur (Simmons et al., 2010), la fatigue ou encore le type de personnalité (Strober et al., 2012).

La relation entre les troubles cognitifs et la QdV demeure contradictoire dans la SEP. Nos résultats aux stades précoces de la SEP sont en accord avec plusieurs études antérieures concernant la QdV. Le dysfonctionnement cognitif influait sur la QdV des sujets dans une étude incluant 100 patients atteints de SEP (Rao et al., 1991b). Dans les premières études sur les retentissements des troubles cognitifs de la SEP, Rao et al. (1991b) avaient déjà fait état d’un lien entre les troubles cognitifs et la QdV, ce qui a été confirmé par plusieurs études portant sur les liens entre les troubles cognitifs et le bien-être mais aussi l'état d'invalidité des PvSEP (Benito- Leon et al., 2002; Chiaravalloti et al., 2008; Clavelou et al, 2009; Glanz et al., 2010, Fernandez et al., 2011). L’étude COGIMUS incluant 331 PvSEP-RR suiviEs sur 3 ans, n’a pas montré de

différence significative des scores composites de QdV (MSQoL-54) en fonction de l'état cognitif initial des PvSEP (Patti et al., 2011) . Dans une autre étude incluant 124 PvSEP, cette association entre atteinte cognitive et QdV était faible (Baumstarck-Barrauet al., 2011b). Les performances initiales aux tests de mémoire étaient indépendamment associées avec les scores composites de QdV évalués quelques années plus tard. En outre, une faible association a été retrouvée entre la QdV, évaluée à l’aide des questionnaires SF-36 et MusiQoL, et l’atteinte cognitive. Plusieurs études ont rapporté que les symptômes dépressifs et ceux liés à l'anxiété étaient corrélés avec la QdV (Wang et al., 2000; Clavelou et al., 2009; Chahraoui et al., 2010). Dans notre étude longitudinale, le score EDSS initial ne prédisait pas le score composite physique de QdV à 7 ans; les symptômes dépressifs initiaux étaient en revanche associés de façon significative avec les 2 scores composites (score mental et score physique) de QdV à 7 ans. Ces résultats renforcent l’implication considérable de l’état dépressif dans l’appréciation de la QdV comme nous l’avons déjà évoqué, avec de possibles effets cascades des symptômes dépressifs sur d’autres symptômes voire d’un diallèle plus complexe (dépression, fatigue, cognition, sommeil, activités quotidiennes, QdV…).

Nous n'avons pas observé de différences pour les axes de QdV, excepté concernant les axes de détresse et de douleur, en fonction du statut cognitif des PvSEP établi à partir de l’atteinte à au moins 2 tests cognitifs. Ceci complète les résultats Baumstarck et al. (2012) indiquant que les scores de QdV ne différaient pas en fonction de l’atteinte des fonctions exécutives des PvSEP et conforte la fiabbilité des questionnaires de QdV y compris chez des PvSEP ne présentant pas des atteintes sévères.

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