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Les travaux à l’intérieur du bâtiment

1. LES INTERVENTIONS SUR LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (1858-1979) : ENTRETIEN,

1.5. UN CONSERVATOIRE MODERNISÉ (1960-1970)

1.5.1. Les travaux à l’intérieur du bâtiment

1.5.1.1. LA GRANDE SALLE

C’est durant cette campagne de travaux que la grande salle connut derechef une transformation conséquente. Alors que le plafond de Dériaz bénéficia d’une restauration par Pierre Boissonnas 240, qui ne semble pas avoir porté préjudice à la matérialité ni à l’organisation du décor d’origine, l’ordonnancement de la salle revêtit au contraire une nouvelle apparence notamment par l’installation d’une technologie scénique. Les archives du Conservatoire possèdent deux plans d’exécution de la salle de concert [fig. 150 et 151] et de ses aménagements en sous-sol [fig. 151 à 153], réalisés en avril 1966 par Charles Schopfer.241 Ceux-ci présentent un espace doté d’un nouveau sol, en légère inclinaison, supportant 290 sièges neufs.242 À droite de la scène, l’architecte a indiqué la présence d’un monte-charge dont la fosse nécessaire à son installation apparaît sur le plan de coupe. Par ailleurs, figure un niveau intermédiaire, relié à la scène et au sous-sol par un escalier droit. Le podium a été

237 Nous renvoyons le lecteur au « schéma d’un régime d’authenticité » établit par Lucie K. Morisset. A travers ce schéma l’auteur décrit le processus de patrimonialisation qui selon elle passe par la caractérisation de l’objet, sa conservation dans un second temps puis sa valorisation. Morisset, 2009

238 Cesare Brandi, 2011, 9

239 Nous aborderons plus en détail ce sujet dans la suite du travail

240 Le devis date du 3 mai 1965; dans son article Jean-Marie Marquis rapporte que, selon une communication orale qui lui a été faite, le plafond de la salle aurait été restauré en 1963. Les procès verbaux et le devis trouvé dans les archives du Conservatoire viennent infirmer cette note. J.-M. Marquis précise par ailleurs que ce plafond fut nettoyé à la gomme, 1983, 136

241 19 avril 1966, plans d’exécution, Hb 714-772, archives du Conservatoire de musique

242 235 fauteuils fixes, 22 strapontins, 15 banquettes et en facultatif 18 chaises mobiles

légèrement abaissé et équipé d’une mécanique de scène au niveau du proscenium : trappon, escalier rabattable et barrière mobiles.243 Enfin, une porte desservant l’accès à la soupente, a été ajoutée à l’extrémité droite de la scène.

Sur un des plans [fig. 152], Schopfer a dessiné l’aménagement du sous-sol comprenant la fosse de l’élévateur et un local radio. Il a en outre cloisonné la partie cintrée à l’arrière du bâtiment, de façon à créer un réduit à l’extrémité sud et un passage attenant joignant les couloirs latéraux. Dans la partie centrale, il a marqué en jaune les galandages de 1949 à démolir et en a élevé de nouveaux à gauche de la salle de ballet244, pour séparer les vestiaires hommes et femmes.

L’architecte rédigea un récapitulatif des travaux dans lequel figurent sous la forme d’une liste les noms des entreprises mandatées ainsi que les frais déboursés s’élevant à 601'150 francs.245 Bien que dépourvu de détails sur la réalisation des travaux, ce document est important car il donne un aperçu général du genre d’interventions effectuées dont certaines ne figurent pas sur les plans, tels que les entreprises de vitrerie, de plâtrerie, de peinture et de revêtement de sol.

1.5.1.2. LES SALLES DE COURS

Une série de photographies noir-blanc de 1938 [fig. 154 à 161] illustrant l’intérieur du Conservatoire nous est parvenue : plafonds hauts, tapisseries à imprimés, décor floral sur structure arquée ou encore lustres girandoles composaient en ce temps le décor des salles de cours. Sa complexité et sa chaleur ont cependant disparu, à la suite des interventions successives, laissant la place aux faux-plafonds et aux murs blancs, aux moquettes et aux globes luminaires. L’entretien des locaux se poursuivit durant les années cinquante avec notamment la réfection des salles n°15, 17, 19, 21 et 23 dont la hauteur des plafonds fut abaissée, les parois insonorisées, les papiers refaits ou repeints et les parquets poncés.246 Ces

243 Archives Conservatoire 643-686 ; lettre du Conservatoire au Conseiller d’Etat, Chef du Département des Travaux Publics, Charles Peyrot, en date du 28 mai 1964 ; lettre de Schopfer du 5 avril 1965, archives du conservatoire de musique

244 Procès verbal du 12 septembre 1966, archives du Conservatoire de musique. En 1946, le plancher de cette salle fit l’objet d’une réfection et en 1949 des travaux de peinture, de gypserie, de menuiserie furent exécutés.

Conjointement, les vestiaires ainsi que les couloirs et la cage d’escalier menant au rez-de-chaussée furent retouchés, procès verbal du 24 juin 1946, archives du Conservatoire de musique; voir aussi le document Salle de ballet-1949 dans les archives du Conservatoire de musique

245 Document daté du 3 mai 1967, Hb 714-772, archives du Conservatoire de musique

246 Procès verbal du Conservatoire de musique, 8 septembre 1952. La salle Montillet, ou salle n°11[fig. 162], est l’unique salle de cours qui n’a pas de faux-plafond. Il est de ce fait possible d’avoir un aperçu de la hauteur d’origine, soit un peut plus de 6 mètres selon François Delor

travaux d’insonorisation s’étendirent aux autres locaux [fig. 163 à 168], du sous-sol au premier étage, durant les années soixante et jusqu’au début des années septante. La partie cintrée des grandes baies porte encore les stigmates de ces travaux : les ouvriers noircirent les verres [fig. 169] de façon à masquer, depuis l’extérieur, le vide entre les faux-plafonds et le plafond d’origine.247 Par ailleurs, la salle Montillet accueillit un nouvel orgue dont deux plans [fig. 170 et 171] datés de 1970 et 1971 ont été conservés par la Fondation. Ainsi que le souligne François Delor, jusque dans les années septante, le Conservatoire ne bénéficiait que de deux orgues, respectivement situés dans la grande salle ainsi qu’à la cave et plus tard dans la salle n°10. Cependant, la surpopulation de la salle des concerts rendit l’orgue de la salle n°10 insuffisant pour l’apprentissage et contraignit les professeurs à dispenser leur cours à l’extérieur.248 Aussi, la salle n°11 se prêtant par la hauteur de son plafond à l’installation d’un nouvel orgue, on plaça l’instrument contre l’accès à la salle attenante (n°10), le condamnant ainsi.

1.5.1.3. LES AUTRES LOCAUX

En 1960, le directeur du Conservatoire souhaita entreprendre des travaux de réfection comprenant entre autres la transformation de la salle contiguë au bureau du directeur et l’entretien de la bibliothèque.249 Le procès-verbal de la séance du 25 septembre 1961 nous apprend que les travaux de la salle n°14 furent exécutés et que cette pièce servit d’annexe à la bibliothèque.250 Si les sources ne fournissent pas de détail sur les interventions réalisées, la comparaison des différents plans du bâtiment que nous avons pu rassembler montre qu’en 1954 les accès latéraux entre la bibliothèque et les salles attenantes n’existaient pas encore.

Par ailleurs, un dessin de la nouvelle porte du secrétariat [fig. 172] est conservé dans les archives du Conservatoire. Les sources ne confirment pas si cette installation datée du 31 août 1976 a été exécutée. Mais, une visite sur les lieux a permis de constater que la porte actuelle n’est plus d’origine et qu’elle a été changée pour une structure insonorisée.

Entre 1964 et 1965, les travaux de rafraîchissement se poursuivirent à la bibliothèque. Les factures fournissent en effet des informations quant au genre d’interventions effectuées, soit :

247 Le rapport du 4 mai 1988 mentionne par ailleurs des travaux de peinture noire sur tous les murs à l’intérieur des fausses fenêtres, dossier sur la restauration de 1987-1989, DCTI

248 Delor 2005, 16-17

249 Procès verbal du 10 octobre 1960, archives du Conservatoire de musique

250 Procès verbal du 25 septembre 1961, archives du Conservatoire de musique

le masticage et la peintures des fenêtres, le piquage et la pose de témoins sur les murs à l’annexe de droite251, le laquage des meubles252 avec filet et appliques de feuilles dorées253, la dépose de toutes les ferrures, espagnolettes, poignées, serrures pour les faire dorer, le décapage et le polissage des serrures des armoires, des garnitures des portes et des fenêtres, des gonds de portes et des petits lustres avec abat-jour et enfin la restauration du parquet.254 Lors de la création du dépôt de livres à l’entresol en 1969, la loge du concierge fut entièrement transformée.255 Les documents d’archives signalent que l’accès entre la loge et la salle n°2 fut obstrué et remplacé par une armoire encastrée [fig. 173], la trémie reliant le rez-de-chaussée à l’entresol condamnée [fig. 174] et l’accès au sous-sol fermé. Des travaux de gypserie, de peinture, de revêtement de sol et d’électricité furent en outre effectués. Par ailleurs, deux poutres métalliques [fig. 175] sont visibles au plafond de la loge de l’huissier.

Celles-ci supportent le sol de l’étage intermédiaire qui accueille le compactus.

Enfin, les archives du Conservatoire256 rapportent qu’en 1973, l’entreprise Brolliet & Cie construisit un petit bureau au-dessus de l’escalier nord, aujourd’hui numéroté 16 bis [fig. 176 à 179]. Sur les poutres qui soutiennent le sol de cette pièce, on posa du parquet. La fenêtre qui à l’origine éclairait la cage d’escalier fut quant à elle réduite, en raison de la suspension d’un plafond en plâtre qui vint buter à un quart de sa hauteur. Et dans le coin gauche concave vint s’encastrer une armoire. Une année plus tard, on construisit des toilettes [fig. 180] entre cette salle et la bibliothèque.

251 Archives du Conservatoire de musique, Hb 643-686

252 Comprenant les deux tables, 11 fauteuils et 7 chaises, archives du Conservatoire de musique, Hb 643-689

253 Archives du Conservatoire de musique, Hb 643-689

254 Idem

255 Une première indication concernant le logement du concierge est donnée dans le document d’octobre 1857 [fig. 96] : sous le numéro trois, il est en effet précisé qu’« il faudrait que la pièce d’entrée, ne fût pas la même que celle où le concierge fera sa cuisine » (archives du Conservatoire de musique, Hb 16). Dans le fascicule de 1858 (archives du Conservatoire de Genève, Hb 38), il est par ailleurs spécifié que la loge du concierge

« comprendra deux pièces pour son logement et se situera au rez-de-chaussée » (archives du Conservatoire de Genève, Hb 38). Toutefois, en l’absence des plans de Lesueur nous ne pouvons pas confirmer la situation de ce local. Ce que nous sommes en mesure d’avancer cependant, c’est que sur son plan de 1910 [fig. 78], Peyrot situe cette pièce à l’angle de la place Neuve et de la rue Calame. Celle-ci est ajourée sur ses façades et un galandage dans la partie supérieure droite marque la présence d’un réduit. Par ailleurs, l’existence d’un escalier nous amène à supposer que le rez-de-chaussée était relié au sous-sol, le premier étage accueillant le bureau du directeur et l’entresol n’ayant pas encore été construit. Ajoutons, enfin que ces dernières années, un comptoir en verre et en bois [fig. 181 et 182] a été monté entre les deux colonnes à l’entrée de la loge de l’huissier servant de réception.

L’installation épouse l’architecture existante sans l’altérer par des éléments de fixation. Aucune information n’existe cependant sur cette structure, celle-ci s’apparentant plus à un arrangement qu’à une intervention sur le bâti. Entretien avec Yves Peçon du DCTI, en date du 5 avril 2011

256Voir le dossier de Nicolas Wirth

1.5.1.4. L’EXTENSION DE LA BIBLIOTHÈQUE

En 1969, en raison d’un manque de place probant, la première partie du dépôt des livres fut construite à l’entresol [fig. 183, 184, 185], au-dessus de la loge de l’huissier. Le procès-verbal de la séance du 11 avril précise que « cette solution permettra de doubler le métrage de la bibliothèque actuelle et devrait suffire aux besoins pour une dizaine d’années ».257 Pour ce faire, Schopfer créa un accès à l’entresol depuis la salle du premier étage contiguë au bureau du directeur [fig. 184 et 186]. La surface occupée par le dépôt occupait la partie située au-dessus de l’entrée de la direction et de la salle attenante, l’actuelle partie supérieure à la loge de l’huissier ainsi qu’un quart de la hauteur de la salle n°2. En dépit de son état de détérioration – gaines de ventilation, tuyaux électriques apparents et lambeaux de papiers-peints [fig. 187 à 191]- il est encore possible de distinguer la corniche de l’ancien plafond dans ce petit local de fortune qui accueille quelques cartons d’archives [fig. 191 à 193]. À l’opposé, on installa un compactus de dix tonnes et demi. Sur le côté droit de cet espace, on devine le chambranle de la fenêtre de la loge de l’huissier [fig. 192] qui donne sur la place Neuve.

Cette première construction fut complétée en 1975 par une nouvelle installation [fig. 193 à 197] dont la surface à l’entresol embrasse le corridor de l’aile droite et la moitié de la largeur de la bibliothèque. Le plan en coupe montre par ailleurs que le plancher de l’entresol fut posé juste en dessous des grandes arches du couloir du rez, ce qu’une visite in situ est venue confirmer.

Enfin, les journaux rapportent qu’en 1979 la bibliothèque retrouva sa fonction première : le secrétariat du Conservatoire qui avait fini par occuper la salle de lecture faute de place fut délocalisé dans de nouveaux locaux à l’avenue du Mail.258