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Les interventions à l’intérieur du bâtiment

1. LES INTERVENTIONS SUR LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (1858-1979) : ENTRETIEN,

1.1. LES PREMIERS TRAVAUX SUR LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (1858-1909)

1.1.1. Les interventions à l’intérieur du bâtiment

Dès l’achèvement de la grande salle, sa taille et son acoustique furent en butte à des critiques.109 Prévue pour six cents places assises avec galeries latérales à un rang, Lesueur affirma avoir pris comme modèle la salle de concert du Conservatoire de musique de Paris110 [fig. 101 et 102] reconnue pour son acoustique irréprochable : « […] la salle a les mêmes dimensions et la même superficie que celle du Conservatoire de Paris où les galeries latérales ne contiennent aussi qu’un rang de spectateurs, la largeur de cette salle n’en comportant pas d’avantage ».111 Cependant, un peu moins d’une année après l’érection du monument de la place Neuve, un défaut grave de sonorité fut signalé, qui déboucha sur une expertise.112 Cette dernière préconisait la création d’un auvent en demi coupole placé juste au-dessus de l’orchestre et l’abaissement du plancher de la scène de façon à ce que les sons émis par les instruments puissent être correctement transmis aux auditeurs.113 Il semblerait toutefois que les modifications ne virent jamais le jour car aucun document, à notre connaissance, ne vient confirmer une quelconque transformation majeure.

108 Bernard Zumthor, préface à XXe un siècle d’architecture à Genève, promenades, Genève, Infolio, 2009, 9-10

109 Procès verbal du Conservatoire de musique du 26 avril et du 28 juillet 1856, archives du Conservatoire de musique

110 La salle de concert fut construite entre 1806 et 1811, à l’instigation de Napoléon 1er, sur les plans de l’architecte François-Joseph Delannoy. Au contraire du Conservatoire de Genève, le Conservatoire de Paris fut créé par l’Etat qui aujourd’hui encore en a la charge. Voir Campos, 2003, 38 et aussi http://www.hberlioz.com/Paris/P-RSerna.htm#originale, en date du 18 septembre 2011

111 Archives du Conservatoire de musique, Hb19. Voir les images de la salle du Conservatoire de musique de Paris en annexe construite sur les plans de François-Joseph Delannoy, sur http://www.hberlioz.com/Paris/P-RSerna.htm#originale et http://www.qobuz.com/info/MAGAZINE-ACTUALITES/COMPOSITEUR/Frederic-Chopin-a-Paris41643, en date du 14 mars 2011. Le théâtre fut inauguré en 1811 par Napoléon. Leïla El-Wakil compare en outre la façade principale et celle de l’arrière du Conservatoire à d’autres « façades de théâtres parisiens contemporains tel que l’Académie royale de Musique de Paris, soit l’ancien théâtre des Arts de Victor Louis », El-Wakil, 1988, 112

112 Lettre du 25 janvier 1859 rédigée par E. Wartmann aux membres du Comité du Conservatoire, archives Conservatoire de musique, Hb 43

113 Idem

Le 1er mars 1860, dans le but d’améliorer la circulation au parterre, on projeta un nouvel aménagement des sièges par la création de deux couloirs latéraux et d’une voie centrale.114 Les archives du Conservatoire possèdent les plans de cet arrangement [fig. 103 à 106], dont l’un d’entre eux porte la date de février 1860.115 Ce dessin montre 438 places réunies au centre de la salle de façon à dégager deux voies latérales. Le passage central n’y figure pas. Il est en outre signalé que deux rangées de bancs ont été supprimées à l’avant pour permettre l’installation de l’escalier de scène. Il est probable que ce plan ne soit qu’un projet car un procès-verbal lui étant postérieur mentionne quelques modifications apportées à cette disposition par le Comité.116

Deux ans plus tard, en 1862, ce fut au tour des salles de cours de faire l’objet de transformations. Afin d’améliorer l’acoustique des salles n°5 et 7, le Comité décida de murer la porte entre ces deux pièces et d’en faire une armoire.117

En 1864, le Conservatoire mandata l’entreprise Brolliet & Krafft pour l’établissement d’une nouvelle salle d’étude située au sous-sol à l’angle nord-ouest, à la place de l’ancien bûcher.118 Ces travaux comprenaient l’agrandissement de deux abat-jours existants pour en faire des fenêtres ainsi que le percement d’une porte de communication entre cette salle et le calorifère.119 Les archives détaillent chacun des travaux nécessaires, à savoir la charpenterie et la menuiserie, la gypserie et la peinture, la serrurerie, la vitrerie et l’éclairage.120 Par ailleurs, les sources nous apprennent que le 16 juillet 1870 la même entreprise perça « deux ouvertures dans les couloirs du premier étage pour les nouvelles entrées dans la grande salle au couchant ».121 L’absence des plans de Lesueur ne nous permet pas localiser avec exactitude ces travaux. Toutefois, tout porte à croire que la « grande salle » dans ce cas ne renvoie pas à la grande salle centrale mais correspond à la salle située à l’arrière du bâtiment, à l’étage supérieur, et qui aujourd’hui porte le n°20. En effet, le dénominatif de « grande salle » n’est

114 Procès verbal du 1er mars 1860, archives du Conservatoire de musique

115 Selon David Ripoll, il est probable que le plan de la grande salle ait été calqué sur les plans d’origine de Lesueur. Communication orale en date du 29 mars 2011

116 Les deux autres plans, quant à eux, concernent les anciennes galeries du premier étage, qui jadis s’interrompaient avant le buffet de l’orgue, ainsi que celles du niveau supérieur auxquelles on accédait par deux escaliers à vis dissimulés derrière le pan arqué du mur. Bien que ces plans ne soient pas signés, la lettre datée du 23 juin 1859 que l’architecte Maurier adressa à Ferdinand Janot, membre du Comité, au sujet du nombre de places dans la grande salle, nous laisse supposer que celui-ci en était l’auteur. Procès verbal du 1er mars 1860, archives du Conservatoire de musique, voir aussi archives Conservatoire de musique, Hb 41

117 Procès verbal du 24 décembre 1862

118 1864, archives privées 15 Brolliet & Krafft, AEG, SL 3e epi 0

119 « Piquer les tablettes et les couvertes en pierre de roche des deux abat-jours pour obtenir une ouverture […].

Couper la voûte pour faire ouvrir les fenêtres. », 1864, archives privées 15 Brolliet & Krafft, AEG, SL 3e epi 0

120 Idem

121 16 juillet 1870, AEG, industrie D34.1 Brolliet & Krafft ; cette source précise que parallèlement l’entreprise effectua des travaux d’entretien de la façades, des fenêtres et des certaines salles du Conservatoire

pas réservé à la salle de concert ainsi qu’en atteste le Livre de Maunoir qui cite la « grande salle des quatuors »122. Et le compte rendu des travaux de Brolliet & Krafft distingue la grande salle de la salle des concerts. Nous apprenons encore que le 30 juillet l’entreprise

« perça dans les colonnes de la grande salle les trous nécessaires à l’arrivage de la nouvelle menuiserie […] »123. Lors de notre visite sur les lieux, nous avons constaté que la corniche de la salle n°20 repose sur des colonnes et des piliers situés contre les murs contigus aux fenêtres et que nous supposons d’origine [fig. 107 et 108]. Les sources signalent également que « le vide des portes supprimées fut bouché par de vieilles briques »124, la salle n°20 ne disposant d’aucun accès direct existant avec les salles attenantes. Enfin, en date du 27 août, sont rapportés le rhabillage et le raclage de la corniche et de la gorge au plafond de la salle peintes à la détrempe teintée, ainsi que quelques travaux de peinture et de gypserie aux plafonds des deux nouvelles entrées. Nous pensons que ces dernières sont celles qui aujourd’hui desservent encore cette classe de part et d’autre de la grande salle [fig. 9] et qu’à l’origine la salle n°20 devait être reliée aux pièces des angles du bâtiment par des ouvertures dans les murs mitoyens, comme au rez-de-chaussée [fig. 7, 9 et 78]. Il ne s’agit là, une fois encore, que d’une supposition, l’absence des plans de Lesueur ne nous permettant pas de la confirmer.

Une dizaine d’année plus tard, les travaux furent reconduits à la salle de concert ainsi que le mentionnent les sources : la correspondance entre l’architecte du Conservatoire Gouy et le décorateur Gaudon relate en effet la réfection de 20 panneaux du bas. Le procès verbal du 17 octobre 1887 précise par ailleurs que le Comité adopta pour ces larges surfaces « le modèle à teinte rouge avec un dessin qui se rapproche du dessin de l’ancien papier ».125 Dans les années qui suivirent, des taches apparurent au plafond, les chêneaux en très mauvais état laissant en effet s’infiltrer l’eau sous les ardoises.126 On recommanda en outre une expertise de la poutraison qui présentait un état avancé de détérioration.127 Une proposition de réparation urgente fut alors soumise, mais les archives du Conservatoire ne rendent pas compte de son adoption.

122 Livre de Maunoir, non paginé, non daté, archives du Conservatoire de musique

123 30 juillet 1870, AEG, industrie D34.1 Brolliet & Krafft

124 Idem

125 Procès verbal du 17 octobre 1887, archives du Conservatoire de musique

126 Procès verbal du 14 mars 1889, archives du Conservatoire de musique

127 Procès verbal du 14 mars et du 18 avril 1889, archives du Conservatoire de musique

C’est ainsi que jusqu’au début du XXe siècle, divers travaux d’entretien de la grande salle occupèrent Peyrot à l’aménagement des loges et à la réfection de l’estrade suite à son affaissement, au changement du mobilier ou encore à l’ajustement du système d’éclairage.128

Parallèlement à ces premières opérations, l’entretien des autres locaux du Conservatoire fut entrepris. Les sources nous apprennent que la cheminée du concierge fit l’objet d’une réparation129 ; dans la petite salle des concerts une poutre fusée fut renforcée avec une armature en fer, le parquet pourri devant la fenêtre remplacé par du neuf et le papier peint changé130 ; quelques réparations sur le tambour d’entrée furent nécessaires et on posa de nouvelles portes pour la salle n°13131 ; les fenêtres du bureau du directeur reçurent un double vitrage en fer132 ; on révisa le chauffage des salles et de nouveaux ventilateurs prirent place133 ; enfin, la loge et la chambre du concierge furent remis à neuf dans les années 1890134.

Le 18 juin 1887, une correspondance nous apprend que le Département de Justice et Police adressa au Conservatoire une requête de mise en conformité. Afin de répondre aux normes de sécurité, le comité dut procéder à des aménagements : ouverture des portes sur l’extérieur et ajout d’espagnolettes, suppression de places et pose de ressorts aux strapontins de la grande salle de même que suppression des cols de cygne aux galeries et installation de lumières de sureté dans tout le bâtiment.135

Enfin, dès le 6 décembre 1888, les sources font part de l’intérêt porté par le Comité du Conservatoire à la « Fée électricité » qui gagnait peu à peu le voisinage. Le système de l’éclairage au gaz présentait certaines défectuosités et c’est ainsi qu’après quelques années de réflexion et d’hésitations, le 6 juillet 1894, l’installation de l’éclairage électrique fut votée à l’unanimité par le Comité.136 Elle entraîna le remplacement de tout le mobilier d’éclairage ainsi que certains travaux plus lourds sur le gros œuvre, mais les sources demeurent modestes à ce sujet.

128 Le procès verbal précise qu’il s’agit de la loge faisant face à celle du Comité. Procès verbal du Conservatoire de musique, 5 mai 1887. Pour l’estrade voir le procès verbal du 7 février 1861; voir aussi archives du Conservatoire de musique, Hb 96 (8 avril 1887), et Hb21-32 (1861, 13 mai) ; enfin voir les procès verbaux des 9 février et 19 octobre 1905, archives du Conservatoire de musique

129 Trois cheminées furent installées au Conservatoire, à savoir une cheminée blanc d’Italie pour le salon du Comité, une cheminée marbre bleu pour le salon du directeur et une cheminée marbre gris pour le bureau de la direction, voir le Livre de Maunoir sous le chapitre « Marbrerie », non paginé et non daté, ainsi que le procès verbal du 21 avril 1870, archives du Conservatoire de musique

130 Procès verbal du 1er septembre 1870, archives du Conservatoire de musique

131 Procès verbal du 27 janvier 1887, archives du Conservatoire de musique

132 Procès verbal du 24 janvier 1889, archives du Conservatoire de musique

133 Procès verbal du 12 octobre 1899, archives du Conservatoire de musique

134 Procès verbaux du 30 juin 1890 et du 15 août 1894, archives du Conservatoire de musique

135 Archives du Conservatoire de musique, Hb 96

136 Procès verbal du 6 décembre 1888 au 6 juillet 1894, archives du Conservatoire de musique