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Les travaux à l’intérieur de l’édifice

1. LES INTERVENTIONS SUR LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (1858-1979) : ENTRETIEN,

1.3. UN CLIMAT FRAGILE DE PROTECTION PATRIMONIALE (1918-1940)

1.3.1. Les travaux à l’intérieur de l’édifice

1.3.1.1. LA GRANDE SALLE

Objet de toutes les attentions, la grande salle de concert connut d’autres modifications.

Durant les années 1918 à 1920, des interventions lourdes furent réalisées dans la grande salle et au sous-sol, suite à la pose d’un nouvel orgue [fig. 135 à 138].187 Dans une lettre adressée au Conseiller d’État chargé du Département des Travaux Publics, les architectes Peyrot et Bourrit, en charge de l’ouvrage, détaillent les travaux envisagés, à savoir :

« la création en sous-sol d’un local contenant le dispositif de soufflerie de l’orgue.

La construction d’une dalle en béton armé au-dessous du niveau du rez-de-chaussée, la construction d’une seconde dalle en béton armé, au niveau des galeries de la

184 La protection de ces deux sites fit l’objet d’une loi particulière dans la LCI (dire ce que c’est) à l’article 13 al.

13. Cette mesure de protection sera revue en 1961, le périmètre des zones de la Vieille Ville et du Vieux Carouge. Ibid., 45-46

185 Ibid., 32-39

186 Voir El-Wakil (dir.), 2007

187 Le Président de la Fondation Jean Bartholoni (petit fils de Jean-François Bartholoni) fit don de l’orgue au Conservatoire. Le bâtiment de la Place Neuve ne comptait alors qu’un seul instrument de ce genre, premier que le Conservatoire eut possédé intra muros et installé en 1915 à la cave, soit la salle n°12 située au sous-sol près de la chaudière à charbon du chauffage central. Voir Delor, 2005, 9

grande salle, destinées à recevoir l’orgue et le prolongement des galeries actuelles de la grande salle jusqu’à leur rencontre avec le buffet d’orgue».188

Lors de la démolition des éléments cintrées des galeries, les ouvriers découvrirent que sur les dix poutres qui soutenaient en porte à faux l’extrémité démolies des galeries, la moitié était entièrement pourrie sur la partie encastrée dans la maçonnerie.189 À la suite de cette fâcheuse découverte, les architectes requirent l’autorisation de procéder à la dépose du plancher, des loges et des banquettes, afin d’inspecter l’état de ces poutres.190 Le 13 août 1919, dans une seconde lettre adressée au directeur du Conservatoire, Peyrot et Bourrit rapportèrent que les solives pourries étaient le prolongement des solives soutenant les couloirs de part et d’autre de la grande salle. Aussi, ne tenant que sur leur extrémité altérée, les architectes durent étudier le moyen de les faire porter à leur tour.191 Ils profitèrent en outre de ces travaux pour changer le podium de la grande salle.192 Les archives rapportent également que Jean Bartholoni demanda que l’on augmente la saillie des loges et des galeries de 25 à 30 cm.193 Cette dernière modification présentant toutefois certains inconvénients selon Peyrot et Bourrit, on peut supposer que l’intervention ne fut pas exécutée.

La pose du nouvel instrument condamna les deux accès au foyer des musiciens, aujourd’hui salle n°11. Les plans récemment dessinés de l’état actuel de la grande salle [fig. 7] indiquent la présence de ces deux ouvertures, dissimulées derrière la machinerie de l’orgue. Ce dernier, qui d’après les commentaires s’accordait bien avec les décors de la salle, fut ainsi inauguré le 30 novembre 1920.194

En 1928, la Fondation entreprit de changer les sièges et de poser un nouveau plancher. La lettre datée du 24 octobre rapporte le souhait qu’exprima la Fondation de distinguer, par la présence de sièges luxueux et d’autres plus modestes, les places réservées des places ordinaires.195 Le Bureau d’Étude International proposa de prendre à sa charge une partie des frais et les nouveaux sièges purent ainsi être posés au début du mois d’avril 1929.196 Mais le

188 18 juillet 1918, archives du Conservatoire de musique, Hb 251-252

189 Lettre des architectes Peyrot et Bourrit au directeur du Conservatoire Ferdinand Held en date du 15 juillet 1919, archives du Conservatoire de musique, Hb 259-269

190 Idem

191 Lettre de Peyrot et Bourrit du 13 août 1919, archives du Conservatoire de musique, Hb 259-269

192 Archives du Conservatoire de musique, Hb 259-269

193 Lettre des architectes Peyrot et Bourrit du 13 août 1919, archives du Conservatoire de musique, Hb 259-269

194 Delor, 2005, 5

195 24 octobre 1928, archives du Conservatoire de musique, Hb 412-425

196 Procès verbal, avril 1929, archives du Conservatoire de musique

sol vétuste jurant avec ces derniers, on décida de le recouvrir de linoléum.197 Deux photographies noir-blanc, prises en 1927 [fig. 139 et 140], montrent la grande salle avant les travaux : au premier plan figurent deux rangées de bancs, poussées sur les côtés de façon à dégager une voie centrale. Le plancher est brut et les panneaux du bas sont recouverts d’une peinture ou d’une tapisserie dont on devine des motifs en ton sur ton. Au fond se trouve la scène à laquelle on accède par un escalier à deux volées. L’estrade est équipée d’un garde-corps en fer forgé [fig. 141] dont les motifs rappellent les éléments décoratifs dorés de la rambarde que les frères Wanner [fig. 142 à 144] conçurent pour l’escalier principal.198 Au dernier plan, se dressent l’orgue et son buffet rejoints par les galeries. Enfin, l’ensemble est éclairé par des lustres girandoles fixés aux caissons du plafond qui ont depuis lors été suppléés par des spots modernes.

1.3.1.2. LES SALLES DE COURS

Pour répondre une fois de plus au manque d’espace, on décida en 1949 de diviser la salle n°3, située sur la nouvelle aile gauche au rez-de-chaussée [fig. 7 et 78].199 Les archives du Conservatoire conservent le Rapport estimatif des travaux à exécuter, lequel précise leur teneur :

« création d’un galandage double, insonore, avec liège intermédiaire collé entre les parois, y compris isolation sur murs, sol et plafond. Réfection complète des plafonds. Refaire les corniches. Changement complet des papiers dans les deux pièces. Peinture en raccord avec existant. Raccords soubassements de 32, cimaise, filet. Raccord du simili cuire avec soubassements existants en lincrusta. Travaux d’électricité – raccord des tubes sous plafond ».200

La même année, des travaux furent entrepris au sous-sol dans la salle de ballet, les vestiaires et leurs accès [fig. 145]. Un document daté du 5 décembre 1949 mentionne les différentes

197 Travail exécuté par la maison Eggli, archives du Conservatoire de musique, Hb 431-434. Les archives signalent en outre que le plancher de la grande salle connu une réfection avant la pose des nouveaux sièges, archives du Conservatoire, Hb 431-434

198 Un cartouche dans lequel est inscrit « FRERES WANNER GENEVE » et fixé au bas de la rambarde nous a permis d’identifier son origine. Par ailleurs, d’après le travail que Diego Cattaneo a réalisé sur l’atelier Wanner, la signature « Frères Wanner Genève » remonterait à la période 1889-1916, au moment où les deux frères Louis et Félix Wanner reprennent l’entreprise de leur père, Jean-Samuel Eugène Wanner, décédé en 1889. A la lumière de cette information, nous pouvons alors avancer l’hypothèse selon laquelle la rambarde de l’escalier intérieur principal aurait été posée soit lors des travaux de 1900 programmés par Peyrot ou lors de l’agrandissement de 1910-1911. L’absence de source supplémentaire ne nous permet pas toutefois de certifier cette hypothèse

199 28 juin 1949, archives du Conservatoire de musique, Hb 589-598

200 Archives du Conservatoire de musique, Hb 589-598

interventions réalisées, à savoir des travaux d’électricité201, de gypserie et de peinture. À cet effet, on monta un galandage dans la partie cintrée de la salle côté nord, pour la création des vestiaires.202 Une seconde paroi vint séparer les vestiaires hommes des vestiaires femmes. On arracha de plus les papiers de ces locaux et on revêtit leurs murs de peinture. Ainsi que l’indique le plan [fig. 145], on installa de nouveaux plafonds en panneaux Pavatex badigeonnés203 dans la salle de ballet et en planches à roseaux gypsés dans les vestiaires.

Enfin, les couloirs et la cage d’escalier conduisant au rez-de-chaussée reçurent une couche de badigeon.

1.3.1.3. LA LOGE DU CONCIERGE

La loge du concierge connut elle aussi quelques réfections.204 Une première phase de modifications touchant au gros œuvre est signalée en 1925 : dans une correspondance entre l’atelier Peyrot & Bourrit et le Vice Président du Conservatoire Gaston Dunant, il est précisé que les architectes, dans le dessin d’améliorer le logement du concierge, ont devisé les travaux suivants : « création d’une porte dans le gros mur entre le bureau de réception du concierge et pièce contiguë (actuellement classe). Raccords de peinture et blanchiment des plafonds. Changement des papiers-peints ».205 Le Comité donna ainsi son aval et les travaux débutèrent dans la foulée.206

Vingt ans plus tard, en 1944, la loge fit à nouveau l’objet d’un remaniement : les architectes Peyrot et Bourrit conçurent un appartement. Le plan [fig. 146] qui nous est parvenu présente la cuisine au sous-sol, la loge au rez-de-chaussée avec une chambre attenante prise sur la salle n°2 ainsi qu’une salle de bain construite sur la moitié de la surface de l’entresol et

201 « Fourniture et pose de 4 rampes de chacune 3 lampes TL ; 4 prises fixes encastrées posées à côté des cadres des portes, déplacer les allumages, soit : l’allumage du couloir, interrupteur près de la descente de la cage, allumages de la salle près de la porte d’entrée de la dite salle, 2 allumages, 1 pour 2 rampes, 1 pour 2 rampes + lampes des vestiaires ; 2 lampes aux vestiaires, lampes ordinaires ; alimentation de l‘épurateur d’air environ 20 kwtts, demander conditions aux S.E. ; déplacer lampe descente aux sous-sol », archives du Conservatoire de musique

202 « Séparation division du vestiaire en lames sapin, rainées et crêtées à grains d’orges avec plinthes de 016 hauteur 250 x 350 », archives du Conservatoire de musique

203 Le document spécifie que les panneaux de ce plafond en Pavatex « passeront sous les poutres moisées » et qu’ils seront ajourés pour permettre le passage de la ventilation, archives du Conservatoire de musique

204 La loge connut déjà quelques réfections mineures dans les années 1890. Voir les procès verbaux du Conservatoire de musique en date du 30 juin 1890 et du 15 août 1894

205 Deux lettres datées de 29 juin et du 9 juillet 1925, archives du Conservatoire de musique, Hb 362-366

206 Les sources précisent que les travaux démarrèrent au moins d’août, archives du Conservatoire de musique, Hb 362-366

communiquant avec un galetas.207 Le procès verbal de la séance du 7 juin 1948 situe au contraire la chambre à coucher à l’entresol. Il rapporte en outre que le concierge aurait été prêt à renoncer à la salle n°2 et de faire de la loge une chambre habitable. Afin de permettre son réaménagement, le Comité proposa en contre partie de faire monter une structure vitrée en avant de la loge dans le vestibule d’entrée.208