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Chapitre deuxième : Mouvement et Voyage

I.1 Principe du mouvement

I.1.2 Tomber dans la spirale, se perdre : le labyrinthe

L’image du labyrinthe incarne l’idée de l’énigme et de l’épreuve. Il apparaît comme un défi qui se déploie dans un double plan, spatial et psychologique : se perdre dans l’espace et dans la pensée, dans l’intérieur de la conscience et dans l’extérieur du monde. Entrer dans le labyrinthe implique un désir d’égarement mais aussi de chercher l’issue qui permettra une renaissance au monde. Dans sa nouvelle « El inmortal », Borges propose une définition du labyrinthe : « Un laberinto es una casa labrada para

confundir a los hombres; su arquitectura, pródiga en simetrías, está subordinada a ese fin »222. Pour Édith de la Héronnière, entrer dans le labyrinthe (qu’il s’agisse de la prédestination, du choix voulu ou contraint) implique une part de rupture, l’homme est incité à « […] mettre en péril son intégrité corporelle, psychologique et spirituelle par

un parcours qui l’oblige à quitter un monde connu pour traverser des espaces où il se sentira en danger (même si le danger est purement imaginaire) »223.

Dans la littérature, le labyrinthe a toujours été synonyme d’égarement et d’épreuve (se perdre est l’une des constantes), mais il peut aussi être une forme de refuge224. Le parcours étant complexe, s’y retrouver implique une réduction de la

221

L’écrivain polonais, Jerzy Andrzejewski nous donne un exemple du questionnement sur l’avenir et un exemple de la volonté de continuer le mouvement : « […] toda conquista es la tumba de la esperanza, el

tiempo se ciñe celoso en derredor de toda posesión, sólo los deseos, aunque también sujetos a la destrucción, confieren a las noches y a los días una respiración más libre, bien lo sé, conozco el peso de ese saber, pesa como una montaña de piedra y es igualmente estéril, vamos adelante, tal vez sucederá

algo », Jerzy Andrzejewski, Las puertas del paraíso, traducido por Sergio Pitol, Valencia, Pre-textos, 2004, p. 73 (nous soulignons la fin). Le personnage, Alesio, réfléchit au sens même du voyage et de la conquête d’un objectif. La dernière phrase montre que malgré le désespoir et le doute, le personnage ne s’arrête jamais. Ainsi, les personnages du corpus continuent leur chemin tant qu’ils le peuvent.

222

Jorge Luis Borges, « El inmortal » dans El Aleph, op. cit., p. 17. 223

Édith de la Héronnière, Le labyrinthe de jardin ou l’art de l’égarement, Langres, Klincksieck, 2009, p. 13.

224

Un exemple du labyrinthe comme refuge serait les récits de Schéhérazade, dans Les Mille et Une

perspective et une augmentation de la peur. Le labyrinthe peut ouvrir à une multiplicité de chemins225 ou, le cas échéant, à un chemin unique qui nous rappelle l’impossibilité de l’éviter226.

Édith de la Héronnière signale plusieurs phases qui jalonnent le parcours du labyrinthe : « D’abord, entrer, ce qui suppose que l’on accepte de quitter l’univers de la

claire vision et celui de la perspective pour pénétrer dans ce couloir de verdure dont la seule échappée visuelle se trouve vers le haut, le ciel »227. Cette idée d’acceptation nous renvoie au moment où Amadeo Salvatierra pose la question à Belano et Lima dans cette soirée qui marque le début du parcours des deux poètes : « ¿vale la pena?, ¿vale la

pena?, ¿de verdad, vale la pena? » (LDS, 554). La question est posée trois fois.

L’intention est claire, il s’agit d’un voyage difficile, définitif. La réponse, « simonel228 » (LDS, 554), est ambigüe, certes, mais il semblerait que les deux poètes soient prédestinés au voyage. Ils décident de rompre avec le monde et d’entrer dans le labyrinthe de la poésie. La première étape pour eux sera le désert ; ensuite viendra le long voyage de vingt ans, avec ses différentes étapes et ses bifurcations. L’étape du désert est celle où l’image du labyrinthe est le mieux suggérée : « […] y dimos vueltas y

vueltas por parajes que a veces parecían lunares y a veces exhibían pequeñas parcelas verdes, y que siempre eran desolados » (LDS, 577).

Le paysage tout entier fait partie du piège dans lequel ils tombent et dont ils doivent sortir229. Le cœur du labyrinthe serait Villaviciosa, car c’est là que Cesárea

deuxième nuit, le sultan veut connaître la fin du conte que Schéhérazade commence la veille : « Le sultan

n’attendit pas que Scheherazade lui en demandât la permission. “Achevez, lui dit-il, le conte du génie et du marchand ; je suis curieux d’en entendre la fin.” », Les Mille et Une Nuits. Contes arabes. I, Paris,

Flammarion, 2004, p. 47. 225

Dans « El jardín de los senderos que se bifurcan », Borges nous offre un excellent exemple de cette bifurcation de chemins dans l’espace et dans le temps : « La tarde era íntima, infinita. El camino bajaba y

se bifurcaba, entre las ya confusas praderas », Jorge Luis Borges, dans Ficciones, op. cit. p. 107.

226

Un exemple du parcours inévitable et du fait d’être pris au piège serait Le procès [1925], de Franz Kafka. Le personnage K se voit entraîné dans un parcours judiciaire dont il ignore tout : « […] vous

n’avez pas le droit de sortir, vous êtes arrêté […] Et pourquoi donc ? demanda-t-il ensuite. – Nous ne sommes pas ici pour vous le dire. Retournez dans votre chambre et attendez. La procédure est engagée, vous apprendrez tout au moment voulu », Franz Kafka, Le Procès, Paris, Gallimard, 1989, p. 25.

227

Édith de la Héronnière, op. cit., p. 15. 228

À ce propos, voir Marco Kunz, « Cuando Bolaño “habla” mexicano: en torno a la oralidad fingida en

Los detectives salvajes », dans Augusta López Bernasocchi et José Manuel López de Abiada (eds.), Roberto Bolaño. Estrella cercana. Ensayos sobre su obra, op. cit., p. 148-175. Marco Kunz y ajoute un

glossaire de mots et d’argot mexicain qui apparaît dans le roman. Il considère que le mot « simonel » signifie « oui » ; pourtant, il est clair qu’il s’agit d’un mot composé à partir de deux mots argotiques : « simón » (sí) et « nel » (no). Ce qui donne comme résultat un mot ambigu entre oui et non.

229

Nous avons parlé du symbolisme du désert comme espace d’épreuve pour les poètes détectives, mais aussi pour Julio Valdivieso, dans El testigo. Dans la nouvelle de Borges « Los dos reyes y los dos laberintos », la fin du texte nous offre une image du désert, tel un labyrinthe où l’on ne peut attendre que la mort ou la renaissance : « Luego le desató las ligaduras y lo abandonó en mitad del desierto, donde

demeure230. Vers la fin du roman, l’impression du labyrinthe se trouvera dans l’accumulation de noms de villages mexicains : « Carbó, El Oasis, Félix Gómez, El

Cuatro, Trincheras, La Ciénega » (LDS, 608). Les villages parcourus s’accumulent et

créent une illusion d’agrandissement de la région frontalière dans le mouvement permanent. Ils se perdent dans le désert, s’approchant et, à la fois, s’éloignant du destin :

Pasamos por pueblos llamados Aribabi, Huachinera, Bacerac y Bavispe antes de darnos cuenta de que nos hemos perdido. Poco antes de que anochezca aparece de repente un pueblo, a lo lejos, que tal vez sea Villaviciosa y tal vez no, pero ya no tenemos ánimo para buscar el camino de acceso. (LDS, 568)

Après la révélation, Cesárea meurt. Seuls Belano et Lima continueront le voyage, tandis que García Madero et Lupe tourneront en rond : « Volvemos al Impala, volvemos

al desierto » (LDS, 608). La route serait pour eux synonyme du mouvement stérile dans

la spirale du désert. García Madero trouve chez Lupe un amour prêt, comme lui, à disparaître231. Tous les deux restent dans une errance dont le seul repère est Villaviciosa. Lupe pense qu’ils auront une chance d’échapper à la police et au monde, mais García Madero sait que le destin est inéluctable et que même au cœur du désert, ils seront rattrapés.

Pour Édith de la Héronnière le risque du labyrinthe est de ne jamais en sortir et de continuer dans une descente aux Enfers : « Comme il est impossible de bénéficier de la

perspective, la seule résolution de cette curiosité sera d’aller voir plus loin »232. Ce mouvement est celui de Belano, au moment de sa disparition dans la forêt africaine. Cette dernière image de lui dans le roman serait similaire (dans l’esprit d’aventure et du nouveau voyage) à celle du premier voyage. Belano se perd dans la végétation : « Luego

Belano se puso a correr […], y así atraverason [Belano est accompagné par le

photographe López Lobo] el claro y luego se perdieron en la espesura » (LDS, 548).

murió de hambre y de sed. La gloria sea con Aquel que no muere », Jorge Luis Borges, dans El Aleph, op. cit., p. 158.

230

Lorsqu’elle parle de la notion de traversée ou d’égarement dans l’espace, Édith de la Héronnière signale que c’est au cœur du labyrinthe, ou au-delà, que « se trouve la clé de la métamorphose », op. cit., p. 14. Le centre du labyrinthe peut garder un trésor, une révélation ou cacher un danger, et même la mort. Dans Los detectives salvajes, Villaviciosa serait ce centre, le repère qui permet aux personnages de sortir du labyrinthe du désert ; la rencontre de Cesárea et sa mystérieuse conversation étant essentielles pour la suite du voyage.

231

Édith de la Héronnière signale à ce propos qu’il ne faut pas rester, habiter ou se cacher dans le labyrinthe, cela étant signe de réprobation : « […] on ne reste pas dans le labyrinthe. Il faut en sortir et

retrouver le grand jour », Édith de la Héronnière, op. cit., p. 17. Si l’on entre dans le labyrinthe, c’est

pour se purifier, pour revenir au monde après un pèlerinage et une épreuve. Y rester c’est donc l’échec, l’anéantissement.

232

Les personnages continuent le labyrinthe là où ils ont commencé. Pour Lima, la ville de Managua, « ideal para perderse » (LDS, 335), représente l’une des étapes difficiles de son apprentissage poétique. Il disparaît dans le labyrinthe de violence et de chaos de l’Amérique centrale, il s’absente du monde pendant deux ans pour faire un voyage intérieur qui lui permet de rester en vie et de renaître dans la poésie. Un autre labyrinthe serait son amour pour Claudia à Tel-Aviv. Dans le labyrinthe poétique de Lima, le moment culminant de la spirale poétique serait sa rencontre avec Octavio Paz dans le parc Hundido :

Mientras tanto don Octavio caminaba. Caminaba en círculos cada vez más grandes y a veces se salía de la senda y pisaba la hierba, una hierba enferma de tanto ser pisoteada […]. Entonces fue cuando vi a ese hombre. También caminaba en círculos y sus pasos seguían la misma senda, sólo que en sentido contrario […], don Octavio, al cruzarse con el hombre, se detuvo y se quedó como pensativo, luego hizo el ademán de seguir andando, pero esta vez ya no iba tan al azar o tan despreocupado como hacía unos minutos sino que más bien iba como calculando el momento en que ambas trayectorias, la suya y la del desconocido, iban a volver a cruzarse. Y cuando una vez más el desconocido pasó al lado de don Octavio, éste se giró y se lo quedó mirando con verdadera curiosidad. El desconocido también miró a don Octavio y yo diría que lo reconoció. (LDS, 505)

Ils sont tous deux plongés dans le labyrinthe de la poésie, de la littérature ; ils sont, comme le dirait don Pancrasio Montesol, en train de sombrer : « el poeta no

muere, se hunde, pero no muere » (LDS, 341). Le chemin emprunté pour s’approcher

de la poésie est différent, mais Lima et Octavio Paz se croisent néanmoins à plusieurs reprises dans cette descente aux Enfers, et se reconnaissent. Ils sont dans le bateau qui coule : la spirale poétique tant parcourue – hierba enferma de tanto ser pisoteada – au milieu de l’orage serait l’acte créateur et le poème lui-même, symbole d’exil et de recherche hors de soi et du monde dont parle Maurice Blanchot233 et dont l’exemple le plus clair serait l’impossibilité pour Orphée de regarder Eurydice en face lors de sa descente aux Enfers234. Dans la rencontre, les deux poètes marchent en cercles, ils

233

« Le poème est l’exil, et le poète qui lui appartient appartient à l’insatisfaction de l’exil, est toujours

hors de lui-même, hors de son lieu natal, appartient à l’étranger, à ce qui est le dehors sans intimité et sans limite […]. Cet exil qu’est le poème fait du poète l’errant, le toujours égaré, celui qui est privé de la présence ferme et du séjour véritable », Maurice Blanchot, L’espace littéraire, op. cit., p. 318.

234

Un autre exemple que Blanchot donne sur le labyrinthe serait celui de Kafka face à l’impossibilité de finir ses histoires : « Bien des raisons retiennent Kafka d’achever presque aucune de ses “histoires”, le

portent, à peine a-t-il commencé l’une d’elles, à la quitter pour essayer de s’apaiser dans une autre », Idem, p. 98. Blanchot parle de l’égarement de l’artiste dans l’œuvre, de l’angoisse de ne plus revenir au

monde, l’impatience de Kafka qui fait aussi son génie, l’œuvre comme une ouverture infinie dans la lecture.

cherchent, s’approchant et s’éloignant de l’objectif ultime qu’est la poésie, sans jamais l’atteindre.

Dans El testigo, Julio Valdivieso est à la recherche de la vérité sur le passé. Lorsqu’il est en Europe, il tourne autour du passé et de sa séparation avec Nieves : « Después de su separación, Nieves se convirtió para él en el reverso de las cosas,

donde nada ocurre y todo importa » (ELT, 91). L’Europe ne l’aide pas à sortir du

labyrinthe de l’amour de Nieves. Une fois au Mexique, il ira dans le désert pour chercher des réponses dans cet espace ouvert : « […] un valle sin nadie del que pasaba

a otro valle sin nadie » (ELT, 62).

Le désert, la mémoire et le passé sont ses labyrinthes, la seule manière de s’en sortir vivant pour lui est d’oublier Nieves car il est impossible de la reconquérir235. La dernière image de Valdivieso est celle d’un homme qui s’éloigne du monde : « Se

acercaba al límite con Zacatecas. La tierra se volvía más rojiza y pedregosa » (ELT,

469). Il disparaît et seule Ignacia constitue pour lui un repère : « Más cerca de la choza,

oyó la voz de la mujer » (ELT, 470). Le monde devient inutile, le désert et Ignacia

deviennent son refuge en dehors du monde.

Chez Fadanelli, la prison et le voyage sont les labyrinthes de Benito. Son

détournement commence avec sa rencontre avec Eduarda : « Los problemas se volverán tu comida diaria una vez que te involucres con una mujer veinte años más joven que tú » (LOD, 205). Il s’accroche à Eduarda sachant qu’il va vers son anéantissement, car

c’est à cause d’elle que Benito met en question sa vie et sa carrière et termine en prison. Lorsqu’il entreprend son voyage à Tiripetío, le labyrinthe de Benito est éthique et moral car il sait qu’il ne peut pas la contrôler : « En el momento justo de doblar en

Motolinía, observé a Eduarda besar a un hombre […], ¡todavía me hallaba a tiempo de recular! » (LOD, 131). Il sait qu’il doit s’éloigner d’elle mais il s’obstine à poursuivre

le voyage pour profiter de son corps : « Eduarda se quedaría a mi lado. Si fuera

necesario utilizar todos los recursos de mi inteligencia para retenerla » (LOD, 86). Le

désir est le labyrinthe de Benito, il est incapable de penser à autre chose qu’au corps d’Eduarda, alors il continue avec elle ce voyage de déchéance jusqu’à ce que la police les arrête.

235

Seul dans l’acceptation de cette impossibilité, Valdivieso pourra rester en vie dans le désert. Nieves est insaissisable comme Eurydice pour Orphée. L’image d’évanescense, du piège du labyrinthe, apparaît aussi dans « El inmortal » : « Insoportablemente soñé con un exiguo y nítido laberinto: en el centro había

un cántaro; mis manos casi lo tocaban, mis ojos lo veían, pero tan intrincadas y perplejas eran las curvas que yo sabía que iba a morir antes de alcanzarlo », Jorge Luis Borges, dans El Aleph, op. cit.,

Plus tard, en prison, lorsqu’il écrit pour réfléchir et comprendre, le labyrinthe continue car il doit négocier le sort d’Eduarda. Le personnage se trouve alors à un carrefour éthique et moral, poursuivi par l’obstination d’une vérité (le fait qu’il a tué deux hommes) qui n’intéresse personne d’autre que lui :

[…] anclarme en una estúpida verdad la llevaría por caminos más inhóspitos: declaraciones, chantajes, mentiras, careos e incluso la cárcel. No tenía más remedio. Acepté sin saber hasta qué punto afectaría a Eduarda mi decisión. La encrucijada tenía escasas soluciones, pero al menos contaba con un desenlace digno de un profesor que no contribuyó de ninguna manera al progreso humano: la prisión. (LOD, 310)

Il accepte la demande de la police pour empêcher la perte d’Eduarda dans le labyrinthe judiciaire. Il ne connaît pas le sort d’Eduarda, mais il se contente de lui laisser une chance même au prix d’un crime qu’il n’a pas commis : « […] estoy en la

cárcel por matar a un hombre cuando en realidad maté a dos » (LOD, 178). De cette

manière, il soulage un peu la culpabilité du sort d’Eduarda et fait ce qu’il peut pour l’aider. Il ne lui reste qu’à attendre la fin du labyrinthe judiciaire pour sortir de la prison. Pour Édith de la Héronnière, le doute accompagne le voyageur tout le long de la traversée du labyrinthe : « Dès l’entrée, l’inquiétude survient du fait de ne pas savoir où

l’on va »236. Le risque de se perdre est grand, de là l’importance du fil d’Ariane qui garde un lien avec le monde et permet de retrouver le chemin ; à chacun son fil d’Ariane237. Dans le corpus, ce fil conducteur sauvera et perdra les personnages. Cesárea, Nieves, Eduarda, sont ces fils qui servent de guide, elles sont la source de leur salut et de leur perte.

Chez Bolaño, Cesárea est ce qui motive le premier voyage ; ses paroles, qui échappent au lecteur, la raison du deuxième voyage de Belano et Lima et de la disparition de García Madero. Rappelons-nous le « No te muevas » (LDS, 603) prononcé par Cesárea avant d’être tuée. Le labyrinthe dans lequel García Madero se perd est celui des poèmes de Cesárea, le roman s’achevant sur la question du narrateur : « ¿Qué hay detrás de la ventana? » (LDS, 609). Il n’y a pas de réponse à la fin du

236

Édith de la Héronnière, op. cit., p. 16. 237

Sur l’importance de retrouver le chemin une fois perdu, le prêtre de Las puertas del paraíso, lorsqu’il fait la confession aux enfants qui partent à Jérusalem, dit : « […] el hombre que se ha perdido en un país

extraño y desconocido y sabe que se ha perdido, empieza a buscar su propio camino, y el que se encuentra en la misma situación y no advierte que ha perdido la vía justa, no tiene siquiera esta posibilidad », Jerzy Andrzejewski, op. cit., p. 54. Ainsi, réaliser que l’on est perdu signifie, avant tout, la

roman, il n’y a que des questions, le doute, l’incertitude et une impression de recommencement du mouvement.

Chez Villoro, Nieves est la raison de l’égarement de Julio Valdivieso en Europe, plus tard, elle sera aussi la motivation du retour et du salut238. Il revient au Mexique pour trouver des réponses au passé et, une fois qu’il accepte qu’il ne peut la retrouver que dans sa mémoire, il peut sortir du labyrinthe qu’elle représente pour pouvoir continuer sa vie.

Chez Fadanelli, Eduarda entraîne Benito dans une spirale de désir qui termine dans leur anéantissement, car il est incapable de penser à autre chose qu’à la manière de