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detectives salvajes

II.2. En dehors du Mexique

II.2.3. Espaces en dehors de l’Europe, l’ailleurs

L’ailleurs comme espace référentiel est représenté différemment dans les romans du corpus. Pour l’analyse, nous abordons trois axes liés à l’idée de l’ailleurs en tant qu’espace en dehors du monde135, mais aussi comme espace limite136. Dans Los

detectives salvajes les espaces en dehors de l’Europe représentent des lieux

d’anéantissement : Israël et le Nicaragua pour Ulises Lima ; l’Afrique pour Belano137. Le désert et la prison sont des espaces d’épreuve et de renoncement au monde ; le désert de Beersheba est une prison ouverte ; la prison apparaît comme un espace en dehors du monde depuis lequel Benito écrit et réfléchit. Enfin, nous relevons la présence des cieux dans le récit, chaque ciel décrit plonge le personnage qui le regarde dans un état songeur, au-delà de la réalité du récit.

La description d’Israël s’attache à l’appartement de Claudia, Daniel et Norman à Tel-Aviv, aux promenades de Lima dans cette ville et aux lieux de son errance. Norman fait le rapport sur la vie de Lima en Israël : « Todo comenzó en febrero pasado […].

Alguien tocó el timbre de nuestro departamento de la calle Hashomer. Cuando abrí apareció ante mí el poeta Ulises Lima » (LDS, 284). Dans cet appartement, le canapé

où dort Lima focalise l’angoisse de Norman. Passés les premiers jours, il reste la seule

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L’ailleurs tel qu’il est présenté par Foucault lorsqu’il parle de la pensée : « […] qui se tient hors de

toute subjectivité pour en faire surgir comme de l’extérieur les limites […], pour retrouver l’espace où elle se déploie, le vide qui lui sert de lieu, la distance dans laquelle elle se constitue et où s’esquivent dès qu’on y porte le regard ses certitudes immédiates », Michel Foucault, La pensée du dehors, op. cit., p. 16.

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Nous faisons référence à l’espace limite et vide (en particulier dans le désert) dont Rachel Bouvet parle : « Aller jusqu’au bout, suivre la piste qui mène jusqu’au désert, comme pour explorer les limites de

ses propres pensées, expérimenter le vide jusqu’à être aspiré par lui », Rachel Bouvet, op. cit., p. 184.

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Quelques références aux Etats-Unis apparaissent dans les récits d’Edith Oster (p. 420), Jacobo Urenda (p. 546) et Rafael Barrios (p. 321), entre autres, mais elles ne sont pas représentatives en tant qu’espace limite. Dans El testigo, les États-Unis sont un espace lointain auquel le narrateur fait à peine référence dans le récit.

personne disponible pour lui. Lima voyage en Israël pour déclarer son amour à Claudia, mais elle le rejette. Après l’échec amoureux, il erre et son itinéraire est retracé à travers ses appels téléphoniques ou ses cartes postales : « Una noche, no habían pasado tres

días, nos llamó por teléfono desde el kibbutz Walter Scholem […]. Ulises no apareció. Lo que sí llegó fue una carta de Jerusalén » (LDS, 291). Israël n’est que le cadre de la

déception amoureuse de Lima, qui revient à Tel-Aviv uniquement pour repartir à nouveau.

En 1982, Lima part au Nicaragua. Il intègre un comité de soutien qui se rend à Managua pour manifester sa solidarité avec les écrivains nicaraguayens durant la Révolution138. Hugo Montero raconte l’histoire : « Esto pasó en enero […] me habían

dicho que Lima estaba muy mal y yo pensé que un viajecito a la Revolución le recompone los ánimos a cualquiera »139 (LDS, 331). L’espace du Nicaragua se limite à l’hôtel où se tient le congrès, mais Lima n’y participe pas, il disparaît : « […] en la

recepción me dijeron que desde hacía un par de noches no aparecía » (LDS, 334). Il

s’évanouit dans ce pays idéal pour se perdre : « Y en el bar del hotel me encontré a don

Pancracio Montesol […], mirando por los ventanales ese espacio oscuro que era la ciudad de Managua, una ciudad ideal para perderse »140 (LDS, 335). Managua est décrite comme un espace sombre, un pays convulsionado (LDS, 340) où le comité mexicain décide d’abandonner Lima : « Sobre las repercusiones políticas que la

desaparición de un poeta mexicano en Nicaragua podía conllevar, se dijeron cosas la verdad tremendas, pero […], a Ulises Lima lo conocía muy poca gente » (LDS, 337).

La disparition de Lima à Managua est racontée depuis le Mexique par Jacinto Requena et Xóchitl. Ce que Lima retient sur l’espace de l’Amérique centrale, s’éloigne du référentiel pour aller vers la subjectivité poétique : « Me dijo que recorrió un río que

une a México con Centroamérica. Que yo sepa ese río no existe […]. Un flujo constante de gente sin trabajo, de pobres y muertos de hambre, de droga y de dolor » (LDS, 366).

Le fleuve en tant qu’image poétique n’existe que pour Lima et c’est celui de

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La Révolution Sandiniste au Nicaragua trouve son apogée le 19 juillet 1979. Bataillon signale que dès 1978 les sandinistes : « […] apparaissent comme les continuateurs de l’entreprise libératrice et

civilisatrice de Pedro Joaquín Chamorro ; et où Somoza symbolise la barbarie », Gilles Bataillon, Genèse des guerres internes en Amérique Centrale (1960-1983), Paris, Les belles lettres, 2003. p. 169.

Cette vision, selon Bataillon, prévaudra jusqu’à ce que surgisse en 1982 l’opposition civilisation/barbarie que sera celle des sandinistes/contras. Ulises Lima arriverait à Managua au milieu de ce chaos.

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Il faut signaler l’ironie de Montero qui voit la Révolution et la violence d’une ville détruite, comme une excellente manière de redonner du courage à Ulises Lima.

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Cette ville apparaît idéale pour disparaître à cause de la Révolution sandiniste, mais il faut signaler aussi que dix ans auparavant, en 1972, il y a eu à Managua un séisme de magnitude 6.2 qui a dévasté la ville et provoqué la mort d’environ vingt mille personnes.

l’expérience limite. Le poète s’abandonne et frôle la mort pour revenir plus tard au monde, transformé par cet autre univers découvert dans la Révolution.

Pour Belano, l’espace limite se situe en Afrique. Il annonce le voyage à Susana Puig : « Tengo un billete para África, salgo de viaje dentro de unos días. ¿Para África,

para qué parte de África?, dije yo. Para Tanzania, dijo él, ya me he puesto todas las vacunas del mundo » (LDS, 467). Comme Lima au Nicaragua, Belano se lance dans un

voyage qui l’éloigne encore plus du point de départ initial. Jacabo Urenda décrit l’espace africain depuis Paris en 1996 : « Yo viajo a África por lo menos tres veces al

año, generalmente a los puntos calientes […]. Allí conocí a Arturo Belano, en la oficina de correos de Luanda » (LDS, 526). Urenda est un journaliste argentin, son récit suit le

parcours de Belano. Ils se retrouvent à chaque fois dans les points chauds du continent africain, là où le danger est grand.

L’Afrique apparaît comme un itinéraire au gré de l’envie de Belano de s’abandonner à la mort. Il reste en Afrique en tant que journaliste et se meut dans ces espaces dangereux. Nous soulignons quelques espaces qui se construisent dans le mouvement141 : « […] había estado en Cuito, Cuanavale y en Uige […], había llegado

a Ruanda […]. ¿Ustedes saben dónde está Liberia? Sí, en la costa oeste de África, entre Sierra Leona y Costa de Marfil […]. Llegué a Monrovia en abril de 1996, procedente de Freetown, Sierra Leona » (LDS, 530-531). Après cette succession de

noms de villes et de pays, les espaces décrits sont les lieux de rassemblement pour les journalistes, des espaces calmes au milieu du chaos : « El hotel, ahora llamado Centro

de Enviados de Prensa, era una de las pocas cosas que aún funcionaba en la capital »

(LDS, 532). Les photos d’Urenda contribuent au portrait de l’espace : « […] el viaje me

sirvió para tomar unas cuantas fotos. Las calles de Monrovia, los patios de la embajada, algunos rostros » (LDS, 533).

Les incursions sur le terrain apportent d’autres éléments référentiels : « […]

pasamos por el pueblo de Summers y por la aldea de Thomas Creek, de vez en cuando aparecía el río Saint Paul » (LDS, 535). C’est lors d’une de ces incursions qu’Urenda

retrouve Belano pour la dernière fois : « […] lo vi tan fuera de este mundo que dudé que

se acordara de nada » (LDS, 541). Pour lui, Belano est en dehors du monde, toujours

au centre du chaos et prêt à disparaître. Cette rencontre a lieu à Brownsville : « […]

unas treinta casas en un claro » (LDS, 540). La description spatiale se limite à quelques

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éléments nécessaires pour le déroulement du récit : « La casa, dos habitaciones

alargadas, exhibía como único mobiliario tres largas hileras de estanterías irregulares » (LDS, 542). C’est ici que Belano disparaît définitivement en suivant un

groupe de soldats dans un dernier élan suicidaire dont on ignore le dénouement. Le jour de la séparation : « Era una mañana hermosísima, de una levedad azul […] [Belano]

miraba hacia los bosques y las colinas que circundaban Brownsville » (LDS, 547).

Urenda et Belano ne se reverront plus.

Pour l’organisation de l’analyse, les déserts mexicains de Sonora et San Luis ont été abordés avant celui de Beersheba, situé en Israël ; cependant, dans les trois cas il s’agit d’un espace limite, un lieu d’épreuve. Le désert est une prison ouverte, la répétition infinie du vide. Lima et Heimito sont enfermés dans une prison de Beersheba dont la description comprend l’espace physique : cellule, cour de la prison et désert ; et l’espace perçu à travers le délire d’Heimito, un néonazi obsédé par les juifs. Le soleil et la fièvre déterminent aussi cette vision. La description commence après un délire d’Heimito provoqué par la fièvre :

Cuando desperté estaba dentro del calabozo […]. Decidí explorar. El techo era oscuro, ahumado. Humedad u hollín. Puede que ambos. Las paredes eran blancas. Allí vi inscripciones […]. En la pared del fondo había una ventana. Detrás de la ventana había un patio. Detrás del patio había el desierto. En la cuarta pared había una puerta. La puerta era de rejas y tras las rejas había un pasillo. (LDS, 304-305)

L’excès de détails accentue l’impression d’un personnage obsédé et instable. L’espace se construit entre précision excessive et délire ; il en va de même pour la cour de la prison, les douches et le désert : « Me asomé a la ventana. En el desierto al otro

lado del patio de la cárcel, cantaban las hienas » (LDS, 307). Le jour de leur libération,

Heimito décrit à peine l’extérieur, limitant l’espace à l’arrêt de bus : « Al buen Ulises el

carcelero que hablaba español lo acompañó hasta la parada del autobús que iba a Jerusalén » (LDS, 307). Heimito veut se cacher dans le désert mais Ulises l’entraîne à

travers le désert jusqu’à Jérusalem, d’où ils rentreront à Vienne.

Dès le début du récit, Heimito dévoile son obsession : « Yo estuve preso con el

buen Ulises Lima en la cárcel de Beersheba, en donde los judíos preparan sus bombas atómicas […], miraba desde las rocas, quemado por el sol, hasta que el hambre y la sed podían conmigo » (LDS, 303). Les références au soleil brûlant, à la faim et à la soif

accentuent l’impression de délire, mais à aucun moment il n’arrête de penser à la conspiration : « En las instalaciones secretas de Beersheba los judíos seguían

trabajando, pero yo ya no podía espiarlos sin llevarme al menos un pedazo de pan duro a la boca » (LDS, 304).

Il retrouve Ulises après l’une de ses fièvres : « Cuando abrí los ojos vi al buen

Ulises en el catre vecino […]. Buenos días, le dije. Buenos días, respondió » (LDS,

304). L’esprit serein d’Ulises va progressivement apaiser son délire, car même dans sa cellule Heimito essaie d’écouter les machines et de déchiffrer des messages : « Dibujos

en la pared de mi izquierda y letras en la de la derecha. ¿El Corán? ¿Mensajes? ¿Noticias de la fábrica subterránea? » (LDS, 304-305). Malgré les déceptions, Heimito

persiste dans son idée de conspiration : « Me oculté entre las rocas y traté de oír los

ruidos de Beersheba, pero sólo escuché el ruido del aire […], seguí al buen Ulises que me llamaba » (LDS, 307). Face au silence du désert, il suit Ulises, qui continue son

voyage avant de rentrer en Europe. Beersheba s’érige entre les mirages du délire et la précision de la lucidité. Heimito s’éloigne en Israël pour retrouver le vide dans le bruit de l’air au moment de quitter la prison : il ne trouve rien, tout comme Lima dans son errance142.

L’autre prison du corpus est celle de Benito, dans Lodo, qui écrit et évoque le monde depuis sa cellule à la prison de Morelia. Comme pour Beersheba, la description comprend l’espace physique (cellule, organisation intérieure), et les réflexions de Benito sur l’écriture, la liberté et le futur. La prison est décrite à plusieurs reprises : « Mi celda,

la segunda que me asignan en dos meses, mide aproximadamente diez metros cuadrados. Sus paredes gruesas no soportarán una década más la humedad » (LOD,

176). Vers la fin du roman, il dit : « Me introdujeron a un cuarto de techo bajo, a un

cubo de cemento de fealdad calculada. A este cuarto semioscuro » (LOD, 307). Même

si la prison se trouve au Mexique, Benito est privé de la liberté et de l’extérieur, il s’éloigne dans ses pensées et plonge dans un état hors de la réalité, d’où il réfléchit au passé et à l’avenir.

À part sa cellule, Benito parle de l’organisation intérieure de la prison et de la hiérarchie, qui comprend l’organisation de tâches et la protection : « Es hora de lavar

los baños. Como es viernes su aseo me corresponde. Llevo a cabo el ritual por séptima ocasión desde mi estancia en esta insípida penitenciaría […]. Obtengo de la bolsa de

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Sur le contact avec le désert, Rachel Bouvet affirme que : « Situés en marge du monde, dans le silence

propice au déploiement des idées, des couleurs ou des mots, les sujets font l’expérience de l’altérité des frontières : plutôt que d’adapter la logique binaire de l’altérité, basée sur l’opposition, ils choisissent d’explorer et d’habiter les entre-deux », Rachel Bouvet, op. cit., p. 191. Le séjour dans le désert serait un

entre-deux, un temps d’épreuve dans lequel les personnages ne prendraient que leurs propres fantômes avec eux.

mi camisola cincuenta pesos para ofrecérselos a un treintañero enjuto » (LOD, 187) ;

« Pago a un hombre apodado el Amarillo una pequeña cuota para mi protección » (LOD, 232). La clé, dans la prison, c’est l’argent : « –Tengo dinero suficiente –le dije […], te va a parecer mentira, pero en la cárcel respetan más a los profesores que en la

misma universidad » (LOD, 299). Dans ce passage, Benito parle avec son frère Esteban

qui lui promet de tout faire pour le changer : « […] a un penal menos insalubre » (LOD, 297).

C’est face à des aspects pratiques, comme avoir une cellule plus confortable, que Benito réfléchit à la liberté : « Sé muy bien que no es lo mismo estar recluido en una

letrina que en una celda amplia, provista de una cama mullida, pero ¿cuál es el sentido de la comodidad si uno está enclaustrado? » (LOD, 297). Selon lui, la prison touche

même aux personnes proches du prisonnier : « Cuando un hombre es recluido en este

penal lo es también su familia aunque nunca ponga un pie dentro del reclusorio. La corrupción posee muchas caras » (LOD, 257). C’est en pensant à la corruption et au

manque de liberté qu’il songe à ses cours et à l’avenir : « […] no estoy seguro de contar

ahora con un departamento donde volver en caso de abandonar la prisión » (LOD,

178).

Depuis la prison, Benito regarde son passé et l’extérieur : « El lugar desde donde

escribo este mamotreto no es estimulante, por lo tanto mis juicios llevarán siempre la huella de haberse construido a posteriori y con el espíritu en los suelos » (LOD, 15). Il

ressent l’essence même de la prison : « […] el reclusorio me dio la impresión de ser

más un asilo para hombres derrotados que un purgatorio civil » (LOD, 176). Cette

vision correspond bien à son esprit médiocre : « La cárcel es ideal para los pesimistas:

trabajas, comes, duermes sin desplazarte grandes distancias. Todo está resuelto siempre y cuando no poseas una idea corriente de la libertad » (LOD, 289). Mais

Benito songe à la liberté et au retour dans le monde, pour cette raison il écrit et attend la bienveillance de la justicie : « Estoy encerrado dentro de una pocilga junto a otro

miserable, esperando la benevolencia de un juez al que jamás le he visto la cara »

(LOD, 175).

Une partie essentielle de l’espace décrit dans le texte littéraire est le ciel, en particulier dans Los detectives salvajes. Le ciel est vu comme une métaphore du voyage, un espace qui permet au personnage de se figurer d’être ailleurs et de s’éloigner dans ses pensées. La vision du ciel peut être contradictoire selon le personnage, le ciel de chaque espace, ville ou village, est représenté différemment. Décrit littéralement mais

perçu dans un sens métaphorique, le ciel c’est l’espoir, l’illusion, l’orage, la peur, l’incertitude. Avant le départ en Europe, chez Bolaño, Belano livre ses projets à Laura Jáuregui :

[…] no hay nada como viajar y conocer mundo, ciudades distintas y cielos distintos, y él me dijo que el cielo era igual en todas partes, las ciudades cambiaban pero el cielo era el mismo, y yo le dije que eso no era verdad […], y que además él mismo tenía un poema en donde hablaba de los cielos pintados del Dr. Atl, diferentes de otros cielos de la pintura o del planeta o algo así. (LDS, 210-211)

Pour Belano, le ciel est la manière dont nous vivons la vie, car l’ailleurs est partout le même. Il énumère alors une liste de villes et de pays : « […] nombró países

como Libia, Etiopía, Zaire, y ciudades como Barcelona, Florencia, Avignon […]. Y él entonces dijo: no pienso verlos, pienso vivir en ellos, tal como he vivido en México »

(LDS, 211). Voir d’autres cieux c’est accumuler de l’expérience, mais pour lui la vie est similaire partout.

Le ciel de Barcelone représente l’espoir pour Andrés Ramírez : « […] despertaba

de madrugada, cuando el cielo de Barcelona es de un azul casi morado, casi violeta, un cielo que dan ganas de cantar y de llorar nomás de verlo, y yo después de mirar el cielo seguía leyendo » (LDS, 394). Pour Lima, le ciel de Vienne apparaît gris après son échec

amoureux. Chez Heimito, il regarde par la fenêtre : « El cielo gris. Y a veces miraba en

dirección de Israel » (LDS, 309). Le ciel de Beersheba est mystérieux : « En el cielo no había ni una nube. Ni un pájaro » (LDS, 307). Pour Heimito, le ciel est un piège : « Por un momento pensé que estábamos en Beersheba y que el cielo nublado sólo era un engaño de los ingenieros judíos » (LDS, 315). Pour Mary Watson, le ciel de Planèzes

suit l’euphorie des jeunes gens lors d’une balade : « Mirábamos el cielo: grandes nubes

negras la ocultaban. Pero el viento empujaba las nubes hacia el este y la luna reaparecía (entonces nosotros gritábamos) » (LDS, 257).

Dans El Testigo, le ciel de San Luis représente pour Julio l’évocation du passé : « Cerró los ojos y vio el cielo de San Luis, el cielo de su infancia, un cielo de casas

bajas, tocado por ruidos de campanas » (ELT, 334). Chez Bolaño, Jaume Planells se

limite à décrire le ciel de la Costa Brava durant le duel entre Belano et Iñaki sans donner ses impressions : « El cielo era gris lechoso » (LDS, 480).

Le ciel peut être signe d’un mauvais présage. C’est le cas d’Hugo Montero avec le ciel de Managua, chez Bolaño : « Y ya para entonces íbamos volando rumbo a

l’arrivée de Lima à Tel-Aviv : « […] una tarde gris, delgada como un sudario, que a

veces suelen estremecer el cielo de Tel-Aviv » (LDS, 284). Avant la rencontre de

Cesárea et d’Alberto, le ciel de Sonora anticipe la tragédie : « El cielo de Hermosillo es

rojo sangre » (LDS, 591). Avant d’être attrapé par la police, le ciel mélancolique que