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Chapitre premier : L’espace

II. Écrire le Mexique, écrire le monde

II.1. Le Mexique : espaces centraux, espaces périphériques

II.1.1. Mexico : espace central

II.1.1.2. L’espace qui devient multiple

Après les premiers contacts avec la ville, il ne reste qu’à dessiner l’espace de Mexico en fonction des rapports établis entre les personnages. La ville est différente pour chaque personnage, elle grandit et se montre selon les besoins du narrateur ; quand un personnage parle et se déplace dans Mexico, la ville accompagne son parcours.

Au début de Lodo, Mexico reste un espace restreint car Benito ne s’éloigne pas trop de son quartier. Même lors de la rencontre avec Eduarda, puis quand elle s’installe chez lui après le braquage, il quitte à peine son appartement et essaie de la garder chez lui le plus longtemps possible. À part le supermarché, nous ne connaissons pas l’espace d’Eduarda, il y est seulement fait référence pendant une visite d’Artemio, l’ami de Benito : « –¿Y cuál es su rumbo? –El oriente, donde viven los más pobres. –Yo vivo en

Iztapalapa » (ELT, 54). Un repère géographique suffit pour dévoiler les origines

modestes d’Eduarda et des amis de Benito, qui habitent eux aussi une zone pauvre de la ville. De son côté, il ne se soucie pas de connaître la maison d’Eduarda, la simple pensée de la misère de Mexico l’horrifie :

Nunca supe el domicilio de su casa en Iztapalapa. Eduarda me reveló alguna vez el nombre de su calle, pero lo he olvidado […]. La colonia en la que creció Eduarda podría llamarse 18 de Marzo o 23-A oriente. En la ciudad existen cientos de calles Juárez, Guerrero, Hidalgo, Morelos Orientes, Ponientes, donde se levantan miles de cajas de ladrillo, avenidas terrosas, antenas tambaleantes, perros flacos. (LOD, 156)

La ville devient multiple et identique pour ce qui concerne la misère, Benito réfléchit au nombre de quartiers populaires qui portent les mêmes noms et se répètent partout dans Mexico, des espaces qui ont en commun des populations qui grandissent dans la pauvreté.

Avant de quitter Mexico, Benito et Eduarda logent quelques jours dans un hôtel67 : « El hotel elegido para nuestra reclusión pasajera se encontraba en la calle

Motolinía, en el centro de la ciudad […] el Hotel Buenos Aires llegué a idealizarlo como el retiro perfecto […] habían realizado modificaciones vulgares » (LOD, 108). Ils

se rapprochent du centre ville pour s’éloigner de la scène du crime et disparaître dans l’immensité de Mexico. Pendant leur séjour à l’hôtel, ils retrouvent à plusieurs reprises Artemio et Copelia, ainsi qu’Esteban, le frère de Benito, pour préparer le départ, acheter une voiture et donner à Eduarda de fausses pièces d’identité pour qu’elle puisse passer inaperçue.

Dans une de ces rencontres Benito offre l’un de ses seuls portraits de la ville, qu’il restreint à un café : « La Blanca es un café viejo, casi de un siglo de edad. Los meseros

no suelen ser amables, pero tampoco majaderos » (LOD, 139). Il évoque aussi les gens

qui le fréquentent : « A la Blanca acudía una clientela variopinta. Sobresalían los

extranjeros hospedados en los hoteles cercanos […]. Había también ancianos, periodistas, gacetilleros reumáticos, familias mexicanas, uno que otro poeta olvidado »

(LOD, 139). Les clients sont divers et Benito a besoin de disparaître dans la masse. À part ces éléments, la ville n’est guère décrite par Benito, il parle à un moment de la maison d’Artemio ou de l’université, mais il évoque seulement une salle de cours et quelques étudiants ignorants devant lui. Pour lui, l’importance que revêt la multiplicité de Mexico réside dans la conception qu’il en a comme d’un monstre qui prend tout sans rien donner en échange, une ville multiple et identique dans sa misère. Dans l’imaginaire de Benito, la ville est toujours associée au mal, géographiquement elle reste limitée dans sa représentation, mais en tant que monstre, elle révèle sa portée dans tout le pays.

Dans Los detectives salvajes, l’espace urbain est limité aux points de réunion des réal-viscéralistes, la représentation que García Madero fait de Mexico obéit aux parcours de son initiation poétique et sexuelle. Il fait des longue promenades sans direction fixe qui débouchent la plupart du temps dans des librairies : « […] me puse

caminar sin rumbo, disfrutando del sol de la mañana y casi sin darme cuenta llegué a la calle Mesones, en donde está la librería Rebeca Nodier » (LDS, 116). Il va dans les

bars ou cafés fréquentés par les réal-viscéralistes : « Por las noches salgo a dar vueltas

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Il faut signaler l’importance que Fadanelli porte aux hôtels comme espaces de rencontre. Hotel DF (2010) s’inspire d’un hôtel du centre de Mexico. L’histoire se déroule autour de cet espace, qui devient le centre du récit. Dans Lodo, Benito et Eduarda vont loger dans des hôtels tout le long du voyage à Tiripetío.

por los bares de Bucareli » (LDS, 116). Mexico est la chambre de Rosario : « […] una vecindad perdida en la colonia Merced Balbuena, a pocos pasos de la Calzada de la Viga » (LDS, 90). Et aussi le quartier Guerrero68 : « Caminamos por Bucareli hasta

Reforma, cruzamos y nos internamos por la avenida Guerrero. –Éste es el barrio de las putas –dijo María » (LDS, 43).

Les maisons des réal-viscéralistes offrent un portrait des divers quartiers de la ville : « Ulises Lima vive en un cuarto de azotea de la calle Anáhuac, cerca de

Insurgentes » (LDS, 29) ; « Las Font viven en la colonia Condesa » (LDS, 32). Dans le

journal, les espaces se multiplient mais la perspective demeure celle du jeune narrateur. Dans la deuxième partie du roman, la ville devient multiple d’abord parce qu’elle provient de voix narratives situées dans des espaces et des temps différents69, ensuite parce que chaque témoin montre une partie de la ville qui est significative de son expérience personnelle. Amadeo Salvatierra, par exemple, s’exprime depuis la rue República de Venezuela, à proximité du Palacio de la Inquisición. Il se remémore son entretien avec Belano et Lima, chez lui. Perla Avilés se trouve dans la colonia Mixcoac70 ; Laura Jáuregui à Tlalpan et Luis Sebastián Rosado à Coyoacán. Ils témoignent, comme Amadeo, en 1976 sur leurs rencontres respectives des deux poètes.

La ville est différente pour chaque personnage ; chaque expérience permet de suivre le parcours des deux poètes. Perla Avilés évoque l’arrivée de Belano à Mexico : « Yo lo conocí en 1970 […]. Por aquella época él vivía en la colonia Lindavista, pero

al cabo de unos meses sus padres se cambiaron de casa y se fueron a vivir a la colonia Nápoles » (LDS, 142-143). Laura Jáuregui se souvient du moment où ils allaient à

l’atelier de poésie : « […] me lo presentaron [A Belano] en el taller de poesía de la

Torre de Rectoría de la UNAM, allí conocí a María Font y a Rafael Barrios, allí también conocí a Ulises » (LDS, 145-146). Luis Sebastián Rosado se rappelle sa malencontreuse rencontre avec eux dans le café d’où il fait son témoignage : « En diciembre del 75, poco antes de Navidad, tuve la desgracia de coincidir con unos

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Roberto Bolaño reprend ce quartier comme synonyme du mal dans son roman Amuleto (1999). 69

Les récits de la deuxième partie renvoient à plusieurs espaces du monde entre 1976 et 1996. Parmi ceux qui font référence à Mexico, le premier témoignage est celui d’Amadeo Salvatierra (situé à proximité du Palacio de la Inquisición), daté de janvier 1976 ; et le dernier (situé au Parque Hundido) est celui de Clara Cabeza, daté d’octobre 1995. Les récits de personnages tels que Quim ou María Font reviennent à plusieurs reprises dans des espaces et temps différents. Sur la multiplicité d’espaces et de temps dans la deuxième partie du roman, cf. Claude Fell, « Errance et écriture dans Los Detectives Salvajes de Roberto Bolaño », art. cit.

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Rappelons que cet espace est très important dans El testigo car c’est le lieu du rendez-vous manqué. Chez Roberto Bolaño, Mixcoac n’est qu’un point d’où se produit l’un des témoignages.

cuantos de ellos, aquí, en La Rama Dorada […], el que los comandaba era Ulises Lima » (LDS, 152). Ces premiers témoignages complètent d’une certaine manière le

journal de García Madero puisqu’ils apportent des informations supplémentaires sur les mouvements des deux poètes dans la ville.

Dans cette série de témoignages, quelques personnages accompagnent l’évolution temporelle de la ville dans l’histoire. L’exemple le plus significatif étant celui de Quim Font, qui témoigne huit fois. Avec lui nous découvrons des images de la ville en 1976, 1977 (deux fois), 1979, 1980, 1983, 1985 et 1987. Il s’exprime depuis trois espaces différents, d’abord sa maison de la rue Colima, dans le quartier Condesa, puis de l’asile El Reposo, dans la périphérie de Mexico, ensuite de l’asile La Fortaleza, à Tlalnepantla ; et finalement pour son dernier témoignage il est de retour dans sa maison en 1987. Le regard porté sur la ville est différent dans chaque récit. La maison qu’il retrouve en 1987 n’est pas celle décrite par García Madero en 197671 : « Cuando volví a

casa todo había cambiado. Mi mujer ya no vivía allí y en mi habitación ahora dormía mi hija Angélica […]. Mi hija María vivía en un hotel cerca del Monumento a la Revolución » (LDS, 378).

Le quartier change aussi : « El barrio había cambiado. Me asaltaron dos veces.

La primera, unos niños armados con cuchillos de cocina » (LDS, 379). Le lecteur peut

percevoir ces changements dans son récit, spécialement lors du séjour à l’asile El reposo, en 1977, où la vision de Mexico est prise au milieu d’un délire et le souvenir de Laura Damián : « […] la imagen del cuerpo de Laura destrozado por un carro asesino

diluida otra vez, los ojos de Laura abiertos en el cielo del DF, no, en el cielo de la colonia Roma, de la colonia Hipódromo-La Condesa, de la colonia Juárez » (LDS,

216). Plus tard, quand il change d’asile en 1983, Quim donne une autre vision de la ville. Un ou deux aperçus de l’extérieur sont suffisants pour la présenter : « Los patios

de esta cárcel son los más idóneos para el silencio […] linda con una avenida sin nombre por la que suele pasar el camión de Tlalnepantla, lleno de obreros y de ociosos que miran con avidez a los locos » (LDS, 359). Dans sa réclusion, Quim voit les gens

autour de lui s’éloigner, mourir ou disparaître, tandis que la ville sombre dans la violence.

D’autres personnages tels que María et Angélica Font, Xóchitl García, Luis Sebastián Rosado et Jacinto Requena apparaissent à plusieurs reprises dans la deuxième

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partie. Ils restent à Mexico (Rafael Barrios, par exemple, produit son témoignage à Mexico puis à partir de 1981, il parle depuis sa maison à San Diego, en Californie) et leurs souvenirs témoignent de leurs vies, leur lien avec Belano et Lima ainsi que de leur lien avec Mexico. Ces récits forment également les traces du devenir d’une génération des années soixante-dix qui s’évanouit dans le temps, quand la vie et le destin les rattrapent.

D’autres témoignages, apportés par des personnages qui n’appartiennent pas aux réal-viscéralistes, proposent de nouvelles visions de la ville dans son devenir temporel. Deux exemples en 1981 : celui de José « Zopilote » Colina, qui parle dans le café Quito :

Una vez yo estaba en El Nacional, allá por el año 1975 y allí estaban Arturo Belano y Ulises Lima […] salí a la calle, yo y otros dos del periódico dispuestos a emborracharnos desde temprano, y los vi a través de las vitrinas de un café. El café creo que era La Estrella Errante72. (LDS, 324-326)

L’autre témoignage est celui d’Alfonso Pérez Camarga : « Belano y Lima no eran

revolucionarios. No eran escritores. A veces escribían poesía, pero tampoco creo que fueran poetas. Eran vendedores de droga […]. ¿Quiénes éramos nosotros? Pintores como yo, arquitectos como el pobre Quim Font » (LDS, 328). Les deux récits renvoient

aux années soixante-dix, un peintre et un journaliste considèrent les deux poètes comme des vendeurs de drogue ou de faux écrivains. Ces descriptions offrent une autre vision des poètes et de la ville. Ici c’est la perspective qui change, les fêtes chez des artistes bourgeois et les cafés et bars fréquentés par les intellectuels mexicains.

Une autre image de la ville dans cette période est offerte par Simone Darrieux depuis l’extérieur du pays, à Paris, en septembre 1977. Quand elle héberge Lima, elle se rappelle Mexico et sa rencontre avec Lima au café Quito : « Ya no recuerdo cómo

conocí a Arturo […]. Puede que fuera en la pizzería de un norteamericano al que le decían Jerry Lewis. En México la gente se conoce en los lugares más inverosímiles »

(LDS, 224).

Un exemple qui permet de projeter la dégradation de la ville est offert par l’assistante du poète Octavio Paz, Clara Cabeza, qui s’exprime dans le Parque Hundido, en 1995 :

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Le nom du café « Estrella errante » peut être un clin d’œil au livre de Bolaño, Estrella distante (1996), ou bien rappeler l’idée du destin errant des poètes dans le voyage qu’ils commencent en 1976.

Y luego vino la época del Parque Hundido, un lugar que si quieren mi opinión no tiene el más mínimo interés, antes puede que sí, hoy está convertido en una selva donde campean los ladrones y los violadores, los teporochos y las mujeres de la mala vida […]. Luego dimos una vuelta por Coyoacán y al final enfilamos por Insurgentes. Cuando apareció el Parque Hundido me ordenó que estacionara. (LDS, 504-505)

Clara conduit Octavio Paz jusqu’au parc pour un bref entretien avec Ulises Lima. Le chemin qu’elle fait pour y arriver montre la dégradation de la ville au fil des années : « […] conduciendo por las avenidas cada día más insoportables del DF » (LDS, 507).

Tous ces témoignages sont liés à Belano et Lima, mais aussi aux endroits qu’ils fréquentaient. Dans l’ensemble des espaces visités, Mexico tient une grande importance. Bien que la ville semble se limiter aux repères des réal-viscéralistes, chaque témoin ajoute à cette géographie ses propres espaces, un bar, un café, un parc, des rues, des coups de pinceau, des images fragmentaires qui constituent l’ensemble de la ville.

Mexico devient multiple dans El Testigo d’abord à travers la vision de Julio Valdivieso, qui compare la ville qu’il retrouve à son retour avec celle de ses souvenirs. Mais les images de Mexico ne se limitent pas à son regard. La famille Valdivieso, par exemple, dresse un portrait de la capitale remplie de dangers. En opposition à San Luis, qui représente leur ancien pouvoir : « […] el DF aparecía en las conversaciones como

una tentación y un peligro. Casi siempre fue el fallido último remedio » (ELT, 191).

Pour Paola, la femme de Julio, Mexico correspond à la ville des romans qu’elle traduit ; par ailleurs, au moment de voyager dans ce pays elle cherchera à retrouver cette ville littéraire. De même pour le collègue de Julio à Nanterre, Pierre Leiris73, qui observe la ville, le pays et toute l’Amérique latine du regard de l’universitaire étranger : « Leiris estaba en contacto con una difusa ONG que lo ponía al tanto de los abusos y

las prebendas de la cortesana sociedad literaria del país de los aztecas » (ELT, 24). Le Viking dessine une ville qui obéit à la volonté des hommes politiques et des trafiquants :

« No me veas así, pendejo, este país sólo tiene una división geográfica importante: los

cárteles » (ELT, 221). D’autres visions de la ville nous sont offertes par les amis de

l’atelier de poésie auquel Julio Valdivieso assiste dans sa jeunesse74.

La somme de ces visions fragmentaires, des changements de perspective dans l’espace ou dans le temps, des expériences, des souvenirs et de l’imaginaire, apporte une vision plus large de Mexico dans les romans du corpus. À cela nous pouvons ajouter

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On peut sans doute voir dans le nom de ce personnage un hommage à l’écrivain Michel Leiris. 74

Il faut signaler que le poète Ramón López Velarde crée une autre représentation poétique de la ville, dont nous parlerons plus loin.

l’image que le lecteur possède de la ville et les modifications que la lecture lui apporte ; l’expérience de l’écrivain, l’évolution de la ville comme espace littéraire dans d’autres romans…, l’espace se multiplie et il est inépuisable. Nous aborderons par la suite des aspects plus spécifiques dans la construction de la multiplicité de la ville dans le corpus.

II.1.1.2.1. Un personnage, plusieurs Mexico : représentations

temporelles

Mexico présente une multiplicité de visages qui sont liés aux positions spatiales et temporelles de celui qui porte son regard sur la ville, créant une image qui, selon Gaston Bachelard, doit se comprendre dans le détail de ses variations et ses interprétations : « L’image poétique est en effet essentiellement variationnelle. Elle n’est pas, comme le

concept, constitutive »75. Pour Bachelard, l’image est le produit le plus fugace de la conscience et, pour cette raison, elle se modifie constamment. Dans El testigo, Mexico met en scène des expériences et des impressions de Julio Valdivieso au moment où il les vit ou quand il s’en souvient, la ville du passé complète celle du présent. Mexico est comme l’image variationnelle de Bachelard où la seule constante ancrée dans la mémoire de Julio est Nieves. Ses souvenirs évoluent avec Nieves, la ville passe de sa fascination d’enfant pour elle, à la découverte de l’amour, de l’amour raté à l’amour à distance ; jusqu’au retour, où il pourra confronter ces images du passé à celles qu’il retrouve.

Les regards de Julio sur la ville nous offrent une ville à visage changeant. Il ne faut pas suivre l’ordre chronologique du récit mais celui des contacts du personnage avec la ville car le récit suit les souvenirs de manière aléatoire. Il est donc compliqué pour l’analyse de les suivre dans leur élan, pour cette raison nous regroupons les souvenirs selon des moments précis : la ville de son enfance, la ville de sa jeunesse, les images fugaces durant son séjour en Europe et les deux images de Mexico dans le présent du récit.

Pendant son enfance, Mexico n’est qu’une maison vide et qui s’écroule. Quand il parle de la ville, l’image dans sa mémoire est d’abord liée à Nieves, ensuite à la décadence de la famille à San Luis. Au moment de se rappeler cette ville, Julio se voit lui-même comme une maison vide : « La mente de Julio se parecía a esa casa; un

inmueble vacío » (ELT, 44). La maison dont il est question dans cet extrait représente

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pour le père de Julio l’opportunité de garder un peu de la gloire du passé : « […] la

conciencia de Julio era como la casa que rifaba el periódico Excélsior […]. Si ganaban la rifa, en esos cuartos serían no sólo más prósperos, sino mejores » (ELT, 43). Le DF

de son enfance tourne autour de cette image de maison vide. L’autre maison d’enfance est celle de sa cousine Nieves. Ici, Mexico n’est qu’un jardin partagé avec elle entre San Luis et le DF :

Luego venía el traslado al DF de las dos familias, el abandono de las viejas casonas de San Luis […], los juegos en el jardín de la casa de Nieves en el DF, una casa que se caía a pedazos y quería imitar sin lograrlo el rancio esplendor de la provincia… A partir de ese momento, los recuerdos se precipitaban, perdían espesor y consistencia. (ELT, 91)

Cette vieille maison qui simule la splendeur perdue est la métaphore parfaite des souvenirs de Julio. La grande ville n’est qu’une maison où il joue avec Nieves. La dernière ligne du passage montre la fragilité du souvenir : plus il s’éloigne du passé,