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detectives salvajes

II.1.3. Le désert : espace d’abandon et de renaissance

II.1.3.1. Le désert de San Luis

Chez Villoro, le retour de Julio Valdivieso au Mexique implique aussi un retour à Los Cominos. Entouré par le désert de San Luis, Los Cominos est un espace clé dans le processus d’acceptation du passé et de renoncement au monde du personnage, qui fait face au passé inachevé laissé derrière lui pour aller en Europe. Il ira jusqu’au désert dans cet élan d’abandon qui n’est pourtant pas destructeur, il s’agit plutôt d’une renaissance tardive. En tant qu’espace de mise en question, le désert demeure indispensable au dénouement.

Quand Julio parcourt la région désertique qui entoure Los Cominos, il réfléchit à sa vie et à son retour. C’est dans ces balades en moto ou dans le pick-up d’Eleno que Julio rencontre Ignacia. Dès le premier instant, il sait que cette femme changera sa vie : « Entonces aún no era la mujer, pero al alzar la vista supo que lo sería » (ELT, 416). Les rencontres avec Ignacia vont se succéder jusqu’au moment où il renoncera au monde sur une inspiration qui le prend après une mystérieuse, car inattendue, pluie sur la région.

Julio ne se voit plus contraint par les circonstances comme dans le passé et reste dans le désert avec la promesse de fertilité de la terre qui lui appartient. De plus, une nouvelle association d’odeurs et de saveurs (qui marquent le rythme de ses souvenirs) s’établit quand Julio arrive chez Ignacia, pour mettre un point final au retour : « –Hice

agua de semillas […]. Julio bebió. –A qué sabe? –le preguntó ella. Julio cerró los ojos. Cuando los abrió, todo estaba un poco nublado. Sintió que salía del agua […]. –Sabe a tierra –dijo Julio100 » (ELT, 470). Il n’y a pas de retour en arrière, la saveur de la terre et de cette eau de graines qui rappelle la fertilité, place le personnage face à l’avenir. Le retour est complet. L’épreuve accomplie, le désert récompense Julio au travers d’Ignacia, qui lui offre à boire, et ce dernier goût de terre se présente comme un engagement vers le futur.

100

Cette phrase est significative car elle renvoie à un dialogue entre Octavio Paz et Jorge Luis Borges sur le poète López Velarde : « En El testigo quise vincular un momento de la Historia de México con las

claves íntimas de quienes lo vivieron. La idea provino de un veloz diálogo entre Paz y Borges […]. Borges no podía admirar sin memorizar. “La suave Patria” se incorporó a su vasto repertorio. Pero le intrigaban algunos localismos que pronunciaba sin entender. Uno de ellos era “Patria, vendedora de chía” […]. La idea se perfeccionó al saber que la chía sirve para hacer agua fresca. “¿Y a qué sabe?”,

preguntó. La respuesta de Paz fue simple y poética: “Sabe a tierra”. El sentido de pertenencia de López

Velarde se resume en esa frase. La patria es la tierra que bebemos sin darnos cuenta », Extrait du

discours d’acceptation au Colegio Nacional : « Históricas pequeñeces », le 25 février 2014. Nous soulignons.

Néanmoins il est vrai que le désert anéantit Julio, car il est constamment remis en question pour son passé et son présent loin du Mexique. Dans ces balades dans le désert, Julio « Se aventuraba por caminos que lo alejaban de la hacienda » (ELT, 415). Cependant, il ne va pas trop loin car il craint de se perdre : « No quiso ir a sitios

distantes o demasiado decisivos […]. Temía perderse » (ELT, 416).

De son côté, Ignacia dégage une force d’attraction qui s’empare de Julio. Son odeur est particulière. Bien qu’elle appartienne au désert, sa senteur n’est pas celle du désert : « Su aliento olía a un perfume vegetal, a plantas que no había en el desierto » (ELT, 416). Ignacia ne sent pas le désert, elle est le désert dans sa puissance fertile. Julio décide de rester à Los Cominos car avec Ignacia il a l’impression d’avoir finalement trouvé la joie : « En esos días alcanzó algo cercano a la felicidad. Sabía que

se trataba de una dicha suspendida, que se fundaba en no estar en otro sitio » (ELT,

418). Cependant il ne prend pas la décision de se laisser aller, alors cette joie devient une attente : « A veces esa dicha le parecía una espera; pensaba en llevarse a Ignacia a

la hacienda » (ELT, 418).

Comme pour García Madero et Lupe, Julio Valdivieso veut échapper au monde avec Ignacia, qui incarne la possibilité de la vie dans le désert ; mais avant ceci, il doit affronter le visage mortel du désert (où d’autres avant lui ont péri), qui s’avère être plein de dangers et d’épreuves. De cette manière, il s’érige en témoin de la force dévastatrice du désert et doit en tirer des leçons pour ne pas sombrer dans l’attirance brutale qu’il exerce.

Lors de sa première visite à Los Cominos, Julio procède à une reconnaissance de la région en compagnie d’Eleno et de son oncle. Deux endroits du désert nous intéressent en tant qu’espaces vides en apparence, mais qui cachent des secrets ainsi qu’une violence desséchée : El batallón de los muertos et La puerta de Babilonia.

Le premier est significatif pour le passé cristero de la région. Nous retenons l’image spatiale d’El batallón et l’effet effroyable que provoque sa vision. La visite de cet espace naît de l’intention de Donasiano de montrer à Julio la ferveur religieuse du peuple cristero : « –Detente en el Batallón de los Vientos – ordenó Donasiano. Después

de pasar por unas rocas rojizas, tomaron una brecha ascendente » (ELT, 110). La route

d’accès est difficile car il s’agit d’un espace non-naturel situé en hauteur : « El suelo era

pedregoso; apenas levantaron polvo. A unos metros había una terraza de piedra. No parecía un accidente geológico sino un espacio trabajado » (ELT, 110). L’accès

ejercicio que implicara un mínimo de riesgo […]. No quiso ver hacia arriba ni hacia abajo. Se concentró en las piedras a unos centímetros de sus ojos » (ELT, 110-111). Il

continue dans cette position jusqu’au moment où le vent le ramène à la réalité.

Au sommet, il apprécie l’espace qui l’entoure : « Dos valles desérticos, vacilantes

en su hondura, de cambiantes tierras coloradas. Uno al frente, otro a sus espaldas »

(ELT, 111). Cette image du désert qui trompe dans ses dimensions et ses couleurs est synonyme de l’effet de mirage qui conduit à la folie et au désespoir. Pourtant, ce n’est pas l’horizon qu’il faut voir, mais l’abyme : « Eleno señaló algo que quedaba abajo, en

caída vertical. Se oyó un rumor extraño, un imposible ondear de telas. – El Batallón de los Vientos » (ELT, 111). Le bruit produit par le vent aide à construire le mirage du

bataillon. D’en haut, Julio voit le paysage désertique, trompeur. Eleno lui parle au bord du précipice, tandis que Julio s’approche du bord « a rastras » pour jeter un regard dans le vide et finalement voir : « Cientos de estacas sostenían pálidos jirones de tela.

Algunos estaban desfigurados, otros conservaban su inconcebible forma original. Eran camisas » (ELT, 111).

Le bataillon se compose de chemises, frémissantes à cause du vent qui les fouette. Ce bruit rappelle les témoins du sacrifice religieux : « El viento traía el parejo golpeteo

de las telas. –Su tío dice que son plegarias. –Eleno se había quitado el sombrero–. Los cristeros se tiraron al barranco. Sus camisas están ahí, rezando » (ELT, 111). Pour

Eleno les chemises sont le signe de prière et de pénitence des âmes des martyrs. Julio reste perplexe face à ce qui pour lui n’est qu’un exemple de fanatisme. Eleno continue : « –Dicen que allá abajo nunca encontraron restos. Se evaporaron rumbo al cielo » (ELT, 112). Cela fait partie de la légende construite autour de la foi. Le mirage de cette foi émerveille et trompe, comme tout dans le désert. Effet naturel de cet espace, le vent crée l’illusion et l’effet sonore des prières. L’image des chemises suspendues se révèle plus forte que l’histoire : « El batallón llegó aquí acorralado por el general Amaro. No

tenía salida. El peñasco donde se alzaban las estacas era de muy difícil acceso. Los cristeros arriesgaron la vida para llegar ahí. Luego se despeñaron » (ELT, 111). Julio

doit imaginer la scène, la déception, l’horreur ou l’effroi du général face aux chemises abandonnées.

Revenons sur l’image du précipice. Eleno se tient debout face au vent qui génère ce bruit effroyable tandis que Julio se traîne par terre et jette à peine un regard dans le vide. Ce regard est important car Julio effleure l’abîme de la folie et l’excès religieux du peuple mexicain. Pour Rachel Bouvet, le désert se situe dans les limites de l’humain.

Frôler les bords de l’humain : « […] c’est risquer de voir s’effondrer certains repères

bien établis, de céder à la désintégration »101. Bouvet considère que de cette expérience peuvent renaître des forces et l’homme peut « […] trouver des ressources

insoupçonnées dans les profondeurs de son être »102. L’abîme du désert est aussi l’abîme de la foi des cristeros, Julio réfléchira plus tard au mystère de la foi et au fanatisme obsessionnel du peuple. Nieves est l’obsession de Julio et il doit y renoncer pour ne pas sombrer dans le passé, car les traces de cet amour le hantent comme les chemises frémissantes au milieu du désert.

L’autre espace dangereux est La puerta de Babilonia, qui procure aussi l’effet d’un mirage vertigineux. Avant d’y arriver, Julio observe le cortège funèbre à l’église de Los Cominos du gringo James Galluzzo : « Era mi inquilino [dit Donasiano], en la

hacienda de San Damián el Solo. Unas ruinas que no servían para nada y que él rebautizó como Arcadia » (ELT, 105). Pour son oncle, Galluzzo n’est qu’un hippie fou

qui volait de l’eau aux agraristas : « Llegó aquí como desertor de la guerra de Vietnam,

huyendo de la violencia » (ELT, 105). Il quitte les États-Unis pour fuir la violence de la

guerre durant les années 70 ; ironiquement, vers la fin de sa vie, il se retrouve anéanti par la violence des réseaux de trafic de drogue entre le Mexique et les États-Unis.

Pour Donasiano, Galluzzo a toujours été perdu, mais il était inoffensif : « Se

instaló en San Damián el Solo sin avisar, con un colchón de rayas azules y blancas y unos cuantos triques […]. Pensé que nos haría menos daño que los agraristas » (ELT,

107). Les terres de San Damián ne produisent rien, pour cette raison l’arrivée de Galluzo ne dérange pas Donasiano, qui le prend pour : « Un ermitaño lleno de tatuajes.

Estaba tan jodido que los años lo mejoraron » (ELT, 108).

Galluzzo reste dans la région car le désert devient pour lui un espace où il peut être ailleurs : « Le entraba duro al peyote. Una tarde me trajo un dibujo que según él

era un mapa mágico de la región. Los dioses del desierto lo habían invitado a venir. Me habló del dios venado y del nahual. A partir de ese momento empezó a hacer cultivos raros » (ELT, 108). Avec les drogues, Galluzzo vit dans un état d’altérité. Les mirages

qu’il voit dans le désert sont provoqués et agrandis par l’effet de la drogue. Il est désormais en contact avec les dieux du désert, qui lui parlent et lui donnent une mission. Le dieu nahual crée pour Galluzo un lien intérieur avec lui-même et il éprouvera le besoin de s’isoler dans son propre monde.

101

Rachel Bouvet, op. cit., p. 164. 102

Pour cette raison il commence à cultiver le peyotl et le besoin d’eau dans le désert est bien réel : « Me pidió planos antiguos de la región, de cuando las presas estaban

conectadas, antes del reparto agrario. Para entonces ya no hablaba bien ni inglés ni español » (ELT, 108). Il faut noter l’hybridation progressive du langage, d’abord parce

qu’il ne parle plus sa langue, mais aussi car il est à mi-chemin entre la réalité et l’illusion. Galluzo est étranger au Mexique mais aussi étranger à la réalité, au monde qui l’entoure car il est dans l’illusion constante de la drogue. De plus il est seul, il est une bombe en puissance : « Alguna vez me dijo, con una de esas frases que le venían de

pronto, que él era un accidente tratando de ocurrir. Pues tardó treinta años en suceder » (ELT, 108). Galluzzo se considère lui-même comme un accident qui veut

avoir lieu103. Il semblerait qu’il ait consacré ces années dans le désert à la recherche de cet échec.

Quand Julio arrive dans le désert il cherche des réponses, même s’il n’est pas certain des questions qu’il se pose. Galluzzo trouve des réponses dans sa folie. Il réussit à être heureux dans son délire mystique et sa mission qui consiste à organiser des visites pour les touristes, leur montrer le désert et consommer des hallucinogènes en établissant une sorte de route psycho-tropique dans le désert. Mais le vol d’eau, le réseau de trafic et d’autres conflits finissent par le tuer : « […] se metió en líos de faldas […]. Hay

cantidad de güeritos corriendo por la plaza. Los hijos de Galluzzo » (ELT, 108). Le

désert est trop puissant : « El desierto fue demasiado para él, una exageración que no

lograba apaciguar » (ELT, 117). Tué comme un voleur d’eau, il s’avère plus tard que

derrière ses hallucinations, des intérêts plus forts ont tranché son destin.

L’espace nommé La Puerta de Babilonia104 se trouve cachée dans le terrain qu’occupait Galluzzo à San Damián. Pour y arriver, il faut d’abord traverser sa chambre : « […] esa habitación absoluta en la que se cumplía su vida entera, despedía

un tufo enrarecido » (ELT, 116). Après cette odeur qui crée une atmosphère raréfiée

Julio Valdivieso arrive à un espace presque surréel :

El terreno desembocaba en otro precipicio. Pero tenía una puerta. Una puerta que daba al vacío […]. Lo más significativo, sin embargo, estaba justo a sus pies. Los cultivos de cactus descendían en terraplenes muy estrechos hacia el invisible abismo. (ELT, 117)

103

Quand le poète Centollo parle à Julio de l’atelier de poésie dans sa jeunesse, il dit : « Ahí estuvimos

todos. Todos los que después no sucedimos » (ELT, 181). Centollo parle d’une transcendance littéraire,

Galluzzo se sert d’une image similaire, mais il se projette dans le futur comme étant un accident. 104

Dans sa Babylone105, Galluzzo voulait de l’eau pour rendre un culte aux dieux mexicains du désert et offrir aux touristes un moment d’altérité. Le texte offre une image très symbolique dans la description de cette porte qui ouvre et donne sur le vide : l’abandon de l’homme face aux pouvoirs qui lui sont étrangers. Derrière cette porte se trouve le désert dans son immensité trompeuse et, au fond du précipice, comme une métaphore de l’enfer, les cactus hallucinogènes qui font que Galluzzo plonge symboliquement dans l’abîme. Cette porte est la porte de la perdition : l’accident qu’il cherchait pour échouer se trouve bien caché derrière cette porte qui ouvre vers le bas, vers le vide.

La puerta de Babilonia et El batallón de los vientos sont deux espaces tournés vers le bas. L’image de l’abîme est forte dans la représentation de la chute, littérale pour les

cristeros, symbolique pour Galluzo. Dans les deux cas, il s’agit d’une chute liée aux

obsessions. Julio réalise à quel point le désert trompe ; ces chutes le font réfléchir sur l’avenir, car pour lui il y a une similitude entre l’obsession de Galluzzo et le martyre des

cristeros. Pourtant, son oncle y voit une différence essentielle : « Galluzzo no sabía lo que creía; en todo caso creía en algo que estaba tratando de comprender. Tenía una misión pero no pudo comprenderla. El desierto fue demasiado para él […]. Los cristeros eran gente humilde pero muy lógica. Si tienes fe, el suplicio es un deleite »

(ELT, 117). Le désert donne à Galluzzo une mission qui le dépasse, tandis que pour les

cristeros la défense de leur foi était la seule chose importante, plus ancrée que leurs

vies.

Malgré le vide et la sensation de quiétude, le désert dans El testigo est soumis au temps et aux changements climatiques imprévus et violents. La figure de l’orage est la plus puissante. Dans le roman nous trouvons deux sortes d’orage. Il y a d’abord un orage sec, une pluie qui s’annonce dans les éclairs mais qui n’arrive jamais. Il y a une autre pluie, très abondante, qui bouleverse tout le monde, particulièrement ceux qui habitent dans le désert. Dans les deux cas ces orages ébranlent Julio et influencent l’évolution du roman.

Le premier orage a lieu pendant la rencontre de Julio avec sa nièce. Avant, quand Julio est devant le Batallón, Donasiano annonce l’orage sec, conséquence pour lui de sa visite à cet endroit : « –Cada vez que vengo se arma la reboruca. Las plegarias se

105

Babylone, ou « Porte du dieu » est une ville antique qui incarne le symbole de tous les empires opposés à Dieu et son peuple : « la “grande prostituée” alliée de l’Antéchrist », Danielle Fouilloux, Anne Langlois, Alice Le Moigne [et al.], Dictionnaire culturel de la Bible, Paris, Perrin, 2010, p. 73.

alebrestan cuando las escuchan » (ELT, 112). Le vent qui fait frémir les chemises se

transforme en orage. Le souvenir des orages secs renvoie Julio dans son passé et parallèlement à Nieves :

Recordaba las noches cargadas de truenos y electricidad. En una ocasión Nieves lo despertó para que vieran al Hombre Quinqué. En un patio distinguieron un resplandor que danzaba con el viento. El fuego fatuo los hizo tomarse de la mano, encajarse las uñas de miedo, disfrutar el horror de estar juntos ante la luz fantasma. (ELT, 112)

Cet orage est relié à l’électricité et à l’effet lumineux qu’il produit dans le désert. Julio associe cela à l’intimité partagée avec Nieves quand ils étaient enfants à l’Hacienda. Plus tard, Julio rejoint son oncle pour voir la fille de Nieves, Alicia. C’est à ce moment que l’orage se manifeste : « La tormenta, largamente anunciada por el tío,

llegaba con el retraso con que todo ocurría en Los Cominos » (ELT, 121).

Dans sa première conversation avec Alicia, Julio découvre la vie de sa nièce aux États-Unis, vie d’orpheline séparée de son frère Luciano. Face aux dangers du désert, Donasiano demandera à Julio de garder ses neveux après sa disparition : « Ya viste San

Damián el Solo, una ruina habitada por un loco. Algo parecido puede pasar con Los Cominos » (ELT, 128). Plus tard dans la soirée, Alicia, lui demandera de l’accompagner

pour entendre les enregistrements de l’agonie du poète Ramón López Velarde.

Le vieux radiostato s’allume avec l’éclair de l’orage, comme l’homme Quinqué dont lui et Nieves avaient peur. Ce feu qui les attirait quand ils étaient enfants, comme si c’était un fantôme, se répète sous la forme du radiostato et provoque un moment d’intimité entre Julio et Alicia, comme auparavant avec Nieves. Blessée au pied, Alicia doit être portée par Julio. Ainsi entendent-ils la voix du poète tandis que Julio confond pendant un moment la jeune Alicia avec Nieves : « Sintió el peso de Alicia, cada vez

más grave, el cuerpo que quedaba de Nieves, tan ajeno y tan próximo para él como López Velarde para ella » (ELT, 132). La voix du poète à l’agonie et cette intimité

partagée établissent une relation très significative pour Julio, car plus tard Alicia lui