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REVUE DE LA LITTÉRATURE ET CONTEXTE DE L’ÉTUDE

CHAPITRE 2 LITTÉRATURE SUR LE NUMÉRIQUE ET

2.3 Enseignement-apprentissage des langues à l’ère du numérique

2.3.4 TICE et le domaine académique au Nigéria

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langues au défi : lesquelles seront demain réellement présentes dans la compétition ouverte par les nouveaux outils de l’information et de la communication ? ».

L’on peut postuler que ce sont plutôt les processus didactiques et pédagogiques derrière l’enseignement-apprentissage qui sont mis au défi. Il nous semble qu’une langue ne se parle pas par elle-même. Elle est soit apprise, acquise par le biais d’un intermédiaire : humain ou situationnel. D’autres questions que se posait Slodzian étaient sur la nature des langues.

« Le sort des langues qui ne pourront pas participer à la création de contenus culturels et de savoirs nouveaux, largement diffusés sur les nouveaux réseaux (qui) devront faire face à de nouveaux périls… la compétition se jouant désormais dans le pré carré de la culture et des savoir-faire technologiques, rien détrônant que la très grande majorité des langues du monde soient en difficulté, voire condamnées à un déclin aussi rapide qu’inéluctable » (idem).

Il s’agira d’aborder dans les prochains paragraphes, quelques éléments autour de la question du développement et de la pratique sur le plan de la technologie au Nigéria.

2.3.4 TICE et le domaine académique au Nigéria

Au Nigéria comme dans n’importe quel autre pays du monde, l’importance d’investir dans l’éducation d’un pays et surtout d’adopter les TICE au profit de l’enseignement-apprentissage ne peut pas être surestimée comme révèlent quelques témoignages tels que ceux d’Omerou (2013). L’auteur insiste sur l’importance de créer l’avenir dès maintenant « La meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer… le développement technologique ne se fait jamais par un vœu pieux ni par les discours. Un effort et une planification conscients et stratégiques le feront69 » (Omerou, 2013 : 1). Dans l’article de l’auteur cité, il était question d’expliquer pourquoi il a considéré l’année 2013 comme celle d’un grand développement technologique au Nigéria. Toutefois, il a abordé la défaillance qu’il a constatée en matière de négligence de la part du gouvernement au fil des années. Néanmoins, il a reconnu les actions positives du domaine du développement technologique en cours de réalisation. En effet pour lui, la reconnaissance du besoin d’avoir un

69 The best way to predict the future is to create it … tech development is never achieved by wishful thought or speeches. A conscious, strategic effort and planning will make it happen.

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représentant politique en ce qui concerne l’aspect du développement technologique du pays serait bien évidemment un signe très positif comme le confirment ses propos « L’une des bonnes choses dont je me souvienne en ce moment et qui fera un grand développement technologique en 2013 est la nomination d’un ministre de la Technologie de la communication — Mme Omobola Johnson, à qui je peux rapidement dire qu’elle sait ce qu’il faut pour être pionnier dans ce développement enviable, un secteur dit de valoir plus de 6 milliards de dollars 70 » (Ibid). En effet, il s’est agi de la création d’un nouveau cabinet ministériel au sein du gouvernement. Dès sa nomination en 2013, l’un des projets phares de Madame Johnson était de réduire le coût d’Internet et ainsi augmenter l’accès à l’internet au Nigéria. Elle se réjouit d’avoir contribué à l’occasion de permettre, en 2014, à au moins 43 % de la population nigériane de se connecter en ligne, contrairement à 24 % en 2011 (World Wide Web Foundation, 2018).

Certes, le développement technologique est un bon atout pour le pays dans le sens général. Il n’empêche que ce dernier est d’autant plus important sur le plan académique. Okonji (2014 : 1) a tenté de mettre l’accent sur le besoin d’améliorer le développement technologique au Nigéria. Il a souligné la nécessité de revoir le curriculum académique et d’investir dans l’éducation technologique. Concrètement, il insiste sur le fait que le gouvernement doive équiper les écoles avec les outils, les compétences et les infrastructures technologiques appropriées parce que « le gouvernement n'a pas vraiment fait assez pour déclencher une révolution technologique dans le secteur de l'éducation ... il n'a d'autre choix que de doter le système scolaire des outils technologiques, des compétences et des infrastructures appropriés71 » (Okonji, 2014 :2).

Cependant, malgré l’envie de l’auteur précité de mettre à la lumière les efforts positifs qui sont en train de se mettre en œuvre par rapport à un avenir révolutionnaire grâce au développement technique du domaine de l’enseignement-apprentissage au Nigéria, l’auteur a également rappelé un élément problématique. Il s’agit du nombre d’étudiants présents dans les universités au Nigéria. « Une université nigériane compte en moyen plus de 40000 étudiants de premier cycle ... si l’on décide de limiter le nombre aux 25000 étudiants et de les multiplier par 200 universités dans le

70 One of the good things that I can remember right now that will make for a great tech development in 2013 is the appointment of a minister of Communications Technology—Mrs Omobola Johnson who I can quickly say she knows what it takes to pioneer development in this enviable sector said to worth over six billion dollars.

71 Government has not done really enough to activate a technology revolution in the education sector … it has no choice but to equip the school system with the appropriate technology tools, skills and infrastructure.

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pays, l’on découvre que le pays a une population importante d'étudiants72 » (Ibid). Le pays compte un nombre important d’étudiants universitaires chaque année. Or, l’augmentation du nombre d’étudiants à l’université pose la question de gestion de classe puisque ces dernières deviennent de plus en plus surpeuplées. Il s’agit en effet d’une question abordée par Okojie, un professeur des universités au Nigéria, dans sa contribution au journal local nigérian Thisday73 « Nigéria : This is your University ! ».

« Selon la norme minimale de la Commission nationale des universités (NUC), je suis censé enseigner 30 étudiants dans une classe, maintenant j'en enseigne 250. Cela signifie que je fais le travail d'environ 7 professeurs. J'enseigne 250 personnes dans au même endroit où 9 personnes ont eu cours… depuis mon arrivée ici en tant qu'étudiant en 1983, aucune classe n'a été ajoutée et le nombre d'élèves ne cesse d'augmenter de plus de 100 fois

.

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 »

Okojie (2013 : 1).

Selon lui, le problème des classes surpeuplées représente la situation de plusieurs classes universitaires du pays et c’est un problème qui persiste toujours depuis plusieurs années. L’auteur donne l’exemple de l’époque où il a fait ses études par rapport à celle où il devient enseignant, en déplorant le non-respect de la préconisation de la commission nationale des universités nigérianes « National Universities Commission – NUC ». Il est nécessaire d’adresser ce défi et de trouver un moyen d’y faire face.

La raison du dit retard des pays en développement en ce qui concerne le développement technologique a fait l’objet de l’un des sujets au cœur des principales études des chercheurs depuis les dix dernières années. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce retard. Si le Nigéria fait partie des pays en régression technologique d’après les chercheurs tels que Yusuf (2005 : 316) et Omerou (2013 : 1) parmi d’autres, l’importance de la présence de la technologie dans un pays ainsi que le besoin de l’adopter reste, malgré tout, un sujet qui préoccupe les chercheurs du pays « puisque

72 An average Nigerian university has more than 40, 000 undergraduates … if we decide to take an advantage of 25, 000 undergraduates and multiply them by 200 universities in the country, you will discover that the country has a large population of students.

73 Nigeria : This is your university ! https://allafrica.com/stories/201309300672.html consulté le 20/04/2020

74 By the National Universities Commission (NUC) minimum standard, I am supposed to teach 30 students in a class; now I am teaching 250. This means I am doing the work of about 7 lecturers. I teach 250 people place 9 people were taught … since I came here as a student in 1983, no single class has been added and the number of students keeps increasing more than 100 times.

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nous savons tous l’importance de la technologie, nous devons la diffuser largement dans notre pays afin d’avoir une solide formation universitaire. La technologie aide à bâtir une nation de manière efficace et efficiente.75 » (Uwaifo & Uddin, 2009 :108). Les auteurs précités ont énuméré les facteurs qui démontrent qu’un pays est en régression technologique et ont conclu que les facteurs étant présents au Nigéria en 2009, celui-ci est un pays en régression technologique « le Nigeria… est un pays en régression technologique 76» (Uwaifo & Uddin, 2009 : 107). Okonji (2014) s’est exprimé sur le besoin d’investir davantage en matière de l’éducation technologique « il y a un grand besoin pour le gouvernement nigérian d'investir davantage dans l'éducation technologique… le programme scolaire doit également être revu77 ».

Cependant, les études plus récentes montrent un développement plutôt optimiste en ce qui concerne les usages du numérique dans le contexte académique du Nigéria. En effet, les réponses sont différentes en fonction des destinataires du questionnement. Okonji (2014) s’est intéressé à la disponibilité des équipements technologiques que doivent fournir les institutions politiques. En revanche, quand Omiunu (2014) s’est intéressé à l’utilisation des technologies par les étudiants et professeurs nigérians, il a conclu qu’il s’agit d’un public plutôt bien équipé. Ce que cela veut dire pour lui est que ces derniers ont en leur possession des équipements nécessaires pour effectuer des activités en ligne. Il s’agit de leurs outils personnels. En effet, « si tous utilisent Internet, cela implique que, le câble et les ordinateurs et qui n'étaient pas disponibles dans les institutions, cela signifie qu'ils en ont procuré eux-mêmes78 » (Omiunu, 2014 : 128). Il conclut donc que bien qu’il s’agisse d’une évolution en ce qui concerne la présence d’outils technologiques parmi les universitaires, l’utilisation de ces derniers est prioritairement réservée aux affaires personnelles. Le milieu scolaire dépend toujours de l’administration pour la provision des besoins technologiques.

Les travaux des pratiques en ligne dans le contexte nigérian commencent à prendre la liberté de s’intéresser à ce qui se passe entre les personnes par le biais de leurs équipements personnels. Dans

75 Since we all know the importance of technology, we should make wide spread of it in our country so that we can have a solid background in academics. Technology helps in building a nation effectively and efficiently.

76 Nigeria … is a technology backward country.

77 There is a great need for Nigerian government to invest more in technology education … the school curriculum should also be addressed.

78 This implies that, if all use Internet, cable and computers and they were not readily made available at the institutions, it implies that they sourced for it themselves.

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cette optique en 2015, Kayode et al. (2015 : 9) ont réalisé une étude sur une la possibilité d’adopter des pratiques de l’apprentissage mobile afin de réduire la problématique de classes surpeuplées dans les universités nigérianes. Les auteurs suggèrent entre autres la sensibilisation de cette approche auprès des professeurs et étudiants par le biais du soutien de l’administration compétente afin d’assurer le succès de ce type de projet.

Compte tenu de la situation du Nigéria, nous sommes conscients que lancer un projet d’enseignement-apprentissage en ligne dans un contexte en développement technologique n’est pas sans défis et contraintes. Il est primordial de connaitre, plus profondément, les caractéristiques du public par rapport à l’internet, les outils et les pratiques en ligne afin de mieux cerner la situation et contribuer positivement à la gestion de la problématique en question.

2.3.5 Caractéristiques du numérique en enseignement et apprentissage des