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REVUE DE LA LITTÉRATURE ET CONTEXTE DE L’ÉTUDE

1.3 Enseignement-apprentissage du français langue étrangère au Nigeria Nigeria

1.3.4 Associations et institutions académiques et culturelles du FLE au Nigeria Nigeria

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consiste à surmonter « maintes difficultés qui l’entourent » (Ezeh & Okeke, 2011 : 61) pour que la démarche fonctionne. Faniran (2017) a étudié les perspectives, le défi, les problèmes ainsi que les éventuelles implications de la nouvelle politique concernant le statut du français au Nigeria. Le français est pour l’auteur une langue étrangère pour les nigérians. Il suggère que non seulement ces derniers n’en ont pas besoin mais également leurs pratiques dans la langue ne dépassent souvent pas les murs de la salle de classe (Faniran, 2017 : 8). Il semblerait qu’il y ait encore du travail administratif, logistique et pédagogique à faire pour que cette nouvelle discipline puisse trouver sa place au sein de la communauté universitaire nigériane. Il s’agira par la suite d’aborder la promotion du français au Nigeria puisque cela montrerait à quel point le français est présent au Nigeria.

1.3.4 Associations et institutions académiques et culturelles du FLE au

Nigeria

La promotion du français ainsi que la culture française est un sujet important tant pour les institutions françaises que pour les institutions nigérianes s’intéressant à la langue française. La relation franco-nigériane date de plusieurs siècles (Ezeodili, 2017 : 113). La culture est évoquée ici puisque l’apprentissage de la culture est un « ingrédient » important lors de l’apprentissage d’une langue (Thanasoulas, 2001). De plus, la langue est un vecteur principal de transmission des connaissances culturelles et un moyen principal par lequel nous avons accès au contenu d'autres esprits (Ezeodili, 2017 : 112). L’auteur n’est pas le seul à faire ce lien spirituel quand il s’agit de la langue et la culture en suggérant que par le biais de la langue, il y a une forte chance d’accéder à d’autres esprits. Salzmann (1998 : 39) analyse le lien entre la langue et la culture d’un point de vue spirituel. Pour lui, l’un devrait permettre la manifestation de l’autre. Il explique la relation quasi identique entre la langue et la culture de celle-ci en reprenant les propos de Humbolt (1907). En effet, la langue et la culture sont deux choses les plus identiques parce que « les traits spirituels et la structure de la langue d'un peuple sont si intimement mêlés que, étant donné l'un des deux, l'un devrait être capable d'en tirer l'autre au maximum… La langue est la manifestation extérieure

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de l'esprit des gens : leur langue est leur esprit, et leur esprit est leur langue ; il est difficile d'imaginer deux choses plus identiques52 » (Humbolt, 1907, cité dans Salzman, 1998 : 39).

Cette citation suggère que la structure d’une langue révèle certainement les traits spirituels d’un peuple. Cela signifie que l’apprentissage d’une langue s’aligne avec l’appréciation de la culture de celle-ci. Autrement-dit, la compréhension ou encore l’intérêt pour comprendre la culture d’une langue peut contribuer à la facilitation de son acquisition. Pourtant, Galante (2016 : 2) se demande pourquoi les connaissances des apprenants en langues et cultures sont souvent sous-utilisées et dévalorisées. Ce qui nous incite à nous poser la question sur comment le français est promu au Nigeria.

Le village français du Nigeria

Le village français du Nigeria – VFN est un centre mis en place avec l’objectif principal de « simuler un environnement physique, psychologique, socioculturel et pédagogique favorisant l’acquisition d’une compétence de communication en langue française » (Afolabi, 2013 : 2). Afolabi était l’un des professeurs de Français au VFN. Il a retracé l’histoire, les raisons d’être et les défis du VFN. Les prochains paragraphes aborderont les échos importants de l’existence du centre.

Avant la création du VFN en 1992, toutes personnes souhaitant obtenir un diplôme de Licence ou le Certificat National d’Education ‘National Certificate in Education’ – NCE en études françaises devaient se préparer à effectuer un séjour à l’étranger. Le programme d’études françaises comprenait une année d’immersion linguistique à réaliser dans un pays francophone. Au début, les étudiants inscrits au programme avaient l’habitude de passer l’année d’immersion linguistique en France. Celle-ci pouvait ensuite se passer dans l’un des pays francophones d’Afrique tels que le Niger, le Togo et le Bénin.

Le fait de passer une année en France ou dans un pays francophone permettait aux étudiants inscrits au programme d’études françaises de s’exposer davantage à la langue française et de s’imprégner

52 The spiritual traits and the structure of the language of a people are so intimately blended that, given either of the two, one should be able to derive the other from it to the fullest extent…Language is the outward manifestation of the spirit of people: their language is their spirit, and their spirit is their language; it is difficult to imagine any two things more identical.

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complètement dans la culture. En revanche, la récession économique des années 80 et 90 rendait beaucoup plus difficile pour le gouvernement et les parents de financer le séjour à l’étranger des étudiants. La nécessité d’une nouvelle solution beaucoup moins couteuse s’est manifestée. C’est ainsi que l’idée de concevoir la version locale de l’année à passer à l’étranger, c’est-à-dire l’équivalent du séjour d’immersion linguistique, a vu le jour (Fatunwase, 2012 cité dans Afolabi, 2013 : 1).

Le village français du Nigeria accueille aujourd’hui principalement les étudiants des universités et des collèges d’éducation au Nigeria, ces derniers sont souvent en troisième année de Licence. Cela veut dire qu’ils auraient déjà passé deux années académiques universitaires dans leurs établissements respectifs et ils y retourneront pour y passer la dernière année de leur programme de Licence ou NCE. En plus des étudiants universitaires, le VFN accueille également tous Nigérians qui ont besoin ou envie d’apprendre le français dans leur vie privée, publique ou professionnelle. Le dernier public du VFN est la foule d’élèves des écoles primaires et secondaires Nigérianes qu’il accueille dans des colonies de vacances organisées au sein des locaux du VFN. L’existence du VFN constitue bien évidemment un centre destiné à l’immersion linguistique en français. Il n’empêche que la population estudiantine qui s’y trouve est principalement nigériane et l’exposition à la langue française se réduit toujours à ce qui se passe en cours et pendant les activités liées au programme socio-éducatifs des étudiants. La langue de communication dans le restaurant et avec les employés administratifs du centre varie et est souvent une langue autre que le français.

De plus, la question du besoin d’un cadre commun de référence est toujours présente. Dans beaucoup de pays, surtout en Europe, le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues – CECRL sert de guide pédagogique pour l’enseignement-apprentissage des langues depuis plusieurs années (Goullier, 2008 : 55). En traçant l’histoire et le contexte de développement du CECRL, le site officiel du Conseil de l’Europe le définit comme un outil conçu dans le but de fournir « une base transparente, cohérente et aussi exhaustive que possible pour l’élaboration de programmes de langues, de lignes directrices pour les curriculums, de matériels d’enseignement et d’apprentissage, ainsi que pour l’évaluation des compétences en langues étrangères » (Conseil de l’Europe, s.d). Depuis la publication du CECRL, elle influence les évolutions des différents

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systèmes éducatifs surtout en ce qui concerne la structuration de l’enseignement des langues vivantes en Europe et au-delà (Goullier, 2008 : 55). Elle occupe une place de plus en plus importante au sein de la communauté académique ainsi que la société, « devenant une référence pour des domaines » variés (Vicario, 2011 : 27). Il s’agit également de l’outil de référence pour identifier, évaluer et déterminer les différents niveaux de compétence en langues dont la langue française (Conseil de l’Europe, 2001 : 25).

Le CECRL représente l’outil pédagogique de référence pour l’enseignement du français en Europe et au-delà des frontières européennes. Or, comme le nom l’indique, il s’agit d’un cadre européen. Cependant, le français s’enseigne dans les universités nigérianes depuis plusieurs années. Les chercheurs et professionnels académiques du domaine, tels que Nwosu & Opara (2011 : 49) expriment le besoin d’avoir un cadre de référence qui soit en lien avec la politique académique et linguistique du pays.

Comme nous l’avons mentionné plus haut, le domaine de l’enseignement-apprentissage du français a traversé des périodes d’évolutions différentes. Il nous semble convenable d’aborder par la suite les principales méthodologies de l’histoire de l’enseignement-apprentissage du français.