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REVUE DE LA LITTÉRATURE ET CONTEXTE DE L’ÉTUDE

1.1 Aperçu historique de l’éducation au Nigeria

1.1.1.1 Contexte traditionnelle

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Cependant, il est toujours possible de trouver un équilibre car selon Fafunwa, le système éducatif nigérian actuel peut apprendre du système éducatif traditionnel (Ibid : 49).

Dans la même optique, Imam souligne que « la politique éducative britannique ne répondait pas aux aspirations de la population9 » (Imam, 2012 : 181). L’auteur compare deux périodes cruciales en termes du changement lié à l’éducation au Nigeria. Il s’agit de la transition du système éducatif de la période précoloniale à la période coloniale par rapport à celle de la transition du système éducatif de la période coloniale à la période postcoloniale. En effet, Imam se rejoint aux idées de Fafunwa (2018 : 13) « pour comprendre l'histoire de l'éducation en Afrique, une connaissance adéquate du système éducatif traditionnel ou autochtone qui existait avant l'arrivée de l'islam et du christianisme est nécessaire10 ». Il considère que la transition de l’éducation traditionnelle, c’est-à-dire ce qui existait au Nigeria avant la colonisation, à l’introduction de l’éducation occidentale pendant la période coloniale ressemble plutôt à une rupture. Or, le changement lié à la suite donnée aux affaires éducatives après la période coloniale correspond à une évolution, c’est-à-dire l’adaptation du système éducatif mis en place par les britanniques.

Pour comprendre les critiques de ces auteurs, il faudra à présent mettre la situation en perspective.

1.1.1.1 Contexte traditionnelle

En effet d’après Fafunwa, un avenir n’est possible que si le passé du contexte en question est pris en compte. Il estime qu’aucune étude de l'histoire de l'éducation en Afrique n'est complète « sans la connaissance adéquate du système éducatif traditionnel ou autochtone système répandu en Afrique avant l'arrivée de l'islam et le christianisme.11 » (Fafunwa, 2018 : 15). Nous constatons avec le chercheur que le système éducatif mis en place au Nigeria aujourd’hui ne prend en compte ni la politique traditionnelle ni la culture éducative existante en période précoloniale.

Pour justifier ses critiques du système éducatif du Nigeria, inspiré d’après l’auteur par l’éducation occidentale, Fafunwa estime qu’il sera primordial d’étudier certains aspects de la trajectoire

9 The British educational policy did not address the aspirations of the people.

10 To understand the history of education in Africa, adequate knowledge of the traditional or indigenous educational system which existed before the arrival of Islam and Christianity is needed.

11 « No study of the history of education in Africa is complete without adequate knowledge of the traditional or indigenous educational system prevalent in Africa before the arrival of Islam and Christianity. »

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historique de l’éducation du Nigeria afin de mieux comprendre le contexte et ainsi contribuer à la reconstruction de ce qu’il considère comme une base déjà précaire. Il insiste sur l’étude approfondie de l’éducation africaine traditionnelle.

Historiquement, le Nigeria était composé d’empires, de royaumes et de chefferies. Chaque entité, empire, royaume ou chefferie avait ses propres ordonnances éducatives. Le Nord était caractérisé par la politique éducative basée sur le coran et l’éducation islamique alors que pour la région du Sud, il s’agissait d’une politique éducative basée sur les enseignements de la culture et tradition de chaque royaume ou chefferie (Imam, 2012 : 182).

Le Nigeria a effectivement connu une période dominée par la propagation de l’islam au nord et des pratiques traditionnelles au sud, bien avant l’arrivée des chrétiens (Fafunwa, 2018). L’arrivée des missionnaires a créé une sorte de période de transition ou de cohabitation entre ladite domination de l’islam ainsi que la pénétration de la croyance chrétienne, ce qui influence l’éducation du pays bien évidemment. Celle-ci peut s’expliquer par plus ou moins d’acceptation de différentes croyances au sein des ethnies du pays. Quelques événements notables sont donc à considérer en ce qui concerne l’éducation inspirée par la mission évangélique puisque celle-ci marque le début de l’éducation moderne au Nigeria. Comme nous avons noté plus haut, l’arrivée des missionnaires au Nigeria a connu deux périodes distinctes, c’est-à-dire celle des premiers missionnaires – les portugais et celle des deuxièmes missionnaires – les anglais. L’une des caractéristiques de l’éducation encouragée par les missionnaires est la création des écoles pour faciliter les missions évangéliques, ce qui voulait dire que les étudiants étaient également les croyants ou au moins les fidèles à l’époque.

En outre, à l’arrivée des missionnaires britanniques, l’évangélisation et l’éducation sont devenues inséparables, surtout dès leur installation dans les royaumes du Sud du pays tels que Lagos en 1852, Ibadan en 1853 et Oyo en 1856 (Ajayi, 2006 : 36). Ajayi a noté dans son article que l’activité majeure des missionnaires impliquait l’enseignement de la bible en langues européennes, principalement en anglais et en portugais ainsi que la traduction de celle-ci en langues locales. Le pays a donc commencé à connaitre l’établissement des écoles dans lesquelles il était désormais possible d’apprendre à lire et à écrire en anglais, en portugais et occasionnellement en langues locales, à apprendre l’arithmétique etc. Un développement qui a plus à beaucoup de parents.

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L’attention s’est tournée vers l’alphabétisation de la population. Le contenu des formations dispensées dans les écoles étaient déterminées par les missionnaires. Ces derniers n’étaient sans doute pas intéressés par la prise en compte de la tradition locale relative à l’éducation ou n’en avaient pas connaissance. Or, cela va à l’encontre de la préconisation des chercheurs locaux tel qu’Omotoyinbo qui souligne que « l’éducation doit être un moyen de préserver la culture du peuple12 » (Omotoyinbo, 2015 : 81).

Notons que pendant les années de colonisation, il n’y a pas eu de politique nationale de l’éducation au Nigeria qui soit clairement définie. En revanche, il y a eu plusieurs ordonnances pédagogiques et des lois régionales. D’après Akanbi & Jekayinfa (2019 : 180), ces ordonnances et lois régionales ont guidé les activités académiques du Nigeria pendant plusieurs années. Il s’agit des ordonnances de 1882, 1887, 1916, 1926, 1948 et 1952 ainsi que les lois régionales du 1954.

En 1946, il y a eu un événement important. Il s’agit de la constitution de Richard « The Richard’s constitution » qui d’après Osokoya (1987 : 16) a commencé à placer le Nigeria sur la voie de l’indépendance politique. Cette dernière a stipulé la division du Nigeria en trois régions administratives, à savoir l’Ouest, l’Est et le Nord. Ensuite par le biais d’une autre constitution du 1951, c’est-à-dire la constitution de Macpherson « The Macpherson’s constitution », chaque région a obtenu l’autorisation d’établir les lois concernant les différents aspects de sa gouvernance dont l’éducation, la santé, l’agriculture et le fonctionnement des bureaux municipaux. L’interprétation de cette autorisation suppose que chaque région pouvait établir sa propre politique de l’éducation (Ajayi, 2006 : 41).

Le gouvernement nigérian reconnait l’importance de l’éducation et cela s’est manifesté par le biais des évènements des années qui suivent. En 1952, la région de l’Ouest a ordonné l’éducation universelle, ce qui impliquait le droit à l’éducation de masse (Ajayi, 2006 : 41). La région de l’Est a suivi l’exemple en 1957 (Ibid : 48). Le Nord en revanche, est resté avec sa politique de l’éducation islamique par le biais de l’enseignement du coran.

La plupart des événements mis en évidence dans les paragraphes précédents se sont déroulés sous la surveillance des maîtres coloniaux. Pendant ce temps, de plus en plus de Nigérians étaient

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éduqués. Ils ont été exposés à l’éducation ainsi qu’au mode de vie occidental parce que beaucoup d’entre eux ont eu l’occasion de suivre leurs études à l’étranger, en Angleterre notamment. Cela a contribué au fait que beaucoup de nigérians soient motivés pour obtenir l’indépendance afin de pouvoir reprendre le contrôle de leur pays comme c’était le cas dans le pays d’origine des maitres coloniaux.

Par conséquent, les actions et mouvements se sont multipliés pour demander l’indépendance. Le Nigeria a donc obtenu son indépendance le 1er octobre 1960, ce qui voulait dire qu’il revenait au peuple nigérian de veiller au fonctionnement administratif, à la prise des décisions économiques et à la suite qu’il fallait donner aux affaires académiques de celui-ci.

En 1977, il y a eu la publication de la première version de la politique éducative nationale (Imam, 2012 ; Akanbi & Jekayinfa, 2019). Cette dernière remplace la politique éducative britannique qui n’aurait pas adressé les aspirations du peuple nigérian. Imam l’explique dans la citation suivante qu’à l’époque coloniale « la politique éducative britannique ne répondait pas aux aspirations de la population, ce qui a conduit à une demande de changement dans l'ère postindépendance, ce qui a abouti à la première politique nationale autochtone sur l'éducation en 197713 » (Imam, 2012 : 190). La politique du 1977 a introduit le système éducatif du style 6-3-3-4, inspiré du modèle du système éducatif américain. En citant Nwagwu (2007), Imam (2012 : 190) précise que suivant ce système, les six premières années correspondent au niveau primaire. Celles-ci sont suivies des 3 premières années de l’école secondaire ‘Junior Secondary’. Les 3 années suivantes correspondent aux 3 dernières années de l’école secondaire ‘Senior Secondary’. Les 4 années qui suivent sont celles de l’éducation universitaire. La politique nationale a été modifiée plusieurs fois depuis la première publication. Il y a eu la version du 1979, 1981,1998, 2004, 2008 et 2013 (Akanbi & Jekayinfa, 2019 : 178). Les révisions de la politique nationale pour l’éducation ont permis d’apporter des modifications au système éducatif du pays telles que l’obligation de l’éducation primaire qui était au cœur de la version de 1979 ; la préconisation d’introduire l’enseignement des langues locales principale du Nigeria – le Hausa, l’Ibo et le Yoruba dans les écoles primaires dans le version de 1981 ; l’extension de l’éducation obligatoire à dans les versions plus récentes, au

13 In the colonial era the British educational policy did not address the aspirations of the people leading to a clamor for change in the post-independence era resulting in the first indigenous National Policy on Education in 1977.

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moins jusqu’à la fin des 3 premières années de l’école secondaire afin de contribuer au développement humain des citoyens.

D’après ce modèle, le système éducatif nigérian est donc structuré en trois étapes principales. La première étape concerne l’éducation primaire. Il s’agit des six premières années du parcours académique. La deuxième étape dure également six ans. Il s’agit du parcours de l’école secondaire, du collège destiné à la formation des futurs enseignants ou à la formation aux métiers spécifiques. La dernière étape est celle destinée à la formation à l’éducation supérieure. Le parcours dure quatre années académiques soit dans une université, soit dans une école polytechnique, soit dans un collège de formation de futurs enseignants.

Le gouvernement fédéral du Nigeria s’exprime clairement sur son intention par rapport à l’éducation. Effectivement, la politique nationale pour l’éducation du pays continuera à être hautement considérée dans les plans nationaux de développement parce que « l'éducation est l'instrument de changement le plus important ; tout élément fondamental du changement des perspectives intellectuelles et sociales de toute société doit être précédé d'une révolution éducative » (FRN, 2004 : 3, cité dansAkanbi & Jekayinfa, 2019 : 178). Nous constatons avec les auteurs précités que l’éducation doit donc occuper la place la plus importante dans le développement d’une nation puisque sans celle-ci il sera difficile pour n’importe quelle nation de vivre un véritable développement. Le gouvernement nigérian semblait être déterminé à accorder l’attention nécessaire à l’éducation, surtout depuis son indépendance.

Pourtant, Nneji (2015 : 21), dans son étude centrée sur les processus de l’enseignement-apprentissage dans le contexte Nigérian, estime avoir identifié un problème fondamental qui empêche l’acquisition ou encore le développement des compétences d’autonomie des apprenants. Celui-ci, d’après l’auteur, est au niveau de la racine de l’éducation au Nigeria, et en Afrique, c’est-à-dire, la colonisation. Dans la citation suivante, Nneji explique qu’« une connaissance transmise est néfaste au développement humain et personnel. Elle tue le potentiel… Elle retarde les potentialités des apprenants14 » (Nneji, 2015 : 21). Ce que l’on peut voir dans cette citation est que l’auteur met l’accent sur le fait que chaque individu possède en lui beaucoup de potentiels qui

14 Transmitted knowledge is averse to human and personal development. It kills potential... It stunts potentialities in learners.

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pourraient éventuellement se masquer si la configuration de son environnement ne lui facilite pas la mise en œuvre de ses capacités innées ou acquises. Cela veut dire que le niveau ou l’objectif d’une connaissance transmise à un individu et à un moment donné peuvent ne pas être en accord avec ce dont l’individu a réellement besoin. Or, il parait être bien souvent dans le contexte en question. L’auteur explique qu’il était en effet évident que « le programme d'enseignement de style occidental et donc hérité n'accordait pas une grande place à l’autonomie de l'apprenant et celui-ci était plus superficelui-ciel en ce qui touche aux besoins éducatifs africains, mais encore plusieurs efforts déployés par le biais des réglementations politiques locales n'ont donné aucun résultat positif15 » (Ibid : 22). La réflexion dans cette citation rejoint celle de Lawal (2013 : 27) qui estime qu’il y a eu un déclin significatif dans l’aspect éducatif du Nigeria, dû à l’incohérence des politiques éducatives du pays. Il explique qu’en effet, « la politique Nigériane en matière de l’éducation a franchi de nombreuses étapes dans la mesure où l'incohérence des politiques a nui au succès de ces politiques.16 » (Lawal, 2013 : 27).

Plusieurs chercheurs (Imam, 2012 ; Lawal, 2013 ; Fafunwa, 2018 ; Akanbi & Jekayinfa, 2019) ont fait valoir que dans le système colonial britannique, les nigérians n'étaient pas en mesure d'influencer le programme académique puisque les décisions administratives du pays étaient prises par les colonisateurs. Ils suggèrent que les effets de l’influence britannique sont encore visibles aujourd'hui. Akanbi & Jekayinfa expliquent comment les politiques éducatives nationales ont conduit à ce qu’ils considèrent comme l’« assujettissement17 ». L’émancipation se définit comme l'acte ou le processus par lequel une personne est libéré « d’un état de dépendance » (Le Robert, 2010 : 727). Or, Akanbi & Jekayinfa estiment que les politiques éducatives nationales mèneraient le pays à l’encontre de l’émancipation telle qu’elle est définie ci-dessus. Pour justifier ce point, les auteurs se mettent d’accord avec Fafunwa (1974) et Jayeola-Omoyeni & Omoyeni (2016 : 8) qui concluent que pour les raisons qui leurs sont propres les maitres européens n’ont fait aucun effort pour promouvoir l’éducation industriel au niveau d’études secondaires au Nigeria, ni ont-ils envisagé les moyens pour faire du Nigeria une nation industrielle. En revanche, les auteurs

15 The western‐styled and inherited education curriculum did not grant great learner‐autonomy and was more superficial to the African educational needs, yet several efforts made through policy regulations have not yielded any positive result.

16 « The Nigerian policy on education had gone through many stages to the extent that, policy incoherence had negatively affected the success of the policies. »

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s’inquiètent pour le gouvernement nigérian qui depuis l’indépendance aurait pu changer ces éléments. Par conséquent, Akanbi & Jekayinfa (2019 : 183) suggèrent que le Nigeria vit encore « l’assujettissement » puisqu’il n’y a toujours pas d’« abandon complet du droit aux soins, à la garde et aux revenus du Nigéria et une répudiation d’obligations coloniales ».

En tant que remède à cette problématique fondamentale, Fafunwa insiste sur l’importance d’étudier les sept objectifs cardinaux de l’éducation africaine traditionnelle. Ces derniers sont listés ci-après :

• L’éducation physique

• Le développement du caractère • Le respect des autres (ainés et pairs)

• La formation intellectuelle : les aspects poétiques et prophétiques • La formation professionnelle : l’agriculture, les métiers et l’artisanal • La participation communautaire

• La promotion du patrimoine culturel.

Si Fafunwa a identifié les points ci-dessus, c’est sans doute parce que ceux-ci devraient faire partir des facteurs importants à prendre en compte dans la mise en place d’un dispositif de formation et ainsi contribuer à la réussite de celui-ci.

Le chercheur conseille aussi de revisiter le passé et le présent de l’éducation musulmane du Nigeria. En effet, l’éducation musulmane précède celle introduite par les missionnaires chrétiens dans le pays. Il semblerait important pour Fafunwa de s’intéresser à l’étude de la diffusion de l’éducation musulmane au Nigeria. L’auteur propose de réétudier le fonctionnement de celle-ci sous différents angles afin de tenter d’identifier comment prendre en compte cette tradition dans le cas d’une éventuelle réforme éducative au Nigeria. Il note la propagation de l’islam et la bourse islamique au Nigeria, l’éducation arabique et islamique au Nigeria, l’éducation islamique au sud du pays, le système éducatif de l’école coranique et son impact sur la réforme académique du Nigeria, les études islamiques dans les écoles, les collèges, les universités en temps actuel.

38 1.1.1.2 Contexte universitaire

L’indépendance du Nigeria, obtenue en 1960, a provoqué plusieurs changements dans beaucoup d’aspects du pays. En termes d’éducation, il s’agit de la période de la reconfiguration de l’éducation universitaire afin de remplir une nouvelle mission, celle d’une édification nationale et du développement socio-économique (Ezeogidi, 2019 ; Akanbi & Jekayinfa, 2019). La suite évoque les objectifs principaux de la nouvelle mission en ce qui concerne l’éducation du pays. L’élément principal qui marque cette nouvelle mission de l’ère postcoloniale est l’accès à l’éducation universitaire de masse au Nigeria postcolonial. Cela veut donc dire que contrairement à la configuration de la période coloniale où l’éducation universitaire était réservée aux élites, l’accès aux études universitaires est désormais possible pour chaque citoyen.

D’après Anyanwu (2011 : 4) l’éducation de la masse se base sur trois politiques du gouvernement afin de s’assurer que cette nouvelle mission réponde aux besoins du pays dans sa transition post coloniale. Premièrement, il s’agit de l’expansion de l’accès à l’éducation universitaire par le biais de la création de plus d’établissements universitaires, la diversification du curriculum universitaire, la centralisation de la gestion universitaire ainsi que l’implication du secteur privé dans l’offre de l’enseignement universitaire. L’idée de cette politique était de former la main-d’œuvre du pays, non seulement afin de pouvoir combler le vide laissé par les maitres coloniaux mais également pour aider à défendre l’avenir économique ainsi que l’intégration nationale. Deuxièmement, l’éducation de masse impliquait la libéralisation de l'accès à l'enseignement universitaire par des mesures telles que le contrôle des procédures de l’admission par l'État afin d’essayer d’éliminer les complications administratives, la révision des conditions d’admission britanniques trop rigides, la mise en place des bourses d’études ainsi que l’octroi d’un enseignement universitaire gratuit. L’objectif était d’éliminer les obstacles structuraux et historiques qui empêchaient l’accès à l’éducation universitaire pendant la période coloniale. La troisième politique concernait la démocratisation de l’accès à l’éducation par le biais de l’égalité en termes de l’emplacement géographique des universités, la mise en place d’une politique concernant le taux d’admission dans les différentes régions du pays. L’idée était d’essayer de mettre fin à la disparité éducative et source de division entre le sud et le nord par une représentation égalitaire de tous les groupes ethniques présents dans les institutions existantes. Enfin, les trois politiques postcoloniales à savoir

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l’expansion, la libéralisation et la démocratisation avaient pour objectif d’assurer l’éducation de la masse au Nigeria.

Malgré le projet de la politique nationale de l’éducation en ce qui concerne l’accès de masse à l’éducation, Anyanwu (2011 : 220) explique pourquoi cette intention n’a pas connu le succès souhaité. L’université ouverte nationale ‘National Open University – NOU’ a été créée en 1983 dans le cadre de la politique de l’éducation universitaire pour tous. L’idée de la création de la NOU était de rendre l’éducation universitaire accessible à tous malgré l’âge ou la situation géographique de l’individu. En revanche, l’objectif de la NOU n’a pas été atteint. L’auteur a reproché l’échec du bon fonctionnement de la NOU à la mauvaise infrastructure et à l’insuffisance des ressources nécessaires. Un an après la création de la NOU, la nouvelle administration du pays – le régime militaire de Buhari – a interdit son existence ainsi que celle des universités privées présentes dans le pays. La situation n’a commencé à changer qu’à partir de l’année 1998 quand une nouvelle administration du pays – le gouvernement d’Abubakar – a permis aux universités privées d’exister