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Chapitre 4 La motivation

4.1.3 Les théories et les types de motivation

Selon les recherches faites par Hurlock en 1927 et par Lepper et Greene en 1975, surtout les études de Harlow qui vérifient l’existence et l’importance de la motivation extrinsèque, Deci et Ryan ont complété la théorie de la motivation par l’évaluation cognitive, distinguant motivation intrinsèque et motivation extrinsèque, en incluant une troisième catégorie, l’amotivation ou l’absence de motivation.

-La motivation intrinsèque signifie que l’individu va effectuer une activité uniquement à cause du plaisir qu’elle lui procure. Pour cette raison, les études portant sur la motivation intrinsèque utilisent des activités qui sont jugées très intéressantes.

- La motivation extrinsèque fait référence à toutes les situations où l’individu effectue une activité pour en retirer quelque chose de plaisant, tel que l’argent, ou pour éviter quelque chose de déplaisant. Selon la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan, la motivation extrinsèque peut être envisagée sur un continuum d’autodétermination.

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Tableau 37 :Schéma inspiré de la théorie de Deci et Ryan en 1985(Deci, Ryan, 1985) Comportement autodéterminé Motivation intrinsèque Régulation intrinsèque Motivation extrinsèque Régulation intégrée Régulation identifiée Régulation introjectée Régulation externe Amotivation Absence d’autodétermination

La régulation intrinsèque : l’action est conduite uniquement par l’intérêt et le plaisir que l’individu trouve à l’action, sans attente de récompense externe.

La régulation intégrée : l’activité est cohérente avec le concept de soi de la personne, qui peut alors s’approprier l’action et trouver des sources d’auto-motivation complémentaires à la source externe à l’origine de l’action.

La régulation identifiée : même si l’activité au final est réalisée à des fins externes, elle devient valorisée et importante pour l’individu qui s’identifie alors à cette activité.

La régulation introjectée : l’individu commence à intérioriser les contraintes externes en se culpabilisant notamment. L’action n’est pas encore librement choisie puisque l’individu agit pour éviter une conséquence désagréable qu’il s’impose en se culpabilisant.

La régulation externe : le comportement de l’individu est régulé par des sources de contrôle extérieures à la personne, telles des récompenses matérielles ou des contraintes imposées par une autre personne.

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Tableau 38 : Variation du schéma inspiré de la théorie de Deci et Ryan en 1985

Ce schéma nous apporte plusieurs informations :

⚫ plus il y a de motivation intrinsèque, plus le comportement se rapproche

de l’autodétermination.

⚫ en cas d’absence de motivation, nous avons besoin de motivation

extrinsèque pour réaliser des comportements autodéterminés.

⚫ Il n’y a pas lieu d’opposer les facteurs motivationnels extrinsèques et

intrinsèques : les deux sont interdépendants.

Sans contester le schéma, nous devons aussi savoir que la transformation entre la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque est réversible. D’après Lepper et Greene (Lepper, Greene, 1973 : 129-137), la surveillance et la récompense diminueront la motivation intrinsèque des étudiants. Autrement dit, les facteurs extrinsèques comme l’argent ou des approbations verbales causent possiblement une diminution de la motivation intrinsèque. Dans ce cas, le comportement ne se fait plus pour la satisfaction qu’il peut en retirer mais pour des motifs extrinsèques.

Avant de terminer notre présentation, nous devons rappeler l’importance de la motivation dans l’investissement de l’enseignement et de l’apprentissage. Tout le monde voit la différence dans la vie quotidienne des étudiants et des enseignants selon qu’ils sont motivés ou

non-Contrainte Compétence forte Compétence moyenne Compétence nulle Amotivation Motivation intrinsèque Motivation extrinsèque Autodétermination n

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motivés. Les premiers passent souvent toute la journée dans la bibliothèque, et au contraire, d’autres gaspillent leurs journées à l’université. Les enseignants motivés préparent bien les cours mais les non-motivés ignorent la réaction des apprenants et utilisent la même méthode et le même contenu pendant toute leur vie d’enseignant. Bien que toutes les universités souhaitent que tous les étudiants soient motivés, la distance de l’idéalité à la réalité ne peut pas être remplie par la volonté des établissements d’enseignement. Mais la question est : comment susciter l’investissement scolaire des apprenants et des enseignants ?

Selon l’approche congnitive de Weiner, tous les comportements d’un individu peuvent être affectés par des causes qu’il invoque (Weiner, 1994 : 557-573). Les causes, de ce qu’on appelle motivation, sont généralement analysées en fonction de trois facteurs : lieu, stabilité et contrôlabilité. Le lieu signifie le caractère interne ou externe de la motivation. La stabilité signifie que la motivation peut être temporaire ou durable. La contrôlabilité signifie que peu importe le résultat, bon ou mauvais. Par exemple ci-dessous l’analyse motivationnelle d’un étudiant :

Tableau 39 : motivation interne Interne

Stable Instable

Contrôlable Non-contrôlable Contrôlable Non-contrôlable

Stratégie d’apprentissage personnelle

Capacité intellectuelle

Envie d’effort Sentiment personnel

Tableau 40 : motivation externe Externe

Stable Instable

Contrôlable Non-contrôlable Contrôlable Non-contrôlable

Environnement de l’université Difficultés au cours de l’apprentissage Perception de l’enseignant Humeur de l’enseignant

Tous ces éléments peuvent influencer radicalement la motivation d’un étudiant. Qu’est-ce qui influence l’investissement d’un étudiant? Selon Crahay, 3 paramètres principaux influencent l’investissement des étudiants dans les activités scolaires:

- la perception de la contrôlabilité de la situation,

107 - la perception de leur propre intelligence.

Quand un étudiant rencontre une erreur, il peut l’attribuer à ces trois facteurs. Cette méthode cognitive s’adapte au mécanisme de la motivation. Nous pouvons trouver ces trois facteurs homologues « environnement de l’université », « difficultés au cours de l’apprentissage » et « capacité intellectuelle » dans le tableau ci-dessus. En général, ces trois perceptions fonctionnent ensemble et forment un système global pour influencer l’investissement de l’étape prochaine. Cependant, les étudiants considèrent souvent alternativement une seule perception comme le facteur majeur du résultat. Si cet étudiant attribue son erreur à son incapacité, il abandonnera probablement ses études parce que son intelligence ne soutiendra pas la nécessité de la formation suivante à ses yeux. Mais si c’est à cause de son attention, son investissement scolaire ne changera pas.

De plus, nous devons aussi faire attention aux catégories de l’investissement, distinguant l’apprentissage et la performance. Le premier concerne l’acquisition des connaissances suffisantes, et le deuxième ne signifie que l’accomplissement des buts proposés par l’enseignant ou par l’école afin d’obtenir des récompenses ou des félicitations. Par exemple, certains étudiants font leurs devoirs pour suivre la demande de leur professeur. Quand ils remettent leurs devoirs à temps à leur professeur, leur professeur peut leur présenter des félicitations. Sinon, leur professeur va les critiquer. Mais s’ils manquent de réflexion, ils ne réfléchiront pas à l’utilisation des mots ni à la grammaire et leur objectif d’investissement scolaire sera la performance, mais pas l’apprentissage. C’est pourquoi bien que l’investissement scolaire des étudiants réponde à une motivation, les enseignants doivent aussi orienter les étudiants.

En résumé, la motivation existe sans aucun doute, bien que nous soyons encore loin de

comprendre toute la motivation. Par exemple la motivation est-elle un phénomène cognitif ou

affectif? L’approche cognitive est mise en avant mais personne ne peut nier l’importance de l’émotion dans la motivation.

La motivation dans les recherches françaises

On ne peut pas avancer dans les recherches empiriques sur la motivation sans aborder l’apport de certains chercheurs français sur la question. Leurs travaux ne sont pas moins importants dans le domaine de l’influence du rôle de l’enseignant, de l’intégration de la motivation dans l’apprentissage de la LV2 et de la motivation dans l’apprentissage des adultes.

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