• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 Le contexte de l’enseignement du français langue étrangère en Chine

2.2.1 Différence entre l’ASL et l’ATL

Avant de continuer cette partie, nous devons souligner clairement la différence entre l’ASL (acquisition de la seconde langue) et l’ATL (acquisition de la troisième langue). La troisième langue est des langues apprises après la deuxième, autrement dit une ou plusieurs langues additionnelles pour un système linguistique bilingue. La définition de l’ASL se fait sur la base du système linguistique de la langue maternelle, l’ATL représente cependant l’acquisition d’une langue étrangère dans le contexte bilingue (Jorda, 2005).

En 1963, une recherche de Vildomen (ZENG Li, 2010 :143-146) sur le système multilinguistique a attiré l’attention du milieu académique parce qu’elle parlait de l’influence de la deuxième langue étrangère sur la troisième. C’était la première expérience sur les recherches d’ATL (Jessner, 2006). En 1987, l’ouvrage de Ringbom « The Role of the First

Language in Foreign Language Learning » a ouvert l’histoire des recherches d’ATL comme

une nouvelle discipline. Cette distinction ne met peut-être pas d’accord tous les linguistes. Ellis

(Ellis,1994)pense que l’ASL concerne l’acquisition de toutes les langues étrangères outre la

langue maternelle. Cependant depuis ces vingt dernières années, de plus en plus de recherches ont prouvé la grande distance entre ces deux notions. Avant, nous ne nous concentrions que sur

57

l’influence de la langue maternelle sur l’acquisition d’une langue étrangère, mais cette influence ne correspond pas à l’acquisition d’une nouvelle langue étrangère à partir de l’acquisition de la seconde langue étrangère. Cenoz a fait une recherche sur l’influence du contexte linguistique sur l’acquisition de la troisième langue (Cenoz. J, 2001 : P8-20). Bardel, C et Y. Falk ont analysé l’influence de la langue maternelle sur la deuxième et la troisième langue et le transfert de la langue maternelle et de la deuxième langue à la troisième (Bardel, C&Y. Falk, 2007 :459-484 ; Mayo& Olaizola, 2010 :129-149). Dans le livre « Third or additional language acquisition », De Angelis a confirmé l’influence de la langue maternelle et de la deuxième langue sur l’acquisition de la troisième (De Angelis, 2007).

A partir de ces recherches, nous pouvons résumer comme suit les différences obtenues sur le plan, linguistique, cognitif, psychologique, contextuel.

-Attraction linguistique : Au cours de l’apprentissage d’une langue étrangère, il existe des phénomènes d’interférences linguistiques dans l’usage des langues apprises. Par exemple, en acquisition de la seconde langue, la langue maternelle est influencée par la langue étrangère. Bien que notre système linguistique maternel soit relativement stable, cette influence peut être négative pour le développement de notre langue maternelle. Pour les apprenants trilingues, leur système bilingue est certainement plus fragile que celui de leur langue maternelle. Face aux pertes langagières des deux langues, afin de rétablir l’équilibre parmi ces trois langues, les apprenants doivent dépenser plus d’énergie et passer par un processus plus complexe.

-Technique cognitive : avec la première expérience de l’acquisition de langue étrangère, les étudiants seront plus actifs pour apprendre la langue. Bien qu’il existe des différences morphologiques ou syntactiques parmi les langues, cet avantage cognitif a été prouvé par les recherches de Jessner (Jessner, 1999). Jordà (2005) dans sa recherche sur des apprenants espagnols a confirmé qu’il y a une meilleure conscience d’output des étudiants bilingues que des monolingues.

En 2003, Gibson et Hufeison (De Angelis, 2007) ont comparé le taux correct des mots allemands après avoir séparé les candidats en trois groupes selon que l’acquisition de l’allemand relève de l’ASL (acquisition de la seconde langue), l’ATL (acquisition de la troisième langue) et l’AQL (acquisition de la quatrième langue) et trouvent que les taux de mots corrects sont respectivement de 59%, 74% et 81%. Toutes les recherches behavioristes expliquent l’existence d’un avantage cognitif pour les étudiants bilingues. Dans ce cas, on peut penser que ces étudiants seront plus motivés que l’acquisition de la première langue étrangère

58 parce que le processus est plus facile pour eux.

-Complexité du transfert : dans le système bilingue, le niveau de langue ne dépend que de ces deux langues et de leur interaction. Comme ici il s’agit d’un système trilingue, nous devons réfléchir à l’existence de la troisième langue. Jessener a proposé une équation pour prendre en compte ces interactions :

Tableau 23 : Système selon Jessener LS1 + LS2 + LS3 + LSn + CLN + M=MP LS:language system (Système de langage)

CLN : Cross-linguistic interaction (Interaction cross-linguistique ) M : Multilingualism-factor (Facteur du Multilinguisme)

MP : Multilingual proficiency(Compétence multilingue)

Odlin (2001) a divisé cette interaction en plusieurs disciplines : phonétique, syntaxe, vocabulaire, etc. Les apprenants trilingues conserveront presque tous les habitudes de prononciation de la langue maternelle, rarement celles de la deuxième langue, sauf que cet apprenant reste dans une société où on parle la deuxième langue. Dans le domaine de la composition, l’expression des apprenants possède les caractéristiques de la première langue, mais leur emploi grammatical dépend du niveau de leur seconde langue et de sa similitude avec la nouvelle. Cenoz (2011) a comparé l’effet de l’acquisition de la troisième langue de deux groupes d’âge différent. Les élèves basques d’anglais dont la langue maternelle est le basque et la deuxième langue est l’espagnol sont divisés en groupes d’école primaire et de collège. Par cette comparaison, on trouve que les membres du groupe d’école primaire apprennent l’anglais en s’inspirant de la langue maternelle plus que les candidats du groupe de collège. Et les collégiens préfèrent employer la similarité entre l’espagnol et l’anglais. Cette différence nous indique la nécessité psychologique du transfert de la seconde langue à la troisième.

-Ordre d’acquisition : Par rapport à l’ordre de l’ASL, l’ATL est plus compliqué et varié. En tant que base linguistique, l’acquisition de l’ASL suit seulement un ordre unique : L1=>L2, et

puis s’il le faut, on peut poursuivre cet ordre. Il existe cependant plusieurs possibilités dans la

59 Tableau 24 : Comparaison entre ASL et ATL

ASL ATL

1. L1=>L2 1. L1=>L2=>Ln

2. L1=>L2=>Ln 2. L1+L2=>Ln

3. L1=>L2+Ln

Par exemple : Selon l’approche de l’ASL, il n’existe que deux ordres d’acquisition des langues étrangères.

• Au cas où on n’apprend qu’une langue étrangère, l’acquisition de la langue seconde est soutenue par l’acquisition de la langue maternelle.

• Au cas où on apprend plusieures langues étrangères, l’acquisition de la troisième langue est soutenue par celle de la langue seconde qui suit la base de l’acquisition de la langue maternelle.

Selon l’approche de l’ATL, il existe trois possiblités pour l’ordre d’acquistion des langues comme suit :

• L’acquisition de la troisième langue est soutenue par celle de la langue seconde qui suit la base de l’acquisition de la langue maternelle.

• Quand on apprend la troisième langue, on a été considéré comme bilingue. Alors, l’acquisition de la troisième langue est soutenue par l’acquisition des deux premières. • Au cas où les étudiants apprennent en même temps deux langues étrangères, son

acquisition de la langue maternelle influence celle des deux autres.

-Contexte linguistique : Le contexte de l’ASL est le système monolingue de la langue maternelle. Alors, dans l’ASL, nous n’analysons que la relation entre la langue maternelle et l’ASL pour définir la valeur de la similarité. Le système bilingue se trouve face à deux possibilités : dominant ou non dominant. Dans ce système bilingue, nous pouvons trouver plusieurs points d’équilibre avec les deux mêmes langues. Par exemple, quand un étudiant chinois d’anglais apprend le français, son apprentissage n’est pas identique comme un étudiant français de chinois ni comme un étudiant dont le père est anglais et la mère est chinoise.

En conclusion, l’ATL est une discipline indépendante et bien est différente de l’ASL. Ses particularités didactiques exigent d’éviter la répétition de l’expérience de l’enseignement de la première langue étrangère et de chercher des points similaires et différents afin d’établir l’équilibre de ces langues.

60

devons également revoir le contexte actuel des recherches de l’ATL et ses effets pour le FLE en Chine.