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Chapitre 5 Le système didactique à l’Université Normale de Changchun

5.1.3 La méthode d’enseignement

La performance des étudiants étant liée à la préparation et à la conduite des séquences de classes, cette intervention nous permet d’établir les paramètres visibles de comparaison en conditionnant les éléments extérieurs exerçant une quelconque influence sur la vie scolaire de nos apprenants.

Pour réussir à suivre la motivation des étudiants dans les deux classes de chaque promotion de la première année en quatrième année, nous avons eu recours à une fiche pédagogique standard dans l’une des deux classes à suivre.

5.1.3.1 La fiche pédagogique standard (Exemple de la fiche : Annexe 2)

La fiche pédagogique standard a en détail les aspects suivants : rôles à exécuter par chaque acteur (enseignant et apprenant) durant la séquence de classe, les stratégies d’enseignement, la durée de chaque activité de construction de nouveaux savoirs. C’est une fiche qui respecte le minimum normal nécessaire de la part de l’enseignant titulaire d’une classe selon un langage universel en pédagogie, quelle que soit la langue véhicule du savoir, quel que soit le pays ou se déroule la séquence de classe pour faire apprendre aux apprenants des nouvelles connaissances. Nous avons travaillé avec des étudiants issus de différents classes. Un

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classe est un ensemble de classes de la même promotion ou niveau, ou au moins deux classes de la même promotion. Un groupe-classe peut être sous les commandes d’un même enseignant. Nous avons suivi dans notre enquête deux groupes travaillant avec deux différents enseignants, ce qui implique deux méthodes pédagogiques différentes mais le programme, le contenu enseigné reste le même.

Nous avons procédé à une forme d’intervention en fournissant un format de fiche pédagogique à suivre dans la préparation des leçons. Ceci a pour objectif de suivre l’influence de la pédagogie sur la motivation et la performance des étudiants. Il y a un lien très étroit entre la performance, le score en note des étudiants et le maintien ou le déclin de leur motivation. La préparation de la classe est l’une des conditions physiques pouvant être modifiées par l’enseignant : ceci comprend l’environnement de la classe et la préparation du matériel de travail (affiches diverses de scènes sociales, image - mot ou cartons – mots pour le vocabulaire, messages sonores, de courts métrages de vidéos didactisées).

5.1.3.2 Objectif pédagogique

Une langue s’apprend par un équilibre entre l’oral et l’écrit. L’oral et l’écrit présentent plusieurs similitudes. Ils visent tous deux la production d’un message dans une culture donnée. Cette production langagière nécessite un effort cognitif important, puisque le langage oral et le langage écrit agissent à titre « d’instruments » de la pensée et de la communication.

Dans le contexte de l’apprentissage de langues étrangères (LE), l’oral devient un outil

d’apprentissage. Une langue s’apprend pour être parlée. Ceci s’impose et fait de la communication orale un matériel d’apprentissage, dans la mesure où elle devient une façon de préciser et de faire évoluer la pensée de l’apprenant. Les activités d’apprentissage, qui mettent en avant les interactions entre les pairs, utilisent généralement l’oral comme outil d’apprentissage. Un apprenant qui prend le goût du maniement de la langue en apprentissage prouvera une certaine motivation dans la pratique quotidienne de la langue. Une bonne préparation de classe fait partie des paramètres qui conditionnent le bon déroulement de l’apprentissage.

Apprendre une langue étrangère loin de la communauté qui pratique cette langue n’est pas une chose aisée; à la moindre inattention de la part de l’enseignant, on obtient des locuteurs étourdis. Un locuteur étourdi est un locuteur qui montre une certaine hésitation dans l’utilisation de la langue qu’il comprend, un locuteur qui doute de lui-même dans une situation de communication orale.

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bimensuellement. Nous faisions tous les quinze jours un contrôle pour évaluer l’acquisition des connaissances langagières des étudiants.

Cela demande aux étudiants de faire des révision continue sur les connaissances données, et en même temps aux enseignants de travailler plus. Tous ces contrôles jouent un rôle très important, fixé à 50% de la note finale du semestre des étudiants. Cependant, les notes de l’examen final représentent 30% de la totalité et les notes des présences et de la participation au cours n’occupent que 20%. Les notes finales des étudiants concernent leur bourse, les commentaires des études dans leurs archives, et les potentialités de leur développement professionnel. L’objectif de cette méthode dépasse l’observation continue de l’acquisition de la langue, mais permet aussi de mesurer la variation de leur performance. Cette méthode a pour orientation d’habituer les étudiants à rester dans la révision régulière de ce qu’ils ont appris dans la classe.

-Dans la classe 2, les outils didactiques à employer ou le manuel choisi sont les mêmes que dans la classe 1. Les cours intensifs de français se déroulent comme dans la classe 1. Mais ils ne comportent pas de contrôles semi-mensuels. Les notes finales du semestre ne concernent que les notes quotidiennes et l’examen final.

Avant de continuer notre présentation, nous devons confirmer qu’en Chine, c’est la méthode de la classe 2 qui est normale. La méthode de la classe 1 demande aux étudiants de faire plus de travaux quotidiens, ce qu’ils n’aiment pas au début. Cependant, les techniques de l’apprentissage de la langue étrangère correspondent à la révision continue, mais pas à la révision finale.

Nous essaierons de vérifier l’importance de notre méthode particulière par rapport à la méthode traditionnelle dans la motivation des étudiants de français.

5.1.3.3 Hypothèses

Au cours de notre enseignement, nous verrons qu’il existe des différences de réactions d’ étudiants dans le domaine de la motivation et de la pratique d’apprentissage.

À part certaines explications individuelles et méthodologiques, nous allons trouver aussi des points communs et certaines régularités.

Les évaluations et les examens sont corrigés par les professeurs suivant des clés de réponses conçues par ceux qui préparent ces examens. Bien que le niveau de français de départ de ces deux classes soit identique en raison de la séparation aléatoire, toutes les classes 1 ont mieux travaillé que les classes 2 pour ces quatre promotions à partir de la fin du premier semestre (voir Annexe 3).

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Est-ce que cette différence dépend des méthodes d’évaluation choisies? Puisque la méthode est la seule différence, cette hypothèse est logiquement évidente.

La question est de savoir si la méthode influence aussi la motivation des étudiants. La méthode de l’observation continue demande aux étudiants de préparer et réviser régulièrement ce qu’ils ont appris pendant une période donnée. Elle réduit leur disponibilité des loisirs et les fait travailler plus. Est-ce que cette méthode correspond au souhait des étudiants et à leurs habitudes d’apprentissage? Si ces réponses sont négatives, cette méthode changera positivement l’attitude d’apprentissage des étudiants ou elle influencera négativement la motivation des étudiants. Le résultat intéressant obtenu dans l’enseignement est que la majorité des étudiants n’aiment pas la pression imposée par la méthode de l’observation continue, mais le bon résultat que cette méthode produit confirme son importance dans leurs études.

Les étudiants de troisième année montrent peu d’intérêt pour les études après l’examen du Test national du Français enseigné à titre de Spécialité, niveau IV (TFS 4). C’est un problème commun à toutes les universités en Chine. Ce fossé entre les deux premières années et les deux années suivantes concernant la motivation s’explique par un facteur systématique : pour ceux qui réussissent au TFS 4, ce certificat est la porte ouverte à l’entrée dans la vie professionnelle. Le TFS 4 joue donc un rôle d’orientation très important dans l’enseignement du français élémentaire mais représente aussi un élément motivant pour les étudiants de première et deuxième années.

5.1.3.4 Structure et rôle du TFS

Le TFS suit toujours la même structure depuis son adoption. Il est noté sur un barème de 100 points. Le TFS est divisé en six parties : Dictée (10 points), Compréhension orale (10 points), Compétence lexicale (15 points), Compétence grammaticale (30 points), Compréhension écrite (20 points) et Expression Écrite (15 points).

Il n’y a aucune partie traitant de l’expression orale. De plus, 90% des points se destinent à l’écrit. Les exercices que l’on propose sont toujours les mêmes (« entourez les bonnes réponses ; trouvez le synonyme correspondant; remplissez le texte en conjuguant les verbes au temps approprié », etc.). Nous pouvons faire des critiques envers cet examen, mais toutes les universités chinoises y attachent de l’importance, ce qui provoque un problème d’enseignement des compétences comme la communication orale, la lecture, l’écriture et la compréhension de l’oral.

Ceux qui échouent à cet examen sont en général les moins travailleurs et il y a une année de préparation pour le test de rattrapage. Depuis l’existence du département de français, on a

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- En 2014, le pourcentage de réussite des étudiants de 2012 était de 56% (65% de la classe 1 et 47% de la classe 2) proche donc de la moyenne.

- En 2015, 61,5% des étudiants de 2013(74% de la classe 1 et 50% de la classe 2) et presque tous les étudiants ayant échoué en 2012 ont réussi le TFS 4. En même temps, le niveau passable moyen est de 59%.

En Chine, tous les étudiants savent que seuls ceux qui vont atteindre le seuil minimum de réussite en classe seront autorisés à avoir leur diplôme. Dès qu’ils dépassent le seuil minimum de réussite, les étudiants cessent de faire des efforts. Cette réalité dévoile une sorte d’immaturité de la part des étudiants et la méthode d’évaluation continue permettrait à ces jeunes citoyens de continuer de s’exercer. Ils ont besoin d’orientation académique ou professionnelle avant et après le TFS 4, vrai support qui permettra de leur redonner l’envie de continuer les études. Cette orientation aide beaucoup les étudiants qui veulent aller continuer leurs études en France, parce qu’il n’y a que six universités chinoises qui offrent des diplômes de doctorat de français. En outre, cette orientation semble plus le rêve que l’objectif des études pour les étudiants qui ne font que deux ans de français à partir du niveau vrai-débutant et ne connaissent pas vraiment le travail académique. L’orientation professionnelle est plus concrète aux yeux des étudiants. À partir de la troisième année, ils commencent à réfléchir sur leur emploi futur. Cette réflexion sera concrétisée par l’expérience des générations précédentes, l’orientation des cours donnés, l’exposition des emplois et les informations sur Internet.

5.1.3.5 Entretien de motivation chez les étudiants:

• L’orientation académique et professionnelle

Cette orientation ne passe pas immédiatement comme un support de la motivation pour les études, mais elle donne naissance à une inquiétude sur leur future carrière. La motivation pour l’apprentissage et la connaissance de la langue française provient plutôt des chances que donnent sur le marché de l’emploi la maitrise et le maniement de la langue.

• Le stage professionnel

Le stage professionnel est aussi un élément pédagogique et structurel qui influence la motivation des étudiants. Dans l’université observée, le stage est obligatoire pour les étudiants de quatrième année. L’université ne peut pas offrir à tous les étudiants de postes qui permettent de pratiquer leur connaissance du français et tout le monde n’est pas là pour devenir enseignant. Les étudiants ont donc la possibilité de trouver des stages dans des secteurs d’activités différents ayant de départements de communication pouvant donner aux étudiants stagiaires des chances

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de pratiquer la langue. L’expérience de leur stage est validée par une attestation signée par l’établissement ou l’entreprise puis confirmée par l’université. En même temps, l’étudiant a le droit de demander une faveur comme exemple aller à l’étranger par le biais d’un projet coopératif de l’université ou rester et préparer le concours national de master de français. Nous faisons dans l’Annexe 4 un tableau pour mieux présenter les stages des étudiants. Selon le tableau donné, à part deux étudiantes en France, seuls sept étudiants ont fait leur stage dans un secteur pouvant leur permettre la pratique du français parce qu’en raison de la rémunération, le choix des étudiants est géographiquement limité à Changchun ou chez eux. Il faut savoir aussi que cette réalité ne dépend pas des étudiants mais du manque d’opportunité d’offres de stages dans un secteur pouvant leur permettre la pratique du français dans cette région du nord-est de la Chine.

Tableau 42 : Stages des étudiants de l’année 2012 Nombre total des étudiants En Chine A Changchun En rapport avec le français Avec rémunération Avenir professionnel (master ou travail) La classe 1 19 18 7 4 2 12 La classe 2 19 17 9 5 ( y compris 2 en échange) 9 5 (y compris 2 en échange)

D’abord, nous devons distinguer la situation des stages entre les classes 1 et 2. Dans la classe 2, le stage reflète la motivation du futur travail souhaité par les apprenants. 5 étudiants veulent chercher le travail ou vont en France pour continuer leurs études. C’est le même nombre qui fait leur stage en rapport avec le français. La situation de la classe 1 est plus complexe. Davantage d’étudiants de la classe 1 veulent chercher du travail ou continuer leur master. Autrement dit, la majorité des étudiants conservent encore leur motivation de continuer les études. Cela montre que dans la classe 1, la motivation d’apprentissage est plus élevée que celle de la classe 2 surtout en termes d’envie d’apprendre cette langue étrangère. Cependant, le nombre de stagiaires ne reflète pas cette volonté. Donc, le nombre des stages où les étudiants utilisent des connaissances spécialisées de langue ne représente que le besoin du marché de l’emploi régional.

Ensuite, le stage est un élément qui contribue à installer au niveau des apprenants la source de la motivation extrinsèque. Mais le stage n’est pas toujours perçu par les étudiants comme une source réelle de motivation parce que la majorité des stages sont dans des secteurs qui sont

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différents de leur futur travail souhaité. L’objectif du stage est de rendre les apprenants capables d’avoir une connaissance et expérience du travail. Il arrive très souvent que le stage démotive les étudiants : ceux qui veulent aller en France sont obligés de faire un stage qui n’a aucun lien avec la carrière de leur rêve.

D’autre part, la faible rémunération démotive aussi les étudiants en stage. Selon le chiffre donné par le journal officiel « Le Peuple», la spécialité de français est la quinzième parmi les meilleures spécialités rémunérées. Cependant, la faible rémunération du stage ne doit pas être un élément de motivation parce qu’à l’origine le stage n’était pas un travail rémunéré. Les étudiants n’ont alors à coeur que leurs futurs projets de travail et pensent que le stage est un processus obligatoire mais moins important.

La quatrième découverte au cours de notre observation est que les étudiants ayant rejoint le département à la suite d’un changement de spécialité gardent leur motivation intacte. Selon la nouvelle règle de 2013 du Ministère de l’Education chinois, les étudiants de première année peuvent demander de changer leur spécialité selon leur volonté. Chaque année, une ou deux

étudiantes entrent dans le département de français au deuxième semestre11 . Les nouvelles

débutantes s ont suivi les cours avec leurs collègues de français et ont appris les connaissances du premier semestre après les cours. Une année après, les nouvelles arrivées ont pu non seulement rattraper le niveau de leurs collègues, mais aussi devenir pour certaines les meilleures de la classe. Si nous considérons que les facteurs didactiques sont les mêmes, nous pouvons conclure que c’est l’attraction vivace pour le français qui est la raison majeure du rattrapage de la compétence de langue. Elles ont plus d’envie ou d’attitude d’apprendre la langue plus que leurs collègues.

Présentation des cours et des méthodes

Les cours des étudiants peuvent se présenter en deux catégories : les cours de français et les autres (Scolarité de l’Université Normale de Changchun, 2014 :8-9 ;108-111) Les cours de français ont des objectifs précis qui orientent les étudiants sur plusieurs chemins futurs. Les autres, le tronc commun, leur offrent des connaissances sociales nécessaires et remplissent des crédits obligatoires.