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Chapitre 6 L’enquête : méthodologie

6.2.3 Analyse de la partie « AMTB »

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créée par Gardner pour analyser la composition de la motivation à apprendre une langue étrangère. Gardner pense que la motivation pour apprendre une langue étrangère est observable et mesurable. Selon lui, la motivation peut être décomposée en plusieurs facteurs tels que l’orientation intégrative et les attitudes envers les conditions d’apprentissage. Pour Gardner, l’orientation intégrative est une mesure de l’intérêt de l’apprenant pour la langue en apprentissage et une mesure des attitudes de l’apprenant envers les locuteurs de cette langue secondaire. Gardner souhaite que l’on porte une attention particulière aux conditions d’apprentissage sur deux volets : l’évaluation de l’enseignant et l’évaluation du contenu des cours donnés par l’enseignant. L’état de la motivation de l’apprenant est influencé non seulement par ces deux facteurs, mais aussi par l’évolution de l’intensité de l’envie personnelle de l’élève pour l’apprentissage de la langue.

Tableau 54: Structure de la conceptualisation de la Motivation selon Gardner (d’après Dörnyei, 2007 : 50)

Ce tableau de Gardner est une théorie générale qui montre comment fonctionne la motivation dans une communauté d’apprenants au cours d’une séquence de classe. Nous en avons déjà eu un aperçu plus haut.

- L’orientation intégrative

L’orientation intégrative correspond au désir de se familiariser, de se rapprocher de la culture et du vécu des locuteurs de la langue en apprentissage.

- L’orientation instrumentale, pour sa part, correspond au désir d'apprendre la langue pour orientation

intégrative orientation

intégrative

intéret pour la

langue étrangère attitudes envers la communauté de la langue secondaire attitudes envers la situation d’apprentissage évaluation de l’enseignant de langue étrangère

évaluation des cours de langue étrangère

Motivation

envie d’apprendre la langue étrangère intensité de motivation attitudes envers l’apprentissage de la langue étrangère

176 des buts pragmatiques.

Les orientations ne sont pas équivalentes à la motivation. Ce sont plutôt des raisons, des motifs, qui poussent un individu à apprendre une langue seconde.

Les apprenants ont différentes façons d’apprendre une notion ou de saisir une information. On conçoit l’apprenant comme une personne ayant des attitudes qui correspondent à des formes d’intelligence très différentes selon la catégorie d’apprenants à laquelle l’élève appartient. C’est lorsque les méthodes ou pratiques pédagogiques utilisées par un enseignant ne correspondent pas aux formes de personnalités que les élèves sont en difficulté. Les élèves doivent avoir un lien personnel avec ce qu’ils apprennent afin de trouver cela intéressant.

Voici une représentation personnelle pour rendre plus simple le tableau de Gardner.

Tableau 55 : Canal de communication Enseignant-Enseigné

Cette image présente ce qui se passe au cours d’une séquence de classe lorsque tous les aspects évoqués par le tableau de Gardner d’après Dörnyei (2007) fonctionnent. C’est en plus clair ce qu’on appelle l’aide à l’apprentissage.

Nous allons prendre le temps de faire un détour pour développer cette notion.

Actuellement, en matière d’aide à l’apprentissage, on a tendance à voir les choses sur le seul plan cognitif. Or, l’apprentissage est un phénomène plus complexe.

Nous n’allons pas mélanger plusieurs théories mais nous allons évoquer tout au moins, la théorie des formes multiples d’intelligence qui permet de contextualiser et d’avoir une autre perception, plus positive, des difficultés que peuvent avoir les auditeurs dans nos classes.

L’enseignant envoie en direction de sa classe une notion par le moyen de plusieurs

Enseignement Notion enseignée éclatement de la notion en images étudiant Notion difforme/altérée Enseignant

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activités/items. Mais c’est chaque étudiant qui reçoit le message de façon personnelle et individuelle en fonction de l’image qui l’atteint. Quelle que soit la motivation des auditeurs, les paramètres agissant dans le processus de la transmission de l’information conditionnent le résultat du travail exécuté par l’enseignant.

Compte tenu de la méthode d’enseignement de certaines disciplines, il est difficile d’imaginer une pédagogie spéciale s’appuyant sur les forces ou les faiblesses de chaque élève. Mais le développement des sciences de l’éducation nous impose désormais de pouvoir intégrer lors de la préparation de nos séquences d’enseignement/apprentissage/évaluation, des considérations qui tiennent compte des méthodes pédagogiques plus individualisées en lien avec les différents types d’auditeurs qu’on est supposé avoir dans une communauté d’apprenants. On devra alors planifier l’enseignement d’une notion ou d’une connaissance dans le respect de certaines particularités propres à une discipline mais il faudra en même temps garder à l’esprit la diversification des activités.

Cela peut rendre plus difficile le travail des enseignants. Bien que leurs méthodes d’enseignement puissent fonctionner sur certains de leurs élèves, ces méthodes pourraient ne pas marcher sur les autres. Il est donc très important que les enseignants soient conscients que dans leurs classes il y a différents types d’apprenants. Par cette raison, il faut alors que les enseignants fassent jumeler l’information contenue dans le tableau de Gardner avec la connaissance des différents types d’apprenants pour pouvoir structurer leur programme de manière à ce que tous leurs étudiants soient en mesure d’apprendre efficacement, quelles que soient leurs personnalités.

Dans la dynamique d’aide aux apprenants qui n’avanceraient pas toujours au même pas que les autres, on interviendra par des activités supplémentaires afin de compenser ce qu’on considère être un retard. Les praticiens des intelligences multiples proposent une autre dynamique. Elle prend appui sur les ressources propres, afin de favoriser les apprentissages pour lesquels un retard est observé. Ainsi, par exemple, on demandera à l’élève dont la force est l’intelligence musicale, de rythmer une règle de grammaire alors qu’à celui qui a une dominante kinesthésique, on suggèrera de l’associer à des mouvements du corps.

Les activités d’enseignement et d’apprentissage devraient être axées sur le «je», la personnalité même de l’apprenant ou l’apprenante. Ceci montre pourquoi Gardner souhaite que l’on porte une attention particulière à la situation d’apprentissage sur deux volets : l’évaluation de l’enseignant et l’évaluation du contenu des cours donnés par l’enseignant. La motivation finale est influencée par ces deux facteurs, mais aussi par l’envie d’apprendre la langue

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étrangère, l’intensité de la motivation et l’attitude vis-à-vis de l’apprentissage de la langue étrangère.

Ce tableau présente une réalité vraie en pédagogie mais cette réalité a besoin d’être replacée dans le contexte actuel, auquel nous devons encore nous arrêter.

Les enseignants actuels ne sont pas de la même génération que leurs étudiants. La plupart d’entre eux (dont nous–même) sont nés avant l’an 2000 sinon avant 1990. Ces promotions n’avaient pas les mêmes facilités que les générations qui sont venues après l’an 2000. Ce simple constat est porteur d’une indication importante au plan de la pédagogie. Le rapport à la connaissance des enseigants est fondamentalement différent de celui des jeunes nés au cours des années 2000. Ces nouvelles générations sont des générations-multimédia c’est-à-dire des générations ayant habitude des outils de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Ainsi, ces nouvelles générations dont font partie nos étudiants ont une intelligence visuelle-spatiale très différente de la nôtre et qui se développe par le biais de stimulations variées.

Dans un monde qui voit l’éclatement des univers d’images à travers la pléiade des stations de télévisions, l’envahissement de la publicité, etc., il importe de se rendre à l’évidence que les plus jeunes générations ont besoin de l’image pour apprendre, d’une forme intermédiaire de médiation entre le professeur, la connaissance et l’élève. Dans notre société l’image prime. Une image suffit à construire ou à modifier et éloigner une idée de son originalité, son sens.

Nous voyons ainsi apparaître une multiplicité de manières dont dispose chaque individu pour saisir une notion d’apprentissage. On l’appelle la théorie des intelligences multiples. Cette théorie des intelligences multiples est porteuse de facteurs d’explication potentielle des différents comportements, qui témoignent de la présence dans nos classes d’apprenants qui sont très différents en tout et qui, de ce fait, ont différentes façons de faire de progrès dans l’apprentissage. Mais le système scolaire a souvent tendance à ignorer leurs besoins par ce que l’école (ici l’enseignant) ne voit pas souvent les choses sous cet angle.

Selon ce modèle, le comportement de l’élève dépend de ce qu’il retient des éléments qu’il perçoit. Chaque apprenant pourra expliquer ses succès et ses échecs sur la base de sa perception. De tout ce qui précède, la réussite d’une séquence d’enseignement s’opère grâce à la combinaison de deux dimensions : les causes internes à l’élève (talent, effort, fatigue, etc.) et les causes externes (difficulté d’une tâche, chance, qualité de l’enseignement, camarades, etc.)

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Principes de notation des deux versions du test AMTB

Nous avons utilisé les deux versions 1985 et 2004 du test AMTB de Gardner très populaire dans le domaine du contrôle des attitudes/des motivations (voir Annexe 16).