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Chapitre 2 Le contexte de l’enseignement du français langue étrangère en Chine

2.1.3 Approches du FLE en Chine

Avant de commencer la présentation des approches du FLE utilisées en Chine, rappelons quelques jalons de leur histoire française.

Christian Puren (1988) a fait une synthèse de l’histoire des méthodologies de FLE dans les pays européens que l’on peut résumer à la succession suivante : la méthodologie traditionnelle, la méthodologie directe, la méthodologie active (mixte), la méthodologie audiovisuelle.

Puren exclut de sa description la méthode naturelle en langues vivante (ou bain linguistique), la méthodologie audio-orale (MAO), la méthode dite SGAV (structuro-globale-audiovisuelle)et l’approche communicative (Rodríguez Seara, 2001).

Aujourd’hui, on parlerait plutôt d’éclectisme méthodologique. Cette nouvelle approche consiste à :

« juger de la meilleure méthode, à choisir dans différents systèmes certains de leurs éléments, sous réserve que ceux-ci soient conciliables entre eux, plutôt que la création d’un système entièrement nouveau. » (Cuq, 2003 : 78).

Puisque chaque approche ne représente qu’une méthodologie dominante dans une certaine période historique et qu’aucune ne peut prétendre à l’hégémonie, Puren conclut à « la

multiplication, la diversification, la variation, la différenciation ou encore l’adaptation des modes d’enseignement-apprentissage à la croisée des méthodes. » (Puren, 2013 :14)

L’histoire de l’approche chinoise du FLE est beaucoup plus facile à faire que celle de la France. Actuellement, la majorité des experts chinois se concentre uniquement sur la période

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de la République populaire de Chine au point qu’on ignore l’évolution des approches du FLE avant 1950. Bien que certains auteurs chinois (NA Min, 2000: 226-228 ; WANG Min, 2012 :88-91) pensent qu’on employait la méthodologie traditionnelle des années 1860 (Réf : histoire du développement de l’enseignement de français en Chine) à la Libération de la Chine Nouvelle, la méthodologie directe a été bien importée depuis 1923. (YUAN Chunyan, 2006 :114). Cependant en raison des guerres et des changements de gouvernement, il existe une rupture entre les évolutions des approches du FLE avant et après 1949.

Nous pouvons résumer l’histoire des approches chinoises du FLE de la nouvelle ère en quatre parties (TONG Jing, 2009 :147-148 ; SHU Dingfang, HUA Weifang, 2009 :37-44) : Tableau 20 : Historique des méthodologies

Les années 50 Les années

60-70

Les années 80 Les années 90 A partir de

l’année 1998 Méthodologie de traduction-comparaison Méthodologie audio-orale Méthodologie audiovisuelle Approche communicative Approche communicative et éclectisme

Durant les années 1950, la politique chinoise évitait la coopération avec les pays occidentaux. La méthodologie de traduction-comparaison, celle de l’Union Soviétique, était considérée comme le modèle de formation des langues étrangères. Après avoir découvert les inconvénients de cette méthode et la rupture de la coopération avec l’Union Soviétique, une nouvelle méthode d’approche devenait nécessaire. En réalité, dans les années 1960, la Chine n’avait pas encore compris l’importance des contacts avec d’autres pays. La méthodologie audio-orale n’était pas considérée comme pouvant régler tous les problèmes. Mais après la Réforme et l’Ouverture de la Chine, on put envisager l’opportunité de communiquer et d’échanger avec les étrangers à propos des méthodes didactiques en langue. C’est dans ce contexte que la méthodologie audiovisuelle a progressivement remplacé la précédente.

En 1988, « la Possibilité d’usage harmonieux de la méthode traditionnelle et de

l’approche communicative » (Malay, MA Yinchu, 1988: 65-70) a fait connaître pour la première

fois l’approche communicative. Jusqu’à aujourd’hui, elle occupe une place dominante dans le milieu didactique. Dans un certain sens, l’approche communicative a en réalité changé la condition catastrophique d’apprentissage des étudiants « avec une langue étrangère muette» (CHENG Tongchun, 2004: 56-59 ; WANG Dawei, 2000: 10-16) et est devenue une des meilleures méthodologies. Cependant, le milieu académique chinois a aussi proposé

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l’adaptation des méthodes précédentes aux circonstances particulières chinoises parmi lesquelles un point spécial est le contexte langagier de chinois et d’anglais des étudiants. (DAI Weidong, 2001 :322-327 ; DAI Weidong, WANG Xuemei, 2006 : 2-12 ; SHU Dingfang, 2005 :2-7) En tant que chef du département de français de l’Université des langues étrangères de Beijing, Monsieur FU a aussi confirmé la nécessité de l’éclectisme dans la formation du FLE de Chine. (FU Rong, 2005 : 121-124).

L’éclectisme semble donc un système dynamique qui répond aussi bien aux problématiques globales qu’individuelles. Le choix de la constitution des méthodes varie comme celle des sept notes musicales. La même constitution peut conduire à des effets totalement différents. En suivant les différents niveaux de perception de l’éclectisme (Puren, 2013 :14), nous diversifions les pratiques didactiques, les matériels didactiques et les discours didactologiques.

L’éclectisme dans les pratiques didactiques signifie que par simplification de la

problématique globale de FLE en Chine, les méthodologies ont été lacunaires par rapport aux exigences des situations d’enseignement-apprentissage. (FU Rong, 2005 : 121-124) Dans le

casde la Chine, il convient d’équilibrer les pratiques didactiques, comme par exemple stimuler les plus faibles sans ennuyer les meilleurs, renforcer le progrès collectif en cohérence avec les nécessités individuelles.

Concrètement, quand les étudiants sont motivés ou ont envie de travailler, ils peuvent passer un temps considérable à suivre la méthode du professeur ou trouver une méthode qui leur convient par des essais-erreurs. Cette dernière hypothèse assure leur autonomie, mais elle incite aussi les apprenants à travailler avec plusieurs méthodes parallèlement, par exemple par l’association de l’approche communicative et des méthodes cognitives. La première encourage à parler mais ignore les fautes. La deuxième fait l’inverse. La tâche de formation a donc tout à gagner à opter pour une méthodologie mixte.

Avec le développement des approches du FLE et l’adoption des principes de l’éclectisme, se trouve réalisée la jonction théorique sino-française dans la méthodologie didactique.

Cependant, il existe aussi un grand nombre de problèmes à surmonter dans le travail quotidien des enseignants chinois.

Sans nier la valeur progressiste de l’éclectisme, nous ne pouvons pas encore le concrétiser en Chine. La situation de la France n’a aucun rapport avec le contexte culturel et épistémologique chinois ni avec la structure de sa langue.

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pas toute puissante. Pendant le cours ou aux moments extrascolaires, on ne peut ignorer l’importance des particularités dans les objets de l’enseignement : l’enseignant, l’apprenant, et les matériels d’enseignement. Dans le cas de la Chine, il a manqué des enseignants compétents au cours de l’expansion des départements de français. Par ailleurs, les lycéens chinois ont tous l’habitude de suivre la méthodologie traditionnelle expérimentée dans leur formation secondaire. Il n’est pas dit qu’ils puissent s’adapter directement à une nouvelle approche.

Enfin en Chine, la formation de FLE n’existe pas partout ; elle est souvent contrainte par les connaissances linguistiques, l’adaptation au programme, l’orientation de la formation et le marché de l’emploi.