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THÉORIE DES PULSIONS

Ayant ainsi posé les éléments de base concernant le concept de pulsion, nous allons étudier maintenant l’élaboration conceptuelle de cette notion, afin de comprendre à la fois son importance dans la vie psychique et aussi son impor-tance dans la théorie psychanalytique.

Il est d’usage, et il est d’ailleurs conforme aux faits, de distinguer trois étapes dans le cheminement de la pensée de Freud à ce sujet.

– La première étape est caractérisée par le dualisme entre pulsions sexuelles d’une part, pulsions du Moi et d’autoconservation d’autre part.

– La deuxième étape est marquée par l’introduction du narcissisme dans la théorie des pulsions.

– La troisième étape institue l’opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort.

On peut d’ailleurs remarquer, dans cette perspective historique, que la notion de pulsion ne s’est précisée qu’assez tardivement. Freud avait près de 50 ans quand il en a donné les premières définitions claires, dans les «Trois essais sur la théorie de la sexualité» (1905). Certes, il avait déjà étudié auparavant le conflit psychique qui intervient entre le Moi1 et l’inconscient et précisé que ce conflit faisait intervenir des énergies, mais leur nature restait imprécise.

Pulsions sexuelles et pulsions d’autoconservation

La première élaboration théorique introduit donc cette distinction. La formu-lation la plus claire de ce dualisme, on la trouve en 1910 dans un travail sur La conception psychanalytique des troubles visuels d’origine psychique. Il y écrit: «Les pulsions ne sont pas toujours d’accord entre elles et cela aboutit souvent à un conflit d’intérêt. D’une importance tout à fait spéciale pour nos efforts d’élucidation s’avère l’indéniable opposition qui règne entre les instincts qui servent les desseins de la sexualité, l’obtention du plaisir sexuel et ces autres instincts qui visent à la préservation et à la conservation de l’indi-vidu, c’est-à-dire les instincts du Moi. Le poète disait que l’on peut ranger derrière la faim ou derrière l’amour tout instinct organique actif dans notre âme.»

À la suite de Freud, on peut aussi comprendre cette dualité comme une oppo-sition entre les pulsions qui servent à la sauvegarde de l’individu et les pulsions qui assurent la conservation de l’espèce. Cette opposition, qui sera explicitée un peu plus loin, vient banalement de ce que les pulsions sexuelles, par leurs exigences, peuvent compromettre la sécurité du sujet, en tout cas sa

1. Au sens courant: la personne consciente.

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quiétude à l’intérieur de son milieu social. Il faut bien voir que, s’il était clair depuis longtemps dans la théorie analytique que la force de l’inconscient reposait sur les pulsions sexuelles, c’était une nouveauté que de préciser que le Moi tirait, lui aussi, d’une certaine catégorie de pulsions, la force qui permet de s’opposer à l’inconscient. Donc, au moment de cette première théorie des pulsions, le conflit entre pulsions recouvre exactement le conflit entre les instances de l’appareil psychique.

Toutefois, un apport majeur de cette première élaboration est la notion d’étayage. En effet, pulsions sexuelles et pulsions du Moi ne s’opposent pas d’emblée. Bien au contraire, au début de la vie, les pulsions sexuelles s’étayent sur les fonctions d’autoconservation, c’est-à-dire qu’elles ont en commun avec elles et qu’elles leur empruntent à la fois leur source corporelle et leur objet; à ce moment, les pulsions sexuelles ne se définissent, en somme, que par un certain mode particulier de satisfaction qui n’est, pour ainsi dire, qu’une sorte de bénéfice obtenu en plus. L’exemple type est celui de la succion. Le petit enfant tète pour satisfaire sa faim; mais cette activité lui procure un plaisir en soi et plus tard, en l’absence même de faim, il cherchera à téter ou sucer à la recherche de ce seul plaisir. Dès cette recherche, la satis-faction sexuelle se sépare donc du besoin physiologique. Si la fonction alimentaire fournit un exemple d’étayage type, il faut savoir que toutes les fonctions organiques peuvent fonctionner de même et, singulièrement, les fonctions d’excrétion, miction et surtout défécation. Plus encore, ce ne sont pas seulement les fonctions organiques mais aussi les fonctions de la vie de relation qui étayent les premières satisfactions sexuelles. Ainsi de la vision, du toucher, de l’activité musculaire, voire de l’activité intellectuelle. Ainsi, dit Freud, «il se peut que rien d’important ne se passe dans l’organisme sans fournir une composante à l’excitation sexuelle» (Trois essais sur la théorie de la sexualité).

Une des conséquences importantes de cet étayage sur diverses fonctions du corps est la notion de pulsions partielles. Il faut entendre par là qu’il n’y a qu’une sexualité, qu’une pulsion sexuelle, mais que chez l’enfant, et jusqu’à la phase œdipienne chaque composante de cette pulsion peut fonctionner de façon tout à fait autonome, indépendamment d’un principe organisateur. À ce stade autoérotique, chaque zone érogène est donc susceptible d’apporter un certain plaisir sexuel appelé «plaisir d’organe».

Une autre conséquence intéressante de cette identité des supports organiques des deux fonctions sexuelle et de conservation, c’est l’étiologie des troubles fonctionnels d’origine psychique. Dans un article déjà cité de 1910, Freud a notamment étudié les cécités psychiques. Si le Moi juge que les exigences sexuelles qui s’expriment dans la vue sont trop grandes, il va sévir contre cette utilisation de la vision par l’instinct sexuel. Mais le refoulement, dit Freud, va souvent trop loin, le Moi abandonne, en quelque sorte, l’organe de la vue aux pulsions sexuelles et la fonction de la vision se trouve impliquée tout entière dans le refoulement. C’est, dit-il, comme si le Moi avait jeté le bébé avec l’eau du bain. C’est, dit-il encore, comme si une voix accusatrice s’était élevée chez la personne intéressée pour lui dire: «Puisque tu as choisi de mésuser de l’organe de la vue pour te livrer au plaisir coupable des sens, ce

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sera bien fait pour toi de ne plus rien voir du tout.» Un mécanisme analogue se retrouve dans un grand nombre de troubles déficitaires hystériques (para-lysie, anesthésie, anorexie, etc.).

Certains (dont Freud dans les «Trois essais…») voient aussi dans cette rela-tion entre les deux foncrela-tions une explicarela-tion de la sublimarela-tion1, c’est-à-dire la possibilité, pour une composante sexuelle partielle, de s’exprimer dans des activités non sexuelles.

Sur le plan du développement de la personnalité, ou plus précisément de la relation de la personne à un objet, il ressort de la notion d’étayage que la satis-faction sexuelle, étant à l’origine liée aux fonctions de conservation et, plus particulièrement, à l’alimentation, requiert un objet situé en dehors du sujet:

c’est le sein maternel. C’est-à-dire qu’à une pulsion partielle correspond également un objet partiel. Mais, très vite, la pulsion sexuelle, en se séparant de la fonction d’autoconservation, n’a plus besoin d’un objet extérieur et peut se satisfaire de façon autoérotique. Ce n’est, dit Freud, qu’après la période de latence (mais plus tard il nuancera cette opinion) qu’apparaît de nouveau la recherche d’un objet extérieur, qui est à ce moment-là un objet total. Il conclut: «Trouver l’objet sexuel n’est en somme que le retrouver.»

Ce que nous venons de dire à propos de l’objet nous permet déjà d’apercevoir pourquoi les deux grandes pulsions vont non seulement se séparer mais s’opposer. Freud a dit ce qu’il en pensait dans un article de 1911 «Formula-tion concernant les deux principes du fonc«Formula-tionnement mental». Pour les fonctions du Moi, le principe de réalité supplante très vite le principe de plaisir car ces fonctions, pour se satisfaire, ont impérativement besoin d’un objet extérieur. Tandis que les pulsions sexuelles, non seulement continuent à pouvoir se satisfaire de façon autoérotique mais une satisfaction leur est même possible en dehors de la réalité, sur le mode fantasmatique. (Nous y reviendrons à la fin de ce chapitre). Elles peuvent donc plus facilement rester attachées au principe de plaisir.

Cette notion d’étayage2 marque le développement libidinal bien au-delà de ses phases prégénitales et, chez l’adulte, on parle très couramment d’un érotisme à caractère oral ou anal, par exemple lorsque la pulsion partielle domine dans la relation à l’objet.

Il faut bien voir que la pulsion sexuelle seule a donné lieu à une étude analy-tique. Quant aux pulsions d’autoconservation, elles n’ont jamais été étudiées comme telles, mais seulement dans leur relation avec les pulsions sexuelles. Il semble tout au plus que, de la même façon que Freud distinguait des pulsions sexuelles partielles, il distinguait aussi des pulsions d’autoconservation partielles, liées aux grandes fonctions organiques.

1. La sublimation est étudiée avec les mécanismes de défense, chap. 3.

2. Étayage et anaclitisme sont synonymes: les termes «anaclitique» et «anaclitisme»

semblent plutôt affectés par l’usage au domaine clinique.

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Nous ne nous étendrons pas davantage sur la première étape de l’élaboration de la théorie des pulsions, l’étude détaillée de ces pulsions ayant été faite à l’occasion de l’étude du développement de la personnalité (chap. 1).

« Pour introduire le narcissisme »

Ainsi s’intitulait un long article paru en 1914, alors que cette première cons-truction du champ pulsionnel était encore en gestation. Il a été difficile d’en situer d’emblée l’importance pour les gens de l’époque. Toutefois, ils ont perçu qu’il s’agissait de bien autre chose que d’une simple précision de la théorie. Jones rappelle dans son livre1 qu’il avait alors écrit à Freud que «ce travail avait assené un coup bien désagréable à la théorie des pulsions». La conception d’un dualisme pulsionnel semblait remise en cause. Peu après la rupture avec Jung, Freud semblait se rallier à sa conception moniste.

Dans une première approche, pourtant, les choses paraissent assez simples.

Premièrement la dualité, instincts de conservation, instincts sexuels, est main-tenue. Deuxièmement, c’est la compréhension de l’objet de cette pulsion sexuelle qui est remaniée. C’est-à-dire qu’auparavant Freud distinguait une satisfaction autoérotique (plaisir d’organe) et une satisfaction objectale. Il introduit maintenant une autre modalité qui est l’investissement global du Moi par la libido. Notons au passage que cette introduction du narcissisme a conduit à préciser, sinon à remanier, le modèle topique et la conception du Moi.

C’est à partir de diverses considérations, essentiellement génétiques et écono-miques, que fut élaborée cette notion de narcissisme2. Dès 1910-1911 (Trois essais sur la théorie de la sexualité, l’analyse du «Cas Schreber») il est admis, à la suite d’Abraham qui avait postulé ce mécanisme dans les démences précoces, que la libido se retirant des objets du monde extérieur peut refluer, réinvestissant le sujet lui-même. Ceci conduisait à émettre l’hypothèse, au cours du développement, d’une étape où ce ne sont plus les zones érogènes mais la personne dans son entier (le Moi-corps) qui est investie.

Ultérieurement, et dans une sorte de dialectique de l’identification, l’investis-sement est déplacé sur un objet extérieur «identique»: c’est le stade du choix d’objet homosexuel. Plus tard se ferait l’investissement d’un objet hétéro-sexuel. Mais le Moi demeure toujours partiellement investi et les investissements objectaux lui restent reliés, selon l’image classique, comme les pseudopodes d’une amibe restent reliés à la région du noyau. Il y a comme une sorte de balancement entre ce que l’on appelle dès lors libido du Moi et libido d’objet. «Plus l’une absorbe, précise Freud, plus l’autre s’appauvrit».

(On remarque au passage qu’il s’établit donc là une autre application du prin-cipe de constance). «Le Moi doit être considéré comme un grand réservoir de

1. La Vie et l’Œuvre de Sigmund Freud.

2. Voir aussi le narcissisme au chapitre I.

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libido, d’où elle est envoyée vers les objets et qui est toujours prêt à absorber de la libido qui reflue à partir des objets».

La libido étant l’énergie des pulsions sexuelles, elle tire son origine du Ça;

c’est donc cette instance qui en est, en quelque sorte, le réservoir originel; ce n’est qu’après son premier investissement narcissique que le Moi dispose vraiment d’une réserve libidinale. Notons que ce premier investissement massif et exclusif laisserait une trace, la nostalgie d’une plénitude et d’une absolue félicité qui donnera, après remodelage par l’éducation, l’Idéal du Moi évoqué à propos de la seconde topique.

En fait, cette théorisation révèle certaines difficultés. Ce que nous venons d’en dire implique un double aspect du narcissisme: étape de l’évolution libidinale mais aussi donnée structurale permanente du Moi. (Pour certains auteurs, le narcissisme serait une entité plus ou moins comparable à une instance et disposant d’une énergie propre). Mais comment concevoir, dans l’une comme dans l’autre perspective, les notions de narcissisme primaire et de narcissisme secondaire, notions pourtant bien établies et utilisées par la quasi-totalité des auteurs après Freud?

Le narcissisme secondaire semble le moins embarrassant: concept essentiel-lement clinique, il s’entend de toutes les situations où se rencontre un reflux sur le Moi de la libido objectale. L’expression narcissisme primaire veut désigner la situation initiale où la libido investit le sujet lui-même. À quel moment placer cette étape? Il semble que nous l’ayons déjà vu: pour Freud, jusque vers 1915, elle se situe après l’autoérotisme. Mais lui-même, dès 1916, invoque un investissement narcissique beaucoup plus archaïque, antérieur à tout investissement du monde extérieur. Cette conception a généralement prévalu; ce stade, dont le prototype sera la vie intra-utérine, serait caractérisé par une double indifférenciation: entre le Moi et le Ça et entre le Ça-Moi et le monde extérieur.

Cette conception soulève quelques problèmes. D’abord, les notions d’inves-tissement et de narcissisme (au sens d’un mouvement réfléchi) y perdent leur signification. Par ailleurs, pour certains analystes, à la suite de M. Klein, le nourrisson a d’emblée des relations de type objectal et présente un Moi fonc-tionnellement actif. Donc l’état indifférencié devient un état fœtal hautement hypothétique. Aussi, certains auteurs se rapprochant des premières vues de Freud, ont situé le narcissisme primaire au moment où se constitue (par inté-riorisation d’une image de l’autre) un Moi-personne (un Je) unifié et nettement «identifié», en liaison avec l’acquisition du schéma corporel (cf. le stade du miroir de J. Lacan).

Quoi qu’il en soit de ces débats, on peut retenir que le narcissisme nous a amené à considérer trois ordres de faits:

– Un état totalement indifférencié (Moi-Ça et sujet-monde extérieur).

– La constitution d’une image unifiée de soi (par «fédération» des autoéro-tismes et/ou par intériorisation d’une image de l’autre).

– Le retrait sur le Moi de la libido investissant les objets extérieurs (narcis-sisme secondaire).

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Avec un peu de recul, il faut bien admettre que les craintes exprimées par Jones étaient fondées. Les pulsions d’autoconservation avaient déjà une importance modeste et une individualité assez fragile mais, dès lors que les voici investies d’une énergie sexuelle — puisque le narcissisme dit Freud est le complément libidinal de «l’égoïsme» (ou «intérêt du Moi») propre à l’instinct de conservation — elles semblent bien être totalement submergées par la sexualité. D’autant qu’on voit mal l’intérêt de distinguer autoconserva-tion et amour de soi.

Par la suite, Freud dégagé du souci de rassurer ses disciples reconnaîtra lui-même que «le long progrès de la recherche psychanalytique avait semblé marcher dans les pas des spéculations de Jung sur la libido originaire, d’autant plus, ajoute-t-il, qu’à la transformation de la libido d’objet en narcissisme était inévitablement liée une certaine désexualisation»1.

En fait, le mouvement analytique aura à peine commencé à digérer cette nouveauté que déjà interviendra une autre étape et un nouveau dualisme pulsionnel.

Dernière théorisation de Freud sur les pulsions

Elle s’inscrit dans un remaniement général de la théorie analytique. Ces modi-fications ont solidement pris forme dans l’article de 1920 «Au-delà du principe de plaisir», mais il est certain qu’elles étaient en gestation depuis longtemps. Dans l’article de 1915 sur «Les pulsions et leurs destins» la genèse du couple antagoniste amour-haine, en particulier, posait un problème dont la solution n’était pas pleinement satisfaisante.

Il est intéressant de remarquer que cette nouvelle conceptualisation du champ pulsionnel axée, nous l’avons dit, sur le dualismepulsions de vie-pulsions de mort, n’est pas le fait d’une méditation a priori mais apparaît comme l’abou-tissement d’une série d’exigences logiques issues d’observations cliniques.

Ici, en résumé, la pulsion de mort2 est postulée à la suite d’une remise en cause du principe de plaisir par la compulsion de répétition. En effet, dans les rêves angoissants et répétitifs de la névrose traumatique, dans l’éternel retour de situations pénibles (névrose de «destinée», certaines phases des cures analytiques, voire certains jeux d’enfants) il n’apparaît pas que le prin-cipe de plaisir trouve en quelque manière son compte (contrairement à ce qui se produit pour le retour du refoulé: formation de substitution, formation de compromis). Il semble donc exister dans la vie psychique «une tendance irré-pressible à la répétition qui s’affirme sans tenir compte du principe de plaisir, en se mettant en quelque sorte au-dessus de lui». Certes, on peut essayer d’expliquer cette tendance à la répétition en y voyant des tentatives du Moi

1. De ce problème controversé de la désexualisation, nous relevons, outre son lien avec le narcissisme secondaire, sa corrélation avec la sublimation: c’est l’énergie désexualisée lors de son retrait narcissique qui permet ces investissements à but non sexuel (v. la sublimation au chap. 4).

2. L’expression s’emploie indifféremment au singulier ou au pluriel.

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pour maîtriser des affects pénibles, ou encore en constatant que ce qui est déplaisir pour un système de l’appareil psychique peut être plaisir pour un autre (on parle volontiers, à propos de la compulsion de répétition, de «résis-tance du Ça»). Mais, pour Freud, ces explications, pour recevables qu’elles soient, ne sont pas suffisantes.

Par le détour de considérations biologiques et surtout économiques, où il reprend la conception du traumatisme et de l’angoisse, il en vient alors à supposer que la tendance à la répétition est une propriété générale des pulsions qui poussent l’organisme à reproduire, à rétablir, un état antérieur auquel il avait dû renoncer. Le changement, le progrès, serait dû à l’action de facteurs extérieurs, de facteurs perturbants qui obligent l’organisme à sortir de cette inertie. Mais alors, l’état antérieur à la vie étant l’état inorganique, on peut dire que la pulsion tend à ramener l’organisme vers l’inorganique, ou encore que la fin vers laquelle tend toute vie est la mort. Et c’est ainsi qu’il en arrive à postuler aux racines de notre vie psychique une pulsion de mort. À celle-ci s’oppose la pulsion de vie, l’Eros, force qui tend à organiser des ensembles de substance (vivante) de plus en plus complexes et à les maintenir tels.

Désireux de ne pas rester dans le domaine de la spéculation pure, Freud essaye alors d’étayer cette conception sur des considérations biologiques.

Celles-ci n’étant pas pleinement satisfaisantes (les organismes unicellulaires pouvant être considérés comme virtuellement immortels) il revient à des considérations plus cliniques à propos du sadisme et du masochisme.

Jusqu’ici, le sadisme faisait partie de l’instinct sexuel. Mais il était tout de même bien particulier puisqu’il pouvait avoir pour but non seulement la

Jusqu’ici, le sadisme faisait partie de l’instinct sexuel. Mais il était tout de même bien particulier puisqu’il pouvait avoir pour but non seulement la