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NÉVROSES AUTHENTIQUES

L’intrication des différents types d’organisations névrotiques est telle qu’on pourrait croire au caractère totalement artificiel des distinctions nosographi-ques. Il n’en est rien cependant dans la mesure où les organisations hystériques et obsessionnelles, en particulier, continuent de s’opposer non seulement sur le plan didactique mais également sur le plan clinique. Encore faudrait-il repérer le décalage essentiel qui différencie l’hystérie au sens large et les comporte-ments obsessionnels.

Sans doute l’hystérie apparaît comme l’expression d’une pulsion habitée par le corps, à l’inverse les comportements obsessionnels comme le fruit d’une mentalisation. Mais cette distinction n’est pas suffisante.

D’une manière plus précise, l’hystérie prend pleinement en compte la toute-puissance de la pulsion et en assume les conséquences: de sa limite extrême, le désir de désir inassouvi, à son incorporation majeure, à savoir le fantasme inces-tueux. C’est en ce sens qu’avec l’hystérie toute pulsion va devenir incestueuse.

À l’inverse, l’isolation obsessionnelle joue un rôle de repère essentiel par la transformation de l’omnipotence pulsionnelle en pulsion d’omnipotence, mentalisée sous forme de toute-puissance de la pensée.

Aussi, lorsque les développements de l’imaginaire obsessionnel se confron-tent au doute, c’est-à-dire aux failles de l’omnipotence, il faut l’oblitérer par la mise en place de la pensée magique, telles les superstitions avouées ou inavouables qui nous habitent tous à des degrés divers et prennent ici la forme de rites.

Si les fonctionnnements hystériques et obsessionnels coexistent au sein d’une même personnalité, leurs articulations sont également repérables: ainsi, on peut percevoir le moment où le sujet s’échappe d’un comportement omnipo-tent de maîtrise intellectuelle irrespirable pour récupérer son noyau hystérique à travers une réalité pulsionnelle plus spontanée et plus expressive. À l’inverse, le contrôle mental peut apparaître salvateur par rapport à un envahissement d’affects générés par le téléscopage de représentations nouvelles d’avec des

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représentations inconscientes, incestueuses plus anciennes. Les nouvelles

«situations» réactivent les représentations latentes qui, elles-mêmes, inspirent de nouvelles représentations. C’est le cercle vicieux, plus ou moins créatif, de l’hystérie.

Chaque personnalité représente ainsi un curieux équilibre où les éléments hystériques et obsessionnels, s’ils ne sont pas évidents, n’en existent pas moins dans la complexité des conflits internes, tels les moteurs essentiels de notre vie pulsionnelle et qui, du même coup, colorent le caractère de chacun.

Les formes pathologiques avec mise en évidence des symptômes hystériques ou obsessionnels typiques apparaissent, dès lors, comme les échecs flagrants des efforts d’adaptation du sujet.

Elles correspondent évidemment à des situations où les conflits intrapsychi-ques œdipiens ou/et préœdipiens sont majeurs et ne peuvent espérer se résoudre que par l’apparition de symptômes coûteux pour la vie psychique et la vie tout court des sujets.

Points asymptotiques des émergences hystériques et obsessionnelles, les structures sous-jacentes se situent, alors, souvent en deçà de la névrose. Para-doxalement, la description classique de la névrose obsessionnelle correspond, ainsi, souvent à la couverture d’une psychose ou d’un état limite. Les symp-tômes obsessionnels ne peuvent véritablement être considérés comme névrotiques que dans la mesure où le volant hystérique sous-jacent, s’il existe, est lui-même suffisamment névrotique.

Hystérie Historique

Depuis la plus haute antiquité et en particulier Hippocrate, l’hystérie désignait des troubles nerveux que l’on observait chez des femmes qui n’avaient pas eu de grossesses et qui abusaient des plaisirs vénériens oubliant l’étymologie créatrice de l’origine du mot.

Au Moyen Âge, une note particulière y a été ajoutée, c’est la possession par le démon avec en particulier les fameuses histoires de sabbats des sorcières.

En fait, c’est à Charcot qu’il revient d’avoir su distinguer au cours du

XIXe siècle l’hystérie de l’épilepsie. Il continue cependant de la classer dans les troubles physiopathiques du système nerveux.

Puis Babinsky en soulignant la suggestibilité (ou du moins ce qu’il considérait comme telle et qui est en réalité la labilité des symptômes) et en créant le terme de «pithiatisme» a permis de séparer ce qui appartient à la psychiatrie de ce qui revient à la neurologie. En fait les confusions persisteront et plusieurs directions seront prises confirmant les divergences jusqu’à nos jours:

– Pour Janet qui n’a jamais abandonné les théories organicistes de Jackson, il s’agit essentiellement d’un affaiblissement de la tension psychique que peuvent favoriser des chocs émotionnels et des souvenirs traumatiques. Cet état expliquerait l’action suggestive et la guérison par l’hypnose de ces malades.

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– Pour d’autres «cette inconnue dans la maison», cette «mauvaise herbe de la médecine» selon Lasegue, sera considérée comme une simple attitude de simulation.

– Dans le même temps, elle fécondera le génie de Freud. Un instant élève de Charcot, il retournera à Vienne, pour écrire avec Breuer, quelques années plus tard les fameuses «études sur l’hystérie». On pourra y lire, reprenant en quelque sorte la définition antique: «à peine sorti de l’école de Charcot, je rougissais de la connexion entre l’hystérie et la sexualité, à peu près comme les patientes elles-mêmes le font en général». Dans un premier temps, il parlera de traumatisme sexuel pendant l’enfance pour, dans un deuxième temps abandonner l’explication traumatique directe et intégrer l’hystérie dans le cadre des avatars de l’évolution libidinale.

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Symptômes somatiques

Les deux symptômes majeurs de l’hystérie sont des manifestations radicale-ment contradictoires:

– la crise d’hystérie liée à des représentations dont l’émergence exalte les affects dans un paroxysme sans limite surtout s’il y manque des relais obsessionnels;

– la conversion somatique, sorte de symbolisation incarnée des représenta-tions, qui réussit à abolir les affects sous-jacents (cf. la pièce d’Arthur Miller

«Le miroir»).

• La crise d’hystérie

La grande crise décrite par Charcot est une crise d’agitation spectaculaire dont la symbolique sexuelle est souvent présente et qui peut prendre toutes sortes de formes, depuis l’accès somnambulique en plein jour jusqu’à l’identi-fication de la crise d’épilepsie. En général, la perte des urines et la morsure de la langue manquent dans la crise hystérique alors qu’elles sont présentes dans l’épilepsie. L’électroencéphalogramme et surtout le contexte (extravagance, théâtralisme, labilité) feront le diagnostic.

Les équivalents mineurs vont de la crise «nerveuse» d’agitation à l’évanouisse-ment subit en passant par les tétanies sans substratum biologique (hypocalcémie) ou spasmophilies.

Quant à l’exaltation envahissante et sans nuance dont le principe est d’attirer absolument l’attention sur soi dans un histrionisme qui devient lassant, c’est sans doute l’expression la plus fréquente de l’hystérie douloureuse. Cette créativité rudimentaire s’oppose à la présence conviviale et vivante qui, elle, fait de l’hystérie cette invention permanente dont la fluidité est une des formes les plus évoluées du psychisme humain. Certains sujets passent de l’une à l’autre d’une manière désarmante. C’est là en tout cas que se situe la zone de passage entre l’hystérie pathologique et souffrante et l’hystérie inven-tive à la pointe de l’inspiration.

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• Les conversions hystériques

Les paralysies sont les troubles les plus fréquents, elles sont cliniquement rarement bien constituées, le plus souvent bizarres dès le premier abord: il n’y a évidemment pas de troubles des réflexes. Elles peuvent toucher les deux membres inférieurs (astasie-abasie), un membre (monoplégie), les cordes vocales (aphonie). On peut leur adjoindre la cécité hystérique avec rétrécisse-ment concentrique du champ visuel. Le diagnostic différentiel avec la sclérose en plaques (paralysies en foyers) posera parfois quelques problèmes en raison du caractère disparate des symptômes de part et d’autre.

Les anesthésies et surtout les œdèmes localisés constituaient ce qu’on appelait

«les stigmates hystériques». La topographie aberrante des premières, le carac-tère provoqué des secondes ne trompent pas longtemps.

Les manifestations algiques ne sont pas absentes et poseront de difficiles problèmes avec, en particulier, les douleurs hypochondriaques, sans compter les douleurs organiques réelles. Outre l’absence de signes d’organicité à l’examen médical, c’est chaque fois le contexte psychique qui fera le diagnostic.

Symptômes psychiques et caractère hystérique

Les manifestations d’ordre psychique si elles coexistent avec les «symptômes somatiques» se suffisent le plus souvent à elles-mêmes, elles sont d’ailleurs beaucoup plus fréquentes que les classiques accidents de conversion; aussi on a pu vouloir opposer à la conversion somatique les symptômes psychiques de l’hystérie. Il n’existe en réalité pas de solution de continuité car ces symp-tômes psychiques restent essentiellement des mouvements du corps qui échappent à leurs auteurs et doivent donc eux aussi être considérés comme de véritables conversions somatiques.

• Séduction et avidité affective

Ils en sont le premier symptôme, premier dans la présentation et surtout dans ce qu’elle a d’essentiellement subjectif. Cette manière d’être de l’hystérique a été décrite de façons multiples: besoins d’attirer l’attention sur soi, égocen-trisme, dépendance affective, manque de contrôle émotionnel, coquetterie, provocation, érotisation de la relation, etc. En fait, il s’agit d’un seul et même phénomène, sorte de précipitation affective qui a tendance à raccourcir spon-tanément les distances avec l’autre. Là encore, cette affectivité débordante peut prendre des aspects très divers depuis le débordement de demande intem-pestive à un ludique plus discret teinté d’humour qui fait le charme d’une présence.

• Fuite ou amnésie

Elle caractérise en effet le second mouvement. Si l’attitude de retrait de l’hystérique peut parfois prendre l’allure de fugues véritables, le plus souvent il se manifeste d’une manière beaucoup plus subtile: c’est l’amnésie hysté-rique. Sans aller jusqu’aux classiques histoires du «voyageur sans bagages», il s’agit simplement de l’oubli d’un événement où le patient est trop engagé dans ses affects et à tout ce qui s’y rapporte. Parfois, il s’agit d’une véritable

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amnésie des mots que l’hystérique veut prononcer et oublie aussitôt. Mais le fantasme essentiel, parfois réalisé, reste la fuite par inanition ou mieux par inhibition (cf. «Le ravissement de Lol. V. Stein» de Marguerite Duras). À un degré mineur, la fuite dans le sommeil en est souvent l’équivalent mineur.

Les relations sexuelles sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne le dit classi-quement et la frigidité beaucoup plus rare qu’on ne le croit. Mais le comportement sexuel ne peut se réaliser que dans une sorte de halo amné-sique, il ne faut pas l’avoir prévu et en tout cas, il faut l’avoir tout de suite oublié.

Enfin, le plus souvent l’hystérique a besoin d’écrans qui le séparent de ses objets d’amour ce qui lui permet d’oublier ce qui est en question (cf. l’histoire de Dora dans les cinq psychanalyses). Il peut en résulter une multiplicité d’objets abandonnés les uns après les autres dès que la duplicité ne peut plus être soutenue. Mais l’absence est due beaucoup plus à une inhibition qu’à un passage à l’acte. Crainte d’être envahi par les affects ou jeu de désir inas-souvi? L’hésitation paraît toujours de mise et l’hystérique semble souvent ne pas le savoir lui-même.

C’est d’ailleurs une caractéristique de l’hystérie que de ne rien vouloir savoir.

Comme si sachant quelque chose d’elle-même elle risquait de se désagréger.

Ce qui en définitive n’est pas exact: il est très possible de percevoir l’hystérie monter en soi et d’en garder le contrôle. C’est sa forme la plus évoluée, celle qui distille l’inspiration. À l’inverse, les hystéries qui s’enferment systémati-quement dans l’évitement du «non savoir» font douter de leur nature névrotique (cf. les troubles narcissiques des états limites).

• Caractère hystérique

L’ensemble de cette attitude correspond donc à un double mouvement séduc-tion-retrait marquant cette véritable ambivalence au niveau du corps qui est le signe distinctif de l’hystérie. La névrose obsessionnelle étant, elle, caracté-risée par une attitude d’ambivalence au niveau de la pensée. Ce mouvement de provocation et de leurre, on le retrouve d’ailleurs au niveau du symptôme de conversion d’apparence médical, le double mouvement y est en quelque sorte condensé et du coup ininterprétable. Il en est de même dans les fabula-tions et les comportements mythomaniaques, voire dans la tentative de suicide, elle-même manière de fugue, et dont le caractère non préparé, à la sauvette, n’en contient pas moins des éléments de provocation.

L’hystérique mène ainsi une double vie (d’où sentiment de dédoublement de personnalité):

– L’une, celle de ses symptômes, qu’ils soient physiques ou psychiques, semble lui donner une aisance, une insouciance enviables, c’est la belle indif-férence de l’hystérique. La conversion a subtilisé totalement l’angoisse.

L’aisance du corps doué d’une véritable ubiquité donne l’aspect théâtral qui souligne du même coup la nécessité d’avoir des spectateurs.

– L’autre, en fond de tableau, qui paie l’automystification de la précédente, car la victime de l’hystérique n’est pas tant l’objet délaissé qu’elle-même, d’où le sentiment d’abandon, d’impuissance et d’échec qui peut réveiller l’angoisse endormie. Mais cette dernière, lorsqu’elle apparaît est toujours

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labile, prête à disparaître à nouveau ou bien tellement disproportionnée qu’il faut la considérer comme un véritable symptôme parmi les autres. Il en est généralement de même avec des états dépressifs où dominent les éléments psychiques, c’est-à-dire la richesse de la fantasmatisation.

Enfin l’hystérie est souvent invisible. Elle n’en est pas moins douloureuse et cela pour une raison essentielle à savoir l’envahissement constant des affects.

«L’hystérique vit de la dévoration de ses affects» écrit André Green. Mais, est-ce dû à l’absence de représentations liées au refoulement ou au contraire au retour du refoulé de représentations insupportables essentiellement inces-tueuses? De toutes manières, le refoulement de la représentation et la répression des affects qui lui est liée sont des verrous insuffisants tant le moteur essentiel de l’hystérie est toujours pulsionnel. Aussi serait-il plus exact de dire que l’hystérique, se créant toujours de nouvelles représentations plus ou moins conscientes, allume en permanence le feu qu’il passe son temps par ailleurs à éteindre.

Créativité et inhibition d’une part, agressivité et voracité allant jusqu’à la toxi-comanie d’autre part, apparaissent dès lors comme des issues permettant d’échapper à la toute-puissance des affects.

Ainsi, les mots deviennent des attributs bien particuliers, tabous parce que trop explosifs, ou au contraire exhibés dans leur violence nue pour du moins tenter de répandre et de faire partager l’immaîtrisable.

L’hystérie oscille ainsi entre une remémoration cachée et l’exhibition de nouvelles représentations. Opération centrale du désir humain, on peut comprendre que cette machine infernale diffuse des affects qu’il faut à tout prix gérer et ne jamais détruire.

Économie

Paradoxe de l’hystérique

En effet, paradoxalement, on peut dire que si l’hystérique oublie tout le temps (amnésie, trous de mémoire) c’est pour se défendre d’une remémoration cons-tante contre laquelle il lutte en relation avec les fantasmes touchant les objets sexuels incestueux. Cela dit, affects et représentations n’ont pas des destins aussi différenciés qu’on pourrait le croire:

– D’une part, les représentations subissent l’effet du refoulement, un refoule-ment en principe réussi car l’amnésie est totale, c’est la «belle indifférence»

de l’hystérique du moins dans les accès exhibés ou non de la conversion. Car la «belle indifférence» est un extrême privilégié pourrait-on dire, dans la mesure où elle est souvent remplacée par une inhibition tenace. Enfin ce qui subsiste des représentations est retourné en son contraire: le désir sexuel est transformé en dégoût sexuel.

– D’autre part, les affects sont détachés de la représentation psychique gênante pour se convertir dans le domaine corporel en symptôme somatique ou dans leurs équivalents psychiques. Malgré le refoulement des représenta-tions, ces décharges d’affects conservent une sorte de relent de leurs origines, d’où le caractère symbolique des conversions somatiques, le caractère érotisé

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des conduites psychiques. Tout se passe comme si les représentations sexuelles refoulées du système conscient trouvaient une certaine résurgence dans la manifestation des affects et continuaient de parler au niveau des symp-tômes; mais ce caractère échappe totalement à l’hystérique car les symboles sont travestis par le déplacement (verge = cage thoracique, dans l’histoire de Dora). En somme, le langage change d’instrument mais il continue à tenir son discours (J. Lacan). Or, il peut, malgré tout, arriver que l’instrument parle trop fort et que l’hystérique ne puisse plus être dupe de l’affect qui le submerge. La solution d’urgence est l’inversion de l’affect: le dégoût sexuel à la place de l’attirance sexuelle.

Enfin, lorsque toutes ces solutions sont épuisées, il n’en reste plus qu’une:

disparaître par l’amnésie, le sommeil ou l’inanition (A. Green).

Les niveaux de conflit

De plus, l’économie de l’hystérie reste insaisissable tant il lui faut à la fois refouler affect et représentation et, en même temps, se nourrir de l’énergie libre des affects pour reconstruire inlassablement de nouvelles représenta-tions. Ce double mouvement a-t-il pour but de se cacher à soi-même l’importance de représentations refoulées irreprésentables comme le désir incestueux? Ou au contraire, s’inscrit-il dans une thématique du désir de désir inassouvi? L’hystérie deviendrait alors cette pulsion inconsciente qui voudrait à tout prix jouer quoi qu’il arrive avec l’impossible. Concilier les deux revien-drait à considérer que l’hystérie n’est rien d’autre que la rencontre du sexuel et de l’insatiable, y compris sa composante narcissique.

Aussi, le conflit pulsionnel de l’hystérie oblige à sortir d’un simple compromis entre pulsion et défense qu’incarneraient la conversion et sa complice l’inhibi-tion. On peut même imaginer que la conversion participerait à la créativité de l’hystérie mais resterait une forme inachevée, empêtrée d’inhibition, et l’inhi-bition, une mise en attente, aux aguets d’une nouvelle créativité possible.

Genèse

On peut enfin considérer que l’hystérie doit être envisagée dans son histoire et pas seulement d’une manière structurelle.

Conserver le «Moi-pulsion» pour exister et cela malgré l’éruption en plusieurs temps de la sexualité paraît être l’impératif majeur. Toute l’histoire de l’hystérie conduit à penser qu’au travers de cette tragédie (l’écartèlement du «Moi-pulsion»), il lui faut constituer un noyau érotique qui puisse survivre, c’est-à-dire permettre de faire coexister le Moi avec ses pulsions insatiables.

Quand Freud reconnaît qu’il existe «dans la nature de la pulsion sexuelle elle-même (quelque chose qui) ne soit pas favorable à ce que se produise la pleine satisfaction» (ce que Lacan dire d’une manière plus lapidaire par cette expres-sion: «le réel c’est l’impossible»), il faut y voir autre chose qu’une ligne Maginot défensive. L’apprentissage du jeu avec l’impossible peut permettre progressivement au «Moi-Pulsion» de pouvoir continuer d’exister hors des extrêmes fanatiques ou caractériels, grâce à l’élaboration du conflit œdipien.

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Ainsi, la constitution de ce que nous appelons le noyau hystérique peut se repérer en trois temps essentiels.

– Une hystérie primitive qui s’inscrit dans le stade du miroir du regard de l’autre. Elle relève d’une identification à l’insatiable réciproque, à la fois connivence et refus maternel de se laisser envahir. Le «non» de l’enfant autour des 18 mois reprend ce jeu étonnant avec un savoir qui paraît déroutant tant, avant le caprice, l’enfant sait jouer avec ce «non». C’est là, la fondation du Soi en miroir.

– L’identification hystérique primaire à la scène primitive (Michel Fain et Denise Braunschweig) introduit l’intuition précise du sexuel œdipien qui serait déjà latent, ne serait ce que dans la trilogie formée par l’enfant entre sa

– L’identification hystérique primaire à la scène primitive (Michel Fain et Denise Braunschweig) introduit l’intuition précise du sexuel œdipien qui serait déjà latent, ne serait ce que dans la trilogie formée par l’enfant entre sa