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D) La question du ghetto : un ghetto à la française ?

3) La thèse du ghetto dans la sociologie urbaine française

3) La thèse du ghetto dans la sociologie urbaine française

Alors qu’il était associé principalement à l’histoire des juifs en Europe et de celle des noirs américains dans les mégalopoles des Etats-Unis, le terme de ghetto de nos jours renvoie à un discours, qui fait écho aux zones en grandes difficultés autour des grandes villes dans un contexte de pauvreté, de stigmatisation des habitants et de leurs territoires et de racisme latent. Paradoxalement donc, de nos jours, la notion de « ghetto » fait davantage référence à la situation nord américaine. Pour Loïc Wacquant348, il s’agit bien plus d’un « mythe » que d’une réalité. En ce sens, le concept n’est pas applicable à la situation des quartiers

345 S. Tissot, Ibid.

346

Nous citons l’article de S. Tissot ; quartiers sensibles, classes dangereuses ? Enquête sur la reformulation de la question sociale après l’émeute de Vaulx-en-Velin (1990), in Cultures et sociétés urbaines. Source Internet : http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Collo/ColloqueSensible.pdf

347

R. Castel, op. cit.

« sensibles » français. Pour d’autres et notamment Didier Lapeyronnie, le ghetto « français » est une réalité qui rend compte d’une logique intériorisée.

Si nous devions « résumer » les deux thèses qui s’opposent actuellement dans la littérature sociologique, nous pourrions les illustrer par deux approches distinctes : l’une « territorialisée » qui a tendance à rejeter l’hypothèse du ghetto « à la française » et une autre « mentalisée » ou « individualisée » qui tend à démontrer sa pertinence.

a) Les « ghettos sceptiques » français

Nous proposons de qualifier de « ghettos sceptiques » français les auteurs qui dénient a priori la possibilité d’appliquer le terme de « façon territoriale », à la réalité et aux conditions contemporaines des quartiers « sensibles ».

L’argumentation principale des ghetto sceptiques français se fonde sur l’opposition, voire l’antagonisme de la définition du ghetto noir américain. Ce dernier est constitué selon des paramètres établis notamment par Loïc Wacquant349 qui émet quatre critères « territoriaux » essentiels à la définition du ghetto « américain ».

Celui-ci correspond dans un premier temps à une zone de désolation sociale ; c'est-à-dire qu’il existe une réelle rupture physique avec le reste de la ville : maisons délabrées refaites tant bien que mal par les habitants eux-mêmes, mobiliers urbains dégradés ou détruits, déchets et immondices de tous genres gisant sur le trottoir ou même en plein milieu de la rue, voitures calcinées qui pourrissent sur des terrains vagues…le passant étranger penserait débarquer dans une espèce de « no man’s land ».

Le second critère consiste à dire que le ghetto est abandonné étatiquement. En ce sens, l’Etat n’assure plus son rôle de maintien du « vivre ensemble » régi par des lois. La propreté publique n’y est plus assurée, l’éclairage publique n’y est pour la plupart du temps plus garanti, la population effectue souvent ses propres branchements électriques non homologués. Les personnes de ces ghettos sont livrées à elles mêmes, sans aides sociales, sans accompagnement « publique », ni assistance.

La troisième caractéristique du ghetto américain est la violence ; une violence exacerbée qui découlerait si nous pouvons nous exprimer ainsi des deux critères précédents. La violence dans les ghettos est quotidienne et rassemble pour la plupart des cas des homicides violents.

Cette criminalité peut être connectée avec la constitution des fameux « gangs350 » américains, qui livrés à eux-mêmes deviennent de véritables « têtes brûlées » inscrits dans un mode de vie singulier, dominé par la loi du plus fort et de l’« omerta urbaine », dans lequel le clan prend tout son sens : revendication et appropriation territoriales menant à des luttes et conflits meurtriers et arbitraires.

Enfin, le dernier paramètre constitutif d’un ghetto (en comparaison à l’exemple américain) est l’uniformité « raciale » de la population. En effet, le ghetto étasunien concentre une population noire à hauteur de plus de 95%351. La scission avec les autres quartiers qualifiés de « blancs » est extrêmement remarquable. C’est la raison pour laquelle certains sociologues nomment cette situation d’« hyper ségrégation352

».

De ce point de vue, Loïc Wacquant « démonte » la pertinence de la comparaison des cités françaises avec la situation des quartiers nord américains. La pensée de cet auteur s’éloigne de la comparaison du ghetto nord américain. De façon déductive, selon l’idée du sociologue, les quartiers en France ne sont pas des zones à l’abandon d’un point de vue d’intervention étatique. L’état y est présent comme le montrent les nombreuses structures à diverses vocations (centres socio-éducatifs, associations…) elles-mêmes financées en partie par les pouvoirs publics (Etat, collectivités…) en matière de Politique de la Ville. Quelque soit notre avis sur l’efficacité des dispositifs, sur la pertinence et l’adaptabilité de ceux-ci, l’Etat exerce son pouvoir, preuve en est également la présence des forces de l’ordre qui d’ailleurs, selon certains sont trop démonstratives.

En outre, toujours en déduction de l’opinion du sociologue, en dépit d’un habitat social et d’un contexte urbain parfois dégradés, les « cités » ne sont ni des zones de « désolation » à l’instar du Bronx à New York, ni des paysages « lunaires » selon l’exemple américain. Toujours selon l’analyse de Loïc Wacquant, les « quartiers » ne sont pas des territoires d’uniformité « raciale » exacerbée. Même si les minorités ethniques sont plus nombreuses

350

F. Trasher, The gang, University Press, 1927.

351 L.Wacquant, Pour en finir avec le mythe des « cités-ghettos ». Les différences entre la France et les Etats-Unis, Annales de la Recherche Urbaine, N°54, 1992.

352

D. Massey, N Denton, « Hypersegregation in U.S Metropolitan Areas: Black and Hispanic Segregation Among Five Dimensions”. Demography, 1989, p373-391.

dans les territoires des grands ensembles, elles ne constituent pas la quasi-totalité de la population y résidant.

De plus, concernant la violence dans les quartiers, largement relayée par les médias, les « quartiers sensibles » ne présentent pas le même « degré » de criminalité. Pour exemple, les homicides volontaires, les crimes graves et les armes à feu (en libre circulation aux Etats-Unis) ne sont en aucun cas comparables à la situation française.

Au final, l’approche territoriale du ghetto « français », positionne la thèse qui place le ghetto en position de « mythe », difficilement applicable aux quartiers sensibles français. Sous cet angle, le sociologue se distancie de la notion de « cité-ghetto » illustrée par l’exemple des ghettos nord américains.

Au total, pour Loïc Wacquant, principal « promoteur » de la thèse d’une non existence des « ghettos français », la dimension territoriale des ghettos américains ne permet pas de positionner les « quartiers » français en tant que tels. Depuis ce point de vue, d’après l’auteur, nous retenons l’idée que la France n’est pas les Etats-Unis d’Amérique en termes d’existence de ghettos et que ce dernier tient davantage du stigmate car il n’existe pas en soi.

Cependant, d’autres sociologues émettent l’hypothèse que le ghetto est mentalisé, porté par les « victimes » de la ségrégation et de ce fait, ils proposent une autre conception du ghetto « français », distanciée de l’analyse territorialisée.

b) Les ghettophiles français

Parallèlement à l’expression « ghettos-sceptiques », nous proposons de qualifier de « ghettophiles » les auteurs qui « croient » partiellement ou totalement en leur existence, en France contemporaine, ou du moins qui opèrent le rapprochement des situations des quartiers français à celles des ghettos américains, ne prenant donc pas uniquement en compte les critères énoncés précédemment. Ils se basent non seulement sur l’aggravation de la situation économique et sociale des « quartiers » mais aussi sur la place de la relégation sociale territoriale et du processus de ségrégation à dimension « raciale ».

Les ghettophiles français mobilisent une définition propre et interne au ghetto lui-même et le place comme une construction externe de par la société qui le régit.

Par différence avec la conception de Loïc Wacquant, Didier Lapeyronnie353définit le ghetto comme étant également et surtout un espace où les modes de vie de la population se sont adaptés aux conditions d’existence du quotidien. C’est en ce sens que la création d’une organisation sociale originale constitue le ghetto. C’est en quelque sorte une société parallèle qui s’est créée pour faire face à la dureté de la vie dans ces lieux ; une sorte de cocon, de bulle dans lesquels une certaine organisation sociale en marge et donc spécifique à la société civile s’est constituée.

La spécificité de cette nouvelle organisation sociale fait du ghetto un lieu de rupture, un endroit isolé du reste de la ville, où l’ambiance des lieux devient particulière par rapport au reste de la ville. Une sorte de référence propre qui serait mise en œuvre par une population donnée.

Didier Lapeyronnie écrit :

« Le ghetto suppose une définition interne et positive. Il n’est pas simplement un quartier pauvre et immigré où les habitants restent confinés par les difficultés sociales. Il est aussi un

lieu où cette population a fini par fabriquer des modes de vies particuliers, des visions du monde organisées autour de valeurs qui lui sont propres, bref une forme d’organisation

sociale qui lui permet de faire face aux difficultés sociales et d’affronter les blessures infligées par la société.(…) Mais le ghetto est aussi construit de l’intérieur. Il est un territoire

urbain à part, dans lequel la population, ou tout au moins une partie, a élaboré un mode de vie particulier, un contre monde spécifique qui la protège collectivement de la société

extérieure354».

Si nous suivons l’auteur, les mécanismes de stigmatisation et de ségrégation spatiale conduiraient alors à la construction de « ghetto » en France. C’est à partir de ce point de vue que le sociologue insiste sur l’« intériorisation » du ghetto qui fait qu’il est « dans la peau des gens »355. De plus, Didier Lapeyronnie se base également sur l’hypothèse que la mixité de la population de ces territoires est aujourd’hui de plus en plus restreinte en opposition par exemple avec la France des banlieues des années 1980356.

353 D. Lapeyronnie, Ghetto Urbain. Ségrégation, Violence, pauvreté en France d’aujourd’hui, Robert Laffont, 2008.

354

D. Lapeyronnie, Ibid, pp 11-12.

355 D. Lapeyronnie, page Web.www.nonfiction-1914-entretien

nonfiction.fr/articleprint-1914-entretien_avec_didier_lapeyronnie.

356

D. Lapeyronnie, « Racisme, espaces urbains et ghetto », in Manuel Boucher (éd), Discrimination et ethnicisation, La Tour d’Aigues, L’Aube essai, 2005, pp 55-80.

Le positionnement idéologique des ghettophiles357français cités s’appuie surtout sur la dégradation des conditions de vie suite au durcissement de la crise économique. Ils partent de la situation française de certains quartiers et plus largement des « banlieues » aujourd’hui qui tendent à constituer des « ghettos » (selon leurs thèses) par l’appauvrissement croissant de ces populations vivant dans ces territoires, par l’accélération des ségrégations quelles soient urbaines ou « ethniques ». Nacira Guénif-Souilamas évoque quant à ce dernier point, l’aspect postcolonial des pouvoirs publics. Selon l’auteure, le ghetto français est une « atténuation », un « euphémisme » si nous observons la transformation radicale des quartiers urbains en véritables « réserves d’indigènes358».

De cette idée, d’autres thèses nuancent Loïc Wacquant, à l’instar de celle portée par Michel Kokoreff359 qui écrit :

« Il est vrai que la France n’est pas l’Amérique et que les situations décrites à partir de l’exemple de Chicago ou de East Harlem sont sans commune mesure avec celles observables

y compris dans le « 9.3 ». Encore qu’il suffise de se rendre au grand ensemble de Clichy-sous-Bois Montfermeil pour prendre la mesure de la dureté des conditions de vie des

habitants de certaines cités françaises360 ».

La constitution des ghettos en France s’appuierait par conséquent sur la situation française actuelle en terme de politique d’immigration qui s’est considérablement durcit. Ceux-ci mettent en avant le durcissement envers les immigrés, les « sans papiers » et envers les autres minorités. D’ailleurs, le sociologue Didier Lapeyronnie, pose l’attentat terroriste du 11 septembre 2001 comme l’élément déclencheur de la « fermeture361

» du pays sur les questions d’immigration, de nationalisme, d’autorité et de sécurité publique.

C’est dans ce contexte que les ghettophiles pensent que le racisme et les processus de ségrégation jouent un rôle de plus en plus important dans les processus de peuplement des quartiers et que ces populations sont bien obligées de s’organiser en établissant une sorte de

357 Avec Didier Lapeyronnie, nous mobilisons notamment Michel Kokoreff, Hugues Lagrange et Nacira

Guénif-Souilamas dont leurs travaux mettent en lumière des mécanismes de ghettoïsation, sans pour autant évoquer le terme «ghetto » (pour les deux premiers auteurs).

358

N. Guénif-Souilamas, La République mise à nu par son immigration, Paris, La fabrique, 2006.

359 M. Kokoreff, Du stigmate au ghetto. De la difficulté à nommer les quartiers, Informations sociales 2007/5, n° 141.

360

M. Kokoreff, Ibid. p 92.

« micro société » spécifique, en dépit des aides, de l’intervention de l’état et des associations sociales présentes dans ces quartiers.

De ce fait, le ghetto selon Didier Lapeyronnie n’est pas un processus naturel mais bien la construction de l’homme, au plutôt de sa majorité dominante. Le ghetto serait la réaction d’une population donnée à tout un ensemble de discriminations, d’exclusions et de tout processus de mise à l’écart. Les conflits de classes sociales semblant avoir été remplacés par la distance physique des lieux de résidence. Ses travaux traduisent une distanciation physique de plus en plus accrue séparant les catégories les plus défavorisées des autres couches sociales. C’est ainsi que cette distance physique contribue à « pousser » les plus vulnérables selon des filtres non seulement sociaux mais aussi ethniques dans des zones définies et qui semblent identifiées comme telles, ce qui constitue le stigmate en soi.

Didier Lapeyronnie note :

« Mais le ghetto n’est pas simplement la conséquence de l’isolement des catégories sociales. Il est aussi une construction politique, sociale et culturelle. Il est le produit de rapports de pouvoir dissymétriques entre les groupes sociaux et de la capacité des groupes dominants d’imposer leurs normes et leurs valeurs, d’imposer leurs définitions des situations et des problèmes. Les habitants du ghetto sont construits comme des problèmes, définis par leurs manques supposés ou réels, par leur distance aux normes dominantes. Ils n’ont guère de voix

propre ni même la capacité de contrôler leur image. (…) Si les dimensions économiques de leur situation sont essentielles (…) elles ne suffisent pas à rendre compte de l’ampleur d’un phénomène dans lequel les questions culturelles, ethniques et raciales sont centrales. Plus

que comme des pauvres ou des exclus, les habitants du ghetto se vivent comme des « colonisés »…». 362

Selon la thèse de ce même sociologue, le ghetto résulterait donc de l’accumulation des discriminations ethniques, sociales, politiques et notamment via les rapports néo-coloniaux. Pour autant, le ghetto semble être également une réalité « adaptative » de ses propres habitants à cet ensemble de contraintes imposées. En effet, les habitants semblent avoir fabriqués une « contre » ou plutôt une société « d’à coté », régie par des « règles » spécifiques au territoire, règles qui semblent déconnectées en partie du reste de la vie « normale ».

Pour Didier Lapeyronnie, le ghetto correspond donc à l’éloignement « psychologique » du « reste » de la ville mais renvoie aussi et surtout, indépendamment des « simples » logiques de pauvreté, à des problématiques « culturelles » et ethniques. Même si les quartiers ne sont pas des zones d’une autre culture au sens d’absence de continuité « nationale », dans notre réflexion, il n’en demeure pas moins que les habitants et surtout les plus jeunes vivent avec le sentiment d’être exclus de la société française ; comme s’ils étaient « réduits au silence363

» et « maintenus socialement et culturellement par un véritable « système » d’institutionnalisation du racisme et de rapports néocoloniaux364». Pour l’auteur, ce rapport nourri de dominance et de relégation instaure par conséquent un isolement social qui semble perdurer dans une dimension de « néocolonialisme », comme si les habitants des quartiers « sensibles » vivaient sous tutelle d’un système dominant, et ceci d’un point de vue culturel, politique, social et économique.

Finalement, le ghetto « à la française » serait donc un lieu clos, hermétiquement « mentalisé » mais pour autant envahi par l’extérieur de par le traitement institutionnel de ces quartiers, le filtre médiatique, ses images qu’il renvoie à la société…une sorte de territoire repoussant mais intriguant, presque envoûtant, que certains qualifient même d’« exotique ». Comme nous l’avons analysé, contrairement aux ghettos nord américains, le ghetto français est institutionnellement « traité » par les pouvoirs publics. Le ghetto serait donc à la fois une réalité contrainte et une protection contre le racisme extérieur ?

Le stigmate du ghetto « francisé » semble dépersonnaliser les individus, les dénudés de leurs caractères, de leurs personnalités. Ils se trouvent dans une position de non « je », où la place de l’opinion personnelle semble ne pas vraiment compter.

Pour Didier Lapeyronnie, les habitants disent ce qu’on attend d’eux, entre acteurs et victimes, ils semblent opter pour la position dominante du moment dans le quartier. Ils sont tiraillés entre stéréotypes, victimisation et complaintes. Pour l’auteur, le ghetto semble alors pénétrer les populations, les dévore et dicte leurs paroles, leurs réactions et comportements en fonction de la situation, que la personne soit seule ou en groupe, qu’elle soit dans le quartier ou à l’extérieur. En ce sens, le ghetto est davantage mentalisé qu’une donnée territoriale. Si nous suivons cette logique, une personne peut vivre dans un quartier ghetto sans le vivre au

363

D. Lapeyronnie, op.cit. p 18

quotidien. Le ghetto serait donc une « construction sociale et morale365», individuelle et collective et comme nous l’avons vu contradictoire.

Le ghetto ne serait donc pas une situation établie, figée mais un mode d’action, d’adaptabilité dans un ensemble de rapports sociaux. Didier Lapeyronnie rédige :

« (…) nous comprendrons le ghetto comme une dimension des conduites sociales individuelles et collectives. Il n’est pas une réalité indépendante des individus qui y vivent. Il n’existe pas en dehors de leurs comportements, de leurs propos, de leurs interprétations et de

leurs actions. (…) Le ghetto n’est pas une situation. Il est une catégorie d’action dans un ensemble de rapports sociaux366».

C’est par conséquent en prenant en compte la thèse individualisée du ghetto illustrée notamment par Didier Lapeyronnie que l’approche « nouvelle » de la définition du ghetto est constituée. Cette dimension (française) intériorisée du ghetto nous permet de considérer la lourdeur du stigmate auquel le ghetto renvoie. Accumulé au discrédit de la pauvreté, le stigmate du ghetto connote des aspects ethniques, non seulement à l’individu mais également au territoire de résidence.

Conclusion partielle : Le paradoxe du ghetto. Entre immatérialité et intériorisation au quotidien

Nous proposons de retenir, à travers ce parcours parmi les auteurs, que le stigmate peut altérer aussi bien la personne que le territoire. Il est à la fois un handicap social et un « marqueur » en ce sens qu’il participe à figer un individu ou un groupe d’individus dans des caractéristiques qui le(s) dépassent. Ces mécanismes de stigmatisation ont un impact sur le développement de la personne et ses relations à l’autre, puisque le stigmate porte l’image de la « mauvaise réputation. ».

En outre, les ressources de la littérature sociologique invitent à appliquer le stigmate à une dimension territoriale, nous interrogeant notamment sur les adaptabilités plurielles des habitants et leur capacité à réagir face à la stigmatisation du territoire dans lequel ils évoluent. La place des médias de masse dans la couverture de « l’actualité » des « quartiers sensibles » joue un rôle significatif dans le processus de stigmatisation.

365

D. Lapeyronnie, op. cit. p 23.

Ces éléments ouvrent la question du ghetto français, question centrale dans le débat