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Dans le domaine de l‟histoire de l‟Amérique latine coloniale, l‟enfance, sujet qui il y a quelques années encore était boudé, suscite aujourd‟hui un véritable engouement.60 Le livre de Bianca Premo, Children of the Father King : Youth, Authority, and Legal Minority in Colonial Lima, est l‟un des premiers à établir des bases théoriques pour la recherche sur l‟enfance en Amérique hispanique tout en soulignant les particularités de cette étude en contexte multiracial.61 Premo s‟est appuyée sur plusieurs de ses prédécesseurs qui avaient exploré des domaines connexes, touchant à l‟histoire des femmes, de la famille et de la

59 Derek Williams, “Assembling the „Empire of Morality”, Journal of Historical Sociology, vol. 14, n.2 (2001).

60 Plusieurs ouvrages récents sur l‟histoire de l‟enfance portent sur la deuxième moitié du XIXe et le XXe siècle, à cause de l‟abondance des sources : Nara Milanich, Children of Fate, Durham, Duke University Press, 2009 ; Ann Blum, Domestic Economies, Lincoln, University of Nebraska, 2009 et Donna Guy, Women Build

the Welfare State, Durham, Duke University, 2009.

61 Pour une réflexion méthodologique, on peut lire l‟introduction du livre de Premo, Children of the Father

King, Chapel Hill, University of North Carolina, 2005, celle de Tobias Hecht ed., Minor Omissions. Children in Latin American History and Society. Madison, University of Wisconsin Press, 2002, celle de Bianca Premo

et Ondina González, Raising an Empire, Children in Early Modern Iberia and Colonial Latin America. Albuquerque, University of New Mexico Press, 2007, ou encore celle de Pablo Rodríguez y María Emma Mannerelli, coor. Historia de la infancia en América Latina. Bogotá, Buenos Aires, Lima, Universidad externado de Colombia, 2007. Pour un bilan historiographique et des idées de sources, voir Aunción Lavrín, “La Niðez en México e Hispanoamérica”, in P. Gonzalbo y Cecilia Rabell, eds. La Familia en el Mundo

sexualité.62 Un domaine de recherche connexe est celui d‟étudier la lutte contre la pauvreté, la charité et les orphelinats.63

C‟est d‟abord l‟histoire des femmes et celle du genre qui a amené les chercheurs vers l‟étude de l‟enfance en Amérique latine.64 En se penchant sur l‟expérience féminine, les historiens en sont venus à explorer le thème de la maternité et de ses dimensions politiques. Difficile en effet d‟étudier l‟histoire du sexe féminin sans étudier le rôle de la mère dont l‟existence est liée à celle de sa progéniture par son double róle d‟éducatrice et de responsable de l‟économie domestique. Des pionnières telles que Josefina Muriel, Asunciñn Lavrin ou Silvia Arrom ont étudié des thèmes liés de près ou de loin à l‟enfance tels que la famille, la sexualité ou l‟éducation.65 L‟honneur, « une valeur socialisée fondée Historical Study of Childhood”, ”, in R. Hinner and J. Hawes, eds. Children in historical and comparative

perspective: An International Handbook and Research Guide. New York, Greenwood, 1991.

62 L‟ouvrage collectif d‟Asunciñn Lavrín demeure un incontournable de l‟étude du genre en Amérique latine :

Sexuality and Marriage in Colonial Latin America. Lincoln & Londres, University of Nebraska Press, 1989.

Pilar Gonzalbo Aizpuru est l‟une des historiennes les plus prolifiques sur l‟histoire de la famille en Amérique latine. Voir entre autres : Familia y ordén colonial, México, El Colegio de México, 1998. Kimberly Gauderman brosse un portrait de femmes de toutes les races et classes sociales et démontrent qu‟elles ont été des acteurs économiques importants du Quito colonial : Women’s Lives in Colonial Quito : Gender, Law and

Economy in Spanish America, Austin, University of Texas Press, 2003.

63 Un courant historiographique récent s‟intéresse à l‟histoire de l‟enfance dans les classes pauvres européennes de l‟Ancien régime en retraçant la naissance et l‟évolution d‟un réseau d‟assistance publique entre les quinzième et dix-huitième siècles. C‟est une approche que Hugh Cunningham qualifie de „Family Strategy‟ et qui consiste à contourner la pénurie de source sur les enfants défavorisés en étudiant les stratégies familiales de survie économique. Hugh Cunningham, “Histories of Childhood”, The American Historical

Review, vol. 103, no 4 (Oct., 1998), p. 1202. Plusieurs articles cités précédemment traitent de la question des

orphelinats, casas de expósitos. Pour l‟Espagne, voir Valentina Tikoff, Assisted Transitions: Children and

Adolescents in the Orphanages of Seville at the End of the Old Regime, 1681-1831, Ph.D. Thesis (history),

Indiana University, 2000. Pour l‟Amérique latine voir Silvia Arrom, Containing the Poor, Durham, Duke University, 2000 et plus spécifiquement sur le cas de l‟Équateur, voir Cynthia Milton, The Many Meanings of

Poverty, Stansford, Stansford University Press, 2007.

64 Pour un aperçu de l‟évolution des recherches et des débats dans le domaine de l‟histoire du genre en Amérique latine, voir Sueann Caulfield, "The History of Gender in the Historiography of Latin America."

Hispanic American Historical Review, vol. 81, no. 3-4 (2001), pp. 449-90.

65 Josefina Muriel s‟intéresse à l‟histoire des femmes depuis la parution de ses premiers travaux sur les religieuses au Mexique en 1946 (Conventos de monjas en la Nueva Espana, Mexico, Editorial Santiago, 1946). Plus récemment, son livre Las mujeres de Hispanoamérica: Época colonial. Madrid, MAPFRE, 1992, aborde entre autres le sujet de l‟éducation féminine. Depuis la parution de son livre Latin American Women,

Historical Perspectives, Westport, Greenwood Press, 1978, Asuncion Lavrin figure parmi les historiennes les

plus reconnues du domaine. Plus récemment, elle a édité le livre Sexuality and Mariage in Colonial Latin

sur la réputation » d‟un individu ou de sa famille66, est un autre sujet qui transcende toutes les classes sociales de la société hispanique à l‟époque coloniale, et celui-ci laisse place à des taux de naissances illégitimes et d‟abandon d‟enfants vertigineux.67 D‟autres ouvrages se penchent sur l‟intersection entre la reproduction, la politique et de genre.68 Toutefois, il faut souligner à quel point l‟Équateur demeure un territoire mal desservi en terme de recherches sur l‟histoire des femmes, de la famille et des enfants par rapport à d‟autres régions historiquement plus peuplées et plus puissantes, comme le Mexique, le Pérou et la Colombie.69

de la famille à l‟époque coloniale. Voir aussi Silvia Arrom, The Women of Mexico City, 1790-1845. Stanford University Press, 1985. Les travaux de Donna Guy, portant sur une période plus tardive, sont également utiles pour saisir la portée de cette dimension politique. Donna Guy. White Slavery and Mothers Alive and Dead. Lincoln, University of Nebraska, 2000.

66 Bartolomé Bennassar, L’Homme espagnol, Paris, Éditions Complexe, 1992 [1975] p. 168.

67 Le taux élevé d‟abandon et d‟enfants illégitimes est impressionnant dans tout le monde hispanique. Voir à ce sujet plusieurs articles de La Familia en el Mundo Iberoamericano, op.cit; du livre très complet de Rodriguez y Mannerelli, coor. Historia de la infancia en América Latina et de Premo et Gonzalez, Raising an

Empire, Children in Early Modern Iberia and Colonial Latin America, op.cit. Voir aussi Elsa Malvido, “El

abandono de los hijos”, Historia Mexicana, vol.24, n.4, 1980, pp. 521-561; Ann Twinam, “The Negociation of Honor”, in A. Lavrín, ed. Honor, Sexuality and Marriage in Colonial Latin America. Lincoln, University of Nebraska Press, pp. 118-155; Pablo Rodríguez. Seddución, amancebamiento, y abandono en la colonia. Bogotá, Fundacion Simon y Lola Guberek, 1991; María Emma Mannarelli. Private Passions and Public Sins:

Men and Women in Seventeenth-Century Lima, Albuquerque, University of New Mexico Press, 2007;

Guiomar Duenas Vargas, Los hijos del pecado: Ilegitimidad y vida familiar en la Santafé de Bogotá colonial, Bogotá, Editorial Universidad Nacional, 1997.

68 Un ouvrage incontournable demeure celui de Ann Laura Stoler portant sur l‟Asie du Sud-Est qui démontre en quoi la sexualité est une composante essentielle de l‟entreprise coloniale : Carnal Knowledge and Imperial

Power, Berkeley, University of California Press, 2002. Le livre récent de María Elena Martínez, Genealogical Fictions, Stanford, Stanford University Press, 2008, s‟intéresse à la question de la « pureté de la race » dans la

société mexicaine.

69 Sur l‟histoire des femmes de Quito, à l‟époque coloniale, voir les travaux de Christina Borchart de Moreno, par exemple : "Violencia cotidiana y relaciones de género en Quito a fines del siglo XVIII." Anuario de Hojas

de Warmi, vol. 11, 2000, pp. 13-35. Voir aussi Jenny Londoño, Entre la sumisión y la resistencia, Las mujeres en la Real Audiencia, Quito, Abya-Yala, 1997, qui se concentre surtout sur Guayaquil et Natalia

León, La primera alianza. El matrimonio criollo. Honor y violencia conyugal. Cuenca 1750-1800, Quito, Abya-Yala, 1998 porte sur Cuenca. Les travaux de Martha Moscoso, dont le recueil Palabras del Silencio, Quito, Abya-Yala, Unicef, 1995, portent généralement sur la période nationale. Sur l‟histoire de la famille, Silvia Benítez y Gaby Costa, « La familia, la ciudad y la vida cotidiana en el período colonial”, en E. Ayala Mora ed., Nueva Historia del Ecuador, vol. 5, Quito, Corporación Editora Nacional, Grijalbo, 1989, pp. 187- 230. Parmi les auteurs ayant touché à la question de l‟honneur pour la région de l‟Équateur on retrouve María Eugenia Cháves, “Slave Women's Strategies for Freedom and the Late Spanish Colonial State”, in M. Molyneux and E. Dore, eds. Hidden Histories of Gender, Durham, Duke University Press, 2000, pp. 108-126 et Bernard Lavallé, “Violencias y miedos familiares en los Andes coloniales”, en P. Gonzalbo y M. Bazant, eds., Tradiciones y conflictos, México, El Colegio de México y El Colegio Mexiquense, 2007, pp. 161-177. Sur la construction de la Nation équtorienne, on pourra aussi consulter Erin O'Connor, Gender, Indian,

Depuis le début des années 1980, l‟historiographie de l‟Amérique latine a été particulièrement marquée par des débats entourant la notion gramscienne de pouvoir et la négociation constante de ce pouvoir entre les hommes et les femmes de différentes races, genre et classes sociales.70 L‟âge est une nouvelle catégorie d‟analyse qui vient s‟ajouter à cette trilogie classique.71 La tendance qui se dessine depuis le début des années 1990 est de voir les enfants, même ceux des classes populaires, les orphelins et les sans-abri, comme des agents historiques actifs plutôt que des victimes passives de l'oppression ou de l‟exploitation des adultes : « there is a growing awareness that all human relationships are to some degree reciprocal and dynamic, and that no one, even the most powerless person, is without influence on others ».72 Ceci rappelle les conclusions déjà tirées par les historiens du genre, remettant en question la « passivité » des femmes. À titre d‟exemple, Steve Stern, Secret History of Gender, qui étudie la violence conjugale au Mexique entre 1760 et 182173 ou celui de Kimberly Gauderman qui a démontré comment les femmes, par exemple les

Nation, The Contradictions of Making Ecuador, 1830-1925, Tucson, The University of Arizona Press, 2007 et

les travaux de Kim Clark dont “Género, Raza y Naciñn: La Protecciñn a la Infancia en el Ecuador, 1910- 1945”, en Palabras del silencio, op.cit.

70 Voir le bilan de Florencia Mallon, “The Promise and Dilemma of Subaltern Studies: Perspectives from Latin American History.” American Historical Review, vol 99, n.5 (1994), pp. 1491-1515. De nombreux ouvrages portant sur la culture politique permettent de comprendre les relations de pouvoir au sein de sociétés à un moment historique donné. Voir les articles des livres suivants: Gilbert Joseph and Daniel Nugent eds.

Everyday Forms of State Formations: Revolution and the Negociation of Rule in Modern Mexico. Durham,

Duke University, 1994 et Nils Jacobsen and Cristóbal Aljovín, eds., Political Culture in the Andes, Durham, Duke University, 2005. Pour le Quito colonial voir par exemple Minchom, The People of Quito, op.cit. Pour une réflexion sur le cas spécifique de la République de l‟Équateur, lire l‟introduction de la thèse de Derek Williams. Negociating the State: National Utopias and Local Politics in Andean Ecuador, 1845-1895. Ph.D. thesis (history), Stony Brook, University of New York, 2001 et les essais du livre de José Sánchez-Parga,

Etnía, poder y diferencia. Quito, Abya-Yala, 1990.

71 L‟édition speciale du Journal of Women’s History incite déjà les chercheurs à utiliser l‟âge comme catégorie d‟analyse. Birgitte Søland, ed., “Ages of Women : Age as a Category of Analysis in Women‟s History”, Journal of Women’s History, vol. 12, n. 4 (Winter 2001).

72 James Hawes and Ray Hiner, Children in historical and comparative perspective, New York, Greenwood, 1991, p. xiv.

73 Stern, The Secret History, op. cit. Voir également Lyman Johnson and Sonya Lipsett-Rivera. The Faces of

Honor : Sex, Shame, and Violence in Colonial Latin America. Albuquerque, University of New Mexico Press,

vendeuses du marché de Quito, ont pu utiliser le système judiciaire à leur avantage afin de gagner du pouvoir.74

Aujourd‟hui, de nouveaux intérêts de recherche, tels que la circulation des enfants, la mortalité infantile, le traitement des mineurs devant la justice et la répression de la délinquance, le travail infantile, l‟esclavage et la servitude, sont à l‟honneur dans des ouvrages parus récemment.75 Dans tous les cas, il est possible de conclure qu‟à l‟époque coloniale, de nombreux enfants n‟ont pas grandi au sein de leur famille biologique, et que lorsqu‟ils l‟ont fait, on attendait d‟eux qu‟ils contribuent à l‟économie domestique. L‟étude des institutions pensées pour accueillir les enfants rejetés, tels que les asiles et les orphelinats, permet de comprendre l‟importance des enfants dans une perspective politique plus large, par exemple celle des réformes bourboniennes.76 Le livre The Many Meanings of Poverty de Cynthia Milton étudie les relations entre l‟État et les mesures caritatives mises en place pour aider les pauvres, dont les enfants, aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais permet de tirer des conclusions plus larges sur le fonctionnement de l‟État colonial.77 Le sujet est déjà bien étudié pour l‟époque coloniale et particulièrement à l‟époque des réformes bourboniennes, mais les études portant sur les lendemains de l‟indépendance sont beaucoup plus rares, notamment à cause de la pénurie de sources permettant de le faire.

Une autre grande lacune de l‟historiographie équatorienne demeure le manque d‟ouvrages qui traversent la frontière de l‟histoire coloniale et celle de l‟histoire républicaine.78 À ma connaissance, il existe peu de travaux sur l‟histoire du genre, de la

74 Gauderman. Women’s Lives in Colonial Quito, op.cit. 75 González and Premo, Raising an Empire, op.cit. 76 Arrom, Containing the Poor, op.cit.

77 Milton, The Many Meanings, pp. 103-128. L‟article de Kenneth Andrien, “The Politics of Reform in Spain's Atlantic Empire during the Late Bourbon Period.” Journal of Latin American Studies, vol. 41, n. 4 (2009), pp. 637-662, permet de mieux comprendre les réformes bourboniennes et dresse un bilan historiographique sur les débats récents portant sur cette période.

78 Kenneth Andrien, The Kingdom of Quito, 1690-1830, Cambridge, Cambridge University Press, 1995; Demélas et Saint-Geours, Jerusalén y Babilonia, op.cit.; Federica Morelli, Territoire ou nation? Réforme et

famille ou encore moins des enfants en Équateur faisant le pont entre ces périodes. Pour ce qui est de la première moitié XIXe siècle, d‟excellents ouvrages s‟intéressent à l‟éducation, que ce soit celle des élites, des Amérindiens ou des femmes, mais ces recherches sont plus fréquemment menées au Mexique que dans la région andine.79 En Équateur, les études portant sur le système colonial d‟éducation et après l‟indépendance restent partielles.80 Pour ce qui est du cas spécifique de la Grande-Colombie, il existe une multitude d‟ouvrages qui s‟est intéressée à la pensée éducative de Simón Bolívar ou de Santander.81 Les travaux de Meri Clark sur la naissance d‟un réseau d‟éducation primaire en Colombie sont d‟une grande utilité pour comprendre l‟évolution de l‟éducation publique sur le territoire de l‟Équateur. L‟auteur lie, entre autres, les controverses entourant l‟émergence d‟un système d‟éducation primaire et celles entourant la formation d‟un nouvel État-nation en Colombie.82 La pensée pédagogique du président Rocafuerte a également été étudiée.83 Pourtant, les historiens qui retracent le róle de l‟éducation dans la construction de la nation

Nation-Making, Cambridge, Cambridge University Press, 2004. Portant sur une autre aire géogaphique,

Aréquipa au Pérou, le livre de Sarah Chambers, From Subject to Citizens, University Park, Pennsylvania State University, 1999, est très utile pour réfléchir sur les transformations sociales, le genre et l‟honneur de 1780 à 1845.

79 La bibliographie de Pilar Gonzalbo Aizpuru sur l‟éducation au Mexique tant à l‟époque coloniale que républicaine est trop vaste pour être reproduite ici. Elle a également édité plusieurs collectifs. Notons son ouvrage Familia y orden colonial, op.cit. Dorothy Tanck de Estrada est une autre auteure incontournable ayant publié plusieurs livres et articles sur l‟éducation au Mexique, notamment des Amérindiens dans Pueblos

de indios en el Mexico colonial: 1750-1821, México, Colegio de México, 1999. Voir également María

Adelina Arredondo, coor., Obedecer, servir y resistir: la educación de las mujeres en la historia de México. México, Universidad Pedagógica Nacional, 2003.

80 Dario Guevara, Vicente Rocafuerte y la educación pública en el Ecuador, Quito, Casa de la Cultura Ecuatoriana, 1965. Jorge Núñez Sanchez, “Inicios de la educaciñn pública en el Ecuador”, Antología de

Historia, J. Núñez Sanchez, ed. Quito, FLACSO, 2000; Carlos Paladines, Historia de la educación y del pensamiento pedagógico ecuatorianos, Loja, Universidad Técnica Particular de Loja, 2005; Aquiles Pérez.

"La Educacion en la Década 1820-1830", Boletin de la Academia Nacional de Historia, vol. LIII, n.115, 1970. Des réflexions très utiles se retrouvent dans le livre de Mark Van Aken, El rey de la noche. Juan José

Flores y el Ecuador, Quito, Banco Central del Ecuador, 1995.

81 Par exemple, Armando Rojas, Ideas Educativas de Simon Bolivar, Caracas, Monte Avila, 1976.

82 Meri Clark, “Disciplining Liberty: Early national Colombian School Struggles, 1820-1840.”, K. Tolley, ed.

Transformations in schooling: Historical and comparative perspectives, New York, Palgrave-Macmillan, pp.

87-106.

83 Par exemple Demélas et St-Geours, Jerusalén y Babilonia, op.cit.; Georges Lomné, “Rocafuerte: à l‟école de l‟esprit du siècle », L’Amérique latine et les modèles européens, A. Lempérière, G. Lomné et al., coor., Paris, L‟Harmattan, 1998; l‟ensemble des travaux de Carlos Landázuri Camacho dont Vicente Rocafuerte y la

educación, Quito, Ediciones de la Universidad Católica, 1984 ; Dario Guevara. Vicente Rocafuerte y la educación pública en el Ecuador, op. cit.

équatorienne s‟intéressent davantage, et avec raison, à la période suivant l‟accession du président Garcia Moreno, alors que les écoles se répandent partout dans le pays comme une traînée de poudre.84

L‟Équateur est le territoire indiqué pour étudier la transition de la colonie à l‟indépendance à cause de son éloignement des noyaux du pouvoir colonial, de la variété de ses régions géographiques et économiques et de sa diversité raciale. Cet isolement permet d‟étudier à quel point il existe une dichotomie entre les lois et les méthodes de gouvernance et leur application concrète dans la vie des sujets, des citoyens. À l‟époque coloniale, Quito jouissait d‟une relative autonomie administrative et judiciaire. Cette période est riche en documents judiciaires qui permettent de s‟approcher de la vie d‟hommes et de femmes de tous les sexes, classes et races. Ma recherche repose en grande partie sur ceux-ci.85 À partir de sources judiciaires, donc d‟histoires personnelles traduites dans un langage judiciaire par des procureurs et des écrivains publics, il est possible de voir que les lois et les décisions n‟étaient pas imposées, mais qu‟elles étaient négociées et contestées par les gens du peuple, et que dans les faits elles avaient rarement les effets escomptés. Par exemple, les cours de justice étaient des endroits de contestation, où même les individus les plus dénués de pouvoir, tels que les enfants ou les esclaves, pouvaient remettre en question l‟autorité de leurs parents, de leurs maîtres, et même celle du gouvernement.86

Toutefois, les sources judiciaires posent aussi problème. Le système judiciaire était utilisé par l‟ensemble de la population coloniale, incluant les Indiens, les femmes, les