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Les thèmes des grandes enquêtes quantitatives et leurs résultats

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 96-106)

Chapitre 3 – L'évaluation des fréquentations récréatives des forêts

3.2/ Les grandes enquêtes quantitatives et leurs limites

3.2.2/ Les thèmes des grandes enquêtes quantitatives et leurs résultats

Les premières enquêtes quantitatives sur la fonction sociale en forêt ont élaboré des méthodes qui ont été souvent reprises. Dans les années suivantes, elles ont ouvert la voie à des recherches sociologiques sur des thèmes variés. Une présentation chronologique de ces enquêtes n'aurait pas d'intérêt, alors que les thèmes et les résultats de ces recherches sont parfois riches d'enseignements.

Certains de ces travaux sont donc présentés de façon thématique.

Photo n°7 – Le Belvédère du Signal de Perseigne

(Source : Pascal Papillon - 2011)

Le Belvédère de la forêt de Perseigne est le point le plus haut du département de la Sarthe et il attire de nombreux visiteurs au-delà du cercle des amoureux de la forêt. Cet ancien mirador de la Seconde Guerre mondiale est l'une des curiosités qui contribuent à la fréquentation de la forêt d'autant plus qu'il est mis en valeur au milieu d'une aire de repos, de jeux et de pique-nique.

A l'instar des usagers des forêts où Dumont et Tarnier (1978) ont fait leur recherche, de nombreux visiteurs viennent sur ce site pour le belvédère et le panorama qu'il offre sur la région plutôt que pour la forêt dans laquelle il est situé.

3.2.2.1/ Des méthodes et des objectifs des enquêtes statistiques

Les grandes enquêtes nationales ou régionales nécessitent de grands moyens matériels et humains.

Elles ont donc souvent été réalisées par de grandes sociétés privées ou par des organismes publics spécialisés dans les études d'opinion.

Les méthodes de ces enquêtes sont diverses. Elles sont basées sur des entretiens réalisées par téléphone ou en face à face, mais aussi grâce a des carnets que les usagers doivent remplir eux-mêmes. Toutes ces enquêtes ont en commun d'estimer les niveaux de fréquentation, les pratiques et les perceptions des usagers pour pouvoir répondre aux demandes des donneurs d'ordre qui ont des interrogations variées. Les intervenants sont assez nombreux, mais quelques exemples suffisent à décrire l'essentiel des méthodes utilisées par les grandes enquêtes quantitatives depuis le début des années quatre-vingt-dix.

• En 1991, à la demande de la Direction de l'espace rural, des eaux et de la forêt (DREF), l'institut BVA a élaboré une enquête téléphonique pour comparer les niveaux de fréquentation des forêts d'Île-de-France avec ceux des forêts de province (Laffite, 1993).

C'est la seule grande enquête dont l'objectif principal est la comparaison inter-régionale.

• En 1998 et 1999, une enquête du CREDOC cible les fréquentations des forêts publiques en Île-de-France. La méthode utilisée est celle des carnets d'enquête complétés par des usagers constituant un échantillon représentatif de la population régionale. Les résultats sont comparés avec ceux qui ont été produits 30 ans plus tôt par la SARES, dans les mêmes espaces (Maresca, 2000).

• Au début 2000, l'Institut français de l'environnement (IFEN) demande au CREDOC d'insérer un volet relatif à l'environnement dans l'enquête récurrente sur les conditions de vie des Français (Bigot, 2002). L'enquête est réalisée en face à face, auprès d'un échantillon sélectionné par la méthode des quotas. Grâce à des comparaisons, cette enquête renseigne sur l'évolution des perceptions de l'environnement et sur l'état d'esprit des populations.

• En 2002, le Laboratoire d’économie forestière (LEF), qui est une unité mixte de recherche de l'École nationale du génie rural, des eaux et forêts (ENGREF), et de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), a réalisé une enquête téléphonique auprès d'un échantillon représentatif de la population nationale (Berger, Peyron, 2005). L'objectif de cette enquête était de chiffrer les usages et les niveaux de fréquentation des forêts pour en estimer les coûts et la valeur.

La disparité des objectifs et des méthodes employés au cours de ces enquêtes apparaît clairement alors qu'il aurait certainement été intéressant de pouvoir observer l'évolution des fréquentations et des usages (Piveteau, 1999). C'est probablement l'une des raisons qui a conduit l'ONF à commander

en 2004 une enquête de fréquentation au laboratoire LASMAS de l'Université de Caen, puis à renouveler la même commande en 2010.

• Les enquêtes réalisées en 2004 et 2010 pour l'ONF par l'Université de Caen et différents partenaires utilisent la même méthode et leurs objectifs sont identiques : évaluer les fréquentations, les pratiques et la satisfaction des usagers. Lors de chacune de ces enquêtes, un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population a été constitué, et chaque individu a été interrogé en vis à vis. Entre 2004 et 2010, quelques questions ont évolué pour mieux cerner les usagers mais la trame est restée la même et la plupart des résultats peuvent donc être comparés (ONF, 2012a).

Au-delà de la diversité des enquêtes et des évolutions des choix dans la commande qui tendent à rationaliser les méthodes, il est possible de remarquer un manque d'imagination et d'innovation puisque les technologies modernes sont peu utilisées. Ainsi, en 2012, nonobstant les difficultés pour sélectionner un panel d'individus ayant accès à Internet, ce mode de communication n'a pas encore été utilisé.

3.2.2.2/ Les niveaux de fréquentation

L'analyse des enquêtes montre que la fréquentation ou le nombre de visites interfère avec la définition sémantique d'une sortie ou d'une promenade dans un espace boisé. Parfois les enquêteurs communiquent sur les limites de ce concept, tant de leurs points de vue que de celui des usagers. Il semble ainsi que les acceptions varient entre les individus mais aussi entre les régions. Par exemple, les parisiens ne conçoivent pas toujours la forêt de la même façon que les provinciaux et les ruraux (Laffite, 1993).

Compte tenu des conceptions sémantiques parfois divergentes entre les chercheurs, les enquêteurs et les usagers, certaines estimations ne peuvent être qu'indicatives. Malgré ces différences, les enquêtes montrent les grandes tendances qui permettent la compréhension des phénomènes sociologiques. La précision des pourcentages peut être sujette à caution, mais les tendances chiffrées informent des représentations que les usagers se font de leurs fréquentations.

Compte tenu des limites qui viennent d'être exposées, il est logique que les enquêtes fassent apparaître des chiffres et des pourcentages assez différents. Lors de la première grande enquête quantitative de 1968, 66 % des franciliens déclaraient aller en forêt au moins une fois par an (Kalaora, 1976). En 1991, selon la méthode BVA, 89 % des franciliens fréquentaient les forêts contre 87 % de l'ensemble des français (Laffite, 1993). Dix ans plus tard, une enquête du CREDOC

montre que 25 % des franciliens ne vont jamais en forêt contre 19 % pour la population à l'échelle de la France entière (Maresca, 2000). Les différences sont donc sensibles mais toutes les enquêtes montrent d'importants niveaux de fréquentation.

Les résultats des enquêtes faites pour l'ONF montrent qu'en 2004, les forêts françaises accueillaient de 550 à 890 millions de visites annuelles. Dans les années suivantes, les fréquentations ont faibli, et selon l'enquête de 2010, elles étaient comprises entre 460 et 780 millions de visites annuelles (ONF, 2012a).

D'autres chiffres sont occasionnellement publiés dans des revues officielles, sans que l'on sache très bien comment ils ont été produits, et malgré un doute quant à leur fiabilité, ils confirment l'attrait des forêts pour la population en général. Ainsi, en 2011, le magazine Alim'agri du ministère de l'Agriculture consacrait un numéro spécial aux forêts françaises, et selon certains auteurs, les forêts françaises accueillaient plus d'un milliard de visites annuelles (Roux, 2011).

Face à ces niveaux globaux de fréquentation qui décrivent mal les différences régionales ou l'attrait spécifique lié à la localisation des forêts, certains auteurs recommandent de faire des rapports de charge, entre les niveaux de fréquentations et la surface des espaces boisés (Moigneu, 2005).

Cependant, à l'instar des chiffres globaux, ces rapports de fréquentation exprimés en nombre de visites par hectare peuvent être biaisés de plusieurs manières, car dans une forêt toutes les parcelles ne subissent pas les mêmes fréquentations, et les différences peuvent être très sensibles. Benoit Boutefeu (2007) rapporte que la fréquentation varie de 2 500 visites/an/ha à Bondy (93) à seulement 4 visites/an/ha dans certaines parcelles de la forêt du Val Suzon, près de Dijon (21). Une fréquentation apparemment faible peut aussi masquer de fortes disparités. Ainsi au Val Suzon, les forestiers locaux estiment que par endroit leur forêt est sur-fréquentée. Il apparaît donc que les rapports de charge (nombre d'usagers par hectare et par an) sont tributaires d'évaluations quantitatives générales et si elles ne sont pas détaillées à l'échelle des caractéristiques ou des parcelles locales, elles ne représentent qu'une estimation supplémentaire.

3.2.2.3/ Les usages récréatifs

Toutes les enquêtes montrent que la promenade est l'activité principale des usagers, même si elle a proportionnellement perdu un peu de son importance, avant d'en regagner et de se stabiliser. Les promeneurs apparaissent donc comme de fidèles usagers des forêts (ONF, 2012a). Dans le Nord-Pas-de-Calais, les promeneurs représentaient 72 % des usagers en 1974, alors qu'ils n'étaient plus que 65 % en 1992 (Aubépart, 1996). Dans les années suivantes, ce mouvement de baisse ne s'est semble t-il pas généralisé ou t-il a ralenti, puisqu'en 2004, selon l'ONF, à l'échelle de la France entière les

promeneurs représentaient 58 % des usagers. En 2002, selon l'enquête du LEF (Berger, Peyron, 2005), la promenade était l'activité principale de 64 % des ménages, et en 2010, l' ONF et l'Université de Caen confirment que la promenade est une activité privilégiée pour 64 % des usagers.

Si elle est suffisamment longue ou intense, la marche à pied peut être considérée comme une véritable activité physique. Les promenades peuvent aussi être courtes et les enquêtes quantitatives ne permettent pas toujours de discrétiser les pratiques des usagers. Selon l'institut BVA, plus de 80 % des habitants d'Île-de-France disent qu'ils se promènent souvent en forêt (Laffite, 1991) mais l'enquête ne précise pas l'intensité de cette activité. Selon d'autres recherches, de nombreux usagers restent à proximité de leur voiture (Kalaora, 1981 ; Morange, 1997).

Compte tenu de ces informations assez imprécises, il est difficile de généraliser et de considérer la promenade comme une activité physique ou sportive, quoique 62 % des individus interrogés disent fréquenter les chemins balisés ou les sentiers de découverte (ONF, 2012a).

Les forêts apparaissent souvent comme des espaces propices aux sports et aux pratiques ludo-sportives qui sont considérés comme d'importantes activités de loisirs. Au début des années quatre-vingt-dix, environ 20 % des usagers appréciaient le sport en forêt (Laffite, 1991), et une dizaine d'années plus tard les sports tels que le jogging, le cyclisme et le VTT sont les activités de plus de 20 % des usagers franciliens (Maresca, 2000). En 2004 et en 2010, les enquêtes de l'ONF (2012) sont arrivées aux mêmes résultats : 22 % des usagers vont en forêt pour faire du sport. Ces résultats sont donc homogènes sur une durée de plus de 20 ans. Cependant, en 2002, les enquêteurs du LEF ont estimé que les activités sportives n'étaient le but que de 11 % des sorties familiales (Berger, Peyron, 2005). Alors que le thème et les résultats d'enquête relatifs aux sports semblent relativement consensuels, une légère modification dans la méthode ou dans la formulation des questions produit donc des résultats très différents.

Selon la plupart des enquêtes, la promenade et les pratiques sportives sont clairement les activités les plus populaires sur une longue période, même si des méthodes et des problèmes de sémantique révèlent des nuances. Par contre, pour d'autres activités, les enquêtes quantitatives révèlent davantage de différences que de similitudes. Ces disparités entre les résultats d'enquêtes, concernent notamment les activités liées à l'observation de la nature et aux pique-niques.

En 2000, l'enquête du CREDOC réalisée en Île-de-France montre que 60 % des visiteurs en forêt accordent du temps à l'observation de la nature et que 26 % des usagers pique-niquent et pratiquent la cueillette (Maresca, 2000). Par contre, l'enquête du LEF établit qu'en 2002, les activités de cueillette, de pique-nique et d'observation de la nature génèrent moins de une sortie par an et par ménage (Berger, Peyron, 2005). En 2004, dans le cadre de l'enquête réalisée par l'Université de

Caen-Lasmas (ONF, 2011a), 35 % des usagers ont déclaré être adeptes de la cueillette, 15 % des usagers ont dit qu'ils observent la nature et 15 % se reposent, pique-niquent et jouent.

La formulation des résultats de ces enquêtes révèle que ces disparités sont, en grande partie, une conséquence de l'appréhension de la forêt et du mode de questionnement des usagers. Comment définir l'observation de la nature ? Un usager qui pratique une cueillette observe t-il la nature ? Les premières enquêtes quantitatives réalisées dans les années soixante et soixante-dix, ont montré un rapport entre les activités récréatives et la profession ou la catégorie sociale des usagers (Kalaora, 1981). Pendant une période, cette appréhension catégorielle des activités récréatives a peut-être été excessive et depuis les années soixante-dix, l'évolution sociale qui a individualisé les comportements, a modifié certains aspects socio-économiques liés aux loisirs (Kalaora, 1998 ; Laffite, 1991 ; Lahire, 1998 ; Parant, Alexandre, 1998). Depuis les années quatre-vingt-dix, la plupart des enquêtes réalisées au niveau national ne mettent plus en évidence les caractéristiques socio-économiques comme le principal discriminant des activités récréatives en forêt.

Malgré ces analyses et ces divergences liées au statut socio-professionnel des usagers, il semble que le coût généré par les déplacements hors des grandes villes, influe toujours sur les niveaux d'activités qui sont enregistrés dans les forêts des périphéries éloignées. Ainsi, pour les citadins de la métropole rhodanienne, il a été montré que les coûts de déplacement sont l'un des déterminants des sorties loin de la ville (Boutefeu, 2008 ; 2009).

Hors des pratiques les plus courantes, l'évaluation de la popularité de certaines activités semble liée à l'échelle à laquelle les enquêtes sont menées. Entre le niveau national et celui des grandes régions urbaines, les résultats et les analyses des grandes enquêtes sont parfois sensiblement différents.

L'une des raisons de ces constats est liée à l'appréhension statistique qui a tendance à lisser les phénomènes sociaux et locaux.

3.2.2.4/ Les perceptions et les représentations

Les désirs et les perceptions des usagers sont parfois confondus car la sémantique biaise la communication en ce qui concerne les critères forestiers ou de naturalité (Décourt, Souchon, 1975).

Quand ils sont en ville ou dans des bâtiments et qu'ils ne peuvent pas désigner ou comparer ce dont ils parlent, les usagers et les enquêteurs (de formations diverses) peuvent-ils percevoir les subtilités (de représentations) ou les phénomènes non mentionnés dans le questionnaire ?

La plupart des enquêtes concluent à la préférence des usagers pour les forêts naturelles. Mais selon ces travaux, il apparaît aussi que les forêts doivent être entretenues et aménagées pour être accessibles et fréquentées. L'enquête BVA de 1991, a montré que 64 % des Français disent préférer

une forêt naturelle, alors que la plupart d'entre eux fréquentent des forêts aménagées pour les usages récréatifs (Laffite, 1993 ; Parant, Alexandre, 1998).

Au début des années quatre-vingt-dix, les principaux motifs d'une visite en forêt pour les franciliens sont liés au besoin de prendre l'air ou à l'amour de la forêt (Laffite, 1993). Au début des années 2000, pour l'ensemble de la population française, c'est la détente (98 %), puis le calme, la tranquillité et le silence (97 %) qui sont les principales motivations pour une sortie en forêt (ONF, 2012a).

Selon la plupart des enquêtes, les représentations immatérielles sont les plus citées par les personnes pour décrire leurs perceptions, et il semble que ces représentations peuvent être subjectives. Les usagers ne perçoivent pas ou ne comprennent probablement pas tous le calme et la tranquillité de la même manière, et l'amour de la forêt renvoie aussi vers des sentiments et des perceptions variés.

Les représentations des usagers ne sont pas exclusivement positives, elles peuvent aussi être liées aux menaces qui pèsent sur la forêt, ou aux gênes ressenties plus ou moins régulièrement lor s de leurs sorties. Selon la plupart des enquêtes, les menaces qui pèsent le plus sur les forêts sont relatives aux risques de pollution et d'incendie (Piveteau, 1999 ; Boutefeu, 2007). En 2004, 56 % des personnes interrogées pensent que la forêt est menacée par les incendies et 45 % des individus évoquent des risques de pollution (ONF, 2011a). Toutefois, ces perceptions peuvent être biaisées par l'actualité liée à la saison, par les spécificités régionales et par les types de forêt auxquels se réfèrent les usagers. Au début des années quatre-vingt-dix, l'enquête de BVA a montré que les incendies sont une menace pour 28 % des Français, alors qu'ils sont 79 % à éprouver le même sentiment en région méditerranéenne.

Hors du cadre et de la sémantique des enquêtes, il apparaît clairement que les représentations et les perceptions des usagers dans les pinèdes méditerranéennes sont très différentes de celles qui sont exprimées par les usagers à propos des pessières et des hêtraies des ubacs vosgiens et ardennais.

Quant aux risques de pollutions, les enquêtes nationales ne précisent pas de quelles pollutions il pourrait être question : s'agit t-il d'une menace physique, chimique ou nucléaire ? Les problèmes potentiels sont-ils liés à l'air, aux eaux ou aux sols ?

Parmi les gênes les plus fréquemment ressenties par les usagers, la présence des détritus est toujours citée et, en 2010, c'est un problème pour 74 % de la population française. Les motos et les autos sont aussi très mal perçues dans le milieu naturel, mais il semble que la gêne a diminué (probablement à cause des limitations d'accès aux voies forestières). En 1991, plus de 85 % de la population s'est dite défavorable a cette pratique (Laffite, 1993), alors qu'en 2010, seule une moitié de la population (50 %) éprouve de la gêne à cause des engins motorisés (ONF, 2012a).

Les pratiques traditionnellement liées aux forêts peuvent choquer les citadins (Alexandre, Parent,

1998) et selon les activités, leurs perceptions sont très contrastées. Cependant, contrairement à une idée assez répandue, plusieurs enquêtes montrent que de la population n'est pas opposée aux coupes de bois. Elles semblaient normale à 66 % de la population en 1991 (Laffite, 1993), et dix-neuf ans plus tard, en 2010, 67 % des individus se sont dits satisfaits de la présence de bois coupé le long des chemins (ONF, 2012a). Par contre, la chasse est perçue de façon différente entre les époques et les enquêtes. 81 % de la population était défavorable à sa pratique en 1991, et elle est encore une gêne pour 39 % des individus en 2010 (Laffite, 1993 ; ONF, 2012a).

Malgré les désagréments et les problèmes réels et potentiels perçus par les usagers et la population, les enquêtes montrent que d'une façon générale, les Français sont satisfaits de leurs forêts (Boutefeu, 2007 ; Laffite, 1993 ; ONF, 2012a ; Piveteau, 1999).

3.2.2.5/ La problématique des coûts et de la valeur de la fonction sociale

Des niveaux de fréquentation et d'activités récréatives en hausse induisent mathématiquement des coûts d'entretien et des investissements croissants (Maresca, 2000).

L'étude du coût, des dépenses et du montant que les usagers seraient prêts à payer pour visiter les forêts ont à plusieurs reprises fait l'objet de questions posées dans le cadre des enquêtes financées par des donneurs d'ordre impliqués. En 1991, 42 % des Français se disaient près à payer plus d'impôts pour accéder à des forêts de meilleure qualité, contre 53 % qui étaient opposés à cette mesure. 29 % étaient d'accord pour payer des droits d'entrée et 38 % se disaient près à voir de la publicité en forêt (Laffite, 1993).

L'enquête du LEF de 2002, devait estimer la valeur des services non-marchands que les usagers déboursent pour aller en forêt (Berger, Peyron, 2005). Le coût du déplacement a été estimé à 24 centimes d'euros par kilomètre, soit 83 euros par ménage et par an. Au niveau national, le montant de ces dépenses s'élevait à deux milliards d'euros. Les chercheurs du LEF ont ensuite divisé ce chiffre par le nombre d'hectares de forêt en France, et ils ont conclu que le coût des transports pour se rendre en forêt s'élevait à 126 euros par hectare et par an. Au-delà de cet argent dépensé par les usagers, il semblait aux spécialistes du LEF que les services rendus par la forêt étaient supérieurs à cette somme d'argent.

En parallèle à ces chiffres globalisants, les services et des coûts engendrés par la fonction sociale des forêts peuvent être estimés de façon plus spécifique. Certains chercheurs déconnectent les coûts directs assumés par les forestiers (création et entretien des parkings, des aires de repos, des bancs et

En parallèle à ces chiffres globalisants, les services et des coûts engendrés par la fonction sociale des forêts peuvent être estimés de façon plus spécifique. Certains chercheurs déconnectent les coûts directs assumés par les forestiers (création et entretien des parkings, des aires de repos, des bancs et

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