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Les forêts domaniales de l'aire urbaine de Blois

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 154-160)

Deuxième partie - Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.3/ Blois et son aire urbaine

4.3.3/ Les forêts domaniales de l'aire urbaine de Blois

Les forêts domaniales de Blois et de Russy sont des espaces boisés multifonctionnels proches de la ville. La forêt de Boulogne est plus éloignée de l'agglomération. C'est une forêt multifonctionnelle de troisième couronne.

Ces trois forêts ont des origines historiques communes, puisque toutes les trois ont appartenu au domaine royal avant d'être incorporées à celui de la République. A l'époque de la Renaissance, les rois de France avaient fait de Blois une de leurs résidences qu'ils appréciaient pour ses forêts et ses chasses. François 1er aimait particulièrement la forêt de Russy et la rive sud de la Loire, et il fit construire Chambord. En 1542, la construction d'un mur fut entreprise au milieu des bois54. Ainsi, furent délimités le parc de Chambord et la forêt de Boulogne qui ne constituaient précédemment qu'un seul ensemble forestier (Chalvet, 2011 ; Corvol, 2010).

L'acquisition successive de ces forêts et leur incorporation au domaine royal ont induit la préservation de cet environnement. Pendant des siècles, l'administration des Eaux et Forêts a géré ces trois forêts qui sont devenues les forêts domaniales que nous connaissons aujourd'hui.

4.3.3.1/ La forêt domaniale de Blois

La forêt domaniale de Blois couvre 2 753 hectares et, d'un point de vue cadastral, 35 % de ce massif est inclus dans le périmètre de la commune de Blois. Le reste de la surface de cette forêt se répartit entre les autres communes périphériques : Saint-Sulpice, Molineuf, Chambon-sur-Cisse, et Chouzy-sur-Cisse.

Les sols de cette forêt sont propices aux essences feuillues. Le chêne rouvre et le hêtre y sont donc traités en futaie régulière. Les arbres poussent lentement et les plus beaux spécimens peuvent atteindre 16 à 20 mètres sous branches avec un diamètre de 0,8 mètre (Plaisance, 1997). La période de révolution des chênes est très longue, actuellement de plus de 200 ans. La forêt de Blois est une forêt multifonctionnelle, mais c'est la production de bois et la vente des lots de chasse qui assurent les revenus nécessaires à son entretien55 . L'ONF vend plusieurs lots de chasse à pied mais il n'y a pas de chasse à courre dans la forêt de Blois.

D'un point de vue floristique et faunistique, cette forêt est intéressante mais elle n'est inscrite dans

54 http://chambord.org/wp-content/uploads/2013/04/dossierenseignantchambord.pdf

55 De nombreuses informations sur cette forêt sont tirées d'une interview réalisée en 2011 auprès de Monsieur Philippe Guétard qui est le responsable départemental de l'ONF

aucun périmètre de protection spécifique. Elle abrite pourtant beaucoup d'oiseaux de passage dont certains sont assez rares. Les usagers naturalistes peuvent y observer quelques unes des 40 espèces remarquables qui existent dans le Loir-et-Cher (la Bondrée apivore, le Circaète Jean-le-blanc, etc.).

Parmi les autres espèces animales présentes en forêt de Blois, le Grand-Murin et le Petit-Rinolophe (chauves-souris) ont des habitudes nocturnes discrètes (Hainard, 1971).

Carte n°11 – La forêt de Blois

La forêt est insérée entre les communes de bon standing de la vallée de la Cisse, et les quartiers populaires du nord-ouest de Blois.

Les usagers ont surtout été rencontrés et interrogés dans la partie nord de la forêt. Les visiteurs sont beaucoup moins nombreux au sud de la route de Blois à Chouzy-sur-Cisse.

Du fait de sa proximité avec la ville, la forêt sert de lieu de découverte aux écoliers des établissements scolaires riverains. Par contre, la présence de la faune à proximité de la ville génère des conflits. Dans le quartier des Grouëts, les interactions entre les hommes et les sangliers sont parfois orageuses, et des battues administratives sont organisées occasionnellement.

En forêt de Blois, l'un des principaux soucis du gestionnaire est la sécurité. L'ONF doit tenir compte des problèmes typiquement urbains qui se posent dans certains espaces proches de la ville. Venus depuis les quartiers d'une ancienne ZUP, des jeunes en difficulté sont apparemment responsables de quelques dégradations sur la lisière à l'est de la forêt. Les forestiers surveillent ces endommagements, car ils ne doivent surtout pas mettre en cause la sécurité des usagers.

Plus loin de la ville, en direction de Molineuf, existent d'autres espaces à « problèmes ». Des parkings servent de lieux de rencontre pour des homosexuels, et leurs présences ou leurs manèges sont parfois gênants pour les usagers qui passent par les chemins environnants.

Pour des usagers en quête de patrimoine historique, cette forêt présente peu de sites particulièrement remarquables. Certains endroits peuvent même être dangereux. Les anciennes carrières de craie et de calcaire dont les entrées se faisaient autrefois sur le coteau sud, peuvent causer des effondrements. Au milieu d'une parcelle, existe un vieux mirador qui domine la forêt et la vallée de la Loire. Les archives parlent d'une vue magnifique vers Chambord et Chaumont-sur-Loire. Aujourd'hui, ce bâtiment n'est plus accessible et il est si délabré qu'il n'est pas possible de le réhabiliter.

Au-delà de ces problèmes réels mais localisés dans des parcelles précises, les fréquentations ne posent pas de problème particulier dans la plus grande partie de la forêt. Les usages et les perceptions sont globalement conformes à ce que les usagers peuvent espérer dans une forêt domaniale de plaine. Quelques endroits sont plus visités que d'autres, et les caractéristiques de ces espaces sont souvent liées à la possibilité de garer sa voiture ou à l'attrait spécifique de quelques sentiers. Dans son ensemble, la forêt de Blois présente donc les caractéristiques naturelles et esthétiques habituelles aux forêts domaniales qui satisfont les citadins en quête d'espaces de nature assez proches des lieux de vie (Plaisance, 1997 ; ONF, 2011a).

4.3.3.2/ La forêt domaniale de Russy

Sur la rive gauche de la Loire, la forêt de Russy couvre une superficie de 3 182 hectares. Ses sols sont composés de calcaire de Beauce, de sables et de marnes du blésois et d'argiles de Sologne (Plaisance, 1997). Les peuplements forestiers sont constitués de hêtraies et de chênaies dans lesquels les charmes sont nombreux. Dans cette forêt, la diversité de la topographie et des

expositions déterminent plusieurs types d'ambiances forestières dont certaines sont assez humides.

Ce massif boisé abrite des espèces végétales intéressantes et parfois rares dans la région. Il s'agit notamment de la Scille à deux feuilles, de la Pivoine sauvage et l’Anémone des bois. En forêt de Russy, deux périmètres ont été classés en ZNIEFF.

A Saint-Gervais-la-Forêt, l'interface ville/forêt est franche. La zone commerciale s'achève sur un rond-point, et de l'autre coté du carrefour, une futaie centenaire fait face aux enseignes commerciales. La forêt de Russy est donc proche de la ville mais elle ne s'offre pas facilement à tout le monde. Pour y accéder, il faut connaître la petite rue qui débute à coté d'une concession automobile, et quelques centaines de mètres plus loin, le petit parking à l'entrée de l'allée de Seur est en pleine forêt.

La proximité des lieux de travail et de quelques quartiers d'habitations proches de la forêt induit quelques fréquentations par capillarité mais elles n'entrainent pas de dégradations.

Carte n°12 – La forêt de Russy

La forêt est traversée par des routes importantes à l'échelle locale. Les trois grands secteurs délimités par ces infrastructures routières ne reçoivent pas le même nombre de visiteurs. C'est la partie nord-ouest de la forêt qui accueille le plus d'usagers pendant leurs activités récréatives.

La lisière nord-ouest entre Chailles et Saint-Gervais-la-Forêt a été pendant longtemps l'objet d'un problème de voisinage. L'ONF et les riverains s'opposaient sur la propriété d'un chemin dont personne ne voulait assumer la charge. Près de ce chemin humide et fragile, des parcelles étaient à l'abandon. Des jeunes venaient faire du moto-cross et des gens peu scrupuleux amenaient des détritus dans cet endroit de pleine nature. Récemment, Agglopolys a acheté des terrains dans cette zone du « Champ de tir » à proximité du coteau de la « Hêtraie de tue l’âne ». Aujourd'hui, ces problèmes de propriété et d'environnement semblent résorbés.

Les véhicules qui stationnent sur un parking au bord de la route entre Blois et Cheverny créent une situation problématique. Certains usagers et forestiers émettent des critiques assez vives contre les personnes qui se livrent à la prostitution et qui donnent une mauvaise image de la forêt. Quant aux usagers de la forêt qui ne passent pas par cette route, il leur est difficile de remarquer cette activité et son manège automobile.

Au-delà de ces soucis liés à des pratiques extra-forestières, les fréquentations récréatives ne posent globalement pas de problèmes aux agents de l'ONF. Dans le détail topographique, la forêt est divisée en trois secteurs par d'importants axes routiers. Les deux entrées les plus fréquentées sont situées dans la partie ouest de la forêt, au niveau du carrefour de l'étoile et de l'allée de Seur. Ces deux entrées sont au fond de voies sans issue. La plupart des usagers qui viennent là ont donc fait un déplacement spécifique.

L'allée de Seur est une allée forestière bitumée et fermée à la circulation automobile. Elle traverse une zone de silence, et sur plusieurs kilomètres elle est bordée de futaies feuillues. La belle apparence de ces bois majestueux, calmes et assez proches de la ville, engendre de nombreuses visites, d'autant plus que le revêtement de l'allée est pratique et sécurisé. Les personnes à mobilité réduite, les retraités et les usagers qui ne veulent pas salir leurs chaussures, apprécient particulièrement cet endroit.

L'autre entrée assidument fréquentée est le Carrefour de l'étoile, qui est davantage inséré dans le bois. Deux kilomètres de route forestière relient un lotissement excentré de Saint-Gervais avec une maison forestière. Au rond de l'étoile, un petit monument rappelle la mémoire d'un forestier, et dans les bois proches quelques tables de pique-nique sont occupées les dimanches ensoleillés. Cet endroit est donc le point de départ de nombreuses ballades, de footings et de parcours cyclistes.

4.3.3.3/ La forêt domaniale de Boulogne

Sur des argiles et des sables de Sologne, mais aussi sur du calcaire dans sa partie ouest, la forêt domaniale de Boulogne s'étend sur 4000 hectares. Elle est mitoyenne du parc de Chambord dont

elle est séparée par un mur qui a été édifié au XVIe siècle. Ce mur est une contrainte forte pour les usagers mais aussi pour les grands ongulés qui ne réussissent que très rarement à le franchir.

La forêt est traitée en futaie régulière et les essences les plus courantes sont les chênes rouvres et pédonculés, les charmes, les hêtres et les pins sylvestres (Plaisance, 1997). Aucune parcelle n'est classée en ZNIEFF mais la partie sud de la forêt est incluse dans l'espace Natura 2000 de Sologne.

Les espèces végétales et animales présentes à Boulogne ne sont pas spécifiques mais elles montrent une image de la diversité que l'on peut observer dans la région. Parmi les espèces remarquables, le Glaïeul d'Illyrie a été signalé dans les clairières sèches.

Certains pans de l'histoire de la forêt de Boulogne sont peu connus. Cette forêt a été peu remaniée au cours du temps et des vestiges plus ou moins affleurants sont encore visibles. C'est notamment le cas du Grand Fossé de Montbénard dont personne ne sait à quelle époque et pourquoi il a été creusé (Massé, 1996). En forêt, existent aussi de nombreux tumulus dont les forestiers et les historiens connaissent les emplacements. Mais si l'existence de ces traces du passé est bien connue, peu de publicité est faite à ce sujet. Ces pans d'histoire oubliée déterminent donc peu de visites spécifiques.

Les seules personnes actives autour de ces vestiges anciens sont les forestiers et les archéologues officiellement mandatés.

La route de Bracieux à Chambord traverse la forêt de Boulogne et de très nombreux touristes passent par cette route. Mais peu d'entre eux s’arrêtent pour fréquenter cet espace boisé. Par contre, dans le cadre du programme « la Loire à vélo », une voie verte a été aménagée à travers la forêt, et de nombreux touristes fréquentent cet itinéraire sécurisé. Le décor est plaisant, le parcours est bien balisé, les usagers profitent du paysage mais, là aussi, peu de visiteurs s’arrêtent si ce n'est pour une courte pause ou pour pique-niquer56.

Boulogne est la seule forêt domaniale de l'aire urbaine de Blois dans laquelle la chasse à courre est encore pratiquée. A coté des spectateurs attirés par le décor et l'apparat de ce type de chasse, des opposants ont déjà organisé des manifestations pour empêcher cette activité.

Les fréquentations récréatives sont plus rares à Boulogne que dans les autres forêts domaniales de l'aire urbaine à cause de l'éloignement de la ville mais aussi à cause du mur qui obstrue les chemins et qui limite les visites à une direction est-ouest. Les habitants de la région fréquentent donc assez peu cette forêt. Les usagers sont plutôt les touristes qui apprécient la voie verte et qui passent par là pour aller visiter les nombreux châteaux des environs.

56 Selon P.Guettard de l'ONF : « Dans le Loir-et-Cher, les touristes ont tellement à faire avec les châteaux, qu'ils n'ont pas vraiment le temps de visiter les forêts. »

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