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Les deux grandes forêts domaniales périurbaines d'Alençon 4.2.5.1/ La forêt d'Écouves

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 141-147)

Deuxième partie - Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.2/ L'aire urbaine d'Alençon

4.2.5/ Les deux grandes forêts domaniales périurbaines d'Alençon 4.2.5.1/ La forêt d'Écouves

4.2.5/ Les deux grandes forêts domaniales périurbaines d'Alençon 4.2.5.1/ La forêt d'Écouves

A une dizaine de kilomètres au nord d'Alençon, la forêt d'Écouves a une superficie d'environ 15 000 hectares et ses propriétaires sont publics et privés. Les 8 173 ha de forêt domaniale sont situés dans la partie du massif la plus proche de la ville, et de nombreuses parcelles sont même incluses dans le périmètre de la Communauté urbaine d'Alençon. La forêt d'Écouves est quelquefois appelée forêt d'Alençon mais cette appellation tend à disparaître (Foubert, 1985).

Les sols de la forêt d'Écouves ont été en partie ruinés par des siècles de prélèvements intensifs.

Jusqu'au XIXe siècle le bois servait à alimenter des verreries et des industries métallurgiques et ce n'est qu'au XXe siècle que les taillis ont été totalement remplacés par des peuplements résineux

(Houzard, 1980). L'étymologie des noms de villages ou de lieux-dits témoigne de ce passé énergivore (La Forge, la Ferrière-Brochard, etc.).

Aujourd'hui, la forêt n'est plus menacée, car elle s'étale sur les reliefs accidentés d'un socle cristallin inadapté à l'agriculture. Sur ces dômes rocheux, les altitudes s'échelonnent de 200 à un peu plus de 400 mètres. Parfois des rochers affleurent sur les crêtes, offrant de beaux paysages qui ne sont pas vraiment mis en valeur. Les anticlinaux de la forêt domaniale dessinent une sorte de X dont les branches se croisent près de la Croix Médavy (carte n°7). C'est le point le plus haut de Normandie.

Le Signal d'Écouves culmine à 413 mètres et sur ces hauteurs le temps est souvent plus froid et plus pluvieux45 qu'ailleurs dans l'Ouest de la France (Houzard, 1980).

Carte n°7 – La forêt d'Écouves

45 Sur les versants à l'ouest, il tombe plus d'un mètre de précipitations par an et sur les versants à l'est, il y a près de 60 jours de gel tous les ans (Houzard, 1980 ; Douillard, 2010).

La partie sud-est de la forêt est incluse dans l'aire urbaine et c'est l'espace le plus fréquenté par les visiteurs. C'est donc dans cette partie de la forêt que les usagers ont été interviewés.

La forêt domaniale d'Écouves est constituée de peuplements feuillus et résineux traités en futaie régulière. Les principales essences feuillues sont les chênes rouvres et pédonculés ainsi que les hêtres.

Les résineux sont surtout des pins sylvestres et des sapins de Douglas, mais diverses essences exotiques ont aussi été testées. A cause du réchauffement climatique, l'ONF accorde une attention particulière aux peuplements forestiers. Les écosystèmes évoluent et, par exemple, l'aire de répartition de la chenille processionnaire qui progresse vers le nord, touche désormais la forêt d'Écouves.

Cette forêt est un intéressant réservoir de biodiversité, plusieurs parcelles sont des sites d'intérêts communautaires Natura 2000. Des espaces sont protégés en tant que réserves biologiques créées par l'ONF, et au-delà des mesures de protection effective, des ZNIEFF couvrent l'ensemble du massif boisé et de ses marges.

Les sites Natura 2000 concernent essentiellement le nord et l'ouest de la forêt. Les SIC « Haute vallée de l'Orne et ses affluents » et « Haute vallée du Sarthon et ses affluents » désignent de nombreux cours d'eau qui prennent leurs sources dans la forêt. Le classement de ces habitats permet de protéger des poissons (exemple : le Chabot commun), des invertébrés (ex : le Lucane Cerf-volant) et des mammifères tel que la loutre. La création officielle de ces deux SIC est récente (26 janvier 2013) tandis que le classement Natura 2000 des « Sites d'Écouves46 » date de 2006, et dans ce patchwork spatial ce sont des tourbières, des marais, des bois et des éboulis qui sont protégés. Les « Sites d'Écouves » ont une superficie de 1 410 hectares dont 26 % sont dans la forêt domaniale.

Les réserves biologiques de l' ONF sont moins vastes que les « Sites d'Écouves » auxquels elles se superposent en partie. La Réserve biologique dirigée d'Écouves a été constituée de plusieurs parcelles pour un total de 63 ha. Elle permet la gestion d'une tourbière, d'un pierrier et d'un espace de lande humide alors que la Réserve biologique intégrale couvre 64 ha et sa chênaie/hêtraie acidiphile à houx et à ifs évolue hors de l'intervention humaine.

La ZNIEFF de type 2 appelée « Massif forestier d'Écouves et de ses marges47 » concerne la totalité de la forêt. Elle se superpose à d'autres ZNIEFF telle que celle de la « Butte Chaumont48 » dont la superficie est toutefois moins importante. Ces ZNIEFF sont des habitats dans lesquels se reproduisent de très nombreuses espèces sensibles ou remarquables parmi lesquelles figurent des arachnides (ex : Misumena vatia), des batraciens (ex : Triturus cristatus), des insectes (ex : Catocala fraxini), des mammifères (ex : Martes martes), des oiseaux (ex : Asio otus) et des végétaux (ex : Drosera rotundifolia).

Pour les visiteurs, la forêt d'Écouves apparaît souvent comme un lieu marqué par l'histoire. Les usagers d'Écouves ne sont pas toujours intéressés par les vestiges et les récits plus ou moins

46 http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR2500100 47 http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/250002602 48 http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/250002603

légendaires, mais ils peuvent difficilement éviter certains monuments et symboles. Ainsi, au milieu d'un carrefour de routes forestières assez usitées, une grande croix de bois blanche rappelle la famille royale des Bourbons et l'importance historique des Ducs d'Alençon. La forêt est aussi parsemée de plusieurs bornes à la fleur de lys qui indiquent des directions. Ces témoins d'un passé lointain attirent quelques touristes qui combinent un intérêt pour l'environnement avec un développement culturel (Plaisance, 1997). Cependant, c'est l'histoire récente qui marque le plus la forêt d'Écouves, car la Seconde Guerre mondiale a laissé de nombreuses traces dans ce massif propice aux combats militaires. Les vestiges de la Bataille de Normandie font partie des principaux attraits touristiques de la région et de cette forêt. Il existe notamment deux lieux de mémoire qui attirent des visiteurs locaux et des touristes de passage. Au Sud-Est, sur une lisière de la forêt d'Écouves, la Nécropole des Gateys a été aménagée. L'endroit est assez émouvant. Sept tombes de jeunes soldats français tombés pendant la bataille sont alignées. L'endroit est bien entretenu et la fréquentation du parking montre que les visiteurs sont relativement fréquents. Plus au Nord, au carrefour de la croix Médavy, un char de la colonne Leclerc est installé sur un promontoire. Aux beaux jours, d'assez nombreux touristes français et étrangers s'arrêtent pour regarder ce char Sherman et ses panneaux didactiques.

Près de ce carrefour de la croix Médavy, l'ONF a installé divers équipements pour les usagers, et une ancienne maison forestière a été transformée en chalet de pique-nique ouvert à tous. Ce carrefour est incontestablement l'endroit le plus visité de la forêt d'Écouves.

A coté des usages plus ou moins liés au passé historique, la forêt est aussi un espace fréquenté pour la promenade, le sport et les pratiques récréatives communes à la plupart des forêts domaniales. La forêt est parcourue par de nombreux chemins balisés, parmi lesquels les chemins de grande randonnée GR22 et GR36. Ces chemins sont partiellement empruntés par les promeneurs et les sportifs du quotidien, mais ils servent aussi de support à des compétitions sportives pédestres (le Trail d'Écouves) et cyclistes ( la XC d'Écouves) qui attirent des passionnés.

A l'initiative des collectivités locales, du PNR et de l'ONF, un parcours santé a été aménagé au cœur du massif. C'est l'un des principaux investissements en faveur des usagers, qui a été fait ces dernières années. La forêt d'Écouves est aussi fréquentée par des naturalistes mais la présence de ces adeptes de la préservation de l'environnement n'empêche pas les activités cynégétiques qui sont pratiquées à pied et à courre dans ce cadre réputé productif.

D'après une enquête de fréquentation, plus de 60 000 visiteurs viendraient tous les ans dans ce massif qui est assurément la forêt domaniale la plus fréquentée de l'aire urbaine d'Alençon (PNR Normandie - Maine, ONF, 2007).

4.2.5.2/ La forêt de Perseigne

Bien qu'entièrement située dans le département de la Sarthe, la plus grande partie de la forêt domaniale de Perseigne est située dans l'aire urbaine d'Alençon (carte n° 8). Sa lisière nord-ouest est située à moins de 10 kilomètres de la ville d'Alençon et de son quartier d'habitat social appelé Perseigne.

La forêt recouvre un socle rocheux du Massif Armoricain qui domine les environs. Les pentes sont parfois assez raides et irrégulières, mais permettent de belles échappées visuelles sur la plaine d'Alençon et sur la forêt d'Écouves située plus au nord. Le point le plus haut de la forêt est le Signal de Perseigne qui culmine à 340 mètres. Quelques vallées profondes entaillent ce socle rocheux et elles déterminent des déclivités qui plongent vers les plaines du pourtour, la plus connue d'entre elles étant le Val d'Enfer (Dufour, 1997).

Carte n°8 – La forêt de Perseigne

La forêt est massive. A cause du relief, la plupart des routes et des voies forestières longent les pentes périphériques suivant le faîte du massif rocheux mais l'une d'entre elles passe par le Val d'Enfer. La plupart des usagers ont été interrogés près de la route du faîte car c'est la partie de la forêt la plus fréquentée par les usagers.

Historiquement et bio-géographiquement, la forêt de Perseigne est une forêt de marche de la Normandie (Dufour, 1979 ; Houzard, 1984). Le climat, la géologie, les sols mais aussi l'histoire du massif de Perseigne expliquent en grande partie les peuplements et les traitements forestiers actuels.

Aujourd'hui, cette forêt est traitée en futaie régulière. Les parcelles feuillues couvrent plus de 80%

de la surface du massif et sont essentiellement composées de chênes et de hêtres. Ailleurs, sur des sols moins favorables ou qui ont pâti des exploitations humaines, les parcelles sont enrésinées avec des pins sylvestres, des sapins pectinés ou de Nordman et des Douglas (Plaisance, 1997).

Au niveau biologique, plusieurs zones sont particulièrement intéressantes et certaines sont classées en ZNIEFF ou en espaces Natura 2000. La fiche de la ZNIEFF49 « Forêt de Perseigne entre le belvédère, le puits de la Roche et le carrefour des Trois Ponts », précise que la zone abrite une espèce végétale rare qui traduit « un mésoclimat d'affinité sud-montagnarde ». Il s'agit de l'Oréoptéris à sores marginaux (Oreopteris limbosperma). Parmi les autres espèces remarquables de cette ZNIEFF, le lichen poumon (Lobaria pulmonaria) est aussi appelé "Lichen pollution zéro", car il est très sensible à la pollution atmosphérique (Daviau, Jegat, 2011).

Parmi les sites classés Natura 2000, l'un d'eux a été baptisé « Vallée du Rutin, coteau de Chaumiton, étang de Saosnes et forêt de Perseigne ». Dans cet espace vivent des oiseaux (ex : Locustelle tachetée), des mammifères (ex : Oreillard septentrional), des reptiles (ex : Lézard des souches) et des plantes ( ex : Helléborine blanche) inscrits dans la liste rouge nationale des espèces menacées.

Pour les usagers, la forêt de Perseigne présente donc un relief accidenté et une nature rude mais préservée. L'endroit le plus fréquenté de la forêt est sans aucun doute le Signal de Perseigne. Sur ce sommet, un belvédère de 35 mètres de hauteur est accessible aux usagers depuis le printemps jusqu'à l'automne. Ce bâtiment (photo n°7- page 95) est un ancien poste d'observation construit par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. Il a été réhabilité au début des années 2000 par la Communauté de communes du Saosnois qui en assure la gestion. Certains dimanches, plus d'une centaine de personnes peuvent fréquenter cet espace où des jeux et un parcours de santé ont aussi été aménagés.

La forêt est parcourue par plusieurs sentiers balisés sur lesquels il est parfois rare de rencontrer des usagers. Hors des principaux itinéraires, notamment dans les endroits pentus, le niveau de fréquentation peut être faible. Les usagers en quête de calme et d'isolement trouvent là un espace qui répond à leurs demandes.

A Perseigne, les visiteurs locaux tiennent compte des fortes déclivités et ceux qui s'éloignent de leur véhicule et de la route du faîte ont généralement des tempéraments sportifs. Parmi les randonneurs,

49 http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/520006716

les vététistes cherchent spécialement les pentes les plus raides. Dans cette forêt, plusieurs épreuves sportives de renommée inter-départementale sont organisées tous les ans. Le trail d'Enfer est l'une de ces manifestations organisées en partenariat avec l'ONF. Le parcours de cette compétition est naturellement structuré par le dénivelé, et quelques centaines de sportifs confirmés participent à cet événement (285 inscrits en 2010).

Au-delà des activités cynégétiques habituelles dans la région, quelques pratiques spécifiques existent à Perseigne. Dans ce massif, les chasses à courre sont populaires. Les meutes de chiens et les chasseurs à cheval traquant le gibier en musique, semblent un folklore suffisamment plaisant pour que des usagers passionnés et motorisés suivent les chasseurs au mépris des règlements forestiers et routiers. Face à des spectateurs peu respectueux du milieu naturel et des règlements, les forestiers de l'ONF, ont pendant un temps, craint les accidents. Aujourd'hui, pour éviter les problèmes, ils organisent un contrôle préventif du suivi des chasses et, pour quelques euros, les suiveurs peuvent s'aventurer en forêt. Des recommandations sont faites à ces spectateurs connus et encadrés, et il semble qu'en forêt, les poursuites automobiles effrénées n'existent plus.

L'autre caractéristique cynégétique de Perseigne est clairement élitiste. Pour des chasseurs passionnés et aisés, l'ONF vend quelques bracelets de chasse à l'approche. Contrairement aux chasses à l'affut qui sont pratiquées en groupe et qui utilisent des rabatteurs, la chasse à l'approche est individuelle et elle est pratiquée avec un fusil ou un arc. Ce type de chasse s'adresse donc à un public de connaisseurs qui ont les moyens car un bracelet peut couter plusieurs milliers d'euros.

Dans l'aire urbaine d'Alençon, la forêt domaniale de Perseigne présente donc des similitudes avec celle d'Écouves. Ces forêts ont des caractéristiques biogéographiques et historiques assez semblables et elles servent de décor aux sorties des usagers locaux qui souhaitent profiter du calme et de la nature d'apparence assez sauvage.

Cependant, ces qualités environnementales ne conviennent pas à tous les usagers. Certaines personnes apprécient les espaces naturels mais n'aiment pas l'isolement des grandes forêts. De nombreux citadins restent donc dans les espaces naturels limitrophes de la ville. Dans l'aire urbaine d'Alençon, il existe donc une sorte de complémentarité entre la Fuie des vignes et les forêts domaniales de Perseigne et d'Écouves.

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