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Les forêts périurbaines de Blois

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 148-152)

Deuxième partie - Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.3/ Blois et son aire urbaine

4.3.1/ Les forêts périurbaines de Blois

Dans l'aire urbaine de Blois (carte n° 9, page 148), la fréquentation des forêts s'explique par leur situation spatiale et leur statut foncier, mais aussi par les perceptions des usagers qui varient en fonction de la naturalité des espaces. Du nord au sud de l'aire urbaine, la proximité, l'accessibilité et la naturalité des espaces boisés changent, et par conséquent les niveaux de fréquentation, les usages et les perceptions varient aussi beaucoup.

A une dizaine de kilomètres au nord de Blois, au milieu des grandes étendues de la plaine de Beauce, il existe un espace partiellement boisé que les hommes n'ont jamais pu totalement assimiler

aux terres agricoles. La Réserve naturelle de Grand-Pierre et Vitain50 s'étend sur près de 300 hectares (Cans, Reille, 1997). Cette réserve a pour cadre un espace relativement préservé des grandes dégradations causées par l'homme. Une mosaïque de bois, de prairies et de marais constitue une sorte de corridor autour de la Cisse, et cette végétation a peu évolué depuis quelques milliers d'années. Entre les espaces boisés de chênes et de buis et les pelouses à orchidées, les premiers éleveurs de la région ont laissé en vestiges des tombes entourées de pierres levées qui sont accessibles et encore bien visibles. Aujourd'hui, la plus grande nécropole protohistorique de la région Centre, avec son paysage forestier très particulier, est surtout fréquentée par les groupes scolaires. La nature de cet espace n'est pas propice aux fréquentations récréatives, car les personnes qui viennent là ont des appétences surtout culturelles.

Carte n°9 – Les forêts de l'aire urbaine de Blois

50 Le Comité Départemental de Protection de la Nature et de l’Environnement du Loir-et-Cher gère cette Réserve Naturelle qui a été crée par un décret ministériel de 1979

Au nord de l'aire urbaine, les espaces agricoles dominent. C'est la plaine de Beauce dans laquelle les forêts sont rares. Au sud de la Loire, les forêts sont plus nombreuses. C'est la Sologne. Ses espaces les plus typiques s'identifient nettement au sud et au sud de la forêt de Boulogne. Entre la Beauce et la Sologne, le Blésois est un espace intermédiaire.

Au sud-est, dans la vallée de la Cisse, en aval de la Réserve de Grand-Pierre et Vitain, de nombreux bois privés ne sont pas accessibles aux usagers mais constituent le décor champêtre de villages et de petites villes de bon standing. Spatialement, ces espaces ne sont séparés de la ville de Blois que par une forêt domaniale, mais socialement la discontinuité est évidente.

Les quartiers populaires du nord-ouest de Blois ont un déficit d'image qui est sensible jusque dans les espaces boisés de proximité. Dans cette partie de la ville, des travaux de rénovation urbaine sont en cours pour réhabiliter des espaces marqués par une urbanisation de type ZUP.

A proximité de ces quartiers populaires, un continuum d'espaces verts relie le lac de Pinçonnière à la forêt domaniale de Blois (Carte n°11). De nombreux Blésois habitant la partie nord de la ville viennent s'aérer, faire du sport et pêcher sous les arbres au bord du lac de Pinçonnière. L'endroit semble calme mais la quiétude du décor est parfois critiquée à cause d'un environnement social problématique. A l'interface entre la forêt domaniale de Blois et l'urbain, les conséquences de quelques actes de vandalisme sont visibles. Des barrières sont cassées et des panneaux sont tagués.

Toutefois, au-delà de cette apparence désagréable, les dégâts ne sont pas très importants. La forêt subit une fréquentation par capillarité à partir du quartier de Quinière. Sur quelques centaines de mètres de profondeur, les habitants viennent promener leurs chiens ou simplement prendre l'air et discuter entre amis et voisins. Quelques parcelles de forêt sont donc utilisées comme un espace vert urbain. Mais, au-delà de la lisière, la proximité de la forêt à la ville ne détermine pas de très importantes fréquentations (cf. chapitre 4.3.3.1).

Au centre de l'aire urbaine, la vallée de la Loire marque le paysage qui a souvent une vocation récréative et touristique. En amont de la ville de Blois, dans des espaces suburbains situés au nord du fleuve, les levées sont vouées aux circulations douces. Les habitants de l'agglomération et de nombreux touristes profitent de ces espaces naturels et de la vue sur le fleuve. C'est là, à l'interface de la ville et du lit majeur de la Loire, que les services d'Agglopolys51 ont aménagé le parc des Mées qui propose un cadre bien entretenu et des équipements utiles à la détente et aux loisirs des citadins. Ce parc suburbain, avec sa forêt d'agrément, s'inscrit dans la continuité des espaces naturels du bord de la Loire.

Vers l'Est, les chemins qui bordent et traversent le parc des Mées rejoignent une voie verte baptisée

« la Loire à vélo ». Elle longe le fleuve et dessert de petites villes touristiques telles que Saint-Denis-sur-Loire et Menars. A terme, l'itinéraire de cette voie verte reliera les origines du fleuve à son embouchure (des prolongements sont prévus vers le Danube). Aujourd'hui, cet équipement est très utilisé, et il détermine de grandes fréquentations locales et touristiques depuis son aménagement dans le cadre du classement UNESCO.

51 Agglopolys est le nom que s'est donnée la Communauté de communes de Blois

Un peu à l'écart du fleuve et de sa voie verte, au sud de Blois, la situation socio-spatiale correspond à celle des banlieues sans problèmes. Ici débute la forêt domaniale de Russy, au contact direct avec une zone commerciale et avec les quartiers pavillonnaires de la commune de Saint-Gervais- la-forêt. Il n'existe pas de réel problème d'interface entre les espaces urbains et cette forêt qui est tout de même morcelée par plusieurs routes. Les habitants de l'agglomération blésoise peuvent donc accéder assez facilement à cet espace naturel qui présente des caractéristiques forestières classiques. L'observation des pratiques montre que, mises à part les fréquentations de quelques riverains, la forêt de Russy ne peut pas être assimilée à un espace suburbain : il s'agit d'une forêt multifonctionnelle, simplement très proche de la ville (cf. chapitre 4.3.3.2).

D'un point de vue géographique, toute la partie sud de l'aire urbaine de Blois est en Sologne mais la délimitation du document d'objectif qui a permis de classer cet ensemble naturel comme un site Natura 2000 n'inclut pas tout cet espace historique et géologique. Dans l'aire urbaine de Blois, seule une partie de la forêt domaniale de Boulogne et toute la partie sud-est de l'aire urbaine sont classées dans le périmètre du site classé Natura 2000. A l'exception de la forêt de Boulogne, dans ces espaces éloignés de la ville, les fréquentations sont assez rares d'autant plus que les espaces boisés sont essentiellement privés et inaccessibles aux usagers.

Aux limites sud-ouest de l'aire urbaine de Blois, les espaces boisés qui bordent le fleuve sont peu accessibles aux usagers. Des bois poussent spontanément sur des terrains inondables, et pour les promeneurs et les touristes, ils ressemblent souvent à des friches et ne présentent d'intérêt que visuel. Toutefois, à la limite de l'aire urbaine, l'Île de la folie présente un intérêt particulier pour les usagers naturalistes. Cet espace forestier est en partie accessible et ses caractéristiques naturelles sont remarquables52. La végétation de cette forêt alluviale est exubérante, et cette interface du fleuve et d'un milieu terrestre préservé recèle une grande diversité floristique et faunistique. Les végétaux sont représentés par plus de 200 espèces, et en plus d'une avifaune remarquable, ce site est peuplé par des castors et des insectes peu communs. Les usagers peuvent accéder librement à deux chemins balisés de un et deux kilomètres, mais il est interdit de s'aventurer dans les sous-bois et sur les grèves sablonneuses. Ici, la nature est à l’œuvre, le couvert forestier laisse peu sécher les sols humides, et les ronces, les mousses et les lichens profitent de cette situation pour s'épanouir dans des sous-bois où les arbres morts sont naturellement nombreux.

Les usagers sont peu nombreux sur les chemins de l'Île de la folie. Les personnes peu informées ou peu intéressées par la nature sauvage et qui s'aventurent là par hasard, sont probablement déçues ou perplexes face à cet environnement préservé et non-entretenu.

52 L'Île de la folie est gérée par le Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Région Centre

Dans l'aire urbaine de Blois, il existe donc une grande diversité d'espaces boisés. Certains espaces sont très bien préservés, mais trop peu fréquentés pour être scrutés dans le cadre de cette recherche.

Par contre, les forêts domaniales sont fréquentées par de nombreux usagers. Leur fonction sociale peut donc être mise en parallèle et comparée à celle des espaces naturels suburbains plus anthropisés du parc des Mées et des bords de Loire.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 148-152)

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