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La Fuie des vignes

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 138-141)

Deuxième partie - Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.2/ L'aire urbaine d'Alençon

4.2.4/ La Fuie des vignes

A Alençon, le développement urbain a peu à peu enserré un espace naturel humide et inondable.

Aujourd'hui, dans le prolongement du parc Jean Mantelet, cet espace appelé la Fuie des vignes, est partiellement cerné par les quartiers populaires de Perseigne et de Courteille. Au cours des dernières décennies, les terrains de la Fuie des vignes, qui étaient à vocation agricole, ont été morcelés.

Quelques prairies de fauche subsistent mais plusieurs parcelles sont vouées au jardinage, à la détente, plantées en peupleraies et d'autres sont en friche. Compte tenu de la situation de cet espace naturel, à l'interface ville/campagne, et des importantes fréquentations populaires sur les chemins qui le traversent, la Fuie des vignes est devenu un enjeu d'aménagement à l'échelle de la communauté urbaine.

La Fuie des vignes couvre une superficie de 75 hectares dont une grande partie est régulièrement inondée par la Sarthe qui délimite partiellement cet espace (Carte n°6). Les parcelles sont humides et bordées par un système de fossés qui a contribué au maintien d'une biodiversité intéressante dans ce paysage de bois et de bocage. D'après nos observations, en 2011, dans les parcelles en friche et sur le bord des prés de fauche, les mares et les fossés sont rarement entretenus et ils ont tendance à se combler. La richesse faunistique et floristique de cette zone, qui avait déjà été remarquée au XIXe siècle, est donc menacée (Cochard, 2011).

Les inventaires et les observations récentes ont permis d'identifier six espèces d'amphibiens dans

cette zone, dont le Triton crêté qui est protégé au niveau national. La flore de cet espace est diversifiée et les botanistes ont notamment noté la présence de la Sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis) qui est une plante protégée au niveau régional.

La diversité des habitats et des espèces présentes à la Fuie des vignes conduit à son classement Natura 2000 dans le cadre du SIC « Haute-vallée de la Sarthe ».

Sur les rives de la Sarthe en amont d'Alençon, les espaces naturels de la Fuie des vignes font écho à un autre espace naturel humide situé en aval de la ville. Entre ces deux espaces naturels classés Natura 2000, l'agglomération urbaine entrave la continuité écologique. Le rétablissement d'une liaison entre ces deux espaces a donc fait l'objet d'une recherche dans le cadre d'un atelier du Grenelle de l'environnement destiné à préciser la faisabilité de la trame verte et bleue. Le PNR et plusieurs écoles de paysage et d'architecture ont proposé des solutions innovantes. Ils ont aussi esquissé des projets futuristes mais la réalisation pratique d'une trame verte et bleue dans un centre ville serait un véritable challenge (Piveteau, 2010 ; P.N.R. Normandie-Maine, et al., 2009).

Aujourd'hui, en parallèle aux réflexions pour le rétablissement des liaisons écologiques de la trame verte et bleue, c'est l'entretien et l'aménagement du site de la Fuie des vignes qui est jeu. A l'interface des espaces urbains et naturels, les projets sont multiples et parfois contradictoires. Ils visent à entretenir et à protéger un milieu naturel fréquenté par des populations qui ne sont pas toujours en phase avec les préoccupations des naturalistes. Les usagers, les propriétaires et les spécialistes du milieu naturel n'ont pas les mêmes intérêts, ni les mêmes visions d'avenir. Les environnementalistes désapprouvent totalement le remblaiement qui a été fait dans certaines parcelles. Ils critiquent le manque d'entretien des fossés et des mares, et souhaitent que les collectivités publiques interviennent pour suppléer une gestion privée estimée défaillante, voire néfaste.

Certaines pratiques bruyantes et inciviles telles que l'oubli de détritus dans le milieu naturel sont critiquées par la majorité des usagers. Mais d'une façon plus générale c'est le piétinement et la trop forte empreinte humaine dans les espaces humides et fragiles qui semblent gêner les naturalistes (Cochard, 2011 ; P.N.R. Normandie-Maine, et al., 2009).

Carte n°6 – La Fuie des vignes et son environnement

Au-delà des désaccords, les usagers, les aménageurs et les décideurs politiques44 s'accordent toutefois sur la nécessité de protéger ou d'aménager le site. Aujourd'hui, la Fuie des vignes se dégrade, la parcellisation, l'extension excessive des peupleraies et l'artificialisation par assèchement menaçant une partie du site. Cependant, des mesures de sauvegarde sont en cours de discussion et elles produiront peut-être de bons résultats grâce à l'entretien de quelques mares et fossés. La nature montre déjà des signes de résilience. Il semble notamment que les aulnaies/frênaies se reconstituent spontanément

44 Entretien du 25/11/2011, avec Monsieur Robert Bertrand, Conseiller communautaire en charge du Développement durable à la Mairie d'Alençon

Sur la rive opposée au parc Jean Mantelet, les espaces naturels de la Fuie des vignes sont presque entièrement cernés par l'urbanisation. Compte tenu de sa situation spatiale et de sa vulnérabilité aux inondations, la vocation environnementale et sociale de la Fuie des vignes apparaît clairement. Dans ce périmètre, les peupleraies couvrent près de 9 hectares et, d'un point de vue écologique, elles sont en concurrence avec des aulnaies/frênaies qui ré-occupent spontanément les friches.

Quelques usagers ont été interviewés dans le parc urbain, mais la plupart d'entre eux ont été interrogés dans les espaces naturels de l'autre coté de la passerelle, le long du chemin et près de la rivière.

dans les parcelles en friche. Le couvert forestier originel pourrait donc reprendre la place occupée par les peupliers lorsque les collectivités locales s'impliqueront davantage dans la gestion du site.

Pour faciliter les déplacements et l'accès aux espaces naturels, une passerelle a été aménagée au dessus de la Sarthe. Elle relie la Fuie des vignes située au nord avec le parc suburbain Jean Mantelet qui a été récemment aménagé au sud de la rivière. Dans ce parc créé sur une friche industrielle, les services de la Communauté urbaine d'Alençon (CUA) ont installé des tables de pique-nique et des jeux pour enfants. Ils ont aussi entretenu et préservé une mare qui a survécu au passé industriel du site. Les chemins sur caillebotis de ce parc préfigurent peut-être ce que pourrait être un aménagement respectueux de l'environnement fragile de la Fuie des vignes.

L'ensemble constitué par le parc Jean Mantelet et l'espace suburbain de la Fuie des vignes est fréquenté par de nombreux usagers en quête d'un espace naturel de proximité. Tous les jours, des promeneurs, des sportifs, des propriétaires de chiens et des personnes en quête de repos viennent ou passent par ces espaces. Les usagers sont donc nombreux et certains d'entre eux sont plus visibles que les autres. Il s'agit notamment de jeunes en difficulté et de marginaux qui occupent un espace dans les fourrés sous l'un des ponts d'une ligne de chemin de fer qui traverse l'espace naturel. A l'image de ce qui existe ailleurs dans d'autres espaces urbains, ils ont apposé quelques tags qui signent leur appropriation symbolique de l'espace (Fischer, 1997 ; Laligant, 1997). La présence de ces jeunes irrite certains usagers mais les incidents sont rares.

La Fuie des vignes est un espace suburbain partiellement boisé, dans des usagers de la ville voisine viennent se récréer de diverses façons. Cet espace suburbain remplit donc une fonction sociale et récréative importante pour les populations citadines qui ont des besoins de ressourcement et de loisirs.

4.2.5/ Les deux grandes forêts domaniales périurbaines d'Alençon

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 138-141)

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