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Des thèmes environnementaux pluridisciplinaires avec l’évocation du sensible et des usages

PROFESSIONNELLE RESTREINTE CHEZ LES PROFESSIONNELS DU PROJET URBAIN

1. Des représentations interdisciplinaires intégrant une dimension subjective et expérientielle

1.2. Des thèmes environnementaux pluridisciplinaires avec l’évocation du sensible et des usages

Une fois avoir précisé que la qualité environnementale est une notion complexe, les professionnels énoncent spontanément une liste de thèmes environnementaux pour essayer de mieux préciser le contenu de cette notion.Cette liste s’avère commune à l’ensemble des professionnels interrogés. La frontière entre les thèmes est parfois étanche.

Les professionnels du projet urbain évoquent spontanément les grands enjeux environnementaux planétaires auxquels la fabrique urbaine doit répondre. Ils expliquent

en l’occurrence qu’il faut limiter l’étalement urbain129, augmenter la densité urbaine130 et mettre en place des technologies économes en énergie131 afin de réduire les émissions de

gaz à effet de serre132. Ils cherchent également à « minimiser [l’] empreinte environnementale »133 des projets urbains et à favoriser la biodiversité134 avec la protection des « espèces animales et végétales »135.

Ils identifient également spontanément des enjeux environnementaux locaux.

Ils font références aux nuisances environnementales et aux risques environnementaux avec l’évocation de l’îlot de chaleur urbain et du confort climatique136. L’un d’eux estime qu’il n’est pas possible de « faire de l’urbanisme sans penser îlot de chaleur en ville »137. Un autre évoque la rénovation d’une place dans le quartier Saint Cyprien sur laquelle « il fait 45 degrés sur la place l’été »138.

La pollution de l’air est également évoquée avec un chef de projet urbain qui

estime que les habitants d’immeubles attenant à la rocade s’en « prennent plein la figure »139 et un agent de la direction habitat qui souhaite « éviter les pollutions »140 pour toute nouvelle construction.

Ils estiment également que les nuisances acoustiques font partie de la qualité

environnementale urbaine. L’un d’eux explique qu’il est important de « recréer une zone de tranquillité sonore dans une zone d’effervescence urbaine »141. Ce faisant, il montre que les chefs de projet urbain sont autant sensibles au niveau sonore qu’à la qualité de l’ambiance sonore dans le quartier.

129 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (4) 130 Un ancien urbaniste ayant travaillé avec Toulouse Métropole 131 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (1)

132 Un urbaniste à la retraite ayant travaillé avec Toulouse Métropole 133 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (3)

134 Un agent territorial de la direction environnement (1) 135 Un agent territorial de la direction habitat

136 Un agent territorial de la direction environnement (1) 137 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (4) 138 Un agent territorial de la direction habitat 139 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (5) 140 Un agent territorial de la direction habitat 141 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (3)

128 Delphine Chouillou – La qualité environnementale urbaine

Les professionnels ont également fait référence aux aménités urbaines et à la prise en considération des demandes des habitants. Les thèmes environnementaux ne se limitent donc pas aux aspects strictement techniques et physiques de la qualité environnementale urbaine. L’ensemble des professionnels évoque les aspects plus sensibles de la qualité environnementale urbaine.

Ils souhaitent que l’habitant soit au cœur des intentions. Un agent de l’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulousaine estime en effet que la qualité environnementale urbaine ne se limite pas aux nuisances et aux risques environnementaux, mais qu’il faut replacer l’habitant au centre de cette notion142. Un chef de projet urbain pense quant à lui « qu’on ne fait pas un Ecoquartier pour les animaux, pour les petites fleurs, on le fait pour les gens. L’homme est au centre des préoccupations »143.

Les professionnels s’accordent sur l’objectif de créer les conditions pour que l’habitant se sente bien. L’un d’eux estime que « le métier d’urbaniste c’est un métier qui est fait pour les gens et pour qu’ils soient heureux »144. Un autre explique également que « si [il est] urbaniste, ce n’est pas qu’un souci d’amélioration de l’espace urbain qui génère notre cadre de vie, mais il y a aussi une problématique du bien-être et du confort »145. Un agent de l’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulousaine en charge de l’urbanisme explique que l’accent doit être mis sur la qualité de vie dans le quartier même pendant la durée des travaux de réhabilitation urbaine146. Le chantier et la reconfiguration du quartier doivent participer de l’animation du quartier et de la vie du quartier. Pour ce faire, les éventuelles friches urbaines ou les délaissées urbains peuvent être utilisés de manière temporaire pour créer des animations éphémères.

Ils évoquent également la question du vivre ensemble. L’un d’eux explique que « l’aménagement c’est bien au-delà de l’énergie. On parle du vivre ensemble »147. Un chef de projet urbain parle plutôt de « tranquillité publique »148.

Tous jugent utile de mettre en place un dispositif contraignant pour les professionnels afin de faire participer les habitants au processus de fabrication de la ville. Un agent de la direction environnement explique que cela « lui tient à cœur » de « situer le projet dans la co construction, la participation, la concertation »149. Un agent de l’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulousaine pense quant à lui que « la concertation fait partie de l’environnement » et que cela permet de raisonner en termes d’usages des espaces publics 150.

142 Un agent de l’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulousaine en charge de l’écologie du territoire 143 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (3)

144 Un urbaniste à la retraite ayant travaillé avec Toulouse Métropole 145 Un ancien urbaniste ayant travaillé avec Toulouse Métropole

146 Un agent de l’Agence d’Urbanisme et d’Aménagement Toulousaine en charge de l’urbanisme 147 Un agent territorial de la direction environnement (1)

148 Un chef de projet urbain à Toulouse Métropole (5) 149 Un agent territorial de la direction environnement (1)

La concertation est notamment utile pour adapter les espaces publics aux usages151. Les professionnels du projet urbain reconnaissent que les habitants apportent de l’expertise au projet urbain : une expertise que nous pouvons qualifier de profane ou encore une expertise d’usage. Ce sont notamment les seuls à même à qualifier l’ambiance du quartier, ou encore à révéler les « inégalité silencieuses » (Emelianoff, 2006) qui sont par définitions non identifiables par les urbanistes.

Un chef de projet urbain152 explique que les habitants peuvent apporter des éléments sur « la perception du quartier » notamment en décrivant « où on se sent le mieux, et là où on se sent le moins bien dans le quartier » et en explicitant des éléments de réponse. Un agent de la direction environnement153 explique quant à lui que les habitants permettent d’avoir une analyse plus fine que les professionnels sur le climat urbain. Les habitants peuvent en effet donner des éléments utiles pour réfléchir l’ombrage d’un espace public. La concertation permettrait donc de compléter la pratique professionnelle.

1.3. Des compétences environnementales

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