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L’habitude et l’acceptation pragmatique ou résignée Face aux nuisances environnementales urbaines, les habitants évoquent souvent

environnementale urbaine au service de la qualité du cadre de vie

2. Des attitudes différenciées face aux composantes physiques de la qualité environnementale urbaine

2.2. L’habitude et l’acceptation pragmatique ou résignée Face aux nuisances environnementales urbaines, les habitants évoquent souvent

l’habitude. Un habitant de Papus s’est en l’occurrence habitué à la pollution de l’air : « Bon la pollution… on sent quoi ? On ne sent rien ! On s’habitue ! » 83. Un habitant de Bordelongue dont le logement donne pourtant sur la rocade estime quant à lui s’être habitué au bruit du trafic routier : « Il y a beaucoup de bruit. Je suis habitué » 84. Un habitant de Tabar interrogé en ‘focus groupe’ explique qu’il s’est habitué au bruit de la rocade car il l’entend régulièrement. Il habite en l’occurrence en face de la rocade. D’après lui, plus on entend le bruit, plus on s’habitue :

« Plus on vit dans un endroit, plus on prend l'habitude d'entendre un bruit, donc on ne fait même plus attention. Moi je ne fais même plus attention au périphérique. Ça ne me gêne pas » Un habitant de Tabar interrogé en ‘focus groupe’

Si certains habitants estiment qu’ils se sont habitués à la situation, d’autres expliquent surtout une nécessité à s’adapter à une situation insupportable. Ils adoptent un positionnement d’acceptation pragmatique. Cet habitant de Papus85 nuance ainsi ses premiers propos dans lequel il explique qu’« on s’habitue », en s’exclamant :

« On n’a pas le choix, alors il faut s’y faire […] Vous savez, quand on a été 50 ans en ville, si on ne s’habitue pas, on meurt ! » M. Rossignol, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté

83 M. Rossignol, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté 84 M. Tilleul, un habitant de Bordelongue interrogé lors d’un parcours commenté 85 M. Rossignol, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté

L’habitude de la nuisance environnementale semble relever de la contrainte. Les habitants n’ont pas le choix. Ils expriment un fort sentiment d’impuissance à changer le quartier. Une certaine forme de fatalisme s’invite dans leur discours. Quand nous évoquons par exemple la future implantation de jeux pour enfant aux abords de la rocade et les risques de pollution de l’air, cet habitant de Bordelongue déplore de ne pouvoir faire autrement :

« Oui on se pose la question, mais est-ce qu’on a le choix ? Est-ce qu’on a le choix ? Il y a un terrain là-bas [terrain vague derrière l’entreprise Métalia] mais on ne sait pas ce qu’ils vont faire, c’est en étude. Mais est-ce qu’on a le choix ? C’est ça le souci » M. Chêne, un habitant de Bordelongue interrogé lors d’un parcours commenté

Il en est de même avec l’implantation des immeubles se situant en bord de rocade qu’il est impossible de modifier à part d’envisager leur démolition. Un habitant s’exclame : « Mais les gens qui habitent là, s’ils veulent se mettre à la fenêtre, ce n’est pas très agréable à cause du bruit. Mais que faire ? Ne pas construire de bâtiment… ou faire un mur plus haut ! Faire une clôture de 10 mètres ? » 86.

Les habitants ont également une difficulté à concevoir que le trafic routier ou le passage des avions dans le quartier puissent diminuer. Un habitant de Papus87 explique à propos du trafic routier « On supprime les voitures, voilà ! Ils le font au centre-ville. Ça va être difficile de le faire partout ! » ; et à propos du passage des avions : « Les avions, ce n’est pas encore demain qu’il y en aura moins ! Peut-être trouveront-ils un jour un avion qui atterrira verticalement ! ». Un autre habitant de Papus exprime aussi son fatalisme quant au passage des avions dans le quartier : « Les avions !! ça c'est terrible !! Maintenant c'est terrible ces avions ! Mais c'est comme ça ! On prend l’habitude. C'est fini ! Mais qu’est-ce que vous voulez faire ? C'est comme ça, les avions on ne peut pas… » 88.

Les nuisances environnementales sont acceptées dans certains cas comme étant une conséquence inévitable de la vie urbaine. Un habitant de Bordelongue explique ainsi que le calme en ville « est une utopie » : « Le calme je connais mais c’est impossible. Dans la vie de tous les jours, c’est impossible. C’est une utopie. Moi je ne veux pas rêver. Calme, ce n’est plus une ville ! C’est la campagne ! » 89. Cet habitant estime également qu’il « faut faire avec » la pollution de l’air, tout comme cet autre habitant qui explique que « la pollution dans l’air, vous allez n’importe où elle existe » 90.

86 M. Rossignol, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté 87 M. Rossignol, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté 88 M. Hirondelle, un habitant de Papus interrogé lors d’un parcours commenté 89 M. Tilleul, un habitant de Bordelongue interrogé lors d’un parcours commenté 90 M. Libellule, un habitant des Tours de Seysses interrogé lors d’un parcours commenté

108 Delphine Chouillou – La qualité environnementale urbaine

Des habitants de Papus expliquent eux-aussi qu’ils acceptent les nuisances environnementales car « on est en ville » : « Bon il y a la circulation aussi, mais ça on est en ville ! Faut savoir ce qu’on veut ! » 91, « On est dans une ville qui construit des avions ! Il faut bien les faire tourner, il faut bien les faire voler ! » 92.

Cette acceptation des nuisances environnementales semble renforcée par le sentiment d’avoir peu de prises pour agir. Un habitant explique ainsi qu’il n’est pas possible d’agir sur la qualité de l’air : « Excusez-moi, mais pour la pollution, on ne peut pas faire grand-chose, c'est l'air, c'est la nature » 93.

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