• Aucun résultat trouvé

teres major

Dans le document Décrypter la différence (Page 131-136)

Une révolution et un chef d’oeuvre : la pro thèse de main (fig 20)

M. teres major

Dessin : M. Rocheteau

nien…) des ossifications hétérotopiques peuvent se développer, par microtraumatismes répétés, dans les espaces intermusculaires près de la scapula. Le cas décrit par Mme Belcastro semble répondre à ce

mécanisme (BELCASTRO et MARIOTTI, 2000, fig. 2). La paléopathologie confirme donc, même dans ce domaine très particulier de l’aide à la déam- bulation, ses capacités à enrichir les enquêtes ar- chéologiques.

O

rientatiOns bibliOgraphiques

BELCASTRO M.G. et MARIOTTI V. (2000) - Morphological and Biomechanical Analysis of a Skeleton from

Roman Imperial Necropolis of Casalecchio di Reno (Bologna, Italy, II-III c. A.D.). A Possible Case of Crutch Use.

Collegium Antropologicum, 24, p. 529-539.

COLLECTIF (2004) - Bobigny Trésors Gaulois. Bonjour Bobigny hors série n°2, 17 septembre 2004.

DARTON y. (2009) - Scapular stress fracture. A palaeopathological case consistent with crutch use. Internatio-

nal Journal of Osteoarchaeology (sous presse).

EPSTEIN S. (1937) - Art, History and the Crutch. Annals of Medical History 9, p. 304-313.

DEQUEKER J., FABRy G. et VANOPDENBOSCH L. (2001) - Hieronymus Bosch (1450-1516) : Paleopathology

of the Medieval Disabled and its Relation to the Bone and Joint Decade 2000-2010. IMAJ 3, p. 864-871.

KNüSEL C.-J. et GÖGGEL S. (1993) - A cripple from the medieval hospital of Sts James and Mary Magdalena,

Chichester. International Journal of Osteoarchaeology 3, p. 155-165.

fig. 1 : Fracture de fatigue du pilier de la scapula droite (cliché Y. Darton, CEPAM)

fig. 2 : Schémas des ossifications hétérotopiques de la scapula droite d’après la photographie publiée par Belcastro et Mariotti

12

«Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés du passé» DELATTRE V. et SALLEM R. (dir) - CQFD/2009

UNe ProTHèSe DU HaUT moYeN-ÂGe D�CoUVerTe À CUTrY

(meUrTHe-eT-moSeLLe).

Luc BUCHET 1, Yves DARTON 2, René LEGOUX 3

1 - Cépam - UMR 6130, Université de Nice-Sophia-Antipolis / CNRS - buchet@cepam.cnrs.fr

2 - Cépam - UMR 6130, Université de Nice-Sophia-Antipolis / CNRS - darton@cepam.cnrs.fr

3 - AfAM

A

lors que les prothèses représentées dans la lit- térature et l’iconographie du Moyen-Âge sont presque toujours des prothèses de jambe, le plus souvent en bois avec des attaches en cuir, la décou- verte archéologique d’une prothèse de membre su- périeur fabriquée en métal, comme celle de Cutry, mérite une attention particulière.

Située en Lorraine, près de Longwy, la nécro- pole de Cutry présente une occupation discontinue depuis le Ier siècle jusqu’au début du VIIIème siècle

(LEGOUX et al., 2005). La prothèse a été mise au

jour dans la sépulture 1046, datée du VIIème siècle,

qui contenait le squelette bien conservé d’un hom- me âgé de plus de 40 ans. Le corps était placé en décubitus dorsal, avant-bras sur le bassin et jambes écartées.

Les os longs des deux avant-bras étaient amputés de leur extrémité distale (fig. 1). La

parfaite cicatrisation sans complica- tion infectieuse des zones de coupe osseuse montre que l’homme a survé- cu assez longtemps pour que la cica- trisation soit complète, ce qui suppose une assistance régulière puisqu’il lui était impossible de subvenir à ses be- soins fondamentaux, comme se nour- rir seul et assumer son hygiène.

On note cependant que la cica- trisation ne s’est pas faite de la même manière à droite et à gauche. En effet, si les os de l’avant-bras gauche se sont trouvés synostosés à leur extrémité distale, ceux de l’avant-bras droit sont restés indépendants. Cette différence est certainement à mettre en relation avec la présence d’une prothèse en fer de la main droite fixée sur l’avant-bras. Nous pouvons en déduire également que la prothèse a été mise en place avant la cicatrisation complète et que ce sont les mouvements de prono-supination qui ont préservé la mobilité des deux os. L’amputé a donc dû, très tôt, apprendre à se servir de sa main de substitution. À l’inverse, les os de l’avant-bras gauche, non appareillé, n’ont pas été sollicités par les mêmes mouvements, ce qui a fa- vorisé leur fusion en pronation.

L’appareillage prothétique se pré- sente sous la forme d’une fourche en fer à double pointe, fixée à l’avant-bras par deux lanières de cuir (dont il sub- siste des traces sur l’objet) (fig. 2 et 3) maintenues fermées par deux boucles, l’une en fer et l’autre en

fig. 1 : Double amputation des mains (cliché L. Buchet)

fig. 2 : Prothèse (les tra- ces de cuir sont figurées en couleur) (cliché R. Legoux)

10

bronze. Des taches dues à de l’oxyde de cuivre (vert- de-gris) sont visibles sur les os aux points d’attache supposés de la boucle en bronze. Elles sont plus im- portantes sur l’ulna (cubitus) que sur le radius, ce qui laisse entendre que la fourche était placée sur le bord latéral de l’avant-bras, les boucles étant du côté médian (fig. 4).

On pourrait conclure à propos de cette décou- verte en soulignant le savoir-faire qui a permis à un homme du VIIème siècle de bénéficier, à la fois,

d’une bonne technique chirurgicale et d’un bon ap- pareillage.

OrientatiOns bibliOgraphiques

LEGOUx R. , avec la collaboration de BUCHET L. et des contributions de CALLIGARO T., DHéNIN D., LIéGER A., POIROT J.-P. et RODET-BELARBI I. (2005) - La nécropole mérovingienne de Cutry (Meurthe-et-Moselle).

Mémoires publiés par l’Association Française d’Archéologie Mérovingienne, tome XIV.

fig. 3 : Boucle en bronze (cliché R. Legoux)

fig. 4 : Assemblage schématique des éléments

de la prothèse (d’après clichés R. Legoux et L. Buchet)

11

«Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés du passé» DELATTRE V. et SALLEM R. (dir) - CQFD/ 2009

INTRODUCTION

L

a figuration humaine dans la pierre connaît au Moyen-Âge en Europe occidentale un essor sans égal au cours des XIème - XIIème siècles. Le nom-

bre élevé de ces sculptures parvenues jusqu’à nous, en dépit des destructions postérieures, en permet des lectures multiples conséquence du champ de recherche envisagé déterminé par les critères de l’observateur. Les attitudes relatives à ces décors pourraient se répartir en deux grandes catégories procédant, à la fois d’une appropriation collective ou individuelle et d’une démarche « scientifique » tendant à classifier et à répertorier afin de re- constituer à postériori une évolution chronologi- que globale, première étape vers la restitution du contexte de l’œuvre étudiée. Ces perceptions du monument rappellent le poids des enjeux relatifs à l’objet architectural et à ses ornementations par le lien intangible qui nous lie à l’expression monu- mentale collective, ces édifices constituant, à de nombreux égards, l’un des piliers essentiels des ci- vilisations urbaines dont les sociétés européennes sont issues (fig. 1). Les travaux d’histoire de l’art ou d’archéologie consacrés à ces œuvres sculptées ont souvent privilégié des analyses stylistiques et chronologiques reconstituant autour de ces pro-

ductions des ateliers, des filiations, voire identifiant la présence de maîtres dont les œuvres étaient à la fois soumises aux demandes des commanditaires et aux contraintes imposées par les matériaux et les solutions techniques alors disponibles, ces contex- tes étant très variables d’un chantier à l’autre.

Ainsi, l’abbatiale de Cluny III, l’un des plus grands chantiers du Moyen-Âge occidental des XIème - XIIème siècles, directement financé par les rois

et les princes, côtoie-t-il de modestes églises parois- siales géographiquement proches, le contraste entre ces différentes configurations mettant en lumière des écarts impressionnants (fig. 2a et 2b). Cette production artistique et artisanale est symptoma- tique d’une dense circulation des idées, des formes, des techniques et donc des hommes qui les portent et les diffusent. Les « corporations » chargées de ces réalisations sont fondées sur un substrat sociologi- que favorisant les règles de transmission des savoirs tout en perpétuant un catalogue de solutions tech- niques et stylistiques. La quantité des construc- tions et reconstructions menées au cours des XIème -

XIIème siècles va rendre disponible un champ créatif

jusqu’alors sans équivalent pour l’Europe occiden- tale (DUBy, 1989, p. 48). La plupart des analyses relatives à ces œuvres taillées dans la pierre souli-

LeS rePréSeNTaTioNS SCULPTéeS romaNeS De L’amPUTaTioN.

Claude de MECQUENEM 1

1 - Inrap - UMR 8584, laboratoire d’études sur les monothéismes (CERL), Nouvelle Gallia Judaïca, CNRS, EPHE - claude.de-mecquenem@inrap.fr

fig. 1 : Cathédrale Sainte-Sophie, Istanbul

(Turquie) (cliché C. de Mecquenem, Inrap) fig. 2a

: Abbatiale de Cluny III (Saône-et-Loire) (cliché office du tourisme de Cluny)

fig. 2b : Eglise paroissiale de Malay (Saône-et- Loire) (cliché C. de Mecquenem, Inrap)

12

gnent leurs fonctionnalités architecturales liées à une sémiologie symbolique, doctrinale, théologique ou didactique, des figurations humaines ou anima- les prenant ainsi place au sein de ces « catalogues thématiques » et de programmes iconographiques qu’illustrent de façon emblématique les grands por- tails médiévaux romans (fig. 3). Pourtant, en marge de ces œuvres majeures, topos contemporains de la

création romane, un nombre incalculable de formes, de répertoires et de registres décoratifs échappe à toute tentative d’explication, formant un ensemble à la fois indéfini et paradoxalement parfaitement reconnaissable n’intégrant pas les courants artisti- ques majeurs des XIème - XIIème siècles (fig. 4, 5a et 5b). L’attitude des chercheurs face à ces œuvres « in- classables » se borne trop souvent à des questions chronologiques ou stylistiques ignorant les capaci- tés créatrices dont elles témoignent. Ces registres décoratifs mettent souvent en scène des hommes et des femmes sans qu’aucun message théologique ne soit associé à leur présence. Parfois, on découvre le long d’une corniche des scènes érotiques, des chas- ses, des combats ou des fantasmagories qui révèlent une inventivité sans limite participant du lieu de

culte, emblème de ces collectivités médiévales chré- tiennes dont les rituels réunissaient les vivants et les morts (GIANNERINI, 2009, p. 212-213).

fig. 3 : Tympan du portail ouest de l’Abbatiale Sainte-Foy de Conques

(Aveyron) (cliché office du tourisme de Conques) fig. 4 quenem, Inrap): Portail de l’église paroissiale de Cortrat (Loiret) (cliché C. de Mec-

fig. 5a : Chapiteau de la nef de l’église paroissiale de La-Croix-sur-Ourcq (Aisne) (cliché C. de Mecquenem, Inrap)

1

«Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés du passé» DELATTRE V. et SALLEM R. (dir) - CQFD/ 2009

L’éLABORATION DE L’éGLISE-MONDE ET LE

Dans le document Décrypter la différence (Page 131-136)