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Les différentes technologies développées et vulgarisées dans le Plateau Central

Chapitre II) Atlas de la région du Plateau Central du Burkina

Carte 2 : Le Plateau Central

IV) Les différentes technologies développées et vulgarisées dans le Plateau Central

Dans ce paragraphe, nous aborderons successivement les technologies qui sont déjà vulgarisées dans le Plateau Central et qui font l’objet de notre étude.

Depuis les effets néfastes de la sécheresse des années 1970, des efforts considérables ont été accomplis dans le domaine de la recherche et du développement afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Les centres et les projets de recherche ont d’abord mis l’accent sur le développement de matériel végétal performant et sur les techniques culturales. Dans le Plateau Central, des activités importantes de transfert des technologies ont été entreprises par le CIRAD depuis 1970, l’ICRISAT de 1979 à 1986, le FSU/SAFGRAD de 1979 à 1982, l’IITA/SAFGRAD et l’INERA. Les travaux ont concerné essentiellement l’introduction variétale, la fertilisation, la mécanisation des cultures, les techniques de conservation et de maîtrise des eaux et de sols, etc. Faire le bilan des technologies mises au point par ces instituts dépasserait le cadre de ce travail. Il s’agira simplement de donner un aperçu sur celles qui ont été vulgarisées et retenues pour notre étude.

La présentation des technologies retenues va au-delà de la simple description pour inclure l’évaluation économique qui prépare aux calculs des coefficients inputs/outputs nécessaires dans la construction des modèles de programmation mathématiques.

IV.1) Les variétés améliorées

Le développement des cultivars de blé et de riz accompagné de pratiques agronomiques améliorées et d’intrants chimiques a permis la réalisation de la révolution verte dans certaines régions de l’Asie. Le succès rencontré par la sélection de ces variétés à haut rendement a eu un impact sur les programmes de sélection dans les régions semi-arides d’Afrique de l’Ouest.

La plupart de ces programmes ont défini plusieurs objectifs à des degrés divers, mais la priorité a été accordée à l’amélioration du potentiel de rendement, c’est-à-dire au développement de variétés à haut rendement dans des conditions de production appropriées.

Dans le domaine des céréales sèches, des variétés de sorgho (comme S29, IRAT 277, IRAT 204, la SPV 35, la E35-1, l’ICSV 1002, l’ICSV 16-5, l’ICSV 1049, l’ICSV 1001 ou le Framida) et de mil (comme IKMP3, IKMP5, IKMP8201) ont fait l’objet d’évaluations et d’une introduction dans le Plateau Central.

Pour le maïs, ce sont les variétés comme l’IRAT, 100, 200, 98, 171, le NCB, le KPB, la SR22, KPJ qui ont été vulgarisées. Pour le niébé et l’arachide, ce sont respectivement les KVX, KN-1, IAR et les TE3, TS326-1, CN94C qui ont été vulgarisées dans la région. Les variétés de riz telles que la Gambiaka, la IET 2885 et la IR 1956- 680- 3 ont également été vulgarisées. Les caractéristiques essentielles de ces variétés sont la tolérance à la sécheresse, la précocité par rapport aux variétés traditionnelles et les bons rendements avec des niveaux d’intrants raisonnables.

Cependant, bien que cet objectif soit conforme à celui de la révolution verte, c'est-à-dire l’intensification des systèmes de production, les taux d’adoption sont restés très faibles même si certaines variétés de maïs ont rencontré quelques succès. De nombreuses contraintes n’ont pas permis d’avoir les effets escomptés (Matlon, 1985). Les producteurs incriminent le manque d’intrants et/ou de techniques culturales appropriées lié au manque de capital.

Actuellement, d’après les chercheurs de l’INERA, les nouvelles stratégies de sélection concernent les variétés plus performantes que les variétés traditionnelles, cultivées avec les mêmes quantités d’intrants que celles utilisées par les agriculteurs, mais qui vont les surpasser substantiellement. Les nouvelles méthodes de sélection mettent l’accent sur l’adaptation à la sécheresse et à la faible fertilité des sols, la résistance aux maladies et aux insectes. L’objectif des sélectionneurs est de trouver des cultivars qui, en combinaison avec de faibles quantités d’intrants, vont donner des rendements plus élevés que les variétés traditionnelles et qui pourraient être rapidement adoptés par les agriculteurs.

IV.2) La fertilisation organo-minérale.

La fertilisation organo-minérale est une nécessité si l’on veut accroître de façon durable le rendement des cultures. Pour la fumure minérale, il s’agit du complexe coton (communément appelé engrais coton ou NPK), de l’urée, et des phosphates naturels. La fumure minérale n’est utilisée que dans les parcelles aménagées. Elle n’est utilisée qu’à une très faible dose dans les bas-fonds et dans les champs pluviaux (uniquement pour le maïs très souvent). La fumure organique (ordures ménagères, fumier, compost et poudrette de parc) est aussi utilisée par les agriculteurs. Toutefois, la création de fosses fumières reste embryonnaire dans la région. Les producteurs incriminent le manque de main-d’œuvre.

Hien (1979), Sedogo (1981), Guira (1988) et Lompo et Bonzi (1999) ont souligné l’importance de la fertilisation organo-minérale dans le maintien et l’accroissement de la fertilité des sols et des rendements. Les conclusions partielles de leurs travaux montrent que la fumure minérale seule permet dans un premier temps d’accroître les rendements, mais

qu’à long terme elle induit un déséquilibre minéral et une baisse de la fertilité des sols ; la fumure minérale forte à elle seule entraîne une baisse progressive de la production ; l’efficacité des engrais minéraux augmente avec la matière organique. Là également le niveau d’adoption est très faible.

IV.3) Les techniques de maîtrise de l’eau.

L’irrigation est une technique de maîtrise d’eau pratiquée dans le Plateau Central. La technique a été adoptée par les producteurs en raison de sa performance, mais aussi en raison de l’irrégularité des pluies et de la sécurisation des rendements qu’elle suppose. Les techniques de maîtrise de l’eau, en diminuant le risque inhérent aux précipitations, peuvent par conséquent stimuler l’utilisation des technologies complémentaires telles que les engrais minéraux. Des résultats empiriques de plusieurs études confirment la réduction du risque et l’amélioration de la rentabilité apportée par la maîtrise de l’eau (Roth et Sanders, (1984) ; Sanders, Nagy et Shapiro, (1985) ; Nagy, Ames et Ohm, (1985), Sanders, Nagy et Ramaswamy, (1988) ; Castellanet, (1992) ; Sanders, Ramaswamy et Shapiro, (1997) ; Gadelle (2001)). L’amélioration des techniques de maîtrise de l’eau constitue une condition sine qua non à l’introduction des variétés à haut rendement.

IV.4) La culture attelée

La culture attelée n´est pas à proprement parler une nouvelle technologie. Son introduction au Burkina Faso remonte aux années 1950 (Dugué, 1989). L’introduction des premières unités mécanisées au Burkina Faso est l’œuvre des missionnaires blancs, non pas pour répondre à un besoin exprimé mais essentiellement pour montrer des alternatives plus performantes dans les techniques de production. Ces équipements étaient pour la plupart importés de France (Bourgogne) et du Sénégal. La maintenance des équipements était très peu assurée, faute d’artisans bien formés et d’une technologie adaptée. A l’époque, l’absence de référence en matière de mécanisation expliquerait la persistance des pratiques manuelles dans le travail de la terre. Aujourd’hui, la demande en équipements agricoles est encore très forte même si toute cette demande n’est pas financièrement solvable. Plus des 2/3 des exploitations au Burkina Faso utilisent encore des outils manuels, fabriqués par des artisans locaux (daba pioches, machettes et haches).