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Les mesures de politiques agricoles envisagées pour la réduction de la pauvreté dans le

Plateau Central.

Dans les paragraphes précédents, nous avons tenté d’identifier les atouts et les contraintes de la région, dans le but de mieux la caractériser et de proposer des politiques de développement agricole pour accompagner les producteurs dans leur recherche du bien-être économique. Ainsi, par rapport aux contraintes et aux opportunités du Plateau Central, le but de ce chapitre est de proposer et de présenter succinctement un certain nombre de politiques économiques s’appliquant, spécifiquement ou non, aux filières agricoles, et dont l’existence ou les modalités d’application sont remises en cause ou modifiées par les processus de libéralisation. Il s’agit, d’une part, de présenter les mécanismes de mise en œuvre de ces politiques, d’autre part de discuter la pertinence de ces mesures à l’aune des critères d’efficience et de contribution à la croissance, et au regard des objectifs de développement du monde rural affichés par l’État burkinabè et les bailleurs de fonds. Pour des raisons de clarté, il a été nécessaire d’établir des frontières entre les différentes mesures économiques. Ce découpage ne doit cependant pas dissimuler le fait que toutes ces mesures interagissent, et que l’action combinée de ces mesures peut avoir de meilleurs résultats en terme de lutte contre la pauvreté.

Les mesures de politiques économiques auxquelles nous avons pensé se répartissent en deux groupes en fonction de la nature du capital à mettre à la disposition des ménages agricoles. Ce sont des politiques du capital public et privé. Pour ce qui est des politiques du capital public, nous envisageons une augmentation de la disponibilité en eau d’irrigation, une baisse des coûts de commercialisation et une mesure de stabilisation des prix des céréales (riz, maïs, sorgho et mil). Nous proposons aussi une politique de mise à disposition des agriculteurs d’une paire de bœufs à moindre coût pour la culture attelée et une augmentation de la disponibilité du crédit de campagne (ce sont les politiques du capital privé). Nous choisissons de proposer ces mesures de politiques car tous les exemples de développement ayant connu quelque succès démontrent que l’implication de l’État est essentielle (Boussard et al., 2006).

Toutefois, le choix de ces politiques tient compte du contexte de désengagement de l’État de certains secteurs de l’économie, de la libéralisation des marchés notamment celui des engrais, mais également du rôle que devront désormais jouer les organisations paysannes dans le développement agricole.

I) La politique du capital public agricole.

Le capital public détermine l’environnement économique de l’agriculteur. Par cette politique, nous voulons souligner l’intérêt des projets d’irrigation dans la lutte contre la pauvreté en proposant une augmentation de la disponibilité en eau d’irrigation à travers des investissements sur des infrastructures de stockage d’eau. Bien que son développement soit controversé, l’irrigation semble être incontournable dans un pays sahélien comme le Burkina Faso. Des solutions sont à chercher quant à la capture de l’eau de pluie pour augmenter les superficies irriguées.

Nous soulignons aussi l’intérêt de la réduction du risque du marché agricole (inputs et outputs) en proposant des investissements dans les infrastructures routières, de communication et de stockage qui devraient se traduire par une baisse des coûts de commercialisation.

I.1) Des investissements dans les infrastructures de stockage d’eau entraînant une augmentation de la disponibilité en eau d’irrigation.

Nous envisageons ici une augmentation de 50% de la disponibilité en eau d’irrigation. Cette politique d’aménagement hydro-agricole part de l’hypothèse d’un investissement de l’État dans des aménagements hydro agricoles. Nous privilégions ici les aménagements des bas-fonds.

● Justification de l’idée.

Après les plans d’ajustements structurels, les pays sahéliens ont dû réduire leurs investissements dans les périmètres irrigués, mais depuis la réduction de la dette, les discussions sur les programmes d’irrigation ont repris. Les critiques relatives aux performances relativement décevantes de certains périmètres existants s’opposent à la nécessité de relancer la production irriguée - surtout rizicole -, d’atténuer l’influence de la variabilité climatique, d’accroître la productivité agricole et de réduire la pauvreté de la population.

Face à des besoins alimentaires croissant avec la population et à l’incapacité d l’agriculture pluviale de les satisfaire, le développement de l’irrigation apparaît comme un recours

possible. Le fait que les résultats de certains périmètres irrigués ne soient pas encore satisfaisants, que l’irrigation coûte cher au Sahel et que les problèmes soient ombreux, ne suffisent pas à justifier son abandon. Le besoin est là et il n’y a pas souvent d’autres alternatives.

Le recours à l’irrigation pour assurer la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté rurale semble indiscutable pour un pays sahélien comme le Burkina Faso (Figure 7). Plusieurs auteurs (Sheridan, 1985 ; Castellanet, 1992; Hayami et Ruttan, 1998 ; Hecq et Dugauquier, 1990; Gadelle et al., 1995 ; Gadelle 2001 ; Legoupil et al., 2003) soutiennent que l’irrigation pourrait augmenter la production agricole de manière significative et durable et faciliterait l’adéquation de l’offre aux nouvelles demandes alimentaires.

Parmi les arguments les plus évidents figurent : la variabilité climatique, les changements d’habitudes alimentaires, les considérations relatives à la durabilité de l’agriculture pluviale et la création d’emplois qui tous militent pour la poursuite des efforts d’expansion et d’intensification de l’agriculture irriguée.

Figure 7: Représentation schématique du lien entre irrigation, réduction de pauvreté et sécurité alimentaire.

Réduction de la pauvreté Sécurité alimentaire.

Diversification /

commercialisation Création d’emplois par effet d’entrainement (aval et amont de la production)

Réduction du risque climatique

Mise en culture de produits plus consommés Accroissement et

stabilité de la production Accroissement des

revenus

Irrigation

I.1.1) L’irrigation réduit l’impact du risque climatique

Les populations sahéliennes figurent parmi les plus exposées à la variabilité climatique (Nubukpo, 2000), ce qui explique l’essentiel du manque d'investissements réalisés par les producteurs de cultures pluviales. Les niveaux de fertilisation sont encore faibles, tout comme l’usage de pesticides, de semences améliorées ou d’équipements (Martineu et Tissot, 1993).

Seules les régions mieux arrosées et les zones irriguées ont vu des changements techniques significatifs. Si la tendance de l’impact de l’effet de serre sur le Sahel reste objet de controverse, les principaux modèles climatiques mondiaux semblent indiquer que les fluctuations vont s’aggraver. L'irrigation est supposée réduire ces effets et de nouveaux investissements dans le secteur pourraient alors se justifier dans le cadre du principe de précaution.

I .1.2) Les consommateurs se tournent vers le riz et de plus en plus vers les