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1.1) La libéralisation du secteur agricole

- Les pressions internationales

III. 1.1) La libéralisation du secteur agricole

Les réformes dans le secteur agricole se sont traduites par :

- la libéralisation de la commercialisation et des prix des céréales traditionnelles (mil, maïs, sorgho) qui se matérialise par le désengagement de l’État dans la fixation des prix d’achat des céréales aux producteurs et des prix de vente aux consommateurs. Cette libéralisation s’accompagne de la liquidation de l’Office National des Céréales (OFNACER) en 1994, la création de la Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité (SONAGESS) qui

n’intervient plus dans l’approvisionnement des consommateurs (sauf pour la rotation du stock de sécurité), assuré désormais par les commerçants privés.

- la libéralisation du commerce interne du riz en 1996. Cette mesure s’est traduite par la suppression du monopole de la collecte et de la transformation du riz paddy par la Société Nationale de Collecte de Traitement et de Commercialisation du Riz (SONACOR) financé par la Caisse Générale de Péréquation (CGP), principal actionnaire, la suppression du monopole dont jouissait la CGP pour l’importation et la commercialisation du riz (importé ou produit au niveau national), la privatisation de la SONACOR. Ce désengagement de la SONACOR a entraîné d’énormes difficultés au niveau des producteurs qui n’arrivaient plus à écouler leur production de paddy et se retrouvaient avec des impayés auprès des banques et des fournisseurs d’intrants agricoles (engrais et pesticides).

- la libéralisation de la commercialisation et des prix des graines oléagineuses. Elle a entraîné la suppression du monopole dont bénéficiait la Caisse de Stabilisation des Prix des Produits Agricoles (CSPPA) pour l’exportation des produits du cru (arachide, sésame, soja, amandes de karité) et sa liquidation, alors qu’elle était le principal négociateur des 23 prix d’achat de ces produits agricoles entre producteurs et commerçants et autres opérateurs privés qui deviennent dorénavant les seuls opérateurs sur le marché national.

-la privatisation de la quasi-totalité des entreprises publiques intervenant dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Il s’agit de Flex-Faso, Grands Moulins du Burkina (GMB), Société Sucrière de la Comoé (SOSUCO), SAVANA, SONACOR, SOFITEX.

-la suppression de la subvention sur les intrants agricoles (engrais et pesticides).

II.1.2) La Réorganisation des Services Agricoles (RSA)

Les mesures de libéralisation économique dans le secteur agricole ont eu pour effet le désengagement de l’État au profit des opérateurs privés des fonctions de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles, d’approvisionnement et de distribution des équipements et intrants agricoles. On assiste ainsi à la suppression des Centres Régionaux de Promotion Agro-pastorale (CRPA) qui étaient des Établissements Publics à caractère Industriel et Commercial (EPIC), à la création des Directions Régionales et des Directions Provinciales de l’Agriculture (DRA et DPA) qui se concentrent uniquement sur les fonctions d’appui/conseil aux producteurs et à leurs organisations, au redéploiement du

personnel au profit des services déconcentrés (DRA et DPA). Le rôle de l’État s’est recentré alors sur les fonctions suivantes :

- la définition des orientations politiques et stratégiques pour le développement du secteur, - la réglementation et le contrôle de l’application des normes techniques et juridiques par les différents acteurs,

- le suivi/évaluation des Programmes et Projets de développement,

- l’appui/conseil aux différents acteurs intervenant dans le développement de l’agriculture.

L’objectif visé par le PASA, en réorganisant les services agricoles, était d’améliorer l’efficacité des Services Publics, de réduire le coût de fonctionnement et de responsabiliser les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) et les opérateurs privés.

La Réorganisation des Services Agricoles, bien intentionnée, n’a pas été accompagnée ni par un renforcement des ressources humaines (en quantité et en qualité) ni par l’adoption d’un système de vulgarisation agricole et de financement du monde rural.

Des enquêtes dites prioritaires ont été commanditées par le gouvernement pour mieux comprendre les effets du PAS sur les conditions de vie des ménages. Le bilan s’est révélé relativement négatif malgré la volonté affichée du gouvernement burkinabè de prendre en compte la dimension sociale dans l’Ajustement Structurel. Ainsi à la fin des années quatre vingt- dix, le Burkina Faso se classait au 172 PèmePrang mondial en termes de développement humain. L’espérance de vie moyenne de sa population ne dépasse pas 47,5 ans et le taux de mortalité infantile atteint 99%0. Le taux d’analphabétisme reste proche de 70% pour les hommes et de 90% pour les femmes. Le taux de scolarisation n’atteint pas 13%.

III.2) Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) au Burkina Faso.

Pendant les dix années d’ajustement structurel (1991-2002), l’économie nationale a progressé à un rythme moyen de seulement 3,2% par an, en termes réels, qu’on peut comparer au taux de croissance démographique qui a été de 2,4% par an soit une croissance par tête très faible.

Pour combattre la pauvreté, l’État a élaboré un CSLP qui a débuté en 2000 et a été révisé en 2004 afin de prendre en compte les Objectifs du Millénaire, qui sont entre autres la réduction du niveau de la pauvreté à 30%. Le CSLP est un document-cadre qui vise à énoncer les objectifs prioritaires de développement fixés par le gouvernement.

La préoccupation du gouvernement à travers le CSLP est aussi de faire le lien entre les politiques macroéconomiques et leurs impacts microéconomiques. La recherche d’une

croissance de qualité, ou plus exactement d’une croissance soutenable face aux chocs externes, est apparue comme une réponse à la question de comment accroître le pouvoir d’achat des populations, notamment les plus défavorisées. Compte tenu de la place importante de l’agriculture dans l’économie burkinabè, il faudrait diminuer la vulnérabilité de l’activité agricole, intensifier et moderniser celle-ci, accroître et diversifier les revenus des ruraux et enfin désenclaver les régions de production.

Pour atteindre ces objectifs, les autorités burkinabè ont décidé d’entreprendre l’élaboration d’une nouvelle Stratégie de Développement Rural (SDR), en cohérence avec le Cadre Stratégique de lutte contre la Pauvreté (CSLP). Ce document est destiné à constituer le cadre de référence de l’ensemble des interventions publiques en faveur du développement rural.

Cependant, les résultats de mise en oeuvre du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté ont été très mitigés comme le confirment les enquêtes de 2003, avec une détérioration du niveau des conditions de vie des ménages agricoles ruraux.

Cette rétrospective dans la lutte contre la pauvreté montre que le développement au Burkina Faso est sujet à des contraintes qui méritent d’être repérées et levées afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire qui sont, entre autres, de réduire de moitié l’extrême pauvreté.

III.3) Population et pauvreté en milieu rural

Le secteur rural est le milieu où sévit le plus la pauvreté. La dernière enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages révèle que 52,3% de la population rurale vivent en dessous du seuil de pauvreté estimé à 82 672 FCFA/personne adulte/an contre 19,9% de la population urbaine (Tableau 2) (INSD, 2003).

Tableau 1: Indice de pauvreté selon le milieu de résidence

Indices de pauvreté 1994 1998 2003 Evolution 1994-1998

Evolution 1998 – 2003 Incidence

Urbain 10,4 16,5 19,9 + 6,1 + 3,4

Rural 51,0 51,0 52,3 0 + 1,3

National 44,5 45,3 46,4 + 0,8 + 1,1

Profondeur

Urbain 2,5 4,0 5,5 + 1,5 + 1,5

Rural 16,1 15,7 17,9 - 0,4 + 2,2

National 13,9 13,7 15,5 - 0,2 + 1,8

Sévérité

Urbain 0,9 1,6 2,2

Rural 7,0 6,8 6,8

National 6,0 5,9 5,9

Contribution

Urbain 3,8 6,1 7,8 + 2,3 + 1,7

Rural 96,2 93,9 92,2 - 2,3 - 1,7

National 100 100 100

Source : INSD, Analyse de la pauvreté au Burkina Faso, 1999 et 2003.