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Présentation générale du modèle de base des ménages agricoles

Chapitre V) Le Modèle MATA du secteur agricole de la région du Plateau Central

II) Présentation générale du modèle de base des ménages agricoles

Dans ce paragraphe, nous présentons le détail du modèle de ménages agricoles du Plateau Central avec prise en compte du risque, du temps et des coûts de commercialisation. Le modèle tient compte des caractéristiques mais aussi des interrelations existantes ou possibles entre les différentes catégories d’exploitations. Il s’agit de reproduire le processus de décision de ces agents économiques compte tenu des opportunités et contraintes définies par leur environnement.

II.1) La prise en compte du risque dans le modèle.

Dans le Plateau Central, les exploitations agricoles, comme toute autre exploitation font face à plusieurs facteurs de risque qui se traduisent par des fluctuations de la production et des revenus. Maatman et al. (1996) énumèrent une liste de facteurs de risques auxquels les agriculteurs agricoles peuvent être confrontés pendant et après la campagne agricole et les stratégies développées par ces derniers pour les minimiser.

On peut distinguer quatre aspects dans l’analyse du comportement du producteur face au risque : les sources de risque, les perceptions du risque, les alternatives face au risque et les décisions de gestion du risque. (Ces différents aspects sont bien détaillés en annexe).

La formalisation des décisions en incertitude est délicate car des processus complexes et variés sont à l’œuvre. Plusieurs approches sont possibles. Dans cette étude, nous avons retenue celle la plus usitée dans les modèles d’exploitation agricole : c’est le modèle espérance – variance de Markowitz (1959).

Le modèle espérance - variance de Markowitz consiste à définir une fonction d’utilité à partir de la moyenne et de la variance des gains espérés. L’approche est la suivante :

on propose une fonction :

U =

- A

z2

Avec :

U = fonction d’utilité Z = somme des gains

A = coefficient d’aversion pour le risque

Si A positif, la fonction Utilité est croissante avec l’espérance des gains et décroissante avec le risque ; en d’autres termes, cela signifie que l’aversion pour le risque réduit l’utilité du revenu.

Pour A négatif, la préférence pour le risque augmente l’utilité du revenu.

La représentation de cette approche montre toute la difficulté à formaliser les décisions en incertitude. Toutefois, elle a été largement utilisée et son succès s’explique pour l’essentiel, au fait que les modèles issus ont permis, dans beaucoup de cas, de reproduire assez fidèlement des comportements observés (Boussard, 1970). C’est la raison pour laquelle elle a été retenue pour formaliser le comportement des ménages agricoles.

Le principal souci dans cette approche est celui de l’estimation du coefficient d’aversion pour le risque. Suite aux travaux de Pratt (1964), on considère généralement que l’aversion pour le risque est décroissante avec la richesse d’un individu et ceci est conforme au bon sens : un agent économique disposant d’avoirs importants peut se permettre, sans pour autant mettre sa survie en danger, de perdre beaucoup plus qu’un pauvre (Boussard, 1987).

II.2) La dynamique récursive du modèle.

Dans le choix d’une représentation dynamique, on peut soit considérer qu’elle est constituée d’une série d’équilibres temporaires, reliés d’une période à l’autre par de relations particulières sur l’offre de facteurs par exemple : c’est la dynamique récursive ; soit prendre en considération un comportement intertemporel des différents agents, qui ne cherchent pas seulement à optimiser leurs choix en fonction de la période courante, mais prennent en considération l’évolution dans le temps de ces paramètres. Dans ce cas la construction d’un modèle dynamique repose sur le choix arbitraire d’un horizon temporel, dont les conditions terminales doivent être fixées, et dans certains cas d’un taux d’actualisation, ce qui influence également les résultats.

Dans le cas des modèles dynamiques récursifs, la représentation de l’évolution de l’économie est fondamentalement différente dans le sens qu’elle suppose que l’économie à une période donnée doit s’ajuster de manière adaptative à l’évolution des conditions d’environnement économiques (ces dernières étant en partie liées aux choix des périodes précédentes) et qu’il peut y avoir des erreurs durables qui entraînent des dynamiques très différentiées (Piketty, 2000).

Nous supposons dans notre analyse que les agents économiques cherchent à maximiser leur objectif d’utilité sur un horizon annuelle. On suppose pour chaque année, que les producteurs

ont un comportement d’optimisation qui détermine leur choix de consommation et de production en fonction de leur environnement économique. Le modèle est récursif au sens où les résultats de chaque année influencent l’année suivante, ce qui permet une simulation sur longue période.

Plusieurs éléments justifient cette approche :

- les réactions des agents économiques ne sont pas toujours instantanées ;

- un processus d’accumulation de richesse ne permettra des sauts technologiques qu’après un certain délai. De même, une tendance à l’appauvrissement se traduisant par une décapitalisation, entraînera graduellement des changements d’itinéraires techniques ou le recours à d’autres activités économiques ;

- l’évolution de certaines variables est lente (environnement par exemple).

Les liens récursifs concernent ici les résultats économiques et les dotations en facteurs fixes.

Les conditions des marchés financiers et les résultats économiques déterminent chaque année la contrainte de liquidité. La croissance démographique est prise en compte ainsi que le contexte économique général.

II

.3) La prise en compte des coûts de commercialisation : transport, stockage et coûts de transaction.

La prise en compte des coûts de commercialisation au même titre que les coûts de production pose la délicate question de la mesure de leurs « valeurs ».

Les coûts de transaction

Bien qu’indéniables, les coûts de transaction ne sont pas facilement quantifiables et s’ils le sont, c’est bien souvent a posteriori. L’unité de mesure peut être monétaire comme les sommes payées par certains producteurs à des intermédiaires pour rendre moins aléatoires et abréger les négociations en vue d’écouler plus facilement leur marchandise auprès de gros commerçants, Le Goulven cité par Fraval, (2000). Bien souvent les coûts de transaction correspondent à du temps passé, dans certaine mesure, cela revient à une perte monétaire si l’on juge qu’un temps excessif passé en négociation ou recherche d’information aurait pu, à la place, être affecté à une activité rémunératrice (Fraval, 2000). Dans le modèle, les coûts de transaction représentent les frais supportés par les producteurs dans la recherche des

« démarcheurs » et dans la négociation pour l’écoulement de leurs produits.

Les coûts de transport.

Les coûts de transport sont les frais supportés par les producteurs pour le transport des produits agricoles des champs au lieu de vente.

Les coûts de stockage et de conditionnement.

Les coûts de stockage et de conditionnement restent liés aux frais supportés par les producteurs pour la recherche du matériel de stockage et de conditionnement des produits agricoles. Ces frais inclus également les pertes encourus par les producteurs lorsqu’ils bradent leur production faute de matériels de stockage et de conditionnement.

Les coûts de commercialisation sont l’ensemble de ces coûts de transaction, des frais liés au transport des produits agricoles et à leur stockage.

En ce qui concerne les frais liés à la commercialisation des intrants, prenons en exemple un fournisseur d’intrant d’une zone quelconque A. Il doit livrer les intrants dans un point B de la région. Compte tenu de l’état défectueux des routes, ils supportent en plus des frais de carburant et de transport, des frais pour réparation du camion accidenté en cours de chemin.

Ces frais peuvent être également liés au temps mis en plus du temps qu’il devrait mettre sur une route relativement en bon état. Dans ce cas, s’il devait exercer une autre activité rémunératrice, il ne pourrait y consacrer que le peu de temps qui lui reste, ce qui représenterait pour lui un important manque à gagner. Le prix des intrants à l’arrivée serait sans doute plus élevé que le prix qu’il devrait être dans une situation relativement favorable.