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Taille de pierre : le maintien de titres ciblant les activités de restauration

1. LA RESTAURATION EN MAÇONNERIE

1.2. Les diplômes

1.2.2. Les diplômes du ministère en charge de l'emploi

1.2.2.2. Taille de pierre : le maintien de titres ciblant les activités de restauration

- Entre maçonnerie traditionnelle et taille de pierre, le titre professionnel de tailleur de pierre

Le tailleur de pierre est répertorié dans la fiche du ROME 12 intitulée "professionnel de la pierre et matériaux associés" qui comprend également les marbriers, staffeurs, mosaïstes, staffeurs ornemanistes et stucateurs. Cette fiche donne la définition suivante de l’emploi – type :

« Il façonne, à partir de minéraux naturels (marbre, granit, pierre ...) ou composés (stuc, staff), les éléments d'architecture intérieure (dallage, revêtements muraux, plafonds ...) ou extérieure (façades, fontaines, monuments funéraires ...), de toute construction neuve ou en rénovation. Peut procéder au montage, à l'installation et à la rénovation d'ouvrages (restauration de monuments historiques, ravalements ...). Assure, dans tous les cas, les travaux de finition (décoration, ornementation ...). Travaille à l'aide de machines ou d'outils à main. »

On observera que cette définition renvoie à d'autres emplois que celui du tailleur de pierre ainsi qu’à d’autres titres préparés par l'AFPA comme celui par exemple de marbrier de bâtiment et de décoration. Contrairement aux diplômes de l'Education nationale, les titres du ministère en charge de l'emploi restent très spécialisés et n'ont pas évolué vers une conception indifférenciée des

"métiers de la pierre". La vocation de l’établissement explique sans doute ce choix de l’adéquation entre un titre professionnel et un emploi précis.

Le référentiel emploi, activités et compétences, distingue trois activités - types. La première concerne la transformation d'un bloc de pierre en éléments finis ; les deux autres, "pose en neuf ou en réhabilitation d'éléments finis" et "ravalement de façades en pierre" correspondent à des activités plus larges qui sont aussi celles du maçon-limousinant ou du maçon-ravaleur classées dans la fiche ROME 42114 "ouvrier de la maçonnerie". Chacune de ces activités - types constitue une unité de compétence professionnelle pouvant faire l'objet d'une validation dans le cadre d'un accès progressif au titre professionnel.

AT1 : Transformer un bloc de pierre en élément de pierre de taille fini :

Exploitation d'un document graphique (calepin, fiche de débit, ...) pour en extraire les informations permettant de caractériser un bloc capable ; sciage, débitage d'un bloc capable ; tracé de l'épure d'un ouvrage composé et confection des panneaux de joints des éléments le constituant ; mise à dimension d'une pierre ; taille de moulures ; stockage d'éléments finis.

12 Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois

AT2 : Poser des éléments en pierre :

Construction de maçonneries en pierre de taille ; construction de maçonnerie en moellons ; pose et/ou remplacement d'éléments décoratifs ou de structure en pierre ; traitement des finitions sur un parement en pierre.

AT3 : Ravaler une façade en pierre :

Montage d'échafaudage à cadre préfabriqué ; nettoyage de façades en pierre par lavage, hydro-sablage, gommage, piquage ou retaille ; déjointoiement, rejointoiement d'une façade en pierre ; réalisation d'enduit traditionnel type "monuments historiques".

Le référentiel de validation apporte quelques précisions sur les compétences à évaluer pour la validation de chacune des unités de compétences correspondant aux activités - types. On regrettera toutefois qu'il n'y ait pas davantage de précisions sur les connaissances et savoir-faire attendus, par exemple lorsqu'on évoque la réalisation et la mise en oeuvre des enduits, les opérations de rejointoiement, les caractéristiques des différents procédés de ravalement.

En conclusion, la cible professionnelle de ce titre semble astucieusement définie, entre le métier de tailleur de pierre et celui du maçon traditionnel, et constituer un profil qui correspond bien aux besoins des entreprises intervenant dans le champ très large de l'architecture vernaculaire, tout en laissant une ouverture vers les niveaux supérieurs du métier de tailleur de pierre pour les édifices relevant de l'architecture savante.

- Le titre d'aide-appareilleur : une étape nécessaire pour l’accès aux fonctions d’encadrement

Le renouvellement de ce titre peut surprendre dans la mesure où l’argumentation ne repose pas sur l’importance des débouchés en terme d’emplois mais sur le maintien d’une filière cohérente permettant d’accéder aux différents niveaux dans la hiérarchie propre à ce métier. La transformation du certificat de formation professionnelle en titre professionnel s’inscrit dans une logique de d’organisation des titres en filière qui nous apparaît habituellement caractérisé le système de certification de l’Education nationale plus que celui du ministère de l’emploi. De plus l’évolution dans ce domaine, des diplômes de l’Education nationale, donne à cette initiative de maintien du titre professionnel d’appareilleur une dimension de défense d’un métier menacé, qui nous semble peu représentative de la démarche du ministère de l’emploi.

Le ROME n’identifie pas clairement cet emploi : l'aide-appareilleur n’est pas répertorié dans l'index alphabétique des appellations du ROME, celui d’appareilleur est inclus dans la fiche emploi

"ouvrier de l'extraction solide" dont la définition a peu de chose à voir avec celui d’appareilleur, ce que confirme la liste des appellations principales.

« Définition : Exécute les différents travaux d'abattage, de sciage ou de débitage, manuels ou mécaniques, permettant la production et l'exploitation de minerais et de roches. Réalise des travaux souterrains et des terrassements sur des chantiers de travaux publics. Prend en charge la globalité des travaux d'extraction, de transport et d'entretien du site d'exploitation. Veille au bon fonctionnement du matériel de production. Peut être amené à encadrer une petite équipe. »

« Appellations principales : Abatteur de carrière ; Boutefeu ; Carrier ; Débiteur de fond ; Extracteur de roches ; Machiniste d'extraction ; Mineur de taille ; Moulineur ; Ouvrier d'about ; Ouvrier d'exploitation des mines ; Porion ; Poseur de pieux ; Scieur de roches. »

Le REAC de ce titre professionnel situe l'emploi d'aide-appareilleur au premier niveau d'encadrement dans la filière de la taille de la pierre. Les effectifs réduits des équipes travaillant dans les entreprises concernées ne permettent pas d’envisager un développement de ces fonctions d'encadrement. De fait l'argumentation développée pour la création de ce titre comporte une mise en garde quant à l’existence de débouchés professionnels et évoque la nécessité de préserver une hiérarchie des qualifications internes au métier en sanctionnant par un titre la progression professionnelle des tailleurs de pierre.

« Cette étude sur "aide-appareilleur" ne se justifie pas par le nombre de salariés directement intéressés par cet emploi mais par la structuration même des qualifications sur la filière "taille de pierre. S'il reste aujourd'hui, dans les métiers du bâtiment, des secteurs dans lesquels la maîtrise de base reste incontournable, la taille de pierre en fait partie. Cette volonté de "progression ou de promotion professionnelle" se retrouve jusque dans le libellé des conventions collectives ... »

On ne rencontre pas très souvent cet argument dans les analyses d’opportunités de création ou de renouvellement des titres professionnels et dans les débats au sein de la CPC du ministère de l’emploi. Dans les esprits, la légitimité de l’AFPA repose généralement sur la production d’une offre de formation en prise directe sur les besoins du marché de l’emploi 13. Le positionnement du titulaire du titre d’aide-appareilleur, étant effectué en référence à la convention collective de l’UNICEM, on pourrait faire l’hypothèse d’une demande spécifique de cette organisation pour satisfaire les besoins des carrières mais rien ne vient confirmer l’existence de cette demande dans le référentiel du diplôme.

Dans le domaine de la maçonnerie, et plus encore ici dans celui de la taille de pierre, l’offre de certification du ministère de l’emploi paraît plus soucieuse de préserver et de transmettre les savoirs traditionnels du métier, que celle du ministère de l’Education Nationale. Cette position apparaît plus proche de ce que le ministère de la culture peut souhaiter de la part des grands ministères certificateurs en raison de la relation qu’il établit entre la préservation du patrimoine et la capacité à préserver les métiers menacés de disparition.

Le développement de l’informatique dans l'activité du secteur, que ce soit en matière de dessin assisté par ordinateur ou de robotique de taille, ou encore de gestion des stocks mais aussi le développement de politiques de conservation - promotion du patrimoine, ouvriraient toutefois selon cette étude, des perspectives d'accroissement des besoins en qualifications à ce niveau.

L'analyse de l'emploi mené en 1997 par l'AFPA mettait en évidence l'importance accordée par les entreprises à la maîtrise de la taille de la pierre et à la stéréotomie mais aussi une attente croissante à l'égard des fonctions d'animation des équipes et d'organisation des chantiers. L'informatisation aurait aussi une incidence forte sur le métier de tailleur de pierre. C'est de ces constats que découle la structuration de l'emploi-type en quatre activités :

- la stéréotomie appliquée aux éléments complexes - la réponse à un appel d'offres (études, métrés, devis)

- l'organisation de chantier (modes opératoires, ICH, planning)

- La gestion de chantier (animation des équipes, suivi et contrôle de production)

Chacune de ces activités fait l'objet d'une description dans une fiche d'activité type sur laquelle viendra s'appuyer le référentiel de validation d'autant d'unités de compétences professionnelles.

13 d’où l’étroite relation généralement établie entre les titres professionnels et les fiches emploi du ROME

AT1 : stéréotomie appliquée aux éléments complexes

- Réalisation de relevés sur chantier pour établissement de calepin d'appareil ou de tracé d'éléments complexes

- Mise au net de calepin d'appareil à partir d'un relevé de chantier

- Tracé d'épures, de panneaux de joints et de contre-profil ou éléments complexes en pierre de taille - Transmission de fiches de débits renseignées au service sciage

AT2 : réponse à un appel d'offres

- Analyse des pièces constitutives d'un dossier - Etablissement des métrés d'une opération - Identification des contraintes d'un chantier - Calcul au déboursé sec d'une opération - Détermination du prix de revient.

AT3 : Organisation de chantier

- Etablir à partir d'un dossier "marché" la liste des contraintes administratives et techniques d'une opération

- Définir les besoins de main d’œuvre - Calculer le budget objectif d'une opération - Planifier une intervention

AT4 : gestion de chantier

- Contrôle, suivi et gestion d'une opération de construction

- Intervention auprès des autres participants à l'acte de construire - Animation d'une équipe de production

- Etablissement des situations de travaux et du DGD

- Elaboration du dossier d'intervention ultérieur et de récolement

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