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Quelles compétences particulières pour intervenir sur le patrimoine ?

3. LA RESTAURATION EN PLOMBERIE CHAUFFAGE

3.1.1.4. Quelles compétences particulières pour intervenir sur le patrimoine ?

- L'identité particulière des professionnels intervenant sur le patrimoine

Les chefs d'entreprise qui interviennent dans le domaine du patrimoine ont de fortes exigences de qualité et accordent beaucoup d’importance à la transmission des connaissances, la réflexion collective, l'échange des expériences.

« J'ai fait mes débuts dans une entreprise qui ne travaillait que dans le patrimoine et les monuments historiques. J'ai appris mon métier avec des anciens qui connaissaient le métier. »

« A la base, mes salariés n'avaient jamais travaillé sur du patrimoine, c'est donc moi qui les forme.

De toutes façons, quand on travaille sur du patrimoine, j'y vais toujours avec eux, et je dirige tout, je fais une bonne partie du boulot. Par contre, quand on travaille sur de la simple rénovation, ils font souvent le chantier sans moi. »

« Je forme moi-même les ouvriers. Nous échangeons beaucoup entre nous et c'est cela qui nous fait tous progresser : lorsque nous sommes sur un chantier, nous parlons beaucoup des problèmes et des solutions à mettre en œuvre. J'ai beaucoup appris d'un ouvrier avec lequel j'ai travaillé il y a

plusieurs années. Celui-ci était jaloux de son savoir, mais au moment de sa retraite, il a bien compris qu'il fallait qu'il se décide à le transmettre à quelqu'un. J'ai eu de la chance : c'est à moi qu'il a confié ses connaissances. A mon tour aujourd'hui, j'essaye de transmettre ce que lui et d'autres m'ont enseigné, et je crois vraiment en cette intelligence manuelle que l'on doit transmettre aux générations futures. »

« J'ai beaucoup appris en lisant. Et puis, ça fait 15 ans que je travaille dans le bâtiment, j'ai appris les techniques au fur et à mesure dans les différentes entreprises, dans lesquelles j'ai travaillé. »

« C'est difficile à dire, de toutes façons, c'est sûr que c'est avec le temps et l'expérience qu'on comprend et qu'on maîtrise mieux les choses. Il faut bien apprendre que le travail ça se respecte, comme on respecte une personne. »

L'importance accordée à l'identité de métier et à la transmission des savoirs nous renvoie à une dimension de l'activité qui est peu perceptible mais qui fait toute la différence dans le résultat final.

La capacité à se représenter mentalement le déroulement du processus d'installation est par exemple jugée déterminante, comme la capacité à s'adapter c'est à dire à trouver des solutions, à innover au fur et à mesure que l'on se heurte à des difficultés imprévisibles. Le patrimoine architectural semble être un des lieux privilégiés où peut s'exprimer la maîtrise du "métier complet" par opposition à l'activité plus commune de l'installateur.

« C'est la faculté d'adaptation qui me semble être la différence essentielle. Dans la réhabilitation, il faut être capable d'innover, de toujours s'adapter au bâtiment (et non pas de tenter de l'adapter à nos techniques, à nos habitudes de travail), de faire face aux obstacles que l'on rencontre:

l'obstacle est formateur ... Il faut savoir évaluer correctement les travaux, afin de pouvoir les exécuter dans de bonnes conditions. Il faut savoir prendre des initiatives. »

« Le travail sur le patrimoine c'est toujours du sur-mesure. Il y a toujours des problèmes de conception dans l'exécution de l'ouvrage parce que ce n'est pas du travail courant. C'est toujours du travail unique et non reproductible qui nécessite de "l'improvisation", ce qui constitue une exigence particulière pour intervenir sur le patrimoine. »

« Travailler dans le patrimoine demande d'avoir de plus grandes facultés d'adaptation. Dans le patrimoine, l'ouvrier ne peut pas se comporter de la même façon : il a un bâti à respecter et il doit avoir conscience que chaque cas est différent, qu'il n'existe pas de solution toute faite. »

« Le professionnel qui intervient sur le patrimoine doit faire preuve de rigueur, d'esthétique, d'un haut degré d'exigence dans la réalisation. »

- Les compétences recherchées

Comme nous l'avons constaté, les professionnels ont quelques difficultés à identifier des savoir-faire et des connaissances qui, à coup sûr, seraient spécifiques à l'intervention sur le patrimoine. On peut néanmoins signaler :

- Une connaissance très précise de la diversité et de la qualité des supports sur lesquels on intervient pour fixer, percer, encastrer ...

- une capacité à repérer les éléments d'installation à changer ou au contraire à conserver

- des connaissances en maçonnerie - plâtrerie, particulièrement lors des opérations de rebouchage - la propreté dans l'exécution et la protection de l'environnement de travail

- Certains savoir-faire "anciens" relatifs au cintrage des tubes, au travail sur la fonte, par exemple.

« L'intervention sur le patrimoine est plus technique. Il faut savoir apprécier la qualité des

aussi une certaine polyvalence sur le bâti ancien : par ex. utilisation de la chaux pour le rebouchage. »

« Traduire en solutions techniques les contraintes de l'environnement. Etre hautement qualifié et avoir de l'expérience (formation et pratique sur le tas). Prendre des initiatives et avoir un goût pour le patrimoine et des idées pour résoudre les dysfonctionnements liés aux supports. Importance de la préparation du travail en amont et exécution sur chantier à partir de plans d'exécution.

connaissance des matériaux qui ne sont pas spécifiques au plombier mais nécessaires au patrimoine : les chaux ... »

« La connaissance des produits et des matériaux (cuivre, PVC, fonte, acier, galvanisé). Les techniques de réalisation : la soudure, la colle, les joints. Bien identifier les "passages". Travailler la matière de façon à faire des épousements. C'est l'importance de l'esthétique. Il faut trouver les produits qui sont adaptés au mobilier sanitaire existants : choix de la robinetterie que l'on remplace par exemple. Le professionnel qui intervient sur le patrimoine doit faire preuve de rigueur, d'esthétique, d'un haut degré d'exigence dans la réalisation. »

« Apprendre à travailler sur les anciens matériaux, les anciennes méthodes ( par exemple cintrer à chaud les tubes, faire des filetages). »

- Les attentes à l'égard de la formation

Beaucoup de professionnels accordent une grande importance à la transmission des savoirs au sein de l'entreprise. Cela s'accompagne de critiques à l'égard de diplômes "dévalués" : le CAP n'est même pas le premier niveau de qualification, le Bac Pro n'atteste pas ou plus d'un bon niveau de maîtrise professionnel.

« Pour moi l'important, plus que les contenus de diplômes, c'est les savoirs, des astuces qu'ont les anciens pour travailler. Le métier c'est aussi un ensemble d'astuces. »

« Il y a deux compétences à développer : la représentation dans l'espace qui est souvent insuffisante chez les jeunes, lesquels ont des difficultés à se représenter à l'avance le cheminement des installations ; et puis aussi il y a un suivi insuffisant des innovations technologiques. »

« Dans l'ancien il y a beaucoup de résolutions de problèmes et il faut donc des gens capables de prendre des initiatives. Il faut savoir protéger la zone environnant le travail. Pour moi il faut avoir une solide connaissance du métier, c'est à dire en fait un niveau BP. »

« Je ne peux guère me fier aux diplômes : aujourd'hui les CAP-BEP c'est le tout venant. Je ne compte surtout pas avec le Bac Pro car il ne vaut plus un clou : on a voulu faire passer tout le monde en Bac Pro. »

Le chef d'entreprise est le premier à s'investir dans les formations permettant de suivre les évolutions technologiques, ce qui montre bien que cela relève d'un domaine stratégique, y compris chez les professionnels les plus intéressés par les interventions sur le patrimoine.

« En général, les stages, c'est moi qui les fait et j'y accorde pas mal d'importance. Par rapport aux nouveaux matériaux, aux nouveaux produits (par exemple, les nouvelles chaudières), je pense qu'il faut prendre le temps de s'y intéresser, d'aller voir les fabricants. En tous cas, il ne faut surtout pas rester dans son coin sous prétexte qu'on a trouvé la bonne méthode : chacun a sa méthode, mais cela n'empêche pas de discuter avec les autres et se tenir au courant des nouveautés. »

« Je fais un suivi des évolutions technologiques et des produits, plus des stages concernant le solaire, la géothermie, pompes à chaleur. »

Enfin un des professionnels rencontrés propose la création d’une formation dédiée au patrimoine et qui rassemblerait les professionnels de différents corps d'état. Cela confirme que les plombiers ne sont pas fermés à toute initiative de développement des formations dans ce domaine.

« Ce serait pas mal de créer une mention complémentaire transversale à tous les métiers du bâtiment et où l'on apprendrait à connaître l'art, les styles. »

3.1.2. Les travaux les plus courants en restauration

Nous avons interrogé les chefs d'entreprise sur les travaux qu'ils réalisaient, en leur demandant le cas échéant d'y apporter un commentaire. Cette interrogation s'appuyait sur une liste de travaux présentés en 5 groupes :

- les installations de chauffage - les installations sanitaires

- les initiatives particulières visant la préservation du cadre architectural - les questions d'hygiène des locaux et de sécurité du bâtiment

- Les autres travaux de plomberie-chauffage

Quelques activités ont été évoquées par les dirigeants des entreprises sans que ces travaux aient fait l'objet de suggestions de notre part. Nous les avons regroupé sous l'intitulé "autres travaux mentionnés à l'initiative des chefs d'entreprise".

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