• Aucun résultat trouvé

L'évocation des atouts de l'entreprise se réfère peu au patrimoine

3. LA RESTAURATION EN PLOMBERIE CHAUFFAGE

3.1.1.1. L'évocation des atouts de l'entreprise se réfère peu au patrimoine

43 les ouvriers qui travaillent à la restauration des fontaineries de Versailles

LES ATOUTS DES ENTREPRISES Nbre %

Savoir et savoir-faire rares 6 67

Stock de matériaux 0 0

Documents d'études, plans 3 33

Documentation fournisseurs 0 0

Réseau d'intervenants professionnels 5 56

Autres 2 22

Total 9

Les chefs d'entreprise mentionnent comme premier atout les savoir et savoir-faire de leur entreprise mais aussitôt après soulignent l’importance de l'insertion dans un réseau d'intervenants professionnels.

Sur le plan des savoir-faire, plusieurs font état d'atouts visant explicitement le patrimoine mais beaucoup veulent par là faire état de la diversité de leurs activités et de l'étendue de leurs compétences : bureau d'études, électricité, zinguerie, couverture, serrurerie.

La notion de réseaux que plusieurs évoquent fait plus souvent référence à l'existence de groupements d'entreprises de plomberie à des fins d’achats de matériel ou d’organisation des relations avec les cabinets d'études spécialisés, qu'à la relation avec d'autres corps d'état.

Enfin, à l'image des autres corps d'état étudiés, les atouts figurant dans la catégorie "autre" concerne la stratégie commerciale et la démarche qualité.

L'examen de ce que les dirigeants estiment être les atouts de leur entreprise montre que ce qui est évoqué n'a pas forcément un lien direct avec le patrimoine. C'est plus simplement l’expression d'un intérêt pour le métier dans son ensemble et le souci de proposer des prestations au meilleur coût.

SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

Connaissance de l'histoire des techniques et de l'architecture

L'intérêt manifesté pour l'histoire du métier n'apparaît pas forcément motivé par un intérêt pour le patrimoine. Ce peut être simplement la recherche d’un ancrage dans une culture professionnelle.

« On est obligé de se documenter tous les jours. J'ai un grand nombre de livres auxquels j'accorde une importance particulière. Ils me permettent de mieux comprendre les matériaux que je travaille, de savoir d'où viennent le plomb, le zinc, le cuivre, quand et comment on les a utilisés. Je crois que l'on a également beaucoup à apprendre de l'histoire de l'architecture. »

Respect du bâti

C'est une dimension importante des prestations de cette profession souvent amenée à intervenir sur un bâti existant. Ici l'accent est mis sur l'amélioration de l'outillage. D'autres évoquent le soin accordé à la conception de l'installation, aux passages, percements.

« On a des outils qui permettent aujourd'hui de travailler en salissant peu : une rainureuse munie d'un aspirateur intégré pour effectuer les saignées dans la plupart des matériaux (briques, parpaings, béton). Il n'y a que lorsqu'on passe dans les joints pour préserver les pierres que l'on travaille au burin. »

« Du point de vue des machines, on dispose par exemple de machines à sertir que l'on utilise avec des raccords spéciaux. Ceci permet d'éviter de souder dans des endroits inflammables. »

La conservation des appareillages est loin d'être systématiquement recherchée même si les professionnels aiment à garder dans leurs ateliers telle ou telle pièce jugée intéressante. On peut bien sûr réparer et prolonger l'utilisation de certains équipements mais pas indéfiniment. Aussi beaucoup signalent que l'on trouve à peu près tout sur le marché en matière de "fabrication neuve d'ancien".

« Au château de X, la baignoire était équipée de robinets simples avec un bec qui va en s'évasant.

C'est un bel appareillage, on les a fraisés pour les remettre en état et j'ai conseillé aux propriétaires de s'en servir le moins possible s'il voulait les conserver encore longtemps car on ne pourra pas fraiser plusieurs fois. »

Maîtrise de la dimension étude

L’expression d’un savoir en ce domaine est en fait exceptionnelle. Elle émane d’un chef d’entreprise dont le parcours de formation exceptionnellement élevé, lui permet de se substituer parfois aux bureaux d’études.

« Du fait de ma formation initiale, je suis parfaitement en mesure de réaliser les études techniques de mon domaine. Mon entreprise est parfois perçue comme une rivale par les cabinets d'études spécialisés. »

Diversité des compétences

Plomberie, chauffage, électricité, vente et réparation d’électroménager, zinguerie, … les entreprises rencontrées se démarquent des autres corps d’état étudiés par l’étendue des domaines dans lesquels elles interviennnent.

« Le fait qu'on sache faire beaucoup de choses est notre atout : on fait de la plomberie, du chauffage, mais aussi tout ce qui est électricité. En plus, on a un magasin d'électroménager, et on fait du service après-vente. On mène de front toutes ces activités et c'est quelque chose que la clientèle apprécie. »

« La zinguerie est un savoir-faire assez rare. Par ailleurs, j'estime qu'on ne peut travailler sur des matériaux nobles comme je le fais, que si on maîtrise vraiment les techniques : il ne faut pas décevoir les matériaux. »

« Les conseils techniques que je suis amenés à donner, ça va parfois jusqu'à des conseils au gros-œuvre (par exemple création d'une salle de bain ayant nécessité un renforcement du plancher). On me consulte même pour la réalisation d'un portail parce que l'on sait que je m'intéresse un peu à tout. »

« Ce qui est sûr c'est que pour former la personne que j'embaucherai, il me faudra bien 3-4 ans, avant que l'ouvrier puisse être autonome, même si celui-ci a déjà son CAP quand il arrive. Cette durée importante de formation vient plutôt du fait qu'on exerce en même temps trois professions différentes (plomberie, chauffage, électricité). »

AUTRES ATOUTS

Démarche qualité

La phase d'étude du projet est une étape importante permettant de concevoir, avec le client, une installation qui s'intègrera le mieux à l'existant et donnera satisfaction. Même si la nécessité de préserver l'intégrité de certains édifices amène parfois à concevoir des installations de chaufferie ou de climatisation particulièrement discrètes voire indépendantes des locaux concernés, cette démarche qui fonde la qualité des prestations n’est pas spécifique au patrimoine architectural.

« Je me déplace pour étudier avec le client la façon dont on va exécuter les travaux. Je n'hésite pas à passer 2-3 heures à étudier la question avec lui et ensuite je commente mon devis ... La qualité c'est accepter de perdre un chantier parce qu'on refuse d'installer un WC et une salle de bain

raccordée par un PVC qui devrait déboucher directement dans le puits car le propriétaire n'a pas de fosse septique et n'envisage pas d'en faire une. La qualité c'est de dire au client d'analyser l'eau de son puits avant de décider d'installer une pompe. »

Appartenance a un groupement

L’appartenance à un collectif de professionnels exerçant le même métier apparaît comme un signe distinctif par rapport aux autres corps d’état, lesquels évoquent plutôt leur intérêt pour l’établissement de relations inter-professions.

« Un groupement d'entreprises en plomberie chauffage existait quand je me suis installé. Au départ c'était un groupe chaîne gaz. Puis il y a eu constitution d'un groupement d’intérêts économiques (GIE). Vis à vis des grossistes, on s'engage à commander pour un certain montant, ce qui permet d'obtenir des prix. Cela permet de se positionner par rapport aux grosses entreprises. »

« On fait partie d'une coopérative de 200 adhérents, ce qui nous permet de faire des commandes groupées, avec des prix intéressants. Par ailleurs, cela permet d'avoir un suivi sur le plan technique : les techniciens d'usine se déplacent dès qu'il y a nécessité ; c'est un suivi qualité énorme. Grâce à la coopérative, on a un bureau d'étude qui travaille pour nous et ça permet de réaliser les études techniques à un coup moindre. »

Documents relatifs