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question de l’histoire suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Ce faisant, ils ont simultanément donné corps à un « système d’action », identifiant celles et ceux qui étaient susceptibles d’y prendre part. Dès lors, comment identifier ces acteurs, dont les activités doivent être examinées ?

Pour commencer, il convient donc d’élucider les raisonnements pratiques qui sous- tendent l’essentiel de la littérature produite au sujet « des fonds juifs et de l’or nazi ». Par- delà leur diversité, ces analyses se présentent comme des histoires linéaires, conduites à la recherche de causes, de motifs ou d’intérêts sous-jacents. Du même coup, elles ont considérablement restreint leur champ d’investigation. Elles se sont concentrées sur un petit nombre d’acteurs très en vue, mettant généralement l’accent sur le rôle déterminant du sénateur D’Amato et du Congrès juif mondial, opposés au Gouvernement suisse et aux banques helvétiques.

Or, à la lumière de la présentation succincte du processus de définition « des fonds juifs et de l’or nazi » conduite jusqu’ici, une telle restriction s’avère arbitraire. Mon analyse a indiqué qu’un long travail de définition a été nécessaire avant que ces acteurs soient identifiés comme les protagonistes principaux de la controverse. Mon étude a surtout montré que de très nombreux acteurs, individuels et collectifs, ont diversement pris part à ce travail de configuration et de traitement du problème, que ce soit en demandant des services, en remplissant des formulaires, en portant plainte, en lançant des procédures judiciaires, en convoquant des conférences de presse, en écrivant des lettres de protestation, en prenant des résolutions, en diffusant des annonces dans les journaux, en lançant des menaces de boycott, en soutenant ou en s’opposant aux politiques gouvernementales, etc.

2.2.1 Les activités de revendication et la composition d’un système d’action tentaculaire

L’analyse de la définition des « fonds juifs et de l’or nazi » a considérablement élargi le spectre des nombreux acteurs qui s’y sont diversement impliqués et dont les activités méritent d’être analysées. Elle a donc d’ores et déjà permis d’entrevoir un système d’action extrêmement étendu.

Pour en dessiner les contours, la recherche devrait tout d’abord prendre en compte

quatre pays : Israël, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Suisse. Dans chacun d’entre

eux, les gouvernements, des parlementaires, des administrations, des diplomates et des médias se sont mobilisés autour de cette question. Cette liste mériterait bien sûr d’être détaillée de manière à élucider précisément les activités d’instances et de personnes particulières.

Ce premier tour d’horizon institutionnel serait cependant loin de rendre compte ne serait-ce que de la pointe émergée de l’iceberg. Pour y parvenir, il faudrait encore évoquer les actions entreprises par des organisations juives internationales – en particulier le Congrès juif mondial, l’Agence juive et le Centre Simon Wiesenthal –, par la Fédération suisse des communautés israélites ou par l’Association suisse des banquiers. Mais il faudrait aller encore plus loin, et considérer les organismes ad hoc, spécialement mis sur pied pour traiter cette question, notamment le « Comité Indépendant de Personnes Éminentes », la « Commission Indépendante d’Experts » ou la « Task force ». Ici encore, le grain mériterait d’être affiné de manière à distinguer précisément les membres et le personnel de ces organismes, de manière à relater les actions qu’ils ont entreprises pour résoudre le problème.

Pourtant, le tour de la question serait encore loin d’être fait. Il faudrait bien sûr prendre en considération les activités de la Cour fédérale de Brooklyn devant laquelle l’avocat Edward Fagan a déposé la première plainte collective, et détailler l’ensemble de la procédure de manière à prendre en compte les activités de chaque magistrat et de chaque défenseur représentant les diverses parties en présence. Il serait alors possible de considérer que les instances officielles, les organisations et autres mouvements impliqués ont été passés en revue. Pourtant manqueraient encore à l’appel l’ensemble des victimes concernées à un titre ou un autre par les spoliations nazies, la gestion des banques et des assurances, ou les expulsions menées par le Gouvernement suisse à partir de 1942. Il faudrait prendre en compte le témoignage de Greta Beer devant la commission bancaire du Sénat états-unien, et les poursuites judiciaires lancées par Gizella Weisshaus. Mais il conviendrait de ne pas perdre de vue des actions plus discrètes. En particulier celles menées par toutes celles et ceux qui ont, des décennies durant, vainement tenté de récupérer les biens de leurs familles auprès des banquiers, qui se sont annoncés auprès de l’ombudsman des banques, qui se sont adressés aux organisations juives ou au sénateur D’Amato, etc.

Pourtant, la liste serait loin d’être exhaustive. Il faudrait en effet encore élargir le champ d’investigation de manière à prendre en compte les historiens, les chercheurs, les

essayistes qui ont conduit des enquêtes, publié des articles et des ouvrages. Mais la

question a fait couler beaucoup d’encre et il ne faudrait donc pas s’arrêter là. D’innombrables citoyens y ont contribué à leur manière, que ce soit en adressant des lettres de protestation (parfois anonymes) à toutes les parties prenantes ou en rédigeant des courriers de lecteurs qui ont submergé les rédactions des quotidiens suisses. Ainsi, l’analyse aurait pris en considération un large spectre d’activités de revendication ayant laissé des traces. Mais elle laisserait de côté des actions moins tangibles, tels que les propos – allant des discours officiels aux simples conversations de comptoirs – qui ont animé, des mois durant, les tribunes politiques, les commissions et autres groupes parlementaires, les réunions politiques et associatives et les cafés.

Pour analyser le système d’action « des fonds juifs et de l’or nazi » dans le cadre d’une approche interactionniste, il conviendrait de prendre en considération toutes les personnes qui ont participé, à un titre ou un autre, aux activités de revendication qui ont contribué à sa définition (Spector et Kitsuse, 1987 [1977]: 75) :

It does not matter whether a few or a great many people are engaged in this activity. Conceptually they are considered participants in the category [“claims-making activities”]. If very few practice the activity, we might observe, interview and study them all. If a great number engage in the activity, we must find some means of drawing a sample.

(Que les personnes engagées dans cette activité soient nombreuses ou non n’a pas

d’importance. Conceptuellement, elles sont considérées comme participant à la catégorie [« activités de revendication »]. Si très peu pratiquent cette activité, nous pouvons toutes les observer, les interviewer et les étudier. Si un grand nombre s’engagent dans l’activité, nous devons trouver quelque moyen de délimiter un échantillon.)

L’étendue du système d’action « des fonds juifs et de l’or nazi » soulève sans conteste un tel problème de sélection. La délimitation des activités et des protagonistes qui méritent d’être pris en considération est en partie rendue nécessaire par le nombre considérable d’intervenants qui se sont engagés dans la controverse des années 1990. Elle est encore compliquée par la nécessité de prendre également en considération un demi- siècle de revendications, lancées dès la fin de la guerre au sujet des transactions avec le régime nazi et des fonds déposés dans les banques suisses.

Dès 1943, les Alliés sont intervenus à plusieurs reprises auprès du Gouvernement suisse. D’abord pour attirer son attention sur l’origine frauduleuse de l’or acheté par la

Banque nationale suisse à la Reichsbank. Puis, plus fermement, pour exiger que ce commerce soit définitivement interrompu (cf. CIE, 1998 : 95-123). Ils n’ont pas manqué de revenir à la charge après l’armistice, comme en témoigne le paragraphe introductif de l’Accord de Washington1 :

Au cours des négociations qui viennent de se terminer, les Gouvernements alliés, reconnaissant pleinement la souveraineté suisse, ont fait valoir leurs droits aux biens allemands en Suisse, se fondant sur la capitulation de l’Allemagne et l’exercice par eux de l’autorité suprême dans ce pays ; d’autre part, ils ont demandé la restitution d’or qu’ils disent avoir été pris contre tout droit par l’Allemagne aux pays occupés, pendant la guerre, et transféré par elle en Suisse.

Le Gouvernement suisse a déclaré ne pouvoir reconnaître de fondement juridique à ces prétentions, mais être désireux de contribuer pour sa part à la pacification et à la reconstruction de l’Europe, y compris le ravitaillement des contrées dévastées.

Dès son introduction, l’Accord se présentait donc comme le règlement d’un différend. A l’origine des discussions, les Alliés2 concevaient la liquidation des biens déposés en Suisse, « appartenant à ou contrôlés par des Allemands en Allemagne » comme une mesure de « restitution ». Les autorités suisses, au contraire, n’y voyaient qu’une libre contribution « à la pacification et à la reconstruction de l’Europe ». Finalement, les échanges de vues entre les deux parties se sont organisés en une activité de

revendication, articulant les demandes – voire les exigences – des premiers et les réponses

apportées par les secondes. Ces tractations ont abouti à la formulation d’un ordre négocié, concrétisé, dans le paragraphe II de l’Accord :

1. Sur le produit de la liquidation des biens situés en Suisse et appartenant à des Allemands en Allemagne, une part de 50% sera bonifiée à la Suisse et une part égale sera mise à la disposition des Alliés en vue de la reconstruction des pays alliés ou appauvris par la guerre et le ravitaillement des populations affamées.

2. Le Gouvernement suisse s’engage à mettre à la disposition des trois Gouvernements alliés un montant de 250 millions de francs suisses, payable à vue en or à New-York. Les Gouvernements alliés, de leur côté, déclarent qu’en acceptant ce montant, ils renoncent, pour eux-mêmes et pour leurs banques d’émission, à toutes revendications contre le Gouvernement suisse ou la Banque Nationale suisse relatives à l’or acquis par la Suisse de l’Allemagne pendant la guerre. Toute question relative à cet or sera ainsi réglée.

Ces brefs paragraphes éclairent l’analyse du débat sur le rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale sur deux points centraux. D’une part, ils montrent que la signification des achats d’or allemand par la Banque nationale suisse pendant la guerre et des versements effectués par la Suisse aux Alliés après-guerre, a été établie au cours d’un

processus de négociation. Le paragraphe introductif de l’Accord de Washington signale

qu’à l’origine des pourparlers, les parties étaient en net désaccord. Le texte de l’Accord, en revanche, indique qu’au terme de leurs discussions, les délégations suisse et alliée se sont finalement entendues pour retenir une formulation largement inspirée par l’interprétation promue par les autorités helvétiques. En effet, le texte signé note explicitement que la Suisse ne « restituait » pas le produit de la liquidation des biens allemands et les 250 millions de francs d’or, mais les « met[tait] à la disposition des Alliés ». Il est sans doute

1

Le texte de l’« Accord de Washington » est reproduit intégralement en annexe 3.

2

Pour les Alliés, les signataires de l’Accord étaient les Gouvernements des États-Unis d’Amérique, de la France et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. A cette occasion, ils ont déclaré agir également pour le compte des Gouvernements des pays suivants : Albanie, Australie, Belgique, Canada, Danemark, Égypte, Grèce, Inde, Luxembourg, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Tchécoslovaquie, Union de l’Afrique du Sud, et Yougoslavie. Pour sa part, le Gouvernement suisse a déclaré agir également au nom de la principauté du Liechtenstein (cf. §V).

possible de dire rétrospectivement que la Suisse s’est rigoureusement refusée à entendre parler de restitution – et moins encore de réparation – durant le demi-siècle suivant le conflit. Cependant, l’Accord de Washington révèle que cette position ne leur était pas propre, mais qu’il s’agissait d’un ordre négocié auquel les Gouvernements alliés avaient souscrit, au moins le 25 mai 1946.

D’autre part, l’Accord se présentait comme un règlement définitif, qui excluait par avance « toutes revendications contre le Gouvernement suisse ou la Banque Nationale

suisse relatives à l’or acquis par la Suisse de l’Allemagne pendant la guerre ». Cependant,

ce principe n’engageait nommément que les « Gouvernements alliés […] et leurs banques

d’émission ». En revanche, il n’était nulle part question de l’or spolié des juifs ou arraché

aux victimes du nazisme. Ceci montre clairement que l’ordre négocié constitué dans l’immédiat après guerre, et sur lequel s’étaient mises d’accord les différentes parties, éludait les problématiques individuelles au profit des seules revendications étatiques.

Pour retracer le cours des activités de revendication de l’immédiat après guerre, et pour rendre compte du système d’action auquel elles ont donné forme, il convient cependant de ne pas s’arrêter aux négociations les plus visibles et les plus spectaculaires. Tandis que les Gouvernements alliés exigeaient la liquidation des biens allemands déposés en Suisse, de nombreuses personnes revendiquaient – bien plus discrètement il est vrai – la restitution des biens des victimes du nazisme, confiés aux banques privées helvétiques. Les ayants droit, les titulaires légitimes et autres héritiers ont d’ailleurs été tellement nombreux à les interpeller à ce sujet, qu’il est impossible de prendre chacune de leurs interventions en considération. Cependant, je m’arrêterai quelques instants sur un échange de lettres rapporté par Isabel Vincent. Les documents qu’elle cite attestent que victimes du nazisme et leurs héritiers se sont inquiétés de cette situation dès l’immédiat après-guerre, sans pour autant obtenir satisfaction (Vincent, 1997 [1997] : 137-138).

Le 20 avril 1947, Frances Greenfield, citoyenne américaine domiciliée dans le Bronx, écrivit au ministère des Affaires étrangères la lettre suivante :

« Je cherche des renseignements concernant les comptes en banque de ma sœur décédée. Je sais que son argent était à la National Bank de Zuerich (sic), en Suisse, et qu’elle l’a transféré au début des hostilités en Europe. Mais j’ignore dans quel[le] banque. Ma sœur s’appelait Gisella Tuttmann, née à Vienne le 14 février 1898. Mon beau-frère Salo (Zalo) Tuttmann était né à Czernowitz – date de naissance inconnue. Ma nièce, née à Vienne le 29 août 1928, s’appelait Herta Tuttmann. L’argent a peut-être été déposé sous l’un de ces noms. La dernière adresse connue était Vienne II, 4 Untere Augartenstrasse. Les personnes en question ont toutes été envoyées dans un camp de la mort où elles ont péri. »

Le 25 juin, un responsable du ministère des Affaires étrangères fit suivre la lettre de Frances Greenfield à l’office de la légation américaine en poste à Berne, la capitale de la Suisse. A la mi-juillet, l’attaché commercial de la légation déposa auprès du Département politique suisse une demande officielle de recherche sur les avoirs des Greenfield. Le 6 août, un fonctionnaire qui travaillait pour le compte de ce Département à la division des Affaires étrangères répondit qu’aucun compte n’avait été trouvé, dans aucune banque suisse. Toutefois, la réponse ne semble pas avoir satisfait les Américains. Ils contactèrent les services du ministère suisse et, poliment mais avec fermeté, leur demandèrent d’effectuer d’autres recherches.

Cinq jours plus tard, un fonctionnaire du ministère écrivit aux Américains : « il y a des traces de certains avoirs en Suisse, mais si Mme Greenfield souhaite obtenir des renseignements supplémentaires, il lui faut fournir les preuves du décès de la personne ou des personnes au nom desquelles figure le compte, ainsi que la preuve que Mme Greenfield est, soit la seule héritière, soit la seule représentante des héritiers des défunts3. »

Dans un mémorandum adressé au secrétaire d’État à Washington par la légation des États-Unis à Berne, un fonctionnaire du nom de Harrison se déclara choqué de ce que les lois

3

Marcel E. Malige, attaché commercial près la légation des États-Unis d’Amérique, Berne, 13 août 1947, dossiers des noms, 1942-1949, carton 32, Archives nationales, Washington.

sur le secret bancaire, qui avaient incité les Juifs d’Europe à déposer leurs avoirs dans des banques suisses, fassent à présent obstacle aux héritiers légitimes comme Frances Greenfield, leur interdisant ne serait-ce que de s’informer sur les comptes dormants. Cette situation était d’autant plus délicate que de nombreux Juifs qui avaient péri dans l’Holocauste, avaient remis leurs avoirs à des tierces personnes de confiance […] dont l’identité n’était pas forcément connue des héritiers.

Ce rapide détour par les activités de revendication conduite dans l’immédiat après- guerre indique un problème analytique de taille. Pour décrire les interactions qui ont défini le problème « des fonds juifs et de l’or nazi », il convient de prendre en compte un système d’action tentaculaire, qui a pris forme au cours de plus de cinquante ans de tractations diverses. Dans ce cas, il est impossible de répondre à la consigne interactionniste qui voudrait qu’il faille considérer tous les acteurs qui y ont participé à un titre ou un autre. Il faut donc trouver le moyen de procéder à une sélection.

Les démarches explicative et narrative qui animent l’essentiel de la littérature consacrée aux « fonds juifs » et à « l’or nazi » ont résolu cette difficulté à leur manière. Je vais commencer par indiquer rapidement les procédures qu’elles ont mise en œuvre, de manière à en pointer les limites. Je serai alors en mesure de proposer une démarche raisonnée, compatible avec la logique de mon analyse du processus de définition.

2.2.2 La dynamique interactionnelle des activités de revendication

Considérées dans leur profondeur historique, les activités de revendication qui ont défini le problème « des fonds juifs et de l’or nazi » se présentent comme un enchevêtrement inextricable. Le sociologue rétrospectivement soucieux d’en retracer le fil devrait rassembler un nombre considérable de documents difficiles voire impossible à retrouver. Combien d’interventions confidentielles ou discrètes ont émaillé les négociations internationales qui ont abouti à la formulation des accords officiels règlant le problème de l’or nazi ? Parallèlement aux démarches de Frances Greenfield, combien de titulaires et d’héritiers se sont-ils lancés à la recherche de fonds déposés dans les banques suisses ? Combien de lettres ont-ils écrites ? Combien de coups de téléphone ont-ils passés ? A combien d’interlocuteurs se sont-ils adressés ? Quelles réponses ont-ils reçues de leur part ?

D’une manière ou d’une autre, toutes les enquêtes consacrées à cette controverse se sont confrontées à la nécessité pratique de délimiter le périmètre de leurs investigations au milieu d’un matériau foisonnant. Dans la littérature disponible à ce sujet, deux modalités principales ont été mises en œuvre pour traiter cette difficulté. D’un côté, plusieurs analyses procèdent en élaborant des chaînes de causes et de conséquences composées pour

expliquer l’issue de la controverse. Ce faisant, elles remontent à l’origine du problème,

puis dévoilent les ressorts de son déroulement, de manière à identifier ses protagonistes les plus influents. De l’autre, une seconde procédure a reposé sur la composition de trames

narratives qui, sans nécessairement établir de strictes relations causales, ont restitué les

discussions sous la forme linéaire de récits, dotés d’un début, d’un développement et d’une fin.

Ces manières de rendre compte « des fonds juifs et de l’or nazi » se distinguent par d’incontestables différences de forme et de fond. Par-delà ces nuances, elles se ressemblent cependant en ceci que le choix des activités, des événements ou des protagonistes retenus pour composer les explications ou les récits est systématiquement justifié

rétrospectivement par leur capacité à apparaître comme des causes susceptible d’expliquer les résultats de la controverse, ou à faire avancer le récit vers son issue. Dans un cas

comme dans l’autre, ces explications et ces récits constituent la controverse comme un déroulement linéaire déterminé par son point final. Celui-ci est donc constitué en tant que

point de vue privilégié, qu’il conviendrait d’adopter pour identifier les activités de