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Synthèse des résultats du chapitre 3 et introduction de l’hypothèse H3

La pré-étude MobyPost RP1 nous a permis d’observer le rôle et l’importance des OICs dans les phases de convergence multidisciplinaire, la manière de les utiliser pour les acteurs du projet et d’illustrer nos deux premières hypothèses de recherche. Cette pré-étude nous a montré le rôle des OICs, déjà défini dans la littérature, comme celui de médiateur dans les phases de convergence multidisciplinaire du couple produit/usage. Nous avons aussi observé qu’un objet intermédiaire ne peut pas être considéré hors de sa situation d’usage en prenant en compte les éléments nécessaires aux interactions des acteurs métiers [Mer et al., 1995 ; Jeantet et al., 1996]. Nous détaillons à partir de nos résultats ce constat évoqué dans la littérature.

La première série expérimentale nous a permis d’étudier notre première hypothèse de recherche « H1 : L’ajout d’interactions dédiées aux acteurs métiers par l’intermédiaire de l’OIC devrait permettre de faciliter les échanges et donc la convergence sur le couple produit-usage ». Pour cela, un cas d’application industriel « MobyPost RP2 » et une expérimentation 1 P.P. ont été mis en œuvre. Pour ces deux étapes de mise en pratique, nous avons choisi l’OIC « prototype virtuel » comme applicatif

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et nous avons proposé un outil Virtusketches permettant aux concepteurs de faire des sketchs et des annotations 2D sur des snapshots pris en environnement virtuel.

Cette première série expérimentale a pu montrer l’intérêt de fournir des interactions spécifiques aux concepteurs permettant de modifier et de construire les OICs durant les phases de convergence. Cela peut valoriser les échanges entre les concepteurs comme montré dans le cas de l’outil Virtusketches. En effet, les sketchs 2D ont été utilisés comme un espace d’échanges entre les acteurs métiers sur les nouvelles modifications et améliorations proposées sur l’OIC.

Ces interactions entre concepteurs et OICs doivent aussi prendre en compte les spécificités des acteurs et leurs besoins durant les phases de convergence. Nous pouvons encore citer comme exemple le cas de MobyPost RP2. La tablette graphique a permis de construire des sketchs et des annotations grâce à des interactions qui se sont révélées, a priori, être plus adaptées au designer industriel qu’aux autres concepteurs. L’ingénieur électricien a aussi demandé des interactions particulières afin qu’il puisse expliquer ses idées aux autres acteurs et évaluer certains éléments sur le prototype virtuel.

Ainsi, ces interactions liées aux OICs devraient être définies par rapport aux besoins des concepteurs dans les phases de convergence en plus du choix du mode de représentation du produit (prototype virtuel, modèle CAO…). Nous proposons même que ce soit une étape de définition de l’OIC partagée par tous les acteurs métiers concernés.

MobyPost RP2 a aussi permis de montrer qu’une revue de projet de convergence pouvait mettre en œuvre plusieurs OICs incluant plusieurs modes de représentation et outils support simultanément. En effet, au final, les concepteurs ont utilisé le prototype virtuel, des sketchs 2D et le modèle CAO avec respectivement une plateforme de réalité virtuelle, une tablette graphique et un PC équipé d’un logiciel de CAO. Cette addition de moyens, en partie dédiés à chaque acteur, aurait pu être considérée comme enclavant les concepteurs dans leur outil métier mais dans ce cas force est de constater que c’est tout le contraire. Cette addition de moyens, demandée et définie par/pour les concepteurs, a créé une synergie bénéfique à la convergence qui a permis de prendre des décisions tout au long de la revue de projet jusqu’à plébisciter ces moyens pour les revues de projet qui suivaient.

Nous pensons ainsi que les concepteurs doivent intervenir dans le choix des modes de représentation et des outils support associés pour mieux collaborer et mieux intégrer les savoirs des métiers dans le projet en cours, en particulier l’ergonomie, le design industriel et la conception mécanique.

L’expérimentation 2 P.P. nous a permis d’étudier notre deuxième hypothèse « H2 : Le choix des OICs impacte la qualité de la collaboration et les objectifs traités par les acteurs métiers durant la convergence ». Pour traiter H2, nous avons décidé de comparer deux types d’OICs afin de définir

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l’apport de chaque OIC en termes de qualité de collaboration multidisciplinaires et d’objectifs réalisés durant les phases de convergence multidisciplinaire.

Les résultats ont montré des différences significatives entre les deux types d’OIC en termes de qualité de collaboration et d’objectifs traités et évalués dans les sessions de revue de projet. Cependant, ces résultats ne font pas apparaître, globalement, une différence significative entre les deux phases de conception pour chacun des OICs expérimentés. Selon nous, cela ne remet pas en cause l’intérêt d’étudier ce facteur contextuel. Son influence est moins directe sur le choix de l’OIC.

Ainsi, nous considérons l’impact de phase de conception comme préliminaire : ayant un intérêt pour le choix de l’OIC mais pas pour la définition détaillée. Ce facteur contextuel n’est d’ailleurs pas le seul à prendre en compte. Nous pensons notamment au type de projet (ex. projet d’innovation, projet de reconception, etc.), au type de produit (ex. produit de grande consommation, poste de travail, produit à petit taille, etc.) ou encore ressources financières disponibles pour réaliser la revue de projet.

Les résultats de nos expérimentations montrent l’importance du choix et de la définition des OICs selon les objectifs des concepteurs dans les phases de convergence. Ils montrent aussi la nécessité de définir l’OIC de manière collaborative entre tous les acteurs métiers concernés par la convergence des points de vue.

Selon nos résultats, le choix et la définition des OICs nécessaires, parmi les multiples OICs existants, nécessitent plutôt une approche qui permette aux acteurs de construire ensemble leur référentiel de travail (l’OIC). Pour cela, les acteurs métiers ont besoin d’une formalisation générique de l’OIC et d’une approche méthodologique d’aide au choix et à la définition de l’OIC faisant intervenir les acteurs de la convergence.

Selon les résultats de nos expérimentations, cette approche peut aider les concepteurs selon deux niveaux intiment liés :

Le premier niveau concerne le choix entre différentes natures d’OICs.

Le deuxième niveau concerne la définition de différents éléments constitutifs de l’OIC comme la définition de différentes interactions nécessaires, les éléments du produit à représenter, etc.

Concernant le deuxième niveau, il est nécessaire d’identifier les différents éléments qui définissent un OIC. Afin de définir un prototype virtuel, Wang (2002) propose une formalisation qui décompose le prototype virtuel en plusieurs composants : un modèle 3D, un modèle d’interaction produit-humain et un modèle liés aux tests. Cette vision pour décomposer le prototype virtuel peut être généralisée pour le concept d’OIC. Un OIC intègre une représentation comme défini dans ses caractéristiques

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[Boujut, 2003]. Cette représentation peut représenter le produit et/ou son usage. Nous avons défini dans notre modèle UML en section (2.6.1) que l’usage du produit résulte d’une interaction entre l’utilisateur, le produit et l’environnement. Pour une convergence sur le produit et son usage, l’OIC peut intégrer la représentation du produit, de l’utilisateur, du contexte et les interactions entre ces éléments. De plus, comme nous l’avons montré dans la première série expérimentale, un OIC fournit aux acteurs métiers un cadre d’interaction comme le fait de prendre des snapshots en environnement virtuel. Nous pouvons aussi mettre en évidence le besoin de définir, à part entière, les outils support (plateforme de réalité virtuelle, système CAO, etc.) pour mettre en œuvre ces représentations et les interactions associées.

Le choix et la définition des OICs dans cette approche (à deux niveaux) doit prendre en compte les besoins et les objectifs des concepteurs participants aux phases de convergence. Ces objectifs doivent être énoncés de manière individuelle pour ensuite être reformulés de manière commune. Dans cette approche, nous pouvons aussi mettre en évidence le besoin de prendre en compte les différents facteurs contextuels qui peuvent être liés au choix et à la définition des OICs comme les phases de conception, la composition de l’équipe de conception, la nature du produit et le contexte du projet. Nous avons pu remarquer que les apports des OICs utilisés étaient différents en fonction de deux phases de conception (phase de préconcepts et phase de développement) lors de l’expérimentation 1 P.P.. Cependant, les résultats de l’expérimentation 2 P.P. ne confirment pas cette différence.

Ce constat nous conduit à proposer notre dernière hypothèse de recherche concernant la définition d’une formalisation des OICs pour les phases de convergence « H3 : Une approche globale de formalisation de l’OIC doit permettre d’aider au choix et à la définition des OICs». Cette hypothèse de recherche sera étudiée dans le cadre du chapitre qui suit.

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Chapitre 4

Proposition d’une Approche Globale de

l’OIC

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4.1 Introduction

Ce chapitre a pour objectif de répondre à notre troisième et dernière hypothèse de recherche « H3 : Une approche globale de formalisation de l’OIC doit permettre d’aider au choix et à la définition des OICs». Pour cela, nous proposerons un nouveau formalisme pour l’OIC et une démarche méthodologique associée. En effet, au-delà des apports concernant le formalisme de l’OIC pour les phases de convergence produit/usage, la proposition doit aussi être applicable par l’intermédiaire d’une démarche méthodologique adéquate dans un contexte de projet. C’est pour cette raison que nous en proposons une implémentation dans un module de préparation de revue de projet. Nous étudierons son application dans des projets pédagogiques afin d’en évaluer l’intérêt dans un premier temps. Il est moins question pour nous de valider ce formalisme mais plus de synthétiser les apports des expérimentations précédentes et de notre état de l’art dans le cadre d’une vision plus générale de l’OIC.

Pour ce faire, nous présentons dans la deuxième partie (4.2) de ce chapitre, le formalisme retenu pour définir l’OIC. En nous appuyant sur le formalisme présenté, nous présentons, dans une troisième partie (4.3), une première approche méthodologique et son implémentation dans un module de revue de projet. Cet outil sera évalué à travers des projets pédagogiques de conception dans la quatrième partie (4.4). Enfin, dans une dernière partie, nous conclurons sur ce quatrième chapitre.